lundi 1 octobre 2012

Le monde au rythme des pas

"L'homme qui marche" est un manhwa  coréen où la contemplation du monde se vit au rythme de la marche, celle d'un homme qui prend le temps de regarder autour de lui même sur le chemin du bureau.
Les petits riens de la vie construisent peu à peu un univers de sensibilités et de subtilités presque invisibles. Chaque menu évènement, qu'il vienne du ciel ou de dame Nature, est un instant qui s'avère précieux, illuminant la journée vécue ou à vivre.
Comme souvent dans la "BD" asiatique, japonaise et coréenne en particulier, les illustrations en disent plus long que les mots et sont d'une finesse attrayante, notamment celles qui représentent la nature, l'habitat (les traits des personnages sont plus convenus, plus "passe partout", plus lisses) et on ne peut s'empêcher de rapprocher cet art graphique au roman japonais ou au film d'art et essai asiatique: de prime abord, on pense qu'il ne se passe rien alors que les non-dits sont tumultueux. En effet, le héros, cet homme qui marche, qui est un "contemplatif" peut sembler être un homme subversif: regarder le monde, s'en émerveiller, prendre son temps est un acte révolutionnaire en ces temps modernes où la course contre la montre rythme la vie quotidienne.

"L'homme qui marche" de Jiro Taniguchi, est un moment délicieux de lecture, une parenthèse de douceur et de lenteur bienvenues dans un monde qui veut toujours aller plus vite, où le temps devient une éternelle course vaine à tenter de le rattraper et de le dépasser... Là, le temps s'arrête et on respire enfin!

vendredi 24 août 2012

Avoir un chat chez soi... quel bonheur!

Découverte de ce héros, Simon's cat, qui ne peut qu'enthousiasmer Chatperlipopette... Merci Biblio qui m'a offert ainsi de sacrées belles tranches de rire.
A savourer sans modération...




Bonne journée à toutes et à tous!

mercredi 22 août 2012

Breizh attitude



Raggalendo, un groupe de filles détonnant qui sait chanter, avec humour, la culture bretonne! J'adore "celle-ci n'est pas longtemps à mettre son ménage propre" (euh... faut que j'en prenne de la graine) et "cuici est boudet, il est arrivé bel homme"... un florilège qui fera rire les bretons avec une pointe d'émotion dans les yeux. Quant aux autres....ce sera une expérience culturelle insolite.
Bonne écoute!

mardi 21 août 2012

Dis, Yoko, dessine-moi une dictature!


« Cristallisations secrètes » est à l'image de son auteure : dire mille et une choses en-deça des mots, dans l'inter-texte voire le meta-texte.
D'une plume assurée, légère et aussi grave, Yoko Ogawa, relate ce que pourrait être le plus grand malheur du monde : la perte programmée de tout ce qui le construit, de tout ce qui le fait vivre. Dès les premières lignes, elle plante le décor de son roman oscillant entre douleur et acceptation de la perte subie.

« Je me demande de temps en temps ce qui a disparu de cette île en premier.
- Autrefois, longtemps avant ta naissance, il y avait des choses en abondance ici. Des choses transparentes, qui sentaient bon, papillonnantes, brillantes...Des choses incroyables, dont tu n'as pas idée, me racontait ma mère lorsque j'étais enfant.
- C'est malheureux que les habita,ts de cette île ne soient pas capables de garder éternellement dans leur cœur des choses aussi magnifiques. Dans la mesure où ils vivent sur l'île, ils ne peuvent se soustraire à ces disparitions successives. Tu na vas sans doute pas tarder à devoir perdre quelque chose pour la première fois.
- Ça fait peur ? lui avais-je demandé, inquiète.
- Non, rassures-toi. Ce n'est ni douloureux ni triste. Tu ouvres les yeux un matin dans ton lit et quelque chose est fini, sans que tu t'en sois aperçue. Essaie de rester immobile, les yeux fermés, l'oreille tendue, pour ressentir l'écoulement de l'air matinal. Tu sentiras que quelque chose n'est pareil que la veille. Et tu découvriras ce que tu as perdu, ce qui a disparu de l'île. » (p 9)

Ogawa nous transporte dans une île, hors du temps et de l'espace, cela pourrait être partout et nulle part. Les habitants voient disparaître peu à peu des objets, des animaux, des plantes. Les oiseaux un beau jour sont partis et leur souvenir s'est aussitôt estompé pour s'éteindre complètement chez les habitants, puis ce fut au tour des bateaux....comment quitter l'île alors ?
La police secrète est partout, à chaque disparition elle vient vérifier que rien ne rappelle cette dernière. Seulement....certains habitants ont le pouvoir, la chance ?, de ne pas oublier, dont la mère de l'héroïne. Une artiste sculpteur qui dissimule les vestiges des disparitions au creux de certaines œuvres ou dans des armoires anodines, au fond d'une cave.
La jeune héroïne se liera d'amitié avec son éditeur et aidée de l'ancien mécanicien du ferry, le cachera dans le sous-sol de chez elle : son éditeur est comme sa mère, il ne peut oublier ce qui a disparu.
Comme, souvent chez Ogawa, deux récits s'imbriquent l'un dans l'autre, « Cristallisations secrètes » ne déroge pas à cette règle : la jeune heroïne est romancière et écrit un roman dans lequel une jeune femme tombe amoureuse de son professeur de dactylographie et commence avec lui une relation étrangement semblable à la situation vécue sur l'île. L'amant opère un enfermement de sa maîtresse en la murant peu à peu dans un silence : il lui vole sa liberté en lui dérobant le langage.
Ainsi, le lecteur voyage-t-il au centre d'un parallèle entre l'enfermement d'une société par un dictateur et celui d'une femme par un amant lors d'une relation amoureuse a-normale. Le dictateur, supposé de l'île, fait disparaître, de par la terreur subtile exercée sur ses concitoyens, les objets, les animaux, les fleurs puis les êtres tout simplement ; l'amant, serial killer en quelque sorte comme tout dictateur, prend la voix puis la volonté de sa jeune maîtresse avant de jeter son dévolu, une fois celle-ci « vampirisée » sur une autre proie.

On ne peut entrer plus dans les détails sans risquer de déflorer toute la subtilité de l'écriture et la vision du monde contemporain de l'auteure. Il y a des scènes touchantes, angoissantes et sublimes, où le lecteur touche du doigt l'intemporalité des choses, impermanence du monde. En quelques traits bien esquissés par les mots justes véhiculant des images qui parlent à notre âme de lecteur épris de liberté, Ogawa appuie là où le bât blesse dans notre société moderne, aliénante au possible, en raison des diktats produits par ceux qui font le monde et les pensées. Doucement, lentement, les citoyens que nous sommes, peuvent perdre peu à peu leur environnement s'ils n'y prennent garde. Il est tellement facile de se laisser porter par le flux majoritaire, celui qui draine un plus fort courant, il est tellement aisé de ne pas réfléchir et de se dire que c'est ainsi, qu'on y peut rien, qu'il faut vivre avec « son temps ». Justement, ce temps voleur d'âme qui au fil des anesthésies locales dépouille tout un chacun de ce qui fait son identité, de ce qui le construit.
« Cristallisations secrètes » est un peu l'histoire de la grenouille plongée dans une casserole d'eau que l'on met doucement à bouillir sur le feu : la température augmente lentement, la grenouille s'y habitue puis au moment où elle sait qu'elle va mourir, n'a plus l'énergie de sauter hors de la casserole pour se sauver.
...Car il est des dictatures invisibles qui dérobent le bien le plus cher de l'être humain, sa liberté de penser et sa capacité à raisonner. Et ces dictatures sont celles qui nous gouvernent sans que nous y prenions garde... mais il y a toujours des Veilleurs, des Gardiens qui collectent, qui engrangent ce qui n'est plus : tant que la mémoire vit, le souvenir des belles choses perdure.

Un roman qui ne laisse pas indifférent... bien au contraire: un étrange écho résonne, lancinant, tout au long de la lecture.





vendredi 27 juillet 2012

Escapade guingampaise


Hier après-midi, après une visite agrémentée d'un thé chez mes parents, à l'ombre du saule pleureur, l'urgence matérialiste du retrait d'un carnet de chèques et du liquide pour le marché du lendemain matin, me fit arrêter la voiture en centre ville. Il faisait chaud...diantre, une fournaise quand on est breton et que l'on n'a pas l'habitude de supporter plus de 23°, et la senteur du sable chaud était bien loin (20 km, héhéhé), quant aux tatouages du légionnaire, aucune trace.
Du coup, passage rapide à la mairie pour retirer mon petit courrier dans mon casier de modeste élue municipale...et là...délice suprême, ô merci les Biens Nationaux de la Révolution!, les couloirs de l'édifice municipal apportaient fraîcheur et bien-être, de quoi requinquer le légume Chatperlipopette qui pointa ses moustaches puis posa ses coussinets dans l'ombre bienfaisante de l'Espace François Mitterand (ancienne chapelle dédiée aux expos) pour visiter la première partie de l'exposition "Portraits de villes" organisée par Gwinzegal.
Peu de monde et donc tranquilité absolue pour une amoureuse du calme comme moi...seule ombre au tableau, j'avais oublié de passer prendre mon Bibliomane à la maison...mais comme l'escapade n'était pas prévue, il m'a malgré tout pardonné, a posteriori.
Reprenons....
Photos de NY surtout, sous des angles délirants: modernité, couleurs, brillance, vie, tumulte. Puis, ce sont les quartiers de Liverpool qui s'étalent sous nos yeux, la crise, le chômage, la pauvreté digne et moins digne, des photos superposant les passagers d'un autobus avec les passants sur le trottoir derrière...déserts humains, cités glauques, immensité d'un désarroi muet, tranches de vie d'un quotidien difficile et pénible...l'Angleterre de Mme Thatcher dans toute sa splendeur. On se croirait dans un film de Ken Loach, c'est flippant, glauque et magnifique à la fois.
Juste avant de sortir, écran plat, film en boucle, je m'asseois confortablement et commence la plongée dans un long film-poème de Godfrey Reggio sur une musique, créée pour cette occasion, de Philip Glass. Si je vous dis que je suis restée, estomaquée, happée par la beauté des images, des montages, par le lyrisme ineffable qui se dégageait de ce poème pas comme les autres, cela ne vous étonnerait pas! Devant ce défilé, rythmé par des accélérés démentiels et des ralentis sublimes, où les références aux "Temps Modernes" de Chaplin sont une évidence, seuls le silence et l'admiration étaient le meilleur émoi à transmettre.
La parenthèse s'est achevée sur cet poème écologique où la réflexion sur ce que l'Homme a fait de la civilisation moderne, mécanisée à outrance, où la science et le progrès laissent de côté l'essentiel: l'âme et l'être humain.
"Portraits de Villes"... une promenade intense qui chamboule l'âme tant les émotions sont immenses....A Guingamp, je vous assure, il n'y a pas que le football qui peut faire battre le coeur, il y a Gwinzegal et son carnet d'adresses d'artistes talentueux qui nous permettent de sortir des sentiers battus tout en nous interpellant sur le monde qui nous porte.




Pour en savoir plus sur l'association Gwinzegal c'est par   LA





Bonus: un extrait du film poème de Godfrey Reggio ICI

dimanche 1 juillet 2012

Le livre que je ne lirai jamais


Un an et presque trois mois, que Chatperlipopette fait la sieste, douze mois que le blog s'est doucement endormi entre un manque d'envie de lire et une panne d'écriture.
Il y a quelques semaines, le facteur a sonné, comme dans le film, deux fois... je descends et ô joie! un colis rectangulaire, en carton, inattendu: ce n'est pas mon anniversaire et cela fait des mois que je n'ai rien commandé dans une antre de perdition amazonienne.
Je regarde, il y a bien mon adresse et mon nom ainsi que celui de Chatperlipopette, mon blog! Regard brillant de joie retenue vers le Bibliomane qui partage ma vie: les éditeurs, malgré la longue sieste chatperlipopesque, n'ont pas oublié mon blog ni mon amour de la lecture.
Une fois le facteur retourné à sa tournée, ruée sur le colis qui au vu de sa forme ne peut que contenir un livre! Ouverture sauvage et impatiente par des mains fébriles et...lecture du titre de l'ouvrage, gracieusement expédié: figure longue de mille pieds, moue exprimant une relative vexation...le bouquin en question est sur la vie passionnante d'une des plus grande stars du rock français, que je trouve  devenue une épave pathétique en pleine décrépitude, Johnny Hallyday!
Je lis et relis l'accompagnement éditorial expliquant l'argument littéraire de la chose, à voix haute même, histoire de partager les meilleurs morceaux avec le Bibliomane. Le fou rire n'est pas loin, car au-delà de la navrante réception de livre, je préfère en rire.
La phase "lectrice avertie abasourdie" passée, place à celle de la curiosité hilare et à l'épluchage du "flyer" de quatre pages. Misère....comme si la vie incroyable de Johnny pouvait m'émouvoir une seule seconde, le personnage m'insupportant au plus haut point alors que dire de sa vie!

Aussi est-ce avec un malin plaisir que j'ai renoncé à:

=> lire l'interview de Lee Hallyday "son père adoptif".
=> lire des témoignages inédits et insolites
=> connaître des révélations sur sa nouvelle vie
=> connaître le vrai visage de Laeticia
=> lire l'abécédaire indiscret de Johnny
=> conserver pieusement un cahier photos couleur de douze pages (si, si!!)

Vous vous demandez certainement comment j'ai réussi à me débarasser de ce chef d'oeuvre littéraire en devenir, je sens comme une impatience qui frétille menant à bout votre curiosité.
Sachez qu'il se trouve toujours dans son entourage une personne fan de Johnny Hallyday. Aussi ai-je fait trois heureux: mon intellect, ma bibliothèque et cette aimable personne.

Alors...elle n'est pas belle la vie?