lundi 25 juillet 2022

Vingt mille lieues sous les mers

 


En ce beau mois de juillet, les « classiques, c'est fantastique » ont pour thème le grand large. Aussi, ai-je opté pour l'exploration des grands fonds sous marins en compagnie du mythique Capitaine Némo.


« Vingt mille lieues sous les mers » de Jules Verne est un immense roman d'aventure, que j'ai trop négligé à l'adolescence, époque où lire cet auteur m'ennuyait profondément.

Il relate les aventures de trois naufragés, le professeur Aronnax, son fidèle serviteur Conseil et un chasseur de baleine canadien Ned Land, recueillis par le mystérieux Capitaine Némo, propriétaire et inventeur d'un sous-marin extraordinaire, le Nautilus, très en avance sur les technologies de l'époque (Jules Verne écrit ce roman entre 1869 et 1870).

Commence alors un périple merveilleux au fond des océans et mers du globe.


Tout cela n'aurait pas eu lieu si depuis 1866, l'apparition régulière d'une bête monstrueuse n'avait pas défrayé les chroniques partout en Europe et aux Etats-Unis. Ce sera à qui harponnera et mettra hors de nuire le monstre marin. Ce dernier provoque de nombreux naufrages et la colère des armateurs comme des compagnies d'assurance menaçant d'augmenter leurs taux devant la menace terrifiante en Atlantique.

Les Etats-Unis décident d'affréter une frégate, moderne et bien armée, pour poursuivre et tuer le monstre. Aronnax, revenant d'une expédition scientifique dans l'ouest américain, reçoit une lettre du ministère de la Marine afin qu'il rejoigne l'expédition et ainsi représenter la France. Le médecin et professeur au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, ne peut refuser l'offre et s'engage allègrement dans l'aventure aux côtés de son serviteur, l'imperturbable Conseil, grand classificateur des espèces marines.

Lorsque la rencontre entre le supposé nerval géant et la frégate Abraham Lincoln a lieu, Aronnax, Conseil et Ned Land se retrouvent dans les flots, sans possibilité de rejoindre la frégate. C'est Ned qui hèle les deux autres, épuisés par leur nage chaotique, depuis un étrange support en fer. Ce support s'avère être le Nautilus où nos naufragés feront un très long séjour.


Tout est étrange, mystérieux et extraordinaire à bord du Nautilus agencé comme une luxueux appartement, doté des dernières nouveautés et alimenté par la fée électricité. La langue utilisée par le Capitaine Némo et ses hommes est un idiome inconnu des trois naufragés, cependant Némo peut s'exprimer aussi bien en français, en anglais, en allemand qu'en latin.

Alors que Aronnax est subjugué par les technologies utilisées à bord et la possibilité d'observer les mondes sous marins, Ned Land ne pense qu'à s'échapper pour rejoindre la terre ferme et retrouver les siens. Il en est d'autant plus obsédé que Némo, dès leurs premiers échanges, est explicite : « Vous êtes venus surprendre un secret que nul homme au monde ne doit pénétrer, le secret de toute mon existence ! Et vous croyez que je vais vous renvoyer sur cette terre qui ne doit plus me connaître ! Jamais ! En vous retenant, ce n’est pas vous que je garde, c’est moi-même ! » (Chapitre X) Tout au long du roman, le narrateur, Aronnax, se demande si jamais il reverra un jour son bureau au Muséum. Il s'interroge, également, sur ce qui a pu pousser le Capitaine Némo à se retrancher de la vie parmi les hommes : une absence de reconnaissance de ses compétences et savoirs d'ingénieur et de savant ? Un terrible malheur personnel ? Ce n'est qu'à la fin qu'Aronnax aura un élément de réponse, la partie émergée de l'iceberg.


Au cours de leur expédition au fond des mers, Némo offre à Aronnax et ses compagnons, le spectacle époustouflant de la diversité biologique, des profondeurs apaisantes. Il leur offre des parties de chasse dans les forêts sous marines grâce à des scaphandres de haute technologie, encore inconnue. Il leur permet de découvrir des trésors engloutis, des espaces inimaginables tel que celui offert par un volcan sous marin dont le cratère émergé a vu une faune et une flore investir ses profondeurs. Il emmène Aronnax et Conseil découvrir le continent disparu, l'Atlantide : le mythe rejoint la réalité romanesque pour le plus grand plaisir du lecteur. Ce qui est jubilatoire, c'est que tout se tient, comme si Jules Verne avait eu la prescience des progrès fulgutants de la technologie.

Le Nautilus, piloté par Némo, fait une escale au pôle sud, que ce dernier découvre réellement, embarque ses passagers dans un passage, presque secret ?, entre la Mer Rouge et la Mer Méditerranée, un canal de Suez naturel, il les fait naviguer au cœur des « fleuves marins » tel que le Gulf Stream, véritables climatiseurs de la planète.

Némo fait l'apologie des richesses marines lui permettant de ne plus avoir à utiliser les produits de la terre : nourriture, vêtements, ustensiles divers proviennent des éléments sous marins.

Lors des observations réalisées par Aronnax, le lecteur est transporté dans un élan pour l'écologie : les fonds marins sont aussi les poumons de la planète qu'il est important de protéger. D'ailleurs, à plusieurs reprises, Jules Verne, par le truchement du narrateur, souligne combien les richesses marines peuvent être fragilisées par la cupidité des hommes.... Verne est-il un visionnaire ? Bien qu'il n'ait jamais quitté la France, il connaît bien la nature humaine ce qui lui permet d'émettre ses suppositions.


« Vingt mille lieues sous les mers » est, je l'ai écrit plus haut, un roman d'aventure palpitant agrémenté de passages pédagogiques sur les classifications de la flore et de la faune des mondes marins du globe. Il ne faut pas se laisser décourager par les descriptions techniques et scientifiques, elles ont leur intérêt et leur parfum d'aventure.

Le récit est servi par de très belles gravures et par quelques cartes établies par Jules Verne lui-même.


Une fois encore, Jules Verne m'a emportée dans un monde pittoresque et extraordinaire dans lequel les merveilles s'allient avec maestria aux mythes et légendes avec lesquels l'humanité s'est façonnée.

Le « deus ex machina » final est absolument génial : la fuite en chaloupe dans les eaux nordiques alors qu'un maëlstrom sévit, dantesque. Nos trois naufragés se retrouvent saufs sur une île des Lofoten. Quant au Nautilus (et son équipage) il disparaît sans laisser de trace. Le mystère demeure malgré quelques indices... ce qui donne envie de mettre le cap sur une certaine « Ile mystérieuse ».


Quelques avis :

Babelio Futura sciences Radio France Critiques libres Hélène

Lu dans le cadre


(616 pages)

8 commentaires:

rachel a dit…

Oh oui j'ai vraiment aime....bon vers la fin je sautais les passages de descriptions de la faune...lol...mais vraiment palpitant....;)

L'ourse bibliophile a dit…

C'est un des titres de Verne que j'ai beaucoup aimé. Cependant, ma lecture est aujourd'hui quelque peu lointaine et je m'aperçois en te lisant que j'ai oublié beaucoup de choses. Je garde également un excellent souvenir de L'Île Mystérieuse si ça peut t'encourager !

Missycornish a dit…

Ah j'adore Jules Verne. J'ai vraiment hâte de lire ce roman. Je l'ai acheté dans une très belle édition. Je finis le tour du monde en 80 jours. Merci pour ce très beau billet passionnés et passionnant. Il me tarder de monter à bord du Nautilus.

PatiVore a dit…

Je me rappelle l'avoir lu à l'adolescence dans cette belle collection rouge illustrée, parfois j'aimerais relire !

Moka a dit…

Si mon été n'était pas à ce point rempli de pavés, j'aurais clairement choisi ce titre parfait pour notre thématique ! J'y viendrai. Sans aucun doute.
Merci pour ta participation !

Brize a dit…

Chouette participation pour le Pavé de l’été (merci de préciser, dans le cadre du Challenge, l’édition et le nombre de pages) :) !
C’est une lecture que j’ai faite adolescente (avec d’autres de l’auteur) et j’en garde un bon souvenir.

Fanny a dit…

J'aimerais le lire un jour. J'ai découvert Verne avec ce challenge et j'ai été très emballée par ma découverte !

tadloiducine a dit…

Bonjour
Ah, vous ne l'avez pas encore rajouté à votre Index ;-)
C'est l'un des grands (et pas seulement par le nombre de pages! Jules Verne).
Les lectures suivantes que je vous conseille (en deux tomes chaque fois!) sont: Les enfants du capitaine Grant (encore de la géographie...) et, "pour couronner le tout", L'Île mystérieuse (l'une des plus accomplies des "robinsonnades" de Jules Verne).
Et enfin, je signale à toutes fins utiles que ce titre a aussi tout à fait sa place dans le Challenge "2022 en classiques" co-organisé par Nathalie et Blandine (https://delivrer-des-livres.fr/2022-en-classiques-challenge/)
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola