vendredi 31 octobre 2008

Cucurbitacées et Halloween


Halloween est une fête millénaire: les Celtes fêtaient la nouvelle année le 31 Octobre, le Samhain ([sow-in]) qui marquait la fin de l'été et le début des longues nuits d'hiver. A cette occasion, les esprits revenaient parmi les hommes. Pour faire fuir les mauvais esprits, ils se déguisaient de manière effrayante et allumaient de grands feux autour desquels ils se rassemblaient.

Halloween vient d'Irlande et prit racine aux Etats-Unis, au milieu du 19è siècle, suite à l'émigration massive des Irlandais fuyant la famine.

Aujourd'hui, les citrouilles sont à la fête: on les creuse, on les décore afin de les transformer en photophores effrayants. Les enfants se déguisent, jouent à se faire peur et réclament bonbons et autres friandises en criant "Un bonbon ou je te joue un mauvais tour, sens mes pieds ou donne-moi quelque chose à manger!". Ce refrain rappelle l'époque où les pauvres frappaient à la porte des riches pour quémander de la nourriture ou de l'argent.


Joyeux Halloween à tous!!!

jeudi 30 octobre 2008

Baudruche champagnisée?

Un matin, un homme sonne à la porte de Baptiste Bordave: il est en panne de voiture, la cabine téléphonique de la rue en dérangement et souhaiterait téléphoner. Baptiste ouvre la porte à l'inconnu sans se douter de l'aventure incroyable dans laquelle il sera très vite embarquer. A peine le numéro de téléphone a-t-il été composé que l'inconnu s'effondre, foudroyé par une crise cardiaque. Baptiste ne sait que faire et se précipite pour appeler les secours. C'est alors que la conversation impromptue, au cours de la soirée précédente, lui revient en mémoire: s'il appelle les secours, il sera le premier suspect! Peu à peu, l'envie d'en savoir plus sur l'inconnu l'amène à fouiller ses poches: l'inconnu s'appelle Olaf Sildur, est Suédois résidant en France, à Versailles. Et si c'était l'occasion rêvée de changer de vie? Le défunt a le même âge que lui, à peu près la même taille, un peu rondelet certes mais quand on le trouvera le temps aura fait son oeuvre et l'aura minci.....
Commence alors une plongée dans un univers parallèle de luxe, de volupté, de secrets flous, de fortune immense et de piscine où flottent, à la juste température, les meilleurs crûs de Champagne.
Seulement, voilà, la plongée est loin de tenir les promesses alléchantes des premiers chapitres; en effet, j'ai eu l'impression de me retrouver, enfin!, devant un roman de l'Amélie Nothomb des débuts: le postulat est intéressant, même s'il n'est pas original, le rythme happe immédiatement le lecteur, les situations sont entre le comique et l'absurde, bref, les ingrédients semblent être là pour une intrigue réussie. Certes, le lecteur sourit, voire rit, mais très vite, tout tourne en rond et il ne voit pas vraiment où l'auteure veut en venir....d'ailleurs le sait-elle, elle-même?
Bien entendu, il y a quelques bons passages, de belles descriptions de la boisson préférée de l'auteure, celle qui offre le spectacle de sublimes bulles fines et chantantes, bien entendu le roman annuel de Melle Nothomb se lit bien, bien entendu l'écriture est fluide et bien menée, bien entendu le côté ubuesque et décalé est présent, mais, car il y a mais, le pétillant (champagnisé?) n'existe que dans les flûtes, délicieusement givrées, bues par les protagonistes, Baptiste/Olaf et Sigrid! C'est là que le bât blesse: le pétillant n'est plus et n'enchante plus les papilles lectrices.
Je suis restée sur ma faim: l'usurpation d'identité et le plongeon dans une vie de luxe et de volupté, alimentée sans doute de douteuse et frauduleuse manière, méritaient une fin autrement mieux construite et non bâclée en quelques pages, petits cheveux désagréables flottant dans une coupe de champagne...même si la dernière phrase diffuse les senteurs du Japon!


Quelques morceaux choisis:

"Il y a un instant, entre la quinzième et seizième gorgée de champagne, où tout homme est aristocrate. Ce moment échappe au genre humain pour un motif médiocre: les êtres sont si pressés d'atteindre le comble de l'ivresse qu'ils noient ce stade fragile où il leur est donné de mériter la noblesse." (p 128)

"Je raccrochai et continuai à contracter des dettes pharaoniques. Je savais que je ne risquais rien. Les banques tiennent à leurs clients prodigieusement endettés autant qu'à leurs milliardaires, surtout quand leur passif succède à une fortune: les banquiers se persuadent qu'un homme qui a été si riche est capable de se refaire. S'il reste endetté, c'est qu'il a investi. Cet homme courageux croit en l'avenir - comme le prouvait mon ambitieux fonds d'art contemporain.
Sigrid et moi reproduisions à l'échelle individuelle la logique économique des pays les plus puissants de la planète. Notre dette publique nous indifférait. C'était le fait du prince."
(p 169)

"Pour moi, ce blanc était celui de la page vierge que j'avais conquise." (p 170)




Des avis plus positifs: cuné bibliobs virginie Mr. Bellesahi

mercredi 29 octobre 2008

Une année dans le verger


Hier, en mettant en ligne une photo prise lors de "La Fête des Confitures et autres douceurs", je suis allée regrader les pots de confiture que j'y avais achetés: entre la confiture aux courgettes et celle au potiron/pomme/miel, trônait la confiture aux prunes du verger. Aujourd'hui, je ne peux donc résister à l'envie de vous parler d'un album/documentaire jeunesse "Le vieux verger" de Vanessa Luff.

L'auteure emmène ses jeunes lecteurs au fil des saisons dans un verger suivre le cycle d'un pommier. Le verger est un peu à l'abandon et est riche d'une vie discrète, abondante, utile voire indispensable au cycle des arbres fruitiers. Des bourgeons naissants du pommier aux dernières pommes tombées dans la neige et laissées aux petits rongeurs et oiseaux, on découvre, à travers les splendides illustrations, dessins aquarellés aux jolis et doux tons pastel, la naissance des fleurs, l'apparition des fruits, leur croissance et leur arrivée à maturité.

Dans le verger, au fil des saisons, les animaux entretiennent le paysage: les oiseaux font leur nid, élèvent leurs couvées, les abeilles oeuvrent pour que les fleurs deviennent pommes, les insectes peuplent le vieux pommier et les souvenirs s'égrennent doucement....une balançoire, des pots en argile, une échelle, des seaux, une brouette, un panier en osier, on imagine même des fonds de culotte accrochés aux branches!

Les ustensiles du jardiniers sont là pour annoncer les différents travaux d'entretien du verger et ses arbres afin qu'ils offrent chaque automne leurs fruits juteux et sucrés.

"Le vieux verger" est aussi le récit des animaix qui animent par leurs chants, leurs cris, leur vie, le jardin et la campagne: les bouvreuils, les coucous, les papillons, les abeilles, les hirondelles, les lapins, les écureuils, les chats, les chouettes, les mulots, les poules, les cochons du fermier, le chien de chasse, le renard, les corneilles et les rouge-gorge scandent les quatre saisons du verger.

Le plus de ce bel album documentaire: à la fin du récit, les travaux de chaque saison sont expliqués. Ainsi, chacun peut y approfondir ses connaissances grâce aux commentaires apportés aux pages de l'histoire. Le jeune lecteur pourra tenter de retrouver les silhouettes des animaux et la page où ils apparaissent en aiguisant son sens de l'observation!

Une jolie promenade, racontée avec des mots simples, faciles d'accès dès le plus jeune âge, au coeur d'une nature proche de chacun d'entre nous: les jardins citadins ne sont pas avares d'arbres fruitiers et on peut observer la plupart des protagonistes de l'histoire du "Vieux verger"!

mardi 28 octobre 2008

Quelques gourmandises


Le 19 Octobre dernier, l'association "En bout de table" animait St-Agathon avec sa Fête des confitures et autres douceurs. Je n'ai pu résister à l'appel de l'étalage joliment présenté des pots de confiture....

lundi 27 octobre 2008

Carhaix, les bouquins et les bloggeurs bretons

Pour la deuxième année, rendez-vous était pris entre les bloggeurs bretons pour se retrouver en Centre Bretagne, à Carhaix, célèbre pour ses Vieilles Charrues mais aussi pour son combat inlassable contre la comptabilité inhumaine de l'administration hospitalière!

Carhaix, ville culturelle s'il en est, décerne chaque année son prix du roman de la ville et c'est Françoise Moreau, auteure de Loire-Atlantique, qui fut la lauréate 2008 avec son roman "Jamais de la vie".

C'est avec une immense joie que j'ai retrouvée la compagnie joyeuse et volubile de Sylire, Joëlle et son mari, Yvon et son épouse et Mammig accompagnée de sa délicieuse petite famille (ses enfants sont absolument adorables et d'un calme olympien...à l'image de leurs parents!).

Le plus incroyable est que j'ai réussi à les rater, tous, en fin de matinée lorsque je suis allée faire un repérage au salon (espace Glenmor)! Heureusement, j'ai retrouvé toute la compagnie à la pizzeria "Dolce Vita" et cela sans m'égarer dans Carhaix!!!



L'après-midi s'est déroulé dans les allées du salon au gré desquelles de jolis moments partagés avec les auteurs sont venus remplir nos besaces émotionnelle de beaux souvenirs.


Malgré mes bonnes résolutions, je dois avouer avoir céder à la tentation (je sais, l'intellect peut être très faible devant les livres qui n'attendent que vous!):



La disparue de Guingamp de Yann Venner (cadeau d'anniversaire pour mon Papa amateur de football et grand supporter du Stade Rennais!)

Carnet du Tibet de Claude Lagoutte (pour Pascal qui travaillait!), préfacé par l'excellent Charles Juliet!


Un an avec les trois petites soeurs de Yolande Catelain, auteure/illustratrice aux airs de Nathalie Novi. J'ai craqué pour cet album charmant en bonne instit de maternelle que je suis ;-)

La nuit blanche d'Hervé Bellec, dédicacé par l'auteur, que j'ai oublié au salon du livre!

Grâce à Sylire qui s'est jetée, littéralement!!!, sur La cabane d'Hippolyte de Marie Le Drian, dernier exemplaire sur le salon, j'ai pu résister à cette ultime tentation, alimentée depuis longtemps par Yvon qui ne tarit pas d'éloge sur la qualité de cette auteure!!!


Le temps filant à une vitesse folle, ce fut le moment pour chacun d'entre nous de prendre la route du retour, des rires et des conversations engrangées, des souvenirs plein la tête et la promesse de se retrouver à Carhaix en 2009!

Merci à Sylire qui a organisé les retrouvailles autour d'une excellente pizza et à la bonne humeur de tous les participants.

Des regrets: ne pas avoir pu faire connaissance, en vrai, avec moustafette , ne pas voir revu Majanissa (mais elle est fort occupée en ce moment!) et être allée baguenauder parmi les livres sans ma moitié d'orange!

dimanche 26 octobre 2008

Phénomène suédois




L'an dernier, "Millenium" a été la coqueluche de la blogosphère: la trilogie a été lue, dévorée par la plupart d'entre nous. J'ai fini par me lancer aussi dans la lecture des aventures du magazine Millenium pendant les vacances d'été! Ce fut une plongée passionnante et une lecture au long cours comme je les aime.
Tout a été dit sur la trilogie, phénomène de société en raison de la disparition brutale de son auteur Stieg Larsson, aussi me retrouvai-je devant un écueil délicat: l'éventuelle redite.
Le premier tome, d'emblée très prenant, est un peu celui qui expose les personnages principaux, donne le ton et l'ambiance, plante le décor et permet de faire connaissance avec Mikael Blomkvist, le journaliste d'investigation, champion des causes perdues et hérault de la morale, et Lisbeth Salander, jeune femme ambiguë, associale, mise sous tutelle par les services sociaux et géniale hacker.
Blomkvist est appelé à la rescousse par un gros industriel, Henrik Vanger, afin de rouvrir l'enquête sur la disparition, il y a 40 ans, de sa petite nièce. Depuis sa disparition, chaque année, quelqu'un lui rappelle sa douleur en lui envoyant un cadre contenant une fleur séchée. Mikael vient de perdre un procès contre un homme d'affaires dont il dénonçait les abus et malversations, il est laminé par ses confrères et discrédité. Cette enquête va lui permettre de redresser la tête, secondé par Lisbeth, perturbée mais fouineuse de haut vol. Dans le huis-clos d'une île suédoise, ils vont se plonger dans les monceaux de papiers relatifs à la disparition inexpliquée d'Harriet. Une photo, récupérée après bien des aventures, les mettra sur la voie et les embarquera dans les méandres des haines familiales, des querelles intestines et des magouilles financières. Au cours de cet épisode, le personnage de Lisbeth est un mystère pour le lecteur, et pour Blomkvist, que ces derniers souhaiteraient pouvoir éclaircir. La chappe de plomb pesant sur le lourd passé de Lisbeth intrigue et attise la curiosité malgré les bribes infimes offerts par l'auteur: on sait qu'elle a une phobie haineuse de tout ce qui représente l'Etat et l'ordre, qu'elle est prête à plier bagages au moindre incident, que la confiance est un concept qu'elle ne peut percevoir et que derrière son associabilité, à la limite de l'autisme, se cache une grande intelligence, une subtilité de raisonnement et une immense sensibilité.
Stieg Larsson tisse les fils de sa toile-mystère, épaissie de digressions et de portes ouvertes sur d'innombrables interprétations: il met en appétit le lecteur qui se laisse embarquer dans cette course à remonter le temps. Les temps morts sont rares, les rebondissements nombreux et intenses, les sueurs froides de plus en plus grandes à mesure que l'enquête progresse: le glauque n'est jamais bien loin, à l'image des aventures du commissaire Walander de Mankel.
Les deux derniers tomes sont les plus saisissants et les plus passionnants, même si parfois certains passages peuvent provoquer lassitude et désintérêt.
Blomkvist a retrouvé sa place à Millenium ainsi que sa crédibilité et s'apprête à lancer une nouvelle bombe dans le monde de l'information: l'histoire brûlante de personnes haut-placées compromises dans un réseau de prostitués venant des pays de l'est. Lisbeth, elle, s'est volatilisée au soleil des îles, paradis fiscaux, après avoir volé à l'industriel Hans-Erik Wennerström (protagoniste du tome 1) une somme plus que rondelette, la mettant à l'abri du besoin pour le restant de ses jours. Stieg Larsson met en place une intrigue remarquablement complexe où s'entrecroisent le monde financier, le monde politique et surtout le monde opaque des services secrets et de leurs officines officieuses. Entre crimes plus crapuleux et odieux les uns que les autres, folles poursuites, espionnage, marchandage, chantage et secrets d'état, le rythme s'emballe et le récit s'envole dans les coins les plus reculés de Suède. Le passé de Lisbeth devient un élément moteur de l'intrigue et le lecteur découvre combien la chute du communisme a gangréné les services secrets des états occidentaux. La Suède n'y a pas échappé et certains acteurs se sont englués dans une situation qui devient de plus en plus intenable depuis que Lisbeth, électron libre déchaîné, enraye l'engrenage de la belle machinerie. Tout n'est pas lisse et beau dans le progressif royaume de Suède: on y spolie des orphelines, on tente de les embrumer avec les électro-choc et les médicaments des hôpitaux psychiatriques afin qu'un monstre issu du système soviétique, un tueur du KGB qui s'est fait la belle, puisse être protéger et continuer ses actes de barbarie. Ce monstre, sans foi ni loi ni moral et ni sentiment envers son prochain, est le père de Lisbeth et va l'entraîner dans un road movie sanglant et cauchemardesque.
Stieg Larsson fait vivre avec brio et rebondissement, les enquêtes parallèles de Blomkvist et Lisbeth. Lisbeth qui devient de plus en plus attachante, touchante et farouchement belle. J'avoue avoir été en pleine empathie envers ce personnage haut en couleurs, truffé de défauts à la hauteur de ses qualités, tout sauf lisse contrairement au personnage de Mikael Blomkvist, trop parfait pour être apprécié. En effet, il lasse avec ses actes toujours au cordeau, ses amours réussies, sa haute morale (même si parfois il l'écorne)...il est énervant à la longue et on a souvent envie de le voir subir un camouflet. J'ai aimé le caractère iconoclaste, jusqueboutiste de Lisbeth: elle lutte pour recouvrer sa dignité d'être humain bafouée par le rouleau compresseur des services de l'état. C'est le personnage qui évolue le plus dans la trilogie: Lisbeth accède, au fil du temps, à l'estime de soi, à l'amour, à l'amitié et surtout à la confiance tout en mettant à mal certains poncifs. J'ai aimé sa relation avec son ancien tuteur, le vieil avocat qui sut composer avec le système pour lui ouvrir un espace de liberté afin qu'elle puisse s'épanouir et vivre comme tout un chacun. Il a compris que derrière la cuirasse de cuir et de haine se cachait un immense désir d'être aimé et d'aimer. A la fin de la trilogie, Lisbeth est une adulte responsable qui peut enfin être libre. C'est avec regret que je les ai quittés, elle et la galerie de personnages secondaires qui a fait de ce pavé une aventure extraordinaire malgré l'aridité de certains sujets (les services secrets, le monde particulier des médias, la finance internationale, le monde hallucinant des hackers, les méandres des services sociaux suédois...). On quitte un polar qui est un écho de notre société contemporaine avec ses beautés, ses manquements et ses bonheurs. On comprend, en fermant le dernier tome, pourquoi l'engouement a flirté avec le phénomène de société....à quand le film?

Romans traduits du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain


Un bel article sur Evene ICI

Un millenium attitude (?) LA

Les avis de Jules, Pascal (qui renvoie à d'autres liens) et celui plus contrasté de Jean-Marc

samedi 25 octobre 2008

Le tag "j'aime ton blog"


Il y a de cela un bon moment, Kalistina et Armande citaient Chatperlipopette dans leur billet consacré au tag "I love your blog", tag qui se promène gentiment dans la blogosphère. Chaque jour je me disais qu'il me fallait mettre mon avis et mes préférences et chaque jour, je repoussais l'échéance: en effet, pourquoi faire aujourd'hui ce que l'on peut faire demain!

De fil en aiguille, de ralenti de blog en réunions prenantes, arrivent les vacances de Toussaint et ses moments de liberté tant attendus!!!

Fichtre, que l'exercice est difficile!

Tout d'abord, exposition du principe: il s'agit de lister 7 blogs (et seulement 7...une horreur!) sur lesquels mènent invariablement ses doigts de promeneur LCA . Comme beaucoup parmi les tagués, le nombre 7 est bien réducteur mais il y a un règlement donc je m'y conforme (même si les règlements sont faits pour être détournés).

J'aime me promener dans ces agréables îlots:

l'îlot qui fleure bon les parfums d'Asie et de l'Orient, Naina

l'îlot empli de rêves et de douceurs, Mirontaine

l'îlot absolutly tendance, Fashion

l'îlot aux saveurs veloutées de cuisine et de quête du bien-être, Vanessa

l'îlot à l'iode et aux embruns celtes, Yvon

l'îlot d'adoption des vaches lectrices, Cathulu

l'îlot où les dégustations de thé sont une vraie méditation, Soïwatter

....mes escales littéraires sont multiples, ces 7 ports ne sont que la partie émergée de l'iceberg!

mercredi 22 octobre 2008

Eloge de la solidarité


"L'énorme potiron" est un album très agréable à lire et à regarder. D'une part le texte est idéal pour structurer la langue, aborder le thème de l'entraide et travailler la chronologie.

Mamouna, une grand-mère, veut préparer une soupe au potiron pour son dîner. Il y a de beaux potirons à pousser dans son jardin...hélas, le jardin est loin et le potiron bien lourd pour les bras de Mamouna! Qu'à cela ne tienne, son voisin vient lui prêter main forte: il est costaud, il est bûcheron. Mais le potiron ne bouge pas. Successivement, le bélier et la mule proposent leur aide sans plus de succès. Arrive alors un petit rat qui a une superbe idée: et si en joignant les efforts de chacun on tentait de faire rouler le potiron? Tout le monde s'arqueboute au potiron qui miracle bouge et roule jusqu'à la maison!!! L'entraide est récompensée par une belle et savoureuse soupe au potiron, mijotée dans le chaudron de Mamouna: les convives sont rassemblés joyeusement autour de la table et les rires fusent de toute part.

Les illustrations sont très belles, le potiron est luxuriant, sublimement rond et orange, le chaudron d'une beauté sombre augurant d'excellents plats mijotés. La ritournelle "Roule, roule potiron, roule jusqu'à la maison" est reprise à chaque tentative et met en musique l'histoire.

En ces temps où les frimas pointent leur manteau de givre, où l'égoïsme est un peu trop triomphant, l'histoire de "L'énorme potiron" évoque à point nommé la chaleur savoureuse d'une bonne soupe accompagnée de la chaleur créée par un tissu social fondé sur la solidarité et l'entraide au-delà des différences.

Lorsque l'on referme l'album une étrange envie de soupe au potiron titille les papilles...une belle histoire à lire sans compter!

mardi 21 octobre 2008

Tradition et modernité

Nous sommes dans les années 30, au Japon, dans la région de Kobe, Tanizaki nous présente quatre soeurs, Tsourou ko, Satchi ko, Youki ko et Tae ko Makioka issues d'une famille bourgeoise très connue (mais en perte de prestige), aux destins bien différents: les deux aînées sont mariées et leur avenir est tout tracé alors que celui des cadettes est loin de l'être.

Entre tradition et modernité, le lecteur suit les heurs et malheurs de ces femmes au rythme des cerisiers en fleurs et de la saison des pluies. Lentement, finement, une photographie du Japon s'esquisse sous les mots subtils et d'une grande poésie de Tanizaki. Ce dernier prend son temps pour exposer les situations, les scènes et parfois c'est du théâtre Nô qui se joue entre les lignes. Doucement le Japon s'ouvre à l'Occident et adopte ses conduites révolutionnaires: les vêtements qui libèrent les mouvements des hommes et des femmes, la nourriture et surtout les moeurs. En effet, la benjamine de la famille, célibataire et fantasque aux yeux de ses soeurs (elle travaille non pour s'occuper mais pour gagner sa vie et devenir indépendante!), créée d'extraordinaires poupées, prend des cours de couture européenne, souhaiterait se rendre en France pour se perfectionner et surtout mène une vie sentimentale bien agitée, défrayant la chronique et faisant peser sur Youki ko, la troisième soeur toujours célibataire, un lourd fardeau, celui des rencontres matrimoniales qui invariablement échouent! Pourtant Youki ko a la beauté et la sensibilité typiquement japonaises dotées d'une éducation traditionnelle des plus raffinée.
La chronique familiale tourne autour des rencontres organisées tant par la maison aînée, celle de la famille de Tsourou ko, que par la maison cadette, celle de Satchi ko. Le lent ballet des repas chaperonnés, des conversations, des enquêtes menées par les familles respectives, est une peinture souvent humoristique mais aussi d'une grande émotion: le regard occidental du lecteur ne peut l'empêcher d'avoir le coeur serré lorsque Youki ko est emmenée pour être jaugée. Peu à peu, les rencontres se répétant, il en arrive cependant à se demander si Youki ko ne provoque pas, sans en avoir l'air, les réponses négatives. A-t-elle vraiment envie de devenir une épouse exemplaire dans la plus pure tradition japonaise? Ne désire-t-elle pas rester solitaire plutôt que de subir un mariage arrangé? Son attachement envers sa nièce, Etsou ko, semble la combler, de même que sa vie auprès de sa soeur Satchi ko. Youki ko est un des personnages les plus complexes du roman malgré son apparent effacement, sa fragilité et son étrange transparence qui n'en est pas une: est-elle attachée au prestige ancien de sa famille au point de refuser les différents partis qui se présentent à elle et ne sont que mésalliance à ses yeux?
Tae ko, la plus jeune et la moins conformiste (alors qu'elle excelle dans les danses traditionnelles), navigue entre deux prétendants: le benjamin d'une famille de joaillers qui lui a été dévolu depuis longtemps et qu'elle ne peut épouser avant que Youki ko ne soit mariée, selon la coutume, et un photographe issu d'un milieu des plus modestes. Le premier fréquente le quartier des plaisirs et les geishas, et insouciant dilapide son argent en jouissant de toutes les joyeuses distractions proposées à tout homme de sa classe sociale; le second sait ce que le labeur signifie et n'hésite pas à risquer sa vie pour sauver celle de Tae ko lors des grandes inondations. Le premier la harcèle alors qu'elle n'a qu'un seul souhait, celui de rompre leur engagement; le second parvient à l'émouvoir par ses attentions et sa tendresse mais est happé par la mort. Pour finir,Tae ko atteint les sommets de l'inconvenance et de la déchéance en attendant un enfant hors mariage! Le comble pour les Makioka, famille prestigieuse malgré les aléas de leurs finances.
Ce qui est fascinant dans ce roman fleuve, c'est le brio avec lequel Tanizaki parvient à tenir en haleine son lecteur avec une chronique familiale où l'action est loin d'être trépidante. Tout tient dans les atmosphères (les petits poèmes écrits par Teinosuke et Satchi ko suite à la visite des cerisiers en fleurs de Kyôtô, échos sensuels de leur union), les personnages secondaires attachants tels que les enfants des voisins allemands, porte ouverte sur l'Occident et ses coutumes (la scène de l'enlacement du couple après l'angoisse des inondations stupéfie et interpelle Satchi ko!) ou encore la servante O Harou, incorrigible bavarde mais indispensable auxilliaire du quotidien. Le lecteur se laisse transporter dans les trains électriques reliant Osaka à Tokyo, en compagnie des bagages des soeurs, savoure le spectacle des danses ou du théâtre Kabouki, les dîners au restaurant où de succulents sushis sont servis et se trouve sous l'empire du charme immatériel des cerisiers en fleurs!
Tanizaki ne chante pas le regret de l'ancien Japon qui disparaît à mesure que la modernité gagne ce dernier mais laisse percer la douleur et la déception de voir son pays accéder à l'ère moderne en se niant et en minimisant sa culture et sa capacité à apporter des richesses au monde occidental: le sentiment d'infériorité du Japon transparaît dans la confiance moindre accordée aux médicaments japonais (notamment pour le béribéri dont souffrent les soeurs Makioka) qui ne tiennent pas la comparaison avec les produits pharmaceutiques allemands.
"Quatre soeurs" est un roman à découvrir, à lire avec patience et à déguster lentement comme on déguste un Oolong délectable. Le lecteur féru de culture et de littérature japonaises ne pourra qu'y succomber!

Un extrait

"(...) un matin où Satchi ko était entrée dans le cabinet de travail de Teinosuke pour en faire le rangement comme d'ahbitude, elle remarqua une feuille de papier demeurée sur sa table. Dans la marge, à côté de quelques lignes tracées à la hâte, elle découvrit ce poème écrit au crayon:
A Saga par un jour d'avril
S'assemblent de jolies femmes aux beaux atours:
Les cerisiers de la capitale sont en fleurs.
(...)
Je regarde les fleurs de Heian s'envoler.
Ces pétales qui nous laissent le regret d'un printemps qui s'en va,
Je les conserverai en secret dans ma manche.
Satchi ko écrivit son poème au crayon dans la marge à la suite de celui de son mari (...) d'autres vers étaient écrits à la suite des siens (...):
Que je puisse conserver en secret au moins un pétale
Dans la manche du kimono pour voir les fleurs,
En souvenir du printemps qui passe."
(p 310)

Roman traduit du japonais par Georges Renondeau

dimanche 19 octobre 2008

Un swap so british

Jeudi soir, en rentrant à la maison, un agréable colis m'attendait: le London swap trônait sur la table! Je me précipite pour regarder de plus près et je m'aperçois que j'ai oublié mon APN à l'école (nous sommes en pleine Semaine du Goût et les élèves explorent les 4 saveurs....la dégustation est mitraillée par les enseignantes!!) et zut et crotte pas moyen de photographier le contenu du colis. Que faire? Attendre d'avoir l'APN pour ouvrir le colis? Ou plutôt, comme le suggère mon cher et tendre, ouvrir le colis, déballer et attendre le lendemain pour les photos? D'après vous, qu'ai-je fait?

J'ai été gâtée par Nanou qui a concocté un colis aux saveurs très londoniennes....voyez plutôt:








Les romans sont bien choisis, les douceurs également (Miammmmm, les cookies au gingembre...un vrai délice). Quant à l'objet kitsch, celui en tissu écossais doté d'un pompon, il est absoluty kitschissime: je l'adore!!!! Je suis certaine que vous avez deviné son usage...c'est un cache-théière sooo british! Le thé est un "Mélange anglais" of course, que je n'ai pas encore goûté because un manque de temps pour apprécier une tasse de thé (il me faut du calme et du temps devant moi pour savourer et apprécier l'infusion).

Mon colis part demain matin....le kitsch est dans la déco extérieure et intérieure, j'espère que cela n'effraiera pas ma swappée!

Un swap bien agréable, organisé avec brio par Ys (Bravo Ys!!!)que je remercie par la même occasion!!! Grâce à elle et Nanou, je vais découvrir Virginia Woolf (dont je n'ai lu que des passages lors de mes études universitaires...je sais, il faut le faire mais j'assume!!!) et Ken Bruen, écouté et entrevu il y a 2 ans aux Etonnants Voyageurs à St-Malo!

samedi 18 octobre 2008

Derrière le masque

Mittel Europa, début du XVIIIè siècle, les souverains suédois, russe et autrichien guerroient sans relâche. Un gentilhomme suédois et un pauvre hère, brigand à ses heures perdues, cheminent ensemble dans la campagne recouverte de neige et froide comme un linceul. Le premier est à bout de forces tandis que le second, plus rompus aux privations et pérégrinations aléatoires, résiste tant bien que mal au vent glacial. Cahin caha, ils parviennent à trouver refuge dans un moulin apparemment abandonné et réputé pour être hanté par feu le meunier. Cette nuit glaciale n'est pas comme les autres, elle sonne le retour annuel du fantôme du meunier, venant prendre les corps perdus pour les soumettre au joug de l'évêque. Le brigand le sait bien, lui qui a donné ses plus belles années aux forges du prélat!
Pour échapper au meunier, de l'argent est nécessaire...le cavalier suédois n'en possède guère et dépêche son compagnon d'infortune chez son parrain, ami de son son père, en guise de papier d'identité, il lui donne une bible, clef qui lui ouvrira le logis dudit parrain. Le logis lui sera ouvert, par une jolie jeune fille, follement éprise de son compagnon d'enfance, le fameux cavalier suédois, et pathétiquement triste car harcelée par son créancier qui souhaiterait l'épouser. Les sens du messager sont en émoi, les beaux yeux de la belle sont irrésistibles et surtout il ne supporte pas de constater combien sa maisonnée la pille et la dépouille afin qu'elle tombe dans les rets amoureux du créancier! Seulement, il ne possède aucun bien, aucune richesse pour aider le jeune fille. Heureusement, il apprend qu'une troupe de malandrins sera bientôt encerclée et il se hâte d'aller les avertir et d'utiliser son esprit rusé pour parvenir à déjouer le traquenard.
C'est ainsi que commence l'incroyable histoire d'un cavalier suédois bien versé dans l'agriculture, la gestion d'un noble domaine, le brigandage de haut vol avec doigté et l'usurpation d'identité!
Avec humour et une écriture romanesque délicieusement picaresque parfois, l'auteur joue avec les comportements et les sentiments humains avec une ironie subtile et un bonheur indéniable. Il embarque son héros dans une aventure de brigandage digne d'un Robin des Bois: prendre aux nantis, sans violence et avec humour, afin de se constituer un trésor qui lui permettra d'acquérir le domaine et conquérir l'amour de la jeune fille.
Tout au long du roman, l'ambiance créée par Perutz montre combien le cavalier suédois tremble que le pot aux roses soit un jour découvert. L'usurpation d'identité est un acte qui demande cohérence et doigté et entraîne forcément angoisse et soupçon envers autrui....surtout lorsqu'enfin la vie vous sourit, devient confortable et douce à l'ombre d'une épouse aimante et d'une fillette adorable. Cependant la culpabilité vient hanter le sommeil de l'imposteur qui se voit arriver, en rêve, au Jugement Dernier. La statue du Commandeur n'est guère loin, bien que le personnage ne soit pas, loin s'en faut, du même tonneau que Dom Juan: le mensonge laisse s'épanouir le sentiment de honte et la peur d'une juste et divine punition. Et pourtant, le lecteur se dit souvent que la tendre jeune fille n'a rien perdu au change dans l'usurpation d'identité, bien au contraire!
Ce qui est intéressant c'est de voir combien Leo Perutz a su intégrer les codes du roman fantastique avec ceux du roman policier tout en parsemant l'ensemble de touches picaresques grâce à d'incroyables rebondissements, inattendus, surprenants et jubilatoires. Et, en douceur, par le rire, les scènes émouvantes ou l'atmosphère guerrière, des questions importantes, essentielles sont posées: peut-on échapper à son destin? L'usurpateur, qui a tâté des chaînes de l'évêque, saura-t-il détourner la route de sa destinée ou ne vivra-t-il qu'une parenthèse avant d'être renvoyé à la case départ?
Les rencontres nombreuses avec des fantômes (celui du meunier est particulièrement intéressant: on ne sait jamais s'il est réel ou seulement esprit malin ce qui ajoute à l'angoisse et l'atmosphère inquiétante du roman), les remèdes mâtinés de sorcellerie, sont fabuleuses. Il en ressort un souffle typiquement "Mittel Europa", celui du bouillonnement des pensées et de la créativité, des combats et des conflits qui ont secoué et marqué cette partie de l'Europe...l'odeur de souffre n'est jamais bien loin (brr, les hauts fourneaux des forges de l'évêque sont l'antre des Enfers!).
L'identité est un moyen de s'interroger sur l'être humain: les personnages de "Le cavalier suédois" ne sont pas vraiment dans les normes, se déplacent et surtout cherchent leur place au coeur des moments de crises de l'Histoire, instants décisifs de leur histoire personnelle. Les choix de routes se font, certes, dans la violence et la douleur mais ils montrent combien l'être humain est loin d'être un bloc immuable: un gentilhomme peut s'avérer être bravache et lâche au point de préférer déserter que d'affronter les violences de la guerre; un voleur peut souhaiter revenir dans le droit chemin en utilisant ses armes, celles un peu tortueuses de la ruse et du mensonge.
La lecture est envoûtante: une fois commencée, il est difficile de l'arrêter car le suspense est intense et la construction extraordinaire. Le bateau mené par l'auteur emporte le lecteur dans une aventure dont il ressort époustouflé et heu-reux!



Roman traduit de l'allemand par Martine Keyser





dimanche 12 octobre 2008

Vitesse de l'escargot


L'automne est là et les escargots commencent à chercher un endroit agréable pour passer la saison froide qui s'annonce. Actuellement, mon blog est au diapason des escargots: il fonctionne au ralenti. C'est que les lectures entreprises sont très longues: j'ai opté pour deux pavés en même temps ce qui n'est guère raisonnable, je l'avoue!

Actuellement je lis: Quatre soeurs de Tanizaki et La saga des émigrants de Moberg (j'en suis au tome 3).

Par ailleurs, je traîne lamentablement pour écrire et éditer les billets sur mes précédentes lectures. Ceci expliquant cela, Chatperlipopette se meut à la vitesse d'un gastéropode ralenti par les premiers frimas automnaux!

En attendant, la photo fut prise il y a 15 jours dans un bois de hêtres immenses....

Bon dimanche à tous et à très bientôt ;-D

jeudi 9 octobre 2008

Histoire pour avoir peur

Tout commence par l'entrée dans un bois très très sombre....petit pas par petit pas, le lecteur progresse dans le bois qui abrite une maison. Bien sûr cette dernière est loin d'être accueillante: elle est très très sombre. On visite l'intérieur de la maison pour parvenir dans une de ses pièces où trône un énooorme buffet, très très sombre lui aussi. Une petite main, bien curieuse, ouvre ce buffet et découvre des étagères garnies de pots et bocaux aux contenus un tantinet ragoûtants. Soudain, surprise: il y a un coffret trèèès inquiétant. Qui aura l'audace et le courage de l'ouvrir? Et surtout que trouve-t-on dans ce coffret mystérieux et ô combien tentant? Lorsque la dernière page sera tournée, attention il faudra avoir des nerfs d'acier!
"Dans un bois très très sombre" est un album idéal pour aimer se faire peur: les arbres la nuit, une maison qui a tout l'air d'être hantée, d'étranges décorations à l'intérieur, des potions et autres liquides bizarres marinant dans le buffet...le décor est planté et l'atmosphère s'alourdit à mesure que l'exploration de cette maison avance. On sait qu'il va y avoir quelque chose d'horriblement effrayant et on attend avec impatience le dénouement du suspense! Aussi, lorsque qu'un fantôme tout vert surgit en se dépliant du coffret, les sursauts et les cris sont garantis. Une fois remis de leurs émotions, le public n'a de cesse de lire et relire encore et encore cette histoire délicieusement effrayante!

Le lexique est simple mais bien construit, les illustrations apportent une dose bien étudiée d'inquiétude, les détails sont là pour augmenter la tension de la lecture et les phrases reprennent, redondance merveilleuse berçant les picotements de la peur qui lentement, mais sûrement, s'installe, les mots "et dans.....très très sombre se trouve un....très très sombre".

Un album idéal pour apprivoiser ses peurs du noir et des endroits sombres puis jouer à se faire peur!

J'ai testé en classe: succès garanti de la Toute Petite Section à la Grande Section. Un avertissement utile: s'attendre à une poussée certaine des décibels dans la classe ;-)

dimanche 5 octobre 2008

Le passé tricote le présent

La petite Ruby Lennox commence à percevoir le monde qui l'entoure, à comprendre et à sentir, dès la première seconde de sa conception! Elle nous présente les différents membres de sa famille et elle sait qu'il aurait été préférable qu'elle n'existe pas. Sa mère ne la considère que comme un poids, une gêne, une source d'ennuis sans fin. La famille Lennox est une famille anglaise moyenne, ni pire ni mieux que les autres: ses parents tiennent une boutique animalière, ils vivent au-dessus du magasin, ils côtoient les commerçants de leur rue et parfois souhaiteraient avoir plus de confort. La mère est loin d'être éprise de son mari, elle le subit plus qu'elle ne l'apprécie et implicitement lui en veut de l'avoir une fois de plus, une fois de trop, mise enceinte!
Très vite, Ruby ne s'arrête pas à l'histoire de son foyer, dans l'Angleterre des années cinquante, et nous entraîne à la découverte de l'histoire familiale, notamment celle de la famille maternelle ce qui l'amène à remonter le temps à la fin du XIXè. Cela sans se départir de sa verve, de son humour et de sa malice pétillante. Cependant, le lecteur ressent la présence d'une ombre pesant sur le récit de Ruby: l'ombre vient-elle d'un passé récent ou lointain? Concerne-t-elle la vie de Ruby ou celle des ses ancêtres? La réponse à cette lancinante interrogation ne sera livrée qu'à la fin du roman surprenant le lecteur qui se dit qu'il a bien été mené en bateau pendant que les preuves étaient dispersées au fil du roman!
La galerie de portraits dressée par Ruby est d'un drôle irrésistible malgré une réalité bien sombre: son père est un énergumène porté sur la boisson et les femmes, sa mère une étrange femme à la froide apparence, redoutant et exécrant toute idée de grossesse, sa grand-mère est un peu perdue dans ses souvenirs brumeux, ses soeurs lointaines et peu chaleureuses, sa tante omnibulée par ses filles, son oncle un peu visqueux et dégoûtant à vouloir toujours un petit baiser ou une station sur ses genoux! Ruby a le moral pour réussir à grandir et vivre une vie de petite fille normale: les rires, les larmes, les interrogations et les angoisses qui font devenir chaque jour un peu plus grande que la veille.
L'originalité de Kate Atkinson est de construire son roman en étages: les questionnements du précédent reçoivent leurs réponse dans le suivant qui chronologiquement se déroule dans le passé. Le lecteur peut être désarçonné par cette gymnastique inhabituelle mais très vite l'habitude est prise et le procédé n'en est que plus goûteux! Cette danse des voiles du présent expliqué par le passé est amusante et riche en rebondissements plus burlesques parfois les uns que les autres: la vie est un éternel étourdissement digne des montagnes russes. D'ailleurs, la tête tourne au lecteur qui ne sait plus trop où les protagonistes en sont...son plus grand bonheur est de retrouver, au détour d'un mot, le fil conducteur de la pelote-mémoire de la famille de Ruby. Ainsi, certains personnages, comme celui de la mère de Ruby, amènent l'empathie du lecteur lorsque ce dernier découvre que la vie n'a pas persemé de roses leurs chemins et que l'Histoire les a plus que ballottés!
Kate Atkinson et Ruby entraînent joyeusement le lecteur dans le musée personnel de cette dernière: les tableaux ne sont pas de la main d'un maître mais ils sont peints avec les heurs et malheurs d'une famille modeste et des couleurs certes vives qui cachent des zones d'ombre épaissies du mystère du silence familial: la généalogie est une aventure qui dévoile secrets et mensonges par omission sans que l'on y soit vraiment préparé. Aussi apparaissent en filigrane les existences gâchées par le manque d'amour, les sentiments tus et surtout inavoués ou encore par une immense solitude....le besoin d'amour et de tendresse est imprimé au plus profond de l'être humain et Ruby n'aura de cesse que d'être aimée et reconnue.
"Dans les coulisses du musée" est mon premier roman de Kate Atkinson et je dois avouer que cette lecture fut jubilatoire et que j'ai beaucoup ri malgré la toile de fond tragique de cette histoire familiale. En effet, je ne peux repenser qu'avec délectation le récit des vacances écossaises de la famille Lennox partie en compagnie de ses voisins: ce sont des pages d'anthologie d'humour noir, grinçant et caustique à souhait!

Un roman à lire et un moment de lecture joyeuse et intense en émotions!

Roman traduit de l'anglais (GB) par Jean Bourdier

samedi 4 octobre 2008

Mystérieux chemin


Les chemins creux arpentent paresseusement les bois bretons. Ils sont une invitation irrésistible à la promenade dans les bois de hêtres où serpentent de jolis ruisseaux moussus et chantants. Le marcheur prendra garde à ne pas faire trop de bruit afin de ne pas réveiller brutalement les lutins familiers et facétieux des bois....les korrigans.

Dimanche dernier, sous le soleil automnal, j'ai suivi avec délice un de ces chemins creux. Je n'y ai pas rencontré de korrigans mais un héron et quelques ruches bourdonnantes fleurant bon le miel.

mercredi 1 octobre 2008

Dans le sillage d'Ulysse

Il est des voyages au long cours dans les livres dont on se souvient toute sa vie, comme "L'Odyssée", "Vingt mille lieues sous les mers".... Aujourd'hui, la modernité n'offre plus de continents inconnus de par le monde sauf un : celui, partiellement exploré, de la nature humaine! C'est une infime partie de cet univers complexe et en éternelle expansion que nous propose de visiter Georges Flipo avec son recueil de nouvelles "Qui comme Ulysse"...a fait un long voyage dans le dédale haletant, parfois extraordinairement exécrable, parfois émouvant, de l'âme humaine. Il sait pointer le petit détail du quotidien et le fait sortir de l'ordinaire: ainsi le défaut saute aux yeux, la tendresse est amplifiée, l'humour corrosif ou amical.
En quatorze nouvelles, Georges Flipo fait voyager son lecteur entre Paris, les Alpes, l'Amérique du Sud, le Magreb et l'Inde, lieux mythiques s'il en est; en quatorze étapes, il décortique au scalpel de son écriture, les petits arrangements avec la conscience, la lumineuse poésie d'une adolescente au futur improbable, le romantisme tardif d'un chef d'entreprise, la rencontre extraordinaire entre deux maîtres dans un coin perdu de pampa autour d'un échiquier aux accents mystiques, les pleurs d'une fillette aux pieds en sang pour satisfaire le désir d'exotisme des touristes occidentaux, la virtuosité créative autour des fourneaux venue au secours d'une inspiration défaillante, la liberté d'être de mères de famille BCBG lors de leur échappée belle montagnarde, l'ailleurs étonnant d'un voyageur du Net ou les glanages puisés dans les malheurs d'autrui.
On sort de la lecture de ces nouvelles, surpris par la sagacité de l'auteur envers son prochain, ému par les sujets douloureux abordés sans pathos, enchanté par la qualité de l'écriture qui dessine avec subtilité toutes les misérables failles de l'être humain. Georges Flipo nous fait rire, sourire et pleurer en jouant avec virtuosité sur la gamme étendue de la cruauté, de la bêtise (huuummm ces touristes d'une "beaufitude" pathétique en Inde!), du cynisme, de la poésie, de la tendresse, de l'insolite et des masques virevoltant au rythme du tango.
Le voyage que le lecteur entreprend aux côtés de l'auteur comme des personnages est autant intérieur que de villégiature: il remonte aux sources d'une nostalgie submergeant les souvenirs d'une enfance comme aux sources d'un tourisme glauque, irrespectueux de la culture de l'Autre ou absolument abject...même si un personnage par son sacrifice tente de racheter le péché occidental. Le voyage proposé a aussi les accents du voyage initiatique: ainsi cette partie d'échecs sublimissime, dans un village perdu au milieu de nulle part, dans un espace-temps sans début ni fin, à laquelle les saints mineurs sont appelés à jouer et à montrer combien le matériel est juste une question de perception des choses et du monde. Ou encore, cette soirée de tango où les masques invisibles se tricotent au rythme des notes de musique, sirènes attirantes et ô combien douces aux oreilles de celui ou celle qui l'espace d'un soir devient un autre.
L'humour de l'auteur, que je goûte régulièrement en lisant ses désopilantes chroniques sur son blog, est d'une saveur toute particulière dans la nouvelle "Qui comme Ulysse" où un auteur expatrié chercher désespérement à retrouver l'inspiration en réalisant les mille et une recettes d'empanadas de son pays. N'est-ce pas ce que font certains auteurs en déclinant un ou plusieurs sujets de prédilection en multiples saveurs et assaisonnements? Cet humour est aussi savoureux dans "La route de la soie" ou dans "La marche dans le désert": il égratine, écorne, certaines pratiques d'internautes et de décideurs (les fameux séminaires pour se ressourcer ou affermir la cohésion des cadres!!).
Le recueil se déguste ou se dévore et sa lecture laisse le lecteur sous le charme des récits qui l'ont fait passer par tout une gamme d'émotions précieuses et belles.
J'avais beaucoup lu de jolies chroniques sur Mr Flipo et je dois avouer que sa belle réputation de nouvelliste est loin d'être usurpée! Mon voyage a été d'une grande diversité et c'est avec un immense plaisir que j'ai visité une riche partie du monde, encore à explorer, qu'est la nature humaine!
Encore merci pour cette très belle découverte!