samedi 27 juin 2009

La lenteur


Malgré la proximité des vacances d'été, synonymes de grandes libertés temporelles, je mets mon blog au ralenti car entre une fin d'année (ahhhh la joie de remplir les livrets de compétences...eh oui même en maternelle!) studieuse et bien remplie et l'accueil à partir de mardi d'un petit garçon de 3 ans et demi (jusque fin juillet), Chatperlipopette revoit à la baisse les heures d'ouverture!

N'hésitez pas à me faire un coucou en passant...au gré des éditions espacées des billets ;-)

jeudi 25 juin 2009

No life, no futur?


Le héros du roman , François Marchand, est un psychanyste devenu "profiler" et policier: pourquoi ce changement de cap professionnel? Parce qu'un jour, il a eu dans son cabinet un patient qui devint, après l'avoir prévenu en consultation, le meurtrier de sa femme. Depuis, il culpabilise et tente de faire barrage aux désaxés et autres criminels qui ne reculent devant rien. La reconstruction de sa vie dévastée par la perte de l'épouse est lente et difficile, d'autant qu'il élève, épaulé par sa mère, sa fille, Charlotte. Cette dernière, après une période longue de mutisme et de refus du monde, est devenue une jolie jeune fille sans histoire sauf qu'elle n'est guère proche de son père. Tous deux communiquent plus par messages téléphoniques que de vive voix tant le métier de François est accaparant. Il s'en rend compte mais paraît avoir du mal à quitter l'engrenage infernal professionnel, surtout depuis que son patron l'a mis sur un meurtre particulièrement barbare perpétré sur une adolescente.
Commence alors une enquête trépidante au cours de laquelle les pistes apportent de nombreuses questions. S'agit-il d'un serial killer? A-t-il des rabatteurs pour approcher de ses victimes? A-t-il un rituel particulier? Toujours est-il que la traque apportera bien des surprises et que les réponses aux diverses questions seront bien étonnantes.
J'avoue être quelque peu partagée sur ce roman: certes, il se lit très bien, on ne s'y ennuie pas une seconde (la construction "à l'américaine" de chapitres courts est efficace), or le lecteur reste sur sa faim. En effet, l'issue de l'enquête bien que surprenante arrive trop rapidement alors que le début avait mis du temps à se mettre en place tant sur le rythme du texte que sur le plan de l'action. De plus, le mode marketing utilisé pour sa promotion laissait entendre que la relation nouée entre les adolescents et internet était au premier plan...il faut en réalité attendre le dernier tiers du roman pour que le sujet soit abordé. Ce qui est frustrant car il m'a semblé être à peine effleuré: le sujet est tellement riche et intéressant qu'il aurait mérité d'être plus creusé. L'auteur accorde beaucoup d'importance à François Marchand alors qu'il laisse en plan le personnage de sa fille Charlotte, ce qui laisse un goût d'inachevé à la lecture.
J'ai aimé le sujet des adolescents en mal de reconnaissance, mal dans leur peau, dans l'incapacité de communiquer avec les adultes de leur entourage proche, ces jeunes filles et jeunes gens semblant perdus, cherchant les expériences extrêmes, sortant des routes bien balisés d'un milieu bourgeois ou petit-bourgeois pour pénétrer dans des futaies bien sombres et glauques. Entre attirance vers la violence et destruction de son propre corps par l'anorexie ou la protitution, le roman possédait la charpente pour poursuivre le cheminement d'un "La nuit des enfants rois" de Lentéric. Or, très vite, le soufflé retombe...dommage.
Comme beaucoup de blogueurs, j'ai reçu des messages d'une certaine Chloé Nolife, adolescente désirant ouvrir un blog et demandant des conseils sur les différentes plateformes. Comme nombre d'entre eux, j'ai répondu gentiment à Chloé puis rapidement cette dernière m'envoya des messages dont la teneur était plus personnelle pour enfin, malgré mes silences, devenir un tantinet malsain. Comme beaucoup d'entre nous, alors que je m'étais promis de ne plus lire les courriels de Chloé, j'ai reçu un mail avec un lien vers YouTube...et j'ai cliqué, m'attendant au pire (et pourtant la curiosité, malsaine aussi?, l'a emporté) pour découvrir le pot aux roses: Chloé était l'auteur himself! Je me suis dit "Sacrément gonflé le mec!", trouvé ensuite extravagant ce procédé avant de ressentir un certain malaise:le livre serait-il un produit marketing comme un autre? Néanmoins, je ne peux retirer à l'auteur le fait d'avoir titillé ma curiosité et donné l'envie de lire son roman (que son éditeur, Michel Lafon éditions, m'a gentiment et gracieusement envoyé). Ahhhh, si seulement il n'y avait pas eu ce petit goût désagréable d'inachevé!!!!




mercredi 24 juin 2009

J'aime, j'aime, j'aime, j'aime les chiens


Voici un album sur les chiens tendrement illustré par l'auteur: le narrateur de l'histoire décline son affection pour les chiens....pour tous les chiens qu'ils soient à poils longs ou nus, qu'ils aboient ou pas, qu'ils courent vite ou pas, qu'ils soient gentils ou non, que leur pelage soit tacheté, rayé ou pas, en un mot comme en mille, le fameux narrateur, que dis-je le mystérieux narrateur, aime les chiens et leur dit son amour en émettant une seule réserve: il les aime lorsqu'ils ne lui courent pas après!

Mais alors, qui est-il ce narrateur? Je vous laisse griller en comptant sur votre déduction logique et votre fine intuition!

Ce qui m'a fait craquer: le fait que ce soit mes élèves qui aient choisi, sur catalogue d'éditeur, cet album et qu'ils soient subjugués par cette histoire, certes très simple mais très efficace tant sur le plan des illustrations (très belles, très douces et très réalistes) que sur celui du texte (les oppositions phrase affirmative/phrase négative sont un délice pour travailler la structuration syntaxique de la langue, comme les pronoms qui de manière pertinente prennent la place du sujet répétitif....encore une manne pour travailler le langage et apporter les connecteurs et des habitudes grammaticales et lexicales).

Cette histoire est un appel, un tantinet subliminal, à l'adoption d'un compagnon à quatre pattes à la maison....le tout est de se déterminer: chien ou chat...voire les deux?


Un avis ici

Prix des Incorruptible: le résultat

J'avais oublié d'en parler: l'heureux lauréat du 20è Prix des Incorruptibles, niveau Maternelle, est un album qui a fait presque l'unanimité chez les élèves de Grande Section de l'école, et qui a tenu la corde (malgré sa deuxième position) chez les élèves de Moyenne Section:
Grosse légume de Jean Gourounas !


J'en avais parlé ici .
Deux de mes petits élèves étaient tout contents du résultat...l'euphorie du vote commencerait-elle tôt ;-) ?

lundi 22 juin 2009

Et si c'était demain?


Nous sommes en 2080, c'est à dire demain: la planète est devenue inhospitalière, son environnement pollué par toutes les diverses erreurs et la faiblesse de l'humanité; les zones habitables ne se trouvent que sous des dômes, plus ou moins importants, et un seul moteur existe pour faire avancer le monde...l'indice de consommation. Le niveau de vie et le niveau d'habitation, de travail,de chaque citoyen est tributaire de son niveau de consommation: plus il achète plus il a accès à divers avantages, au confort ou aux facilités de déplacement. La reconnaissance sociale s'effectue par le prisme de la consommation, la réussite sociale se calque sur cette échelle aussi diabolique que désespérante car il ne suffit pas d'être riche en ce bas-monde, il faut aussi dépenser pour vivre...le tout sous la houlette, inquiétante et paternaliste, du Konsomat, consortium nébuleux de technocrates aux pleins pouvoirs. Bienvenue dans le monde merveilleux de l'anticipation: un voyage étonnant attend le lecteur au détour des mots, des images et des personnages.
Maximilien Krell est un citoyen d'un des dômes, il vit à Paris, son métier n'est pas vraiment apprécié: il est régulateur! Maximilien est un des bras armés du Konsomat: il exécute des contrats, il est tueur à gages en quelque sorte. Il porte une arme, il peut entrer chez n'importe qui avec son ordre de mission, il est l'ombre d'un pouvoir opaque, il est l'angoisse de tout citoyen qui ne donne pas satisfaction au système et cet homme a pourtant un côté fleur bleue: il est amoureux, désespérement amoureux, de la belle Wendy Carlson, superbe plante, aux yeux bleus ravageurs, aux jambes interminables, à la longue chevelure blonde (forcément), ange issu d'une caste supérieure! Comment parvenir à la séduire sans changer de caste? En augmentant sa consommation...mais difficile de choisir quand on possède quasiment tout!
La vie de Maximilien connaît une autre dimension lorsqu'un jour, après avoir réalisé un contrat, deux hommes l'attendent chez lui, envoyés du puissant Konsomat où un contrat, qui ne peut être refusé, lui est proposé avec instance par Gregory Elb: l'assassinat de trois figures terroristes, membres du réseau Ikar, fer de lance de la contestation du système Konsomat.
Commence alors un autre récit, un thriller haletant qui mène Maximilien, et le lecteur à sa suite, dans les méandres des castes, des cercles sociaux, des cloaques, des groupuscules sur lesquels règnent des gourous proches de la folie. Plus Maximilien s'éloigne des niveaux supérieurs, plus il s'approche des portes de l'enfer, celui qui reçoit les expulsés du système et les offre en pâture aux multiples avatars bactériologiques plus mortifères les uns que les autres. On se retrouve dans une ambiance digne de Blade Runer, une atmosphère où le sombre des ruelles se mêle à l'humidité constante d'une pluie nocive. On tremble, on suit avec une exitation mêlée d'angoisse les déambulations de Maximilien, ce héros proche de la vraie vie, un héros qui pourrait être tout un chacun car ses défauts sont une partie de ses qualités.
Au fil de l'enquête, Maximilien se trouve assailli par des images récurrentes lors de ses sommeils agités: une femme brune, très belle, semble lui parler, l'appeler. Peu à peu, l'emprise de cette vision l'amène à s'interroger un peu plus sérieusement sur le Konsomat, sur l'apparence de Wendy, plus factice que sincère, et à se pencher sur les fondements de la contestation terroriste....et si l'Ikar n'avait pas totalement tort? Et si le toujours plus prôné par le Konsomat n'était qu'un miroir aux alouettes, un lacis de désirs instillés pour que les icares qui sommeillent en tout homme n'entendent pas l'appel de la liberté? Et si Maximilien n'était pas réellement Maximilien? Et si la liberté ne résidait pas dans le fait de raccrocher son arme pour se bâtir une autre vie en accord avec ses aspirations?
Ex nihilo est un roman d'anticipation palpitant, qu'on lit quasiment d'une traite tant est criante de justesse la vision socio-politique de l'auteur qui n'a pas eu à forcer le trait de notre actuelle société. D'ailleurs, cette anticipation apparaît effrayante dans le sens où elle semble terriblement de l'ordre du possible: on sait que l'on nous tend un piège et malgré tout on ne parvient pas à l'éviter!
Ex nihilo est aussi le récit d'un complot terrifiant par sa froideur extrême: l'humanité semble ne plus être de mise pour les hommes aux commandes d'un monde perdu dans un engrenage infernal. Une vision de la vie glaciale où seul le profit rentre en ligne de compte, simple donnée mathématique dénuée de tout sentiment.
Un roman à découvrir pour les amateurs du genre!




Un aperçu ICI

dimanche 21 juin 2009

Fêtes


Aujourd'hui non seulement nous fêtons les Papas mais aussi les 28 ans de ce pari incroyable:

la fête de la Musique!


Pour tous les Papas qui passeraient par là (et le mien en premier), un poème appris à mes petits élèves:



Un papa rapluie
qui me fait un abri
quand j'ai peur de la nuit

Un papa ratonnerre
je ne sais plus quoi faire
quand il est en colère

Un papa rasol
avec qui je m'envole
quand il rigole

Un papa tout court
que je fête en ce jour
avec tout mon amour

(trouvé sur momes.net)





Bonne fête les Papas

Bonne fête de la Musique!

samedi 20 juin 2009

Prix des lecteurs du Télégramme


Hier soir, j'ai eu le plaisir d'assister, à Morlaix siège du Télégramme, à la remise du Prix des Lecteurs du Télégramme.

Cette année, le choix s'avérait tout sauf facile tant la sélection proposée était de qualité.

C'est avec une grande joie que j'ai vu décerner le Prix à Claudie Gallay pour son sublime roman "Les déferlantes" (que je n'ai toujours pas chroniqué car j'ai du mal à mettre des mots sur les émotions ressenties au cours de la lecture...je n'ai pas le talent de l'auteure!).

J'ai pu échanger quelques ressentis avec elle, après une lecture de plusieurs passages du roman, lecture faite par une jeune actrice rennaise au talent fou: accompagnée d'un jeune guitariste, elle a su recréer l'ambiance intimiste et tonique des "Déferlantes"....ce fut une déferlante d'émotion, j'en avais les larmes aux yeux, je me retrouvais en pleine lecture du roman, la gorge serrée par les passages émouvants et tellement beaux!

Un début de soirée dont je me souviendrai longtemps!

(photos à venir)

mardi 16 juin 2009

Taguée


Depuis le temps que je devais mettre en ligne mon "devoir" orchestré par Hambreellie et Essel et j'avais oublié Emmyne!

Voilà, je me lance.

Tout d'abord, les règles:

Ecrire huit souhaits.

Dire à quoi font penser les dix mots donnés.

Dire un mot sur sa tagueuse.

Taguer huit personnes et les prévenir.


1) voir le monde habillé tout de vert vêtu
2) avoir du temps
3) aller un jour au Japon
4) avoir foi en l'Homme
5) ne jamais voir la maison inondée (j'habite en zone inondable)
6) continuer longtemps à semer de petites graines culturelles chez mes élèves
7) cultiver mon jardin intérieur
8) mettre un rucher dans mon jardin


blog: écriture et partage
prix: littéraire
message: BAL
croix: difficile chemin
scrap: doigté créatif...pas pour moi!
création: étincelle
bonheur: les petits riens du quotidien
vie: harmonie avec sa moitié d'orange
enfant: celui que je n'aurai, hélas, jamais
passion: feu et énergie


Mes tagueuses, puisqu'elles se sont mises à deux sans le vouloir, sont des personnes que je ne connais qu'à travers leur blog. Hambreellie fut ma swappée lors du swapounet organisé par l'infatiguable Armande. Quant à Essel, elle force mon admiration par l'érudition, l'éclectisme éclairé et la curiosité intellectuelle qui se dégagent de ses billets et de son blog en général. Emmyne m'offre de multiples tentations avec ses conseils plus qu'éclairés en littérature jeunesse....son blog est un lieu de perdition dans lequel on aime se perdre avec délectation.


Normalement je devrais taguer huit personnes mais comme ce tag a fait le tour de la blogosphère, je passe la main à celui ou celle qui en aurait envie.

dimanche 14 juin 2009

Les invisibles blessures


Ferdinand Bouvier est un drôle d'homme: il a été un soldat exemplaire sur le front lors de la Grande Guerre, sauvant au péril de sa vie maints hommes des entonnoirs monstrueux où ils auraient agonisé sous la mitraille infernale des tranchées, un résistant hors pair lors de l'Occupation, mais est un mari et un père odieux, sans tendresse ni ombre d'affection. Pourquoi, comment un homme qui est capable d'immense altruisme peut-il devenir un personnage violent, teigneux, pingre avec les siens?
La narratrice enquête, bien après la disparition de Ferdinand dans les limbes sombres d'un camp de concentration, sur la vie peu commune de cet homme qui au fil des pages s'avère être un étonnant baroudeur, un baroudeur de la guerre et un excellent officier sorti du rang. Elle interview les enfants de Ferdinand qui ne peuvent s'empêcher d'avouer que l'annonce de son arrestation fut un grand soulagement....enfin ils allaient pouvoir respirer et vivre sans crainte de voir une claque ou une volée de coups s'abattre sur eux. Un carcan invisible s'envole dans la mémoire familiale, chiche en bons souvenirs, riche en peurs au ventre et grande solitude.
Lentement, la narratrice amasse témoignages et impressions, passe du temps au coeur des archives militaires où elle glane les hauts faits de son anti-héros: Ferdinand est un anti-héros qui exhale un goût amer et ne peut qu'inspirer l'antipathie du lecteur. Ferdinand, monstre envers les siens et ange protecteur envers les autres, un homme qui s'est construit une cage, qui a élevé autour de son coeur des barbelés, ceux des tranchées, ceux des camps d'extermination, ceux d'un monde qui ne veut plus rien avoir à faire avec l'extérieur....sauf pour partager des petits verres de blanc, le soir, avant de rejoindre l'enfer familial qu'il s'est aménagé avec la constance d'un fou.
Derrière la vie de Ferdinand s'écoule les images d'une guerre meurtrière, démente, faite de feux, de boue, de pluie, de corps désarticulés, de gnôle, de baillonnettes fouillant les chairs, d'ordres mortifères, de gaz délétères, d'agonies et de pleurs. Des tranchées de Verdun aux Dardanelles en passant par le chemin des Dames, la vision apocalyptique d'un conflit à la violence inouïe déroule les pièces de l'âme de Ferdinand qui ont lâché, les unes après les autres, en un rictus invisible et d'autant plus irréversible. Ferdinand....une gueule cassée de l'intime?
Derrière la résistance de Ferdinand, coule la longue colonne des damnés en costume rayé, ceux qu'un autre rouleau compresseur dépouille et dépèce sans relâche, jusque dans les profondeurs de leur moëlle, sous le regard aveugle des villageois, au coeur d'une campagne où très vite les blés remplaceront un devoir de mémoire impossible à exercer.
Sans doute Ferdinand a-t-il perdu une grande partie de lui-même entre Verdun et Sébastopol, sans doute n'a-t-il pu panser les plaies trop profondes de son âme, peut-être n'a-t-il pas voulu retourner dans le monde des hommes qui oublient le pire pour tenter de mieux recommencer, certainement s'est-il égaré pour toujours dans un brouillard où les émotions réveillent trop les démons.
L'homme barbelé est un roman saisissant, remuant nombre d'émotions et de sentiments aussi divers qu'encombrants: Ferdinand ne laisse pas indifférent, on le déteste, pour sa dureté, ses violences et son manque de tendresse conjugale, paternelle, et on éprouve de la tendresse pour lui, être maltraité par une vie qu'il n'a en rien souhaitée. L'ambivalence des sentiments fait, malgré les longues descriptions des faits militaires, des faits de guerre, la force de ce roman qui mêle à l'horreur quotidienne des moments d'apaisement lorsque l'oeil de la narratrice s'arrête sur le jardin de Ferdinand, sur une scène pastorale, sur un paysage d'une infinie douceur....autant de baumes qui ne font que cacher une misère humaine. Un beau premier roman qui à travers l'Histoire contemporaine,ses conflits et ses périodes après-guerre, porte aussi un fort message de paix.











samedi 13 juin 2009

En attendant....


non pas Godot mais mes prochains billets (je sais je traîne mais hélas le Temps n'est pas encore élastique), des infos sur divers prix littéraires décernés ces derniers jours:


Prix Landerneau attribué à Jérôme Ferrari pour Un dieu un animal




Prix Orange du livre décerné à Fabrice Humbert pour L'origine de la violence (je ne l'ai pas encore lu....il m'attend sagement sur le haut de ma PAL)


Prix du Livre Environnement (par la fondation VEOLIA) décerné à Philippe Jurgensen pour L'Economie verte. Comment sauver notre planète. La Mention Spéciale Jeunesse a été attribuée à Alain Serres et Zaü pour Je serai les yeux de la terre, chez Rue du Monde (un superbe choix!!!!!).

Bientôt le Prix des Lecteurs du Télégramme sera décerné à Morlaix (le 19 Juin prochain)...cette année, hélas, je ne pourrai y assister: je n'ai pas été chanceuse au tirage au sort. On ne peut gagner à chaque fois! Le suspense est intense: qui sera l'heureux lauréat?
J'ai failli oublier de parler de cela: la nouvelle création timbrée de La Poste. Maintenant la gourmandise peut parfumer vos courriers! Miaaammmm

mercredi 10 juin 2009

Appel à la solidarité

Normalement, le mercredi est consacré à rubrique "La bibli des p'tits chats", mais ayant eu une journée très chargée et donc peu de temps pour écrire une chronique, j'en profite pour relayer l'appel de Guillaume Teisseire de Babelio, dans le cadre de Bibliothéques sans frontières.

Pour plus d'informations cliquez ICI !

Pour voir le début de la tour de livres (ceux de Guillaume) cliquez LA !

mardi 9 juin 2009

Symphonie en vert


Le narrateur est un ancien repris de justice qui redécouvre le monde de la liberté. Il rejoint une équipe mise sur pied pour construire un barrage en haute montagne, dans une région reculée et isolée du pays.
Arrivé à destination, une ascension à travers une forêt verdoyante et humide attend l'équipe et le narrateur. Le périple commence, les hommes aperçoivent, perdue dans la brume constellée de goutelettes, une vallée au creux de laquelle niche un village qui semble désert. Ce hameau est comme hors du temps, arrêté à une époque révolue: deux mondes opposés se rencontrent, la modernité représentée par l'équipe du barrage, ses machines, ses outils, sa technicité, et la tradition dont le village est le miroir fragile. Les maisons sont recouvertes d'une mousse d'un vert lumineux, luisant de l'eau absorbée par elle, lentement par elle exhalée sous le soleil printanier. Les habitants sont autant de fantômes silencieux vaquant à leurs occupations agrestes. L'atmosphère est gorgée d'humidité, celle de la pluie, celle des goutelettes de la brume, ce voile opaque qui cache pour mieux découvrir cette vallée perdue dans l'espace et dans le temps.
La moiteur, la couleur verte deviennent rapidement oppressante tant pour les hommes du chantier que pour le narrateur et le lecteur. Ce dernier est dans l'attente du déséquilibre qui tôt ou tard fera basculer le rythme du temps. Le vert fait apparaître un indicible et inévitable sentiment mortifère: l'oppression de la chappe forestière, de la nappe de brouillard dense, de l'omniprésence de la mousse, éponge silencieuse des humeurs du ciel comme de la terre, ne sont qu'étouffement et inquiétude. Chacun est engoncé dans ses certitudes: les ouvriers, bagnards qui s'ignorent, regardent de haut ces hommes et ces femmes à la vie simple et traditionnelle tandis que ces derniers ignorent par conviction d'être supérieurs à ces "barbares", agités et froissant les susceptibilités de la tradition et des légendes de la forêt, l'équipe du chantier. Seul, le narrateur, qui est venu dans cet endroit perdu pour oublier et surtout expier l'acte qui le conduisit en prison. Seul le narrateur regarde d'un oeil amical la nature mystérieuse, attirante par sa sauvage beauté verte et sombre: sans cesse lui revient sa violence lors du meurtre de son épouse, sans cesse la possibilité du chaos s'installe en lui, lui qui a comme talisman des osselets, ceux des orteils de sa femme! Le narrateur ne peut qu'être attiré, subjugué et apaisé par l'étrangeté des habitants du hameau perdu qui dans un calme absolu refont sans relâche ce qui a été défait par les soubresauts des détonations du chantier.
Bien entendu, au coeur de cette verdoyance sombre et cette moiteur opaque, le drame attend son heure, le déséquilibre est en latence: les ouvriers ne peuvent comprendre ce qui est le fondement du mode de vie du hameau et une gêne profonde, une incompréhension teintée de peur monte, graduellement au fil des brouillards et des pluies qui augmentent le flou permanent de la situation. Un jour, trois habitants du village, deux hommes et une très belle jeune fille, arrivent au camp, la jeune fille désigne un des ouvriers puis ils regagnent le village. Plus tard, le corps de la jeune fille est retrouvée, suppliciée, au pied d'un arbre, près du camp, image inamovible de la faute commise. Les travaux continuent malgré tout dans un malaise des plus étouffants.
La narration de Yoshimura est d'une très belle fluidité, à l'image de l'eau qui coule, impassible et pourtant tumultueuses, des montagnes. Cette eau qui bientôt noiera le village sous ses flots, cette eau qui sonnera le glas d'un mode de vie. Il insinue, silencieusement, secrètement presque,dans son récit, la fascination de la mort, la répulsion face à l'étrange que l'on ne comprend pas, la curiosité vis à vis de l'autrui, créant une atmosphère mystérieuse, mortifère et d'une immense singularité. Les descriptions de la forêt, des mousses, des camaïeux de vert sont d'une intense poésie au pouvoir de suggestion étonnant. Le lecteur est le vert qui joue en de multiples variations, mais aussi la transparence trompeuse de l'eau, élément en filigrane à la permanence cristalline ou grave.

Le convoi de l'eau est un récit magnifique où la poésie est au détour de chaque image construite par l'auteur qui, avec science, invite son lecteur à se fondre dans les particules infinies d'un monde où le vert est en mode majeur. Un roman fort, un roman qui offre une multitude d'émotions dans lesquelles le lecteur apprécie de se perdre pour mieux retrouver le fil de la narration, pour mieux appréhender l'éternelle lutte entre la modernité et la tradition: un mode de vie, ancré dans le temps et l'espace, s'efface, sans un mot, sans un cri, dans une immense dignité silencieuse et majestueuse, pour laisser place à un nouveau système dévoreur, ogre insatiable et aveugle, pour se fondre encore plus intimement avec la symphonie en vert d'un monde de l'invisible et du secret.




Récit traduit du japonais par Yutaka Makino

Vert attitude


La vie peut être belle en vert!
(surtout depuis dimanche)

dimanche 7 juin 2009

Pour Maman


et toutes les mamans du monde

(photo prise chez mes parents)

Bonne fête Maman!!

samedi 6 juin 2009

A-t-on un âge pour aimer?


Emma est vétérinaire en pleine campagne, loin des êtres et des lieux qui la firent autrefois souffrir. Elle est loin d'imaginer que sa vie, tranquille même si elle est submergée de travail, va être bouleversée au cours d'un été pas comme les autres: l'été au cours duquel Giovanni, le fils de son ancien amant, débarque chez elle, auréolé de ses quatorze printemps et d'un charme indicible.
La présence de Giovanni ravive les souvenirs douloureux qu'elle pensait être parvenue à mettre de côté: entre peine, rage, désespoir et irrésistible attirance, Emma se laisse aller vers l'inévitable. Lorsque Micol, la mère de Giovanni et la rivale qui lui vola son amour, vient, plus tôt que prévu, chercher son fils, et les voit ensemble, l'irréparable se produit, la descente aux enfers commence au rythme du procès.
Emma se traîne, laminée par les rouages d'une société qui ne peut que punir la transgression des tabous, perdue au milieu d'une tempête qu'elle a du mal à appréhender et surtout à comprendre, soutenue par son ancien "patron", le véto rugueux, âpre qui la forma au coeur des paysages vosgiens. Le monde des hommes n'aime pas être bousculé par les ressacs inattendus, les soubresauts empreints d'interdit, et il le fera comprendre à une Emma qui ne peut que tenir le mauvais rôle face à une Micol, un peu perverse, auréolée de sa maternité.
"Les mains nues" est un roman qui aborde un sujet sulfureux, celui d'un immense tabou: la liaison charnelle entre un adolescent et une femme. Simonetta Greggio mène l'histoire avec délicatesse, tendresse, sans jamais sombrer dans la laideur ou la vulgarité, au fil d'une écriture très subtile; elle décrit, avec justesse, les sentiments contradictoires éprouvés par son héroïne qui se trouve déchirée entre une tendresse quasiment maternelle envers l'adolescent, qu'elle a tenu dans ses bras bébé et enfant, et une attirance trouble devant l'innocente certitude de plaire de ce dernier. Giovanni est un prolongement de Raphaël, l'homme qu'elle a éperdument aimé et qu'elle a perdu, trahie par une fausse innocence.
Les noeuds de la souffrance sont inévitables, mêlant les sentiments passés et le présent qui ne fait que les raviver dangereusement: les blessures de passé ne sont pas encore cicatrisée malgré le passage inexorable du temps et l'éloignement que l'on pensait salvateur...d'ailleurs, ces blessures peuvent-elles vraiment un jour se refermer?
"Les mains nues" est aussi l'histoire d'une femme qui vieillit, qui voit les rides appraître bien qu'elle ne soit pas encore vieille et plus tout à fait jeune. Une femme qui assume le fait d'avoir envie de tendresse, de caresses masculines, d'éprouver la chaleur du désir et d'assouvir ce dernier. La féminité ne disparaît pas sous le cal des mains ni sous les rides, elle est et demeure intacte même si lentement le corps se transforme. Emma, blessée par la vie et son injustice, assume sa solitude et le regard des autres, le regard souvent réprobateur du monde rural encore attaché aux convenances et aux apparences...il est si facile de rejeter la différence pour avoir la réconfortante impression d'être du bon côté du chemin. Emma a le courage d'assumer ce qu'elle est, ce qu'elle ressent sans se chercher d'excuse ce qui rend son personnage attachant et tendre derrière son apparente âpreté, derrière les barrières qu'elle a dressé autour de sa sensibilité.
Un roman agréable à lire, une histoire qui m'a émue, une belle découverte (même si, aux dires de mon petit doigt, ce n'est pas le meilleur roman de l'auteure!).





jeudi 4 juin 2009

Il y a des soirs où


la télé c'est bien!

Demain soir, sur France Télévision, sera diffusé le nouveau film documentaire de Yann Arthus-Bertrand: HOME.

Demain soir, je participe à une soirée plateau-télé organisée par Europe Ecologie dans une jolie chapelle guingampaise....et je peux dire que rares sont les soirs où je regarde la télé!
La bande annonce ici

mercredi 3 juin 2009

La beauté du monde


Martin est un jeune garçon fasciné par le monde chatoyant des oiseaux: dès qu'il le peut, il file de bon matin les observer muni de sa gibecière et de son "petit fusil en bois" pour les croquer et les dessiner. Il les collectionne dans toute leur splendeur au coeur de leur intimié sauvage.

Mais Martin est un jour agressé par une bande de vauriens qui ne comprennent pas pourquoi il ne chasse pas les oiseaux au lieu de perdre son temps à les dessiner! Martin résiste à leur pression: il parvient à ne pas lancer la pierre sur le cou gracile du héron qu'il observait puis court se réfugier dans le ventre d'un navire en construction, au chantier naval de Rochefort. Il rêve aux bergeronnettes, aux hérons qui picorent peut-être sa pomme tombée dans les hautes herbes. C'est alors qu'il va faire une rencontre déterminante: un monsieur entame la conversation avec lui, il s'appelle René-Primevère Lesson, il est pharmacien, naturaliste et partira bientôt faire un tour du monde, à bord de "La Coquille", un voyage, au long cours, scientifique. Martin qui aime "attraper les oiseaux avec ses yeux" est émerveillé et montre son trésor, ses croquis d'oiseaux, à Lesson. Ce dernier est ému devant les dessins malhabiles mais ô combien remplis de ferveur.... aurait-il une idée derrière la tête?

Août 1822, La Coquille quitte les côtes françaises, avec à son bord un drôle d'animal....Martin, passager clandestin qui une fois découvert pourra apprendre, encore et encore, auprès de René-Primevère Lesson les arcanes du dessin d'observation. Ils débarquent au Brésil et pour Martin, l'enchantement commence: les colibris sont de véritables petites merveilles de la nature, éclairs aux couleurs de rêve, danseurs d'une intense beauté.

La beauté du monde s'offre au regard insatiable de Martin, les gammes de couleurs égrenent leur nom sous ses crayons et peintures, étalent leur lumière sur ses feuilles à dessin en une ronde multicolore dont il ne se lasse pas.

Mais la beauté du monde cache aussi la laideur de ce dernier: Martin apprend qu'on tue les colibris pour leur plumage chatoyant destinés aux belles dames européennes, qu'on utilise des esclaves pour ces tristes besognes et que parfois, le meilleur des hommes, au nom de la Science, peut emporter les petits corps, sans vie, pour les étudier.

"Martin des colibris" est le dernier ouvrage écrit par Alain Serres, le créateur de cette sublime maison d'édition Rue-du-Monde: l'histoire est poétique, belle, à la langue chantante, douce, colorée, un appel au rêve et au voyage. Le jeune héros, Martin, est un personnage des plus attachants, au caractère rêveur mais également déterminé...un jeune garçon à la grande force d'âme, au grand coeur et au grand courage, guidé par sa passion des oiseaux, par la beauté du monde ailé.

Une histoire aux accents de philosophie, divinement illustrée par la jeune et talentueuse Judith Gueyfier qui offre une vraie merveille aux lecteurs: des dessins aux couleurs éclatantes, des croquis d'oiseaux "à la manière de" planches des naturalistes du 19è siècle...invitation irrésistible à un voyage immobile dans le temps et dans l'imaginaire.

Aux Etonnants Voyageurs, j'ai eu la chance d'écouter Alain Serres, Judith Gueyfier en compagnie de deux jeunes auteurs-illustrateurs (dont je parlerai dans un prochain billet sur les EV) devisant sur un thème fort "La beauté du monde" décliné dans la littérature jeunesse....ce fut un vrai régal, régal rehaussé par la présence dans l'espace "Magic" des EV d'une partie des planches originales de "Martin des colibris"!

"Martin des colibris" est un album dans la lignée du travail éditorial de Rue-du-Monde: mettre entre les mains des enfants la beauté de notre monde, grâce aux histoires de qualité et aux illustrations plus magnifiques les unes que les autres, sans leur cacher sa part de laideur. Un engagement tant déontologique, philosophique, éducatif que politique.

En un mot comme en mille....Respect et d'infinis mercis Mr Serres....continuez encore et encore à mettre entre nos mains et celles de nos enfants toutes les beautés du monde qui ne sont que plus précieuses en ces temps de crise et de nivellement par le bas!

Si vous croisez le chemin de cet album, ne résistez surtout pas à la tentation!

Pour le plaisir des yeux:


lundi 1 juin 2009

impressions printanières


Allons sous la charmille où l'églantier fleurit,
Dans l'ombre où sont les grands chuchotements des chênes.
(In La Légende des siècles (1859), Le Groupe des idylles, Victor Hugo)
Mon jardin citadin prend des couleurs printanières depuis l'arrivée des beaux jours! L'églantier est recouvert de belles roses d'un blanc rosé très délicat. Cet après-midi, les abeilles et les bourdons virevoltent et butinent en bourdonnant les roses écloses du matin.

L'églantier, hélas, aujourd'hui, ne se rencontre plus aussi fréquemment dans les jardins (où les rosiers altiers arborent leurs fleurs aux lourds parfums ensoleillés) comme dans les haies bocagères. Et pourtant, le subtil parfum des églantines embaume l'air, fait frémir le jardin et attire les insectes pollénisateurs aussi bien que les belles roses cultivées avec discipline (je n'ai rien contre les roses...je m'occupe amoureusement de mon tout jeune rosier "Pierre de Ronsard" dont je ne verrai que quelques roses en fin de saison).

L'églantier, le père de tous les rosiers mériterait d'être plus connu: cliquez ici pour connaître une partie de ses vertus!

La ténacité de l'adjudant


Florence, en été, ses touristes, sa chaleur, ses étals multicolores, ses immeubles vétustes au charme indicible, ses beautés architecturales, picturales, ses palais désertés pour les fraîches campagnes, ses confréries (notamment celle des Frères de la Miséricorde) recrutant dans toutes les couches de la société, ses vieilles dames plaintives et envahissantes et son adjudant Guarnaccia, sicilien exilé dans le nord, attendant patiemment ses congés pour rejoindre sa famille.
Ayant rejoint l'appartement de la signora Guisti, la vieille dame envahissante par ses éternelles jérémiades, l'adjudant écoute la litanie de cette dernière, regardant avec tristesse les pêches qu'il vient d'acheter et qu'il ne mangera pas, contraint une fois encore à jeûner! Entre bribes de cancans, plus ou moins venimeux, et expression d'une solitude souvent difficile à vivre, signora Guisti attire l'attention de l'adjudant sur les étranges bruits venus la nuit précédente de l'appartement voisin, inoccupé depuis que Toni, le jeune orfèvre, son propriétaire, a construit sa vie aux Pays-Bas. Qu'a-t-il bien pu se passer? La curiosité pousse Guarnaccia et la signora à jeter un oeil à l'intérieur du logis. Des affaires jonchent pêle-mêle le sol de la cuisine, le désordre règne dans la salle de bain et un faible gémissement se fait entendre: c'est Toni qui est en train de perdre la vie. L'adjudant appelle les Frères de la Miséricorde ainsi que la police: les premiers précèdent les seconds et recueillent le dernier souffle de Toni ainsi que ses ultimes paroles, bien mystérieuse: "Ce n'était pas elle." Commence alors pour Guarnaccia une enquête difficile tant les informations sont embrouillées entre le temps écoulé depuis l'enterrement du père de Toni et les histoires intestines de famille! Le suicide semble être évident sauf pour l'adjudant qui fera tout pour prouver qu'il n'en est rien et qu'il s'agit bien d'un crime: en effet, pourquoi vouloir se supprimer alors que l'on va être papa, que l'on est heureux en ménage et que les affaires marchent bien?
L'enquête de l'adjudant fleure bon les enquêtes du commissaire Maigret: le rythme prend son temps avec le récit, s'attarde pour notre plus grand plaisir sur les menus faits du quotidien, sur les divers évènements au premier abord peu importants mais qui au final tissent une toile cohérente d'un univers particulier...celui de Florence. Peu à peu, les indices perdus dans le dédale des pistes semblant ne mener nulle part, mettent en éveil l'attention du lecteur et l'égarent, gentiment, sur quelques fausses pistes.
L'écriture et le style sont d'excellente facture: efficaces avec ce qu'il faut de belles tournures, d'images évocatrices, d'humour et de sel. On suit avec joie l'adjudant, taciturne et corpulent, personnage attachant par sa fausse simplicité (il est tout sauf benêt ou lent à saisir la subtilité des choses), son caractère tranquille tout en étant bien trempé, son humanité touchante et sans fard, sa compassion immense, sa curiosité intellectuelle et sa bonhommie derrière la fatigue d'un quotidien un tantinet ennuyeux. Un Colombo que l'on aime suivre au fil des senteurs des étals fleuris et fruités, au coeur du brouhaha industrieux des chalands et des ménagères, sous l'implacable lumière d'un soleil brûlant comme dans l'ombre rafraîchissante d'un appartement isolé ou celle d'un palais déserté pour l'été. Les rues, les personnages hauts en couleur prennent corps sous la plume de Magdalen Nabb, tel un film intimiste où lentement on déambule pour capturer l'essence même de la ville.

Roman traduit de l'anglais (GB) par Jean-Noël Chatain




Roman lu dans le cadre du Cercle des Parfumés (Merci Arabella pour cette belle découverte!)