dimanche 29 août 2010

Dimanche en photo 10


(Photographe: moi)

La nature ayant horreur du vide...la niche à l'entrée de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec (29) se voit ornée par de très jolies pâquerettes.
Les déambulations en images des photographes du dimanche sont ici .

Les larmes de l'assassin

Une bicoque, harcelée par les vents houleux, froids et sans pitié des hivers austraux, ou les étés secs, torrides de ces régions pdu bout du monde, tient et résiste aux forces de cette nature extrême. Un couple vit, chichement, de ce que la terre veut bien leur offrir. L'homme et la femme Poloverdo ont un enfant, un fils, sans vraiment être parents: certes, ils aiment leur fils, Paolo, mais sans chaleur, sans tendresse, de leur manière rustre, âpre comme la terre qui les nourrit jour apès jour. Paolo grandit, dans le silence des jours sans fin, sans côtoyer une autre école que celle de la vie pénible, simple et taiseuse de la campagne déshéritée de l'extrême sud du Chili. Paolo est malingre, petit, rabougri, presque sans âge, d'ailleurs, il ne connaît pas son âge.
Un jour, arrive un homme, grand, portant un gros sac sur l'épaule: il n'est pas comme les habituels étrangers, il ne semble pas être ni un scientifique ni un voyageur de l'extrême, ni un écrivain en mal d'inspiration. L'homme est inquiétant et apporte dans son sillage l'odeur âcre du malheur: il s'appelle Angel Allegria, il n'aime rien ni personne, il est aux abois, il fuit la justice des hommes car il a volé et tué son prochain...Angel est un assassin sans foi ni loi, une brute qui ne connaît que son instinct et la violence. C'est cet homme là que Paolo accueille et conduit auprès de ses parents; c'est cet homme là qui, d'un geste désarmant de naturel, tuera les parents de Paolo; c'est cet homme là qui restera aux côtés de Paolo, prenant en main les rênes du foyer. La vie continue sur ce bout de terre isolée, aride et pauvre: l'âpreté du quotidien ne laisse pas de palce aux sentiments et encore moins aux émotions, même quand on est un jeune garçon. Une relation peu ordinaire s'installe entre Paolo et Angel, entre le petit garçon et l'assassin de ses parents, entre l'agneau et le loup: ils apprennent à se connaître dans un étonnant silence, ils s'apprivoisent, s'habituent peu à peu l'un à l'autre, dans une ambiance irréelle où on se demande qui a le plus peur de l'autre. Alors que le duo improbable formé par Paolo et Angel se construit cahin caha, un deuxième homme frappe à la porte de la misérable bicoque, ballottée par les vents: ce n'est pas un scientifique ni un voyageur de l'extrême ni un assassin en cavale; c'est Luis Secunda, un voyageur qui n'a pas le courage de partir et qui vient se faire oublier au coeur de ce bout du monde. Il apporte avec lui un vent inconnu, celui de la poésie, de la magie des mots, celui d'un ailleurs ouvrant d'interminables horizons.
Les semaines, les mois passent, le trio prend la route pour renouveler le bétail dans la ville la plus proche...à plusieurs jours de marche. La ville, lieu de partance et d'errance, lieu de séparation du trio, dans la douleur de la trahison. La ville, lieu qui fera grandir Paolo, lui fera comprendre que l'homme est un immense mystère et un concentré de contradictions.
Anne-Laure Bondoux raconte une histoire protéiforme: la quête du remords et de la rédemption pour Angel, le roman d'apprentissage pour Paolo, l'aventure et l'amour pour Luis. Malgré leurs différences, les trois protagonistes sont intimement liés dans un cadre angoissant, celui d'un désert soufflant une solitude étouffante et écrasante: le lecteur s'attend, à mesure que la narration progresse, à un dénouement terrifiant tout en s'attachant à la personnalité surprenante d'Angel, ce tueur sans atermoiement qui réapprend le goût de vivre et d'aimer grâce à l'enfant qu'est Paolo. Il assiste à la naissance d'une rivalité entre Angel et Luis pour obtenir une place privilégiée dans le coeur de Paolo, rivalité étonnante car ces deux hommes se complètent et permettent à Paolo de cheminer vers la connaissance de soi et des autres.
"Les larmes de l'assassin" est un roman initiatique où la poésie est présente de bout en bout, où l'écriture ciselée de l'auteur apporte une dimension contemplative au récit et donne une force romanesque personnages, loin de tout manichéisme et empreint d'incessants questionnements. L'émotion étreint la gorge à un moment où le lecteur ne s'y attend pas, lorsque Paolo et Angel rencontre Ricardo, un bûcheron mélomane et solitaire qui accueille leur errance et leur désarroi avec chaleur et tendresse. Une lecture qui vous happe et ne vous lâche qu'à la dernière phrase!

Merci Brigitte et Titouan pour cette très belle découverte!

mardi 24 août 2010

Que font les grands hommes une fois partis?

Telle est la question que l'on se pose lorsqu'un homme politique, de talent, d'envergure, à l'aura indéniable, quitte la scène du pouvoir à l'issue d'un scrutin électoral.
Eté 1956, la traversée du désert du Général de Gaulle laisse à ce dernier beaucoup de loisirs: fatigué de la versatilité des Français, il part se ressourcer sur une plage bretonne. C'est flanqué de sa fidèle ordonnance Lebornec, d'Yvonne (dite "Tante Yvonne"), de son fiston Philippe et de son chien Wehrmacht, rejeton d'un chien d'Hitler, que Charles de Gaulle savoure l'air vivifiant et iodé de la côte bretonne...incognito, même si un baigneur le prend pour Jacques Tati. Le lecteur, réjoui, découvre un de Gaulle en short kaki et en tongs (prises sur l'ennemi, clin d'oeil à la guerre d'Indochine, prélude à une décolonisation dans la douleur), s'installant sous le parasol en compagnie d'Yvonne, qui tricote inlassablement en écoutant d'une oreille distraite les "Mémoires" dictées par son général d'époux, et de Philippe, croqué sous les traits d'un jeune garçon en plein émoi adolescent, attiré par les filles et ne sachant comment solliciter son général de père pour appliquer une technique d'approche.
Les journées à la plage, se scandent au rythme de la dictée de ses Mémoires, de ses méditations déambulatoires et de ses bains de mer....il ne manque plus que l'ambiance à la Rohmer pour que le décor soit idéal. Le burlesque est au détour de chaque planche: entre la confusion des mouettes et des coiffes bretonnes, les allusions à la grande taille du général, qui a toujours pied, les "crises" de Wehrmacht, défendant contre les communistes imaginaires ses croquettes, les gaffes du général (la scène de la cabine de bain en éponge qui transforme le général en évêque est à mourir de rire), ses emportements lyriques lorsqu'il dicte ses Mémoires et sa rencontre avec Churchill (c'est toujours comme ça les vacances: on tombe sur des connaissances au moment où on s'y attend le moins!), le lecteur passe de joyeux moments à rire (à la limite de la jubilation) de la vision gentiment ironique du Grand Homme que dessine Jean-Yves Ferri. Cependant, le Général est toujours grand seigneur: il n'hésite pas à réitérer l'appel du 18 juin au micro des surveillants de baignade pour récupérer un ballon perdu....ni à compter fleurette à une jeune femme éperdue d'admiration. Le tout avec un humour ravageur qui donne une autre dimension, celle du comique qui s'ignore, au personnage incroyable que fut le général de Gaulle.
"De Gaulle à la plage" est une lecture hilarante, à lire au gré des planches (une lecture d'affilé nuit à la saveur de l'humour décalé de l'auteur), d'un pan de vie d'un homme politique devenu mythique.




L'avis de Planète BD   Evene   Philippe Poisson   Krinein 

NB: j'ai lu cette BD dans l'édition Télérama.

dimanche 22 août 2010

Dimanche en photo 9

Le Cercle de Guingamp en pleine prestation
(photographe: moi)
Aujourd'hui s'est achevé le festival de la Saint-Loup, festival de danses bretonnes, célèbre pour sa danse de La Dérobée. Les cercles celtiques participent au Challenge de La Dérobée qui se déroule dans la rue Notre-Dame, au coeur de Guingamp (où il n'y pas que le football!!!). L'an dernier, le Cercle de Guingamp l'avait emporté, qui sera le vainqueur 2010?, réponse dans le Télégramme demain matin.
Les déambulations photographiques du dimanche sont ici .

Bonus (je débute aussi soyez indulgent...de plus pas moyen d'éviter les gros bras du service d'ordre):

samedi 21 août 2010

Mars et Vénus

Après "Le mec de la tombe d'à côté", Katarina Mazetti explore à nouveau, sous un autre angle, les histoires d'amour de prime abord impossibles. Cette fois, elle met en scène une jeune mère de famille, lasse, débordée entre ses enfants et son boulot de prof d'arts plastiques à temps partiel dans un lycée, et un jeune gagneur de l'informatique. Tout les éloigne: il aime le côté raffiné des choses, le luxe, les belles femmes, il ne sait pas ce qu'est la peur du lendemain; elle vit un désert sentimental depuis que son mari, schrizophrène et phobique, a quitté sans crier gare le domicile conjugal, elle trime pour garnir un tant soit peu le réfrigérateur.
C'est sur une plage suédoise que la rencontre percutante a lieu, lorsque Mariana agrippée à une liane, sous le regard amusé de son fiston, rentre en collision avec Janne. D'abord échaudés par une telle rencontre, ils finissent par passer une soirée ensemble et à oublier leur solitude respective dans les bras l'un de l'autre. Ce qui ne devait être qu'une aventure sans lendemain, se transforme très vite en histoire d'amour compliquée, dense et pleine de rebondissements. Mariana a beau avoir des kilos en trop, la peau distendue par les grossesses, se négliger un peu, elle possède un charme indéfinissable qui envoûte immédiatement Janne, peu habituée à une sensualité naturelle, sans complexe et débordante de tendresse.
Le lecteur, amusé toujours, ému bien souvent, suit la construction d'une relation amoureuse au fil de chapitres très courts, regards croisés de Tarzan/Mariana, de Janne, de la meilleure copine et des enfants: entre rires et gorge serrée (le quotidien de Mariana est loin d'être semé de doux pétales de rose), il se prend d'affection pour ces personnages au verbe haut, au caractère incroyable, et ne leur souhaite qu'une seule chose, un avenir commun où le quotidien devient plaisant.
"Les larmes de Tarzan" est une lecture agréable qui m'a permis une jolie transition entre le mode "école" et le mode "vacances". Un roman sur la difficulté de comprendre les sentiments de l'autre mais aussi sur la difficulté à se comprendre soi-même: les meli-mélo sentimentaux brouillent allègrement les pistes du quotidien. Katarina Mazetti met en scène une autre version de la difficile communication amoureuse entre Mars/l'homme et Vénus/la femme...le tout avec humour et tendresse.

Roman traduit du suédois par Léna Grumbach et Catherine Marcus




Les avis de Nini  Theoma  emiLie  

vendredi 20 août 2010

Noces de bois


C'était il y a 5 ans, c'est à dire hier: j'unissais ma vie à celle de mon cher et tendre.

jeudi 19 août 2010

Une rentrée littéraire inattendue

Si vous en avez assez du Nothomb annuel, du dernier écrit commis par Musso ou encore que vous n'en pouvez plus des envolées pseudo-philosophiques de BHL, lancez-vous dans la lecture d'une auteure à découvrir: Katell. Des romans écrits en cachette et édités en un clic, des aventures palpitantes et des héros plus braves et surprenants les uns que les autres: ces écrits ensoleilleront vos journées ternes au travail et enchanteront vos week-end.
Bientôt, sur tous les étals des libraires dignes de ce nom, les bons romans de Katell:














Pour éditer vos chefs d'oeuvre clic  (Merci Aifelle et Mango!)

La citation du jeudi #2

J'ai terminé cet après-midi "Des feux fragiles dans la nuit qui vient" de Xavier Hanotte, un très beau roman de cette rentrée littéraire, qui, j'espère, trouvera son public.
Aujourd'hui, comme c'est le jour de la citation, je copie un passage, les premières phrases du roman:

"Depuis longtemps, Pierre Berthier avait cessé de croire que les hommes, et lui-même en particulier, pouvaient un tant soit peu infléchir le cours imprévisibles des choses. Il n'en avait pas toujours été ainsi mais, avec le recul, cette arrogance fort répandue l'amusait presque. Selon lui, les fleuves détournés finissaient tous par rentrer dans leur lit, les plantes ensauvagées enterraient leurs jardiniers défunts et les palais bâtis pour mille ans s'écroulaient après quelques lustres sous les attaques conjointes des intempéries, de la mérule et des promoteurs.
Néanmoins, il croyait toujours dur comme fer aux vertus d'une certaine persévérences. A tout prendre, elle n'était qu'une des variantes de la fidélité, celle des perdants qui ne jouent plus pour gagner, mais davantage pour maintenir d'eux-mêmes, sans illusion sur sa réalité, une image proche de leurs rêves perdus, jamais vraiment reniés." (p 11)

mardi 17 août 2010

La moulinette de la vie

C'est avec grand plaisir que j'ai réceptionné "La collecte des monstres" d'Emmanuelle Urien, livre voyageur de Clara: j'avais lu beaucoup de chroniques positives sur l'auteure et les lecteurs ne tarissaient pas d'éloges sur la qualité de sa plume et l'acuité de son regard porté sur la nature humaine.
Mon plaisir de lire a été à la hauteur de mon attente, voire même plus grand: la galerie de personnages qui se succèdent au fil de nouvelles bâties à coup d'images plus percutantes les unes que les autres, m'a émue au plus haut point et a fait affleurer larmes et frissons glaciaux. L'écriture de nouvelles est un exercice qui est loin d'être simple: il nécessite une maîtrise consommée de la formule, d'un style qui en quelques mots va à l'essentiel et, surtout, l'art de la chute, virevolte clôturant l'histoire, conclusion appelée à surprendre le lecteur et à achever, joyeusement ou non, le portrait des héros. Emmanuelle Urien est une artiste époustoufflante: chaque chute de ses nouvelles est un bijou, est une réussite et parvient, alors que l'ambiance générale du recueil oscille entre le plombant et le glauque (mais toujours avec subtilité), à surprendre, à tous les coups, le lecteur qui pense avoir saisi le fil conducteur et se retrouve, éberlué, devant un pied-de-nez de l'auteure, bouleversant ses déductions et troublant des conclusions qui se révèlent hâtives.
Emmanuelle Urien dresse le portrait d'une humanité qui, dans un quotidien sombre, noir, où le gris absorbe le moindre coin de ciel bleu, la plus petite joie, offre une large part de monstruosité: entre une Juliette, perdue dans le gras de ses kilos en trop, et sa recherche désespérée d'un Roméo qui se fait attendre, et un pauvre hère enfermé dans une pièce aveugle, "le petit comptable", qui se met, pour tuer le temps, à convertir en grammes les chiffres qu'un "homme blond" lui présente chaque jour, une gamme hétéroclites d'affreux jojos ordinaires se promène au gré des pages. Juliette s'abandonnera à l'étreinte mortelle de son Roméo prédateur, "le petit comptable" (dont le lecteur n'apprendra le nom qu'à la fin) et "l'homme blond" seront une version, terrible et mortifère, de la Shoah (diantre! que l'histoire est bien ficelée et dotée d'une chute glaciale); Alice, femme violentée par son époux, passera de l'autre côté du miroir de la vie par le bras de celui qui l'aura débarassée de son bourreau, la femme au foyer, grande dépressive, franchira le Rubicond dans un moment d'absence et de folie, une mèche de cheveux sera le fil conducteur d'un mal qui ronge et abîme l'intégrité physique de celle qui le subit. Les personnages défilent avec leur poids de souffrance et de mal-être, survivent dans un monde qui ne leur renvoie qu'un reflet désespérant, celui de leur vie qui n'est qu'un rebut à déposer devant un portail afin que la collecte des monstres ôte du paysage ces Dom Quichotte d'une société qui n'a aucune compassion pour celui qui reste à la traîne....ces monstres que l'on ne supporte pas de voir, reflets d'un monde insatisfaisant car cruel et mesquin, ces chevaliers à la triste figure d'un temps qui s'emballe dans une frénésie avide de beautés et de réussites.
"La collecte des monstres" est l'histoire des violences ordinaires d'une vie que l'on pense calme et qui est effrayante dans le souterrain de son long fleuve tranquille.

Les avis de Eric Vauthier  Clara   L'Ogresse   Kathel  Yvon 

dimanche 15 août 2010

Dimanche en photo 8

Vendredi, nous sommes allés visiter quelques enclos paroissiaux, spécialité finistérienne. Les sculpteurs bretons des siècles passés avaient une jolie dose d'humour...noir, histoire de nous rappeler la vacuité des jours. La preuve en image: un bénitier, sous un porche, orné d'un bel Ankou...il a fallu que mon oeil le repère un vendredi 13!


(Photographe: moi)

Pour vous promener parmi les déambulations photographiques du Dimanche, clic!

jeudi 12 août 2010

Japon quand tu nous tiens...

Comme la chair est faible, l'esprit peut l'être encore plus lorsque, par le pur hasard des pérégrinations blogesques, on tombe sur un défi sur le thème de la littérature japonaise! C'est Choco qui, dans son grenier à malices, a lancé, pour fêter son bloganniversaire, le défi "In the Mood for Japan". Je pense être restée raisonnable en choisissant le niveau "Samouraï" (c'est à dire 6 titres d'ici Juin 2011).
Grâce à ce défi, je compte diminuer ma PAL de quelques titres (allez, c'est la foi qui sauve!).
J'ai 3 Kawabata et 1 Ogawa à m'attendre depuis pas mal de mois: "Le lac" (en cours de lecture), "Les servantes d'auberge" et "Les belles endormies" puis "Cristallisation secrète". Il me manque deux titres mais je pense que je trouverai très vite de quoi alimenter ma liste Samouraï.
Pour plus de renseignements c'est ICI .

La citation du jeudi #1

Je chemine depuis cet après-midi aux côtés de Kawabata en lisant son roman "Le lac":
"Comme une merveilleuse fraîcheur....Il était sur la rive d'un lac, et une brise venue des montagnes le caressait. Normalement, c'est à la saison des bourgeons que souffle cette brise fraîche, et, cependant, le lac était couvert de glace. Etait-ce parce que le bras de gimpei avait failli traverser la vitrine, aussi vaste qu'un lac? Oui...le lac tout à côté du village natal de sa mère. (...) Le lac était tout noyé de brume, et l'infini commençait avec la glace, tout de suite au-delà du rivage. (...) Le bonheur, pour le jeune Gimpei, c'était de suivre le chemin qui longe la rive, leurs deux silhouettes confondues reflétées dans l'eau du lac. Il marchait, regardait l'eau, et songeait que les deux reflets iraient jusqu'au bout du monde, embrassés pour l'éternité. Mais il fut bref, ce bonheur-là." (p 20 et 21)

dimanche 8 août 2010

Dimanche en photo 7

(Photographe: moi)

Ce dimanche, je vous emmène vous perdre dans la jolie prairie bleue du Château de la Roche-Jagu, un lieu magique où chaque saison apporte sa lumière, ses fleurs, ses paysages. Un lieu offert au public au fil de l'année: entre les balades, les spectacles et les expos, le coeur balance souvent.
Les déambulations photographiques initiées par Liyah peuvent être vues ICI .

vendredi 6 août 2010

Et c'est reparti!

2009 voyait l'arrivée d'un nouveau défi littéraire, le 1% rentrée littéraire, organisé par Levraoueg qui a mis entre parenthèses son joli blog; heureusement pour les affamés de défis et de lectures, le flambeau est repris par Schlabaya. 2010 arrive avec une moisson colossale: 731 romans, essais, biographies et autres récits, sont prévus en cette rentrée littéraire.
L'an dernier, entre les acquisitions bienvenues de la médiathèque guingampaise et les divers partenariats, je suis parvenue à mener à bien ce défi (le seul d'ailleurs); aussi, est-ce sans trop d'inquiétude que je me lance à nouveau dans l'aventure.
J'ai déjà lu "La huitième vibration" de Carlo Lucarelli (roman qui, j'espère, aura bonne presse) et "Quand blanchit le monde" de Kamila Shamsie (chronique à paraître après le 25 août), auteure pakistanaise à découvrir. J'espère pouvoir me plonger dans le dernier roman d'Olivier Adam et je suis très curieuse du dernier Alice Ferney (qui m'avait enchantée avec "Dans la guerre").
Clara et George sont aussi de la partie.

jeudi 5 août 2010

Le jour de la citation est le Jeudi

La blogosphère a un merveilleux don d'inventivité: après les Dimanches poétiques de Celsmoon, les déambulations photographiques de Lyah, Chiffonnette instaure la Citation du Jeudi. Le jeudi serait-il un jour négligé, coincé entre le mercredi des enfants et une fin de semaine tant attendue? Toujours est-il que maintenant, le Jeudi a son heure de gloire: celle de la citation!
Mirontaine en a parlé ICI et j'espère que vous serez nombreux à rejoindre la citation du Jeudi.

"Au printemps, les collines de Yahwari se couvrent de fleurs jaunes. Quand il fait nuit, les fleurs brillent comme des grains de sel sous la lune et les collines deviennent alors toutes blanches. On retrouve ce paysage dans "Les sarrasins en fleurs" de Lee Hyo Seok." (in "La bicyclette rouge" tome 2, de Kim Dong  Hwa)

mercredi 4 août 2010

Gratte classique dans les champs


Ce soir, concert de guitare classique à la chapelle des Sept Saints au Vieux Marché (près de Lannion), dans le cadre du Festival "Des cordes à la campagne". Les billets nous attendent à l'entrée et les coussins sont prêts à être embarqués...les bancs d'église ne sont jamais très confortables.
Au programme: Craig Ogden   qui interprêtera du Piazzola, entre autres.

Requiem pour une colonie

Le Royaume d'Italie, dernière puissance européenne à s'être lancée dans l'aventure de la colonisation, s'est approprié l'Erythrée, un royaume africain loin d'être moribond. Janvier 1896, dans un XIXè finissant et sous la chaleur torride de cette terre africaine qui plie mais ne rompt pas devant l'envahisseur, les motivations des colonisateurs sont multiples: entre le bourgeois "éclairé" pétri d'idéaux économiques modernes, rêvant de transformer les hauts-plateaux érythréens en jardins de cocagne pour les paysans pauvres, et les militaires qui n'en peuvent plus d'attendre une logistique efficace, débarquent un anarchiste prônant la non-violence, rêvant de faire tomber les fusils en pleine bataille, une jeune épouse, délicate, aux mobiles inavouables, un soldat "inconnu" au langage incompréhensible, berger descendu des Abbruzzes, un Major à l'air dépressif et maladif, un jeune lieutenant, fringant et avide d'affronter le désert, assoiffé de gloire et de destin héroïque, et un brigadier des carabiniers, lancé à la poursuite d'un tueur d'enfants. Ils posent le pied sur une terre brûlante où les sous-officiers sont passés dans l'art de la magouille avec un incroyable cynisme, où des paires de jumelles et des fusils peuvent disparaître et se retrouver là où on s'y attend le moins. Ils débarquent sur un morceau d'Italie où les colons traînent leur mal du pays entre l'alcool et les palabres idéologiques autour du progrès apporté aux populations africaines. Autour de ce microcosme, dans la poussière, danse une fillette, imperturbable, et se promène, sensuelle et dangereuse, une sculpturale Africaine dispensant autant ses charmes de féline putain que de mystérieuse sorcière...ces deux figures féminines, fils métaphoriques d'une colonie qui n'accepte pas le joug de l'envahisseur et encore moins sa civilisation. Elles annoncent la fameuse bataille d'Adoua, scellant de terrible et cruelle manière la première défaite d'une armée blanche, européenne, face à une armée africaine; elles annoncent un monde qui lentement se meurt, celui des empires coloniaux, celui d'une modernité qui corrompt tout ce qu'elle touche. "Nous avons cru nous imposer à quatre bédouins achetés avec de la verroterie et en fait nous sommes allés casser les couilles à l'unique grande puissance africaine, chrétienne, impérialiste et moderne. Même des timbres, il avait fait imprimer, le Négus." (p 401)

J'ai aimé les descriptions d'une Afrique belle mais sans pitié dans sa révolte: la longue marche de l'armée de volontaires italiens à travers un pays de rocaille, de gorges montagneuses abritant de minuscules oasis de vie et d'amour, de dunes où les arbres revêtent une signification religieuse et spirituelle; longue marche qui aboutit à un affrontement d'une violence égale au besoin d'une liberté jugulée par le colonisateur, au nom de l'apport d'un progrès, écran de fumée masquant l'ego malmené d'une nation européenne à la remorque de ses pairs.
J'ai été émue par la danse de la fillette, danse dans la poussière, regardant Vittorio droit dans les yeux; émue par la rencontre insolite, mais au final naturelle, entre Sciortino, le berger des Abbruzzes, et la femme du haut-plateau (qu'il appelera Sebeticca, croyant que ce mot, "ta femme", est son prénom), âme isolée au milieu de nulle part, apportant un soin jaloux à un plant de fève dans un geste qui attendrira l'Italien "oublié" une fois de plus par les siens. Une rencontre des sens, une rencontre de deux êtres différents qui par delà les mers ont des gestes similaires pour que la terre leur offre ses richesses nourricières. Deux taiseux qui se parlent avec leur corps, avec leurs offrandes, ces gestes séculaires pour s'apprivoiser, se connaître, s'aimer et partager. La découverte de l'amour charnel par Sciortino est ponctuée d'expressions des Abbruzzes, de son dialecte de berger, racines avec lesquelles il se forge des images et tente de comprendre cette terre lointaine, pourtant si proche, et inconnue.
Comme dans toute rencontre violente entre deux conceptions du monde, entre deux civilisations, entre deux peuples, le fil ténu de la frontière vole en éclat par la grâce du métissage, né, parfois, d'une envie de connaître l'autre, d'un désir d'aimer l'autre et de l'apprivoiser, d'une soif de construire un ailleurs avec l'autre. C'est ce que vit le capitaine Branciamore, comme bon nombre d'officiers italiens, aux côtés de Sabà, sa "Madame", son amour des terres lointaines qui lui a fait oublier sa première famille. C'est ce qu'expérimente Sciortino, dans son Eden isolé, entre une maisonnette, un plant de fève, un puits, et une paysanne. Sans affectation, avec un naturel éblouissant et sensuel....un rêve humaniste qui se fait chair dans l'enfantement.
J'ai été charmée par les chapitres intitulés "Histoire de..." et "Photographies", parenthèses essentielles dans la trame du récit: les premières donnent de l'épaisseur aux personnages principaux, les secondes, instantanés figés sur des clichés sépias, sont les témoignages d'un siècle qui s'éteint dans la douleur, sont les traces d'un temps subtilement révolu, celui des empires voués au déclin: la Madame et son officier, deux soldats vaincus à la bataille d'Adoua, une vue de Massaua, le port où commencent et s'achèvent les destins. Les pauses photographiques sont scandées par la notation de la technique employée, discret, presque invisible fil dans le tissage d'une histoire, le fil du progrès, de la technologie, de l'écrit qui complète l'oralité dans la transmission du passé. Ce sont les souvenirs d'une époque exhumés de vieille malles oubliées dans les greniers, par l'auteur, regard d'aujourd'hui sur un lointain hier. Les points de vue se croisent, se mêlent, pour écrire des fils de vie qui s'inscrivent dans l'histoire des civilisations: "La huitième vibration" est un roman où l'épopée se lit au travers de destins ordinaires, un roman où la nature humaine accompagnée de ses aspirations, des rêves et ses motivations, se décline dans toute sa diversité sous le soleil de plomb d'Erythrée, et avec les accents multiples du royaume d'Italie; un roman au cours duquel sonne, sourdement, le glas d'un monde: "[...] Ceci est la terre de la huitième vibration de l'arc-en-ciel: le Noir/ C'est le côté obscur de la lune, porté à la lumière/ Dernier coup de pinceau du tableau de Dieu" (Tsegaye Gabrè Mehdin in "Home-Coming Son")... exergue à l'envers choisie par l'auteur.
"La huitième vibration", de Carlo Lucarelli, est un roman décliné sur plusieurs tons, le roman policier, le roman d'aventure, l'histoire d'amour, le roman d'initiation et l'épopée, qui, d'entrée, débarque le lecteur au milieu du bruit, des senteurs, de la moiteur nocturne peuplée d'insectes, de la chaleur torride et de l'humidité d'une Afrique qui se découvre et se cache derrière les voiles masquant sommairement une nudité conquérante. Dès les premières pages, les sens du lecteurs sont sollicités pour partir à la rencontre des personnages et de leur histoire et embarquer dans un fabuleux récit de voyage.

Roman traduit de l'italien par Serge Quadruppani



Je remercie la librairie Dialogues (Brest) pour cette très belle découverte littéraire!

NB: parution de ce très beau roman le 19 août 2010




(1/7)

dimanche 1 août 2010

Dimanche en photo 6

Demoiselle coccinelle se prélasse sur une feuille d'origan.
(photographe: moi)

Ce dimanche, c'est aussi un bestiaire: ces derniers jours, les demoiselles coccinelles, tant attendues, ont fait leur apparition dans les jardins, à un moment bien opportun. En effet, messieurs les pucerons, poussés par mesdames les fourmis, faisaient bombance....tout a une fin dans ce bas-monde, même pour les pucerons dont il ne resta que quelques particules noires. Ce sont mes potirons qui respirent à présent!
Si vous souhaitez regarder le glanage en image des participants aux déambulations photographiques dominicales c'est chez Liyah.