mardi 13 juillet 2021

Ecoute la ville tomber


 

Harry, Leon, Becky, Pete sont des jeunes gens dont les aspirations sont peu à peu broyées par la réalité, dans une ville où tout semble désenchanté.

Ils ont des rêves, des peurs, des solitudes et des blessures. Ils essaient de réussir leur vie, chose difficile dans une société qui ne prône que le culte de la réussite et de son affichage.

Londres est le lieu incontournable de ces destins croisés.

Les personnages sont jeunes et hésitent entre regarder le monde avec cynisme ou se perdre dans le besoin d’utopie, Harry et Leon rêvent de quitter Londres pour ouvrir un lieu à eux, à la campagne, loin de la drogue et ses violences. Becky voudrait rejoindre une compagnie de danse et impose à son corps un entraînement impitoyable.

« Ecoute la ville tomber » est un chant d’aujourd’hui, une complainte qui donne le frisson et fait l’éloge du réel, ce qui pourrait déranger: Kate Tempest, comme dans ses chansons, plonge son lecteur au cœur des quartiers interlopes londoniens, au sein de deux familles modestes, broyées par les années Thatcher, au cœur d’un trafic de drogue faisant les beaux soirs des gens au bord de la crise de nerfs.

L’auteure fait se croiser les trajectoires des personnages ou leur fait décrire des cercles concentriques jusqu’au moment où ils se retrouvent longuement ou brièvement.

Le roman s’ouvre sur la fuite en vieille Ford Cortina de Leon, Harry et Becky, en pleine nuit, une valise remplie d’argent. Que fuient-ils ? Comment l’argent a-t-il été acquis ? Qui sont-ils ? Les réponses sont apportées, peu à peu et par petites touches. Le lecteur trace ensuite, au fil des pages, les destins croisés, les histoires familiales au cœur de la grande histoire, pour arriver à boucler la boucle.

Je me suis attachée aux personnages qui au-delà de leurs travers inspirent l’empathie, notamment Pete, le frère de Harry, Harriet de son vrai prénom, qui est allé à l’université, a une culture certaine et qui ne parvient pas à trouver sa place dans la société, il enchaîne les petits boulots mal payés et l’ANPE : son univers étriqué pèse sur sa façon de voir le monde.

Sous l’apparente tranquillité des vies mornes se cache la turbulence des fêtes que l’auteure sait mettre en scène en quelques mots « L’air sent la sueur cocaïnée, la vulnérabilité qu’on tente de tenir en bride, l’autopromotion effrénée. », le décor et l’atmosphère d’un Londres particulier sont plantés.

Kate Tempest donne la part belle aux personnages féminins qui ne sont pas de pauvres petites choses subissant le cours du temps. Bien au contraire, elles revendiquent leur liberté d’être, de vivre et d’aimer, elles sont tout en fluidité et force.

Un premier roman prometteur.

Traduit de l’anglais par Madeleine Nasalik

Quelques avis :

Babelio  Sens critique  Tu vas t'abîmer les yeux  Les Inrocks  Les missives

 Bibliosurf  Papillon  Lecturissime


Lu dans le cadre





2 commentaires:

rachel a dit…

Oh tout un sacre Londres...et de magnifiques personnages...cela doit etre tout un livre a lire

Katell a dit…

J'ai eu une agréable surprise en le lisant.