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dimanche 17 avril 2022

Panipat

 


Il aura fallu un abonnement « Netflix » pour que je visionne un film indien (d'Inde) dans le cadre des Etapes Indiennes 2022.

Mon choix s'est porté sur un film historique, et en costumes, « Panipat ».

« L'histoire se déroule dans un contexte de guerre entre l'Inde et l'Afghanistan. En 1761, Sadashiv Rao Bhau est à la tête de l'armée marathe. Il mène ses hommes dans le but de repousser les forces d'invasion de Ahmad Shah Abdali, le roi de l'Afghanistan. » (source : Google)

 

J'ai découvert le cinéma de « Bollywood » qui a la caractéristique d'entrecouper les films de plusieurs séquences chantées et dansées, sur fond de comédie musicale. Contrairement à la danse classique indienne, les séquences dansées sont très rapides demandant une importante coordination dans les mouvements. Les héros sont entourés d'une troupe importante de danseurs ce qui donne un effet de masse impressionnant. D'autant plus impressionnant que tous les mouvements et déplacements sont synchronisés au cordeau.

J'avais un peu peur en remarquant la durée du film : 2heures 50 minutes... tout de même. Pourrai-je regarder sans ennui cette reconstitution historique ?

N'étant une spécialiste de l'histoire de l'Inde, je n'ai pas pu avoir un regard critique sur le respect de l'exactitude historique. Par contre, j'ai été étonnée de ne voir aucune allusion aux présences européennes de l'époque : la France et l'Angleterre avaient déjà posé leurs jalons en Inde. J'en ai déduit que le parti pris du réalisateur était de magnifier le courage, l'abnégation et l'esprit de sacrifice des Marathes dont l'empire s'étendait jusqu'aux confins du Cachemire.

Il n'empêche que j'ai passé un excellent moment et que je me suis laissée prendre par l'histoire : entre trahisons et romance, entre batailles et décors léchés, entre chants dansés et costumes magnifiques, le jeu des acteurs dont certaines mimiques soulignent les moment humoristiques de la narration.

 

La scène de la dernière bataille devant le fort de Panipat est un grand moment : le jeu des ralentis montrent l'intensité du combat et du courage du héros que le spectateur suit dans la furie suicidaire des sabres et des lances. Les duels au milieu des mêlées m'ont rappelé les scènes de batailles au pied des murs de Troie : le temps ralenti pour magnifier l'héroïsme des personnages.

Quant au jeu des acteurs, n'étant pas spécialiste du cinéma de Bollywood, je n'oserai pas m'ériger en juge. Hormis le fait que je n'ai pas vraiment compris l'utilité du rôle de l'épouse du héros lorsqu'elle le suit jusqu'à Panipat.

Toujours est-il que « Panipat », décrié par certains spécialistes du genre, m'a donné envie de regarder d'autres films bollywwodiens et d'autres films du réalisateur Ashutosh Gowariker  Jodhaa Akbar  et Swades  ... quitte à les regarder en deux fois.

 

Pour en savoir plus sur la réalité historique de ce fameux 14 janvier 1761, je vous invite à cliquer ici et 

 

Quelques avis :

Sens Critique Rachel

Visionné dans le cadre:




dimanche 18 avril 2021

Bataille des Anciens et des Modernes

 


« Jusqu'au milieu du XXe siècle, les tanukis, emprunts d'habitudes frivoles, partageaient aisément leur espace vital avec les paysans. Leur existence était douce et paisible.
Mais le gouvernement amorce la construction de la ville nouvelle de Tama. On commence à détruire fermes et forêts. Leur habitat devenu trop étroit, les tanukis jadis prospères et pacifistes se font la guerre, l'enjeu étant de conserver son bout de territoire. Efforts dérisoires car la forêt continue de disparaître...
Les humains, avec qui ils ont appris à cohabiter, font preuve d'un expansionnisme inexpliqué. Les chefs de clans coordonnent la riposte. Un plan est établi sur cinq ans : le temps pour les animaux d'étudier les humains et de réveiller leur pouvoir de transformation. Il va falloir tenter d'effrayer les humains en évoquant peurs et superstitions. Les solutions les plus farfelues sont expérimentées. »


J'ai quitté l'univers nostalgique de « Souvenirs goutte à goutte » pour entrer avec "Pompoko" dans celui, plus délirant, des tanukis, petits canidés ressemblant aux ratons laveurs.

Dans la mythologie japonaise, le tanuki est un des « yokai » (esprits) de la forêt.

Il existe chez les tanukis, comme chez les renards (ou kitsune), deux catégories : les tanukis dotés du pouvoir de transformisme et les autres. Les premiers organisent et orchestrent les ripostes jusqu'au bout de leurs forces et de leur espoir ; il leur en faudra beaucoup pour tenter de repousser l'expansionnisme des hommes.


Isao Takahata évoque la forte croissance démographique du Japon des années 1960 alors que l'emprise de l'occupation américaine disparaît peu à peu. Il n'y a pas assez de logements aussi le pays met-il sur pied des programmes de construction gigantesque induisant la destruction des paysages traditionnels d'une campagne grignotée au nom de la modernité.

Les années 60 amorcent ce qui ne sera qu'un moment M dans l'histoire occidentale, « Les trente glorieuses » époque au cours de laquelle les progrès technologiques, la demande exponentielle de produits de consommation, font oublier la symbiose entre l'homme et la nature.

Les anciennes valeurs ne pèsent pas lourd dans la balance économique et sont vite remisées dans les placards de l'Histoire : il n'est plus l'heure de respecter la nature et les divinités qui s'y rattachent, il est l'heure, pour l'homme japonais, d'avancer et d'oublier ses racines au nom du progrès.

D'ailleurs, quand les sages tanukis unissent leurs forces mentales pour organiser un défilé d'esprits et de figures mythologiques pour frapper les humains et leur faire comprendre que la coexistence des deux univers ne peut perdurer ainsi, les gens sont persuadés qu'il s'agit un défilé organisé par un parc d'attraction. Le combat des tanukis semble vain et voué à l'échec au point que pour survivre il n'y aura qu'une seule échappatoire : se déguiser en humain pour s'adapter à la vie citadine. Et les autres, que deviennent-ils ?

Dans la scène du bateau construit par un des Shikoku (maîtres, vénérés par les humains) survivants pour quitter le rivage hostile d'une contrée devenue inhabitable pour les tanukis, il y a un peu du départ, dans "Le seigneur des anneaux", des Elfes du Havre Gris pour rejoindre, sans espoir de retour, les Terres Immortelles. Les tanukis non transformistes s'exilent pour des terres inconnues. Est-ce la métaphore de la disparition des espaces naturels au profit délétères des espaces urbains ? Pour moi, c'est une évidence. Le départ des derniers tanukis est l'adieu à l'ancien Japon qui ne peut faire face à la marche de la modernité.

Ce que vivent les tanukis transformistes c'est ce que vit l'homme moderne exilé dans les villes, coupé de la nature malgré sa domination sur cette dernière.

L'espoir d'une prise de conscience est en gestation, ténu mais présent : un des tanukis-humains suit un soir un des siens pour s'apercevoir qu'ils se sont adaptés aux parcs au cœur de la ville nouvelle de Tama, près de Tokyo, et vivent leur vie insouciante de tanukis.


« Pompoko » est un film d'animation au rythme soutenu avec des clins d'oeil à l'histoire culturelle du Japon, entre combats de samouraï, de sumos, de super-héros de manga et et les allusions à Porco Russo, Totoro ou Kiki.

Takahata fait des tanukis de petits animaux dotés de multiples petits défauts, souvent adorables, qui les rendent attachants et sympathiques. On rit, on éprouve de la peine au fil des actions désespérées pour restaurer le monde ancien... on se dit, surtout, que le film est précurseur : aujourd'hui les trente glorieuses ne sont plus qu'un souvenir doux-amer laissant place à des enjeux gigantesques dont l'homme n'a pas encore pris la complète mesure. La nature, à un moment, à force de dévastations au nom d'un progrès de plus en plus illusoire, ne pourra que se rebeller et signifier à ses hôtes que la partie est finie.


Film à partir de 7 ans.

Quelques avis:

Kanpai  Sens critique  Tokonoma

Visionné dans le cadre



mardi 13 avril 2021

Nostalgie à la japonaise

 


Autant je connais une grande partie de la filmographie de Hayao Myazaki, autant celle d'Isao Takahata m'est quasi inconnue, je n'ai vu que « Le tombeau des lucioles », admirable et poignant.

Le Challenge « Un mois au Japon » m'a ainsi offert l'opportunité d'élargir mon éventail de films d'animation japonais.

J'ai choisi de visionner « Souvenirs goutte à goutte » parce que le thème des souvenirs d'enfance me plaisait et m'évitait de sortir de ma zone de confort.

 

La narratrice, Taeko, égrène, « goutte à goutte », ses souvenirs d'enfance quand elle part en séjour à la campagne. Elle a 25 ans, est toujours célibataire et vient de refuser le parti proposé par sa famille. Elle part aider à la cueillette des fleurs de carthame (Carthame ou Safran du teinturier) dans une famille paysanne, à la campagne. Très vite, le voyage puis le séjour prend une dimension de voyage intérieur car dans ses bagages, Taeko a emporté la fillette de CM2 qu'elle était en 1966.

 

Chaque souvenir est une scène baignée de clarté douce, lointaine et proche, on touche du doigt la sensibilité de Taeko, petite fille étrange et aux résultats désastreux en mathématiques. Elle est la benjamine d'une « fratrie » de trois sœurs dont les deux aînées sont déjà adolescentes.

La scène, charmante, du premier amour : Taeko et un garçon d'une autre classe se retrouvent face à face au retour de l'école. Hésitations, rougissements, puis le garçon ose une approche... déconcertante, « Entre les jours pluvieux, nuageux et ensoleillés, quel temps tu préfères ? » Taeko ménage le suspense et prend son temps pour répondre un « nuageux », en écho le garçon dit « Comme moi » avant de détaler comme un lapin.

Le Japon des années soixante n'est pas facile pour une fillette de 10 ans : une mère effacée et dévouée à son époux, des sœurs adolescentes bavardes, pénibles et autoritaires envers elle, une grand-mère... et surtout un père qui ne sort de ses silences que pour imposer son point de vue. Il y a les grands espoirs et les petites déceptions qui construisent la Taeko devenue adulte.

 

Isao Takahata met en scène une très belle fresque dans son film d'animation tout en rondeurs crayonnées et en introspection empreinte de tendresse.

On est dans le monde onirique tout en étant ancré dans le réel par cette jeune femme qui se remet en question à un tournant de sa vie.

 

J'ai aimé la manière de relater la vie de Taeko : l'auteur alterne le présent et les scènes du passé, celui de l'année des 10 ans de l'héroïne. On peut remarquer le thème, mis en avant, des valeurs traditionnelles, de la vie saine et paisible de la campagne, proche de la nature, la vie au sein d'une communauté solidaire, le respect de la nature et celui du travail agricole, notamment les balbutiements de l'agriculture biologique au Japon.

La nostalgie berce le film au point que ce sentiment accompagne toute la narration. Quant à la chute, il faut être patient et rester jusqu'au bout du générique de fin. J'adore ce procédé !

A noter qu’on ne peut le visionner qu’en VOSTF (Version Originale Sous-Titrée en Français) ce qui implique la capacité de lire rapidement. Je suis une inconditionnelle des films en VOSTF aussi ai-je adoré entendre les sonorités de la langue japonaise.

Quelques avis:

Films pour enfants  Sens critique  Buta connection  Kanpai


Visionné dans le cadre




mercredi 31 mars 2021

Huis-clos à Compton Anstey

 


« Meurtre dans un jardin anglais »
 est un film de Peter Greenaway que j'avais visionné il y a bien longtemps. Le Challenge British Mysteries spécial mois de mars m'a incitée à le revoir pour mon plus grand plaisir.


«Au XVIIe siècle, une aristocrate, profitant de l'absence de son mari, engage un peintre pour immortaliser son domaine. En dédommagement, elle lui offre la totale jouissance de son corps. L'artiste découvrira trop tard les buts secrets de cet agréable contrat. »


J'ai suivi le jeu de piste à travers les dessins avec délectation : les détails sont semés au fil des séances du peintre paysagiste, gorgé parfois de suffisance. Les changements sont subtils et comme Mr Neville ne veut en rien les occulter, les dessins deviennent des pièces à conviction.

L'intrigue est bien menée, n'en déplaise aux esprits chagrins qui éreintent régulièrement le film, elle apporte peu à peu les indices nécessaires au dénouement. On pense, forcément, aux « Les liaisons dangereuses » dont le machiavélisme était extraordinaire, l'ingénu, ici, se décline, de manière plus retorse, au masculin. Les tromperies, sarcasmes, duplicités et jeu de dupe emportent le spectateur dans moult spéculations : où est passé Mr Herbert ? A-t-il jamais quitté son domaine, Compton Anstey ? Mr Neville a-t-il réellement une emprise sexuelle sur Mrs Herbert ?


Le maniérisme de la fin du XVIIè siècle est bien mis en valeur dans des scènes-tableaux où tout est pensé et organisé avec soin. Et on suit, amusé, les déambulations d'un nu peint en doré, argent, cuivre ou en bronze, facétieux témoin des mensonges orchestrés par la charmante compagnie de Mrs Herbert. Ce nu m'a semblé être celui qui tente d'alerter le peintre-paysagiste quant aux faux-semblants dont il est l'objet. Or Neville ne voit rien hormis l'occasion de subjuguer une aristocrate délaissée par son mari et ainsi blesser une classe sociale qu'il n'aime pas et dont il dépend pour vivre de son art.


L'affaire prend de l'ampleur quand la fille de Mrs Herbert passe aussi un contrat sexuel avec Neville. Il faut dire qu'elle est bien mal mariée, que son époux ne semble guère enthousiaste à combler les appétits de sa jeune épouse. Aussi, quand on sait que selon le droit anglais, une femme ne peut hériter des titres et domaines de sa famille, la raison des contrats passés par ces dames devient évidente : conserver le patrimoine à tout prix quitte à être enceinte d'un autre que son mari.

C'est pourquoi Neville devient gênant quand il commence à saisir le jeu de dupe dont il fera les frais. Son sort est scellé lors d'une scène nocturne au cours de laquelle ses dessins seront, un à un, détruits par le feu. Il n'aura pas le temps d'achever son treizième dessin dans lequel il escomptait montrer qu'il avait deviné la machination imaginée par son hôtesse.


On peut regretter que l'intrigue policière ne soit pas aboutie alors qu'elle paraît calculée, dans une géométrie parfaite par les instruments de mesure du peintre-paysagiste pour évaluer la perspective.

Le spectateur se voit dans l'obligation de résoudre une charade complexe et déroutante en reconstruisant les nombreuses lignes de fuite d'un puzzle subtil. Les fulgurances de Neville lorsqu'il s'interroge en compagnie de Mrs Herbert sur les intrigues semblant se nouer dans les jardins surpeuplés et lui demandant si un meurtre ne serait pas en train d'être ourdi.


« Meurtre dans un jardin anglais » est un film maniériste où sont déroulées, avec efficacité, de nombreuses allégories renvoyant à de célèbres peintres tels que de La Tour ou Caravage avec le jeu des clair-obscur. La grenade pressée par Mrs Herbert en est une également : le jus rouge rappelle le sang, celui des grossesses non abouties et celui du meurtre à venir.

La bande originale est un élément non négligeable de la réussite du film : elle accompagne les tribulations du peintre et les recherches d'indices du spectateur.


Quelques avis :

Sens critique  Cinéclub de Caen

Visionné dans le cadre