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samedi 15 janvier 2022

Mains rouges


 

La littérature nordique regorge de romans policiers à faire frémir les plus audacieux, raison pour laquelle j'ai préféré renouer avec Jens Christian Grondhal dont j'avais lu, il y a quelques années, le délicieux « Virginia ».


1977, un jeune étudiant travaille, pour l'été, à la gare centrale de Copenhague et aperçoit une jeune femme étrange, un peu perdue. Après avoir un peu discuté avec elle, il décide de l'héberger quelques jours chez lui. Randi, puisqu'elle s'est ainsi présentée, disparaît rapidement, lui laissant la clef d'une consigne. Il l'ouvre et trouve une enveloppe dans laquelle il y a une forte somme en marks allemands. Il la dépose, anonymement, dans la boîte aux lettres du commissariat le plus proche.


Quinze ans plus tard, le hasard lui fait croiser le chemin de la jeune femme énigmatique. Il la suit et s'aperçoit qu'elle lui avait donné un faux nom, elle s'appelle Sonja, est mariée et vit non loin de chez lui. Sa curiosité est en éveil et il fait en sorte de prendre contact avec elle, elle qui le subjugue encore.

Au fil de leurs rencontres clandestines, Sonja lui raconte son été 1977, en République Fédérale d'Allemagne alors qu'elle est sur le départ de son travail de jeune fille au pair dans une famille aisée de Hambourg, elle décide de prolonger son séjour, profitant du départ en vacances de la famille d'accueil.

Lentement, Sonja, s'effeuille, explique comment le hasard lui a fait croiser la route d'un groupe de terroristes allemands, sa liaison amoureuse avec un des hommes l'entraîne dans une spirale dont elle n'est que spectatrice jusqu'à ce qu'elle aide, une seule fois, en apportant une voiture de secours au groupe.

Chaque aveu amène Sonja à exprimer son sentiment de culpabilité car, sans le savoir et sans le vouloir, elle a participé à un braquage sanglant. Ses mains sont rouges, irrémédiablement rouges.


« Les mains rouges », avec délicatesse et des mots justes, explore les méandres de la culpabilité, du remords, d'une vie rongée en silence jusqu'au jour où le temps de prendre ses responsabilités sonne quand le procès des terroristes s'ouvre en Allemagne quinze ans après les faits.

Le narrateur et Sonja assistent aux premiers jours du procès, les idéalistes d'hier ont vieilli, on a peine à croire qu'ils eurent un parcours jalonné de violence. Sonja prend conscience qu'elle ne pourra plus avancer tant qu'elle n'aura pas divulgué, à la veuve comme aux autorités, son erreur de jeunesse qui la ronge depuis les événements.


Jens Christian Grondhal aborde également un sujet récurrent dans ses romans : la relation ambigüe entre un homme et une femme, un sentiment amoureux à la lisière de l'amour partagé et du sentiment à sens unique. L'étudiant devenu homme n'a jamais oublié sa brève rencontre avec Rani/Sonja, son mystère l'a toujours obsédé comme l'envie de connaître son histoire.


« Les mains rouges » rappelle aussi les années soixante-dix, celles qui furent de plomb en Italie, celles des Brigades rouges, d'Action directe ou encore de Fraction Armée rouge dite Bande à Baader. Epoque d'une jeunesse en révolte contre l'ordre établi du capitalisme n'ayant trouvé que l'action violente pour se faire entendre. Entre romantisme exacerbé et spirale infernale des attentats.

Je me souviens de la fascination éprouvée devant les actes extrêmes de ces organisations terroristes, souvent menées par des jeunes gens éduqués et lettrés. Il y avait comme un air de forêt de Sherwood, une forêt et son Robin des bois qui auraient mal tourné. Les Etats-Unis avaient leur Vietnam, l'Europe ses groupes révolutionnaires armés et prêts à avoir les mains rouges.

Traduit du danois par Alain Gnaedig


Quelques avis :

Babelio  Sens Critique

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Recherchée

 


Sibylla Wilhelmina Beatrice Forsenström vit en marge de la société depuis près de quinze ans, elle vit dans la rue et de temps en temps « escroque » des hommes en se faisant passer pour une femme d'affaires étourdie qui a oublié son porte-monnaie. Elle se fait ainsi payer une chambre d'hôtel, une nuit au calme, une douche et un repas.

Sa combine, au Grand Hôtel, fonctionne jusqu'au jour où l'homme avec lequel elle a passé la soirée est sauvagement assassiné dans sa chambre d'hôtel.

Sybilla se retrouve en cavale, en pleine ville, pour échapper à la police alors qu'elle n'a pas commis ce meurtre.

D'autres meurtres suivent, tous signés d'un prénom, Sibylla. Elle ne sait plus quoi faire, se pose de cache en cache jusqu'au grenier d'un lycée : elle sait qu'elle pourra se reposer et se laver une fois le lycée déserté par les élèves et le personnel.

Elle rencontre Patrick un adolescent fasciné par la vie des sans-abris, enviant leur liberté. Sibylla se rend compte que Patrick a le même âge que son fils, fils qu'on lui a enlevé pour le mettre à l'adoption. Un lien se créé entre Sibylla et Patrick au point qu'ils partent enquêter sur l'affaire afin de connaître le fin mot de l'histoire.

 

« Recherchée » est un roman à suspense plus axé sur la psychologie et l'état de la société que sur le sensationnel sanglant. Les meurtres ne sont pas décrits à l'envie, la tension dans le récit existe sans pour autant sombrer dans l'horrifique.

 

Karin Alvtegen, que je n'avais jamais lue, met en place un thriller psychologique mettant en avant la marginalisation des sans-abris ainsi que la possibilité qu'a une personne de disparaître des radars sociaux.

L'auteure dresse le portrait d'une jeune femme issue de la bourgeoisie provinciale devenue sans domicile fixe et vivant d'expédients. Son seul luxe : recevoir depuis quinze ans dans une boîte postale près de deux mille couronnes chaque mois. Sibylla économise pour réaliser son rêve : acquérir un chalet au bord d'un lac.

Comment l'héroïne en est arrivée là ? Un père absorbé par la gestion de son entreprise, une mère régentant la vie domestique et sociale de la famille, obnubilée par le paraître, par l'importante de montrer la différence sociale entre eux et les ouvriers de la fabrique. Sibylla est isolée à l'école, elle n'a pas de véritables amis et ne fréquente pas les mêmes lieux que la jeunesse du coin. Jusqu'au jour où elle rencontre un jeune homme qui lui fait découvrir le sel de la vie. Leur liaison tournera cours puisque la mère de la jeune fille y mettra fin, laissant Sibylla enceinte.

Goûtant à l’horreur de l’enfermement, la jeune fille, à bout de ne pas pouvoir s’intégrer dans la société dans laquelle elle ne se reconnaît pas, à bout de devoir subir la maltraitance psychologique de sa mère, à bout de ne pas savoir si son père tient un tant soit peu à elle, au bout de ses forces, s’enfuit pour vivre dans l’ombre et devenir une ombre parmi les ombres que les gens intégrés font en sorte de ne pas voir dans la rue.

 

Le roman est un constant aller-retour entre le passé et le présent, suit son héroïne à la recherche de son identité.

Acceptera-t-elle enfin ses origines familiales ? Acceptera-t-elle, au nom de la vérité, de quitter l’ombre de l’anonymat de la sans-abri pour retourner au sein de la société tant honnie ? Osera-t-elle partir à la recherche de l’enfant qui lui a été arraché ? Pourra-t-elle se reconstruire, renaître à une certaine humanité ?

C’est l’enjeu du récit et c’est ce qui en fait son intérêt car tout est écrit en subtilité et avec tendresse envers le personnage principal.

 

« Recherchée » est un très bon roman avec des personnages attachants, mettant en scène une image de la bourgeoisie provinciale, protestante, très imbue d’elle-même, intraitable sur le respect de ses principes quitte à piétiner l’âme rebelle.

Loin de tout effet spectaculaire, l’auteure instaure une intrigue prenante et une atmosphère inquiétante savamment dosée.

 

Traduit du suédois par Philippe Bouquet

 

Quelques avis:

Babelio

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samedi 1 janvier 2022

Une erreur judiciaire

 


« En Norvège, un serial killer, enlève des enfants, les enferme dans une cave, puis abandonne leur cadavre aux parents avec cette note: "Tu as eu ce que tu méritais." Le duo Vik et Stubø, l'un inspecteur principal., l'autre profiler expérimentée, mène l'enquête. Alors que les fausses pistes se multiplient, le tueur va toujours plus loin dans l'horreur. »


Inger Johann Vik, psychologue et juriste, décide de venir en aide à une autre juriste, Alvhild Sofienberg, clouée sur son lit de douleur de vieille dame en fin de vie, ancienne juriste qui n'a de cesse de prouver l'innocence d'un homme condamné pour un meurtre qu'il n'a pas commis.

Inger Johann compulse le dossier conséquent prêté par Alvhild et se prépare à partir aux Etats-Unis, dans une petite ville de la côte est, où vit Aksel Seier, injustement emprisonné. C'est l'ex-mari d'Inger qui a retrouvé sa trace.

Dans le même temps, un serial killer kidnappe de jeunes enfants avant de les restituer, morts, à leurs parents dans des colis macabres agrémentés par quelques mots, d'une horreur absolue, « Tu as eu ce que tu méritais ». Seule, une petite fille, Emilie, est présumée vivante car toujours pas restituée à son père.

Entre en scène l'inspecteur de la Kripo (police criminelle norvégienne) Yngvar Stubo, à la recherche de l'aide d'un profiler. Il sait qu'Inger a passé plusieurs mois aux Etats-Unis, au FBI, pour suivre des études de psychologie criminelle.

Après quelques réticences dues à son travail de recherches en cours concernant dix crimes perpétrés en Norvège entre 1950 et 1969 dont les auteurs présumés ont toujours clamé leur innocence, Inger accepte de mettre ses compétences de psychologue criminelle pour aider à cerner le profil du tueur et tenter de le neutraliser.


Anne Holt construit son roman autour de deux enquêtes espacées dans le temps ce qui peut être déroutant au début. Les passerelles entre les deux affaires sont constantes comme si un fil ténu les reliait, fil difficile à percevoir pendant la majorité du roman. L'auteure les parsème, avec grande discrétion, au cours des chapitres. Bien entendu, le fil d'Ariane sera dénoué à la fin car, c'est bien connu, le tueur le plus aguerri commet toujours une erreur qui le fera tomber.


Dans « Une erreur judiciaire », premier roman que je lis d'Anne Holt, plusieurs sujets sont abordés comme la maltraitance envers les enfants, l'acceptation de la différence de son enfant, les souffrances qu'un enfant différent peut subir ou pire son « utilisation » pour couvrir un acte grave. Un enfant peut-il se remettre des maltraitances subies ? A-t-il une capacité de résilience afin de se reconstruire ?

Elle dénonce également la tendance contemporaine des chaînes d'informations continues à courir après le sensationnalisme quitte à provoquer indirectement une catastrophe. Ainsi la course poursuite entre la police, le tueur présumé et les équipes de télévision, qui devient le dénouement de l'enquête. Les quelques mots d'un journaliste donnent la chair de poule car irrespectueux envers le drame qui s'est joué sous le regard des caméras. Le système judiciaire norvégien, comme beaucoup en occident, a du mal à ne pas se retrouver sous les feux du voyeurisme choquant des médias.


« Une erreur judiciaire » est le premier opus des enquêtes d'Inger Johanne Vik et d'Yngvar Stubo, ce qui peut expliquer le déroulement, un peu chaotique, de l'intrigue. J'aurais aimé que les deux enquêtes soient plus décortiquées afin que le roman gagne en profondeur.

Malgré cela, j'ai passé un bon moment de lecture, sans être confrontée aux descriptions horribles des meurtres commis. Elles sont simples et touchent en peu de mots au but : le lecteur peut appréhender l'angoisse horrible des enfants séquestrés, l'horreur de ce qu'ils vivent alors qu'ils ont été arrachés à la sécurité de leur foyer.

D'ailleurs, c'est un point appréciable que l'absence du côté gore de l'enquête, sans effets invitant à la surenchère d'angoisse ou de peur.

Traduit du norvégien par Alexis Fouillet


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mercredi 29 décembre 2021

Lumikko

 

Je ne savais pas trop dans quoi je m'engageais en ouvrant le roman d'un auteur finlandais, Pasi Ilmari Jääskeläinen, que je ne connaissais pas du tout bien qu'ayant vu passer sur les blogs et autres réseaux sociaux la sublime couverture de son roman « Lumikko ».

Décembre étant le mois consacré à la lecture de romans dits nordiques, ni une ni deux je me suis lancée dans la découverte d'une histoire des plus étranges. Elle se déroule dans une petite ville finlandaise prospère, Jäniksenselkä, siège d'une célèbre société littéraire regroupant neuf sociétaires, tous devenus de célèbres écrivains, autour de leur figure tutélaire, Laura Lumikko, auteure jeunesse vénérée des romans du Bourg aux monstres.

Ella, jeune professeure de finnois aux ovaires déficients, à Jäniksenselkä, s'aperçoit, en relisant « Crime et châtiment » de Dostoïeski qu'il y a des scènes étranges, des scènes légèrement modifiées comme si un typographe en mal de mauvaises blagues avait changé des mots.

Elle se rend à la bibliothèque, tenue par un des membres de la Société littéraire de Jäniksenselkä, pour en avoir le cœur net. Le comportement étrange de cette dernière intrigue Ella qui se met en quête de découvrir le mal dont souffre certains livres.


L'auteur entraîne son lecteur dans une histoire oscillant sans cesse entre enquête policière et récit fantastique. Ella découvre, peu à peu, que la Société littéraire est toujours à la recherche d'un dixième membre, que Laura Lumikko reste encore une femme mystérieuse, que huit des neuf membres vivent à Jäniksenselkä, que Laura Lumikko est à l'affût de tout talent caché au point que l'école de la ville lui envoie les rédactions des élèves.

Quelques temps plus tard, Ella saute le pas en envoyant au journal local une de ses nouvelles, elle n'a pas le loisir de regretter son geste et d'informer la rédaction de ne pas publier son texte qu'il paraît et attire l'attention de la grande Laura Lumikko. Une telle attention que Ella devient le dixième membre tant attendu.

Le soir de son intronisation au sein de la Société littéraire, une réception est donnée chez Laura. Alors que la célèbre écrivaine est attendue pour officialiser l'entrée d'Ella, Laura apparaît enfin pour disparaître soudain dans une bourrasque de neige envahissant le hall.

Ella a juste eu le temps de recevoir un petit livre expliquant les règles du Jeu et de s'interroger sur les circonstances de la disparition inexpliquée et inexplicable de Laura Lumikko.


En s'appuyant sur ses qualités de chercheuse, Ella se lance dans une aventure aussi loufoque que déroutante : on croise des statues inspirées par les personnages du Bourg aux monstres, des chiens errants ou fugueurs se regroupant sans relâche au portail de la maison de Martti Talvimaa, membre de la fameuse Société littéraire, une étrange peste affectant les livres de la bibliothèque, des fantômes et le souvenir enfoui du premier dixième membre décédé dans un accident de voiture alors qu'il n'avait qu'une dizaine d'années. Une omerta plane lourdement autour de lui.

En effet, les neuf membres appartiennent à la Société littéraire depuis leur plus jeune âge, ils avaient entre 8 et 9 ans et vivaient tous à Jäniksenselkä. Laura Lumikko avait repéré leur talent d'écriture et pris sous son aile.

Ella découvre les arcanes du Jeu : des défis que se lancent les membres, défis auxquels aucun d'eux ne peut se dérober. Ella utilisera le Jeu pour enquêter et connaître les dessous mystérieux de la Société. Chacun déversera, Ella en fera de même.

Le Jeu est une source d'inspiration pour les membres, une source douloureuse et fascinante.

Laura Lumikko fut-elle le Pygmalion des neufs jeunes membres ? Le Jeu met-il en place un processus de création littérataire ? « Déverser » ce qu'on tait au fond de soi est-ce une sorte de catharsis ? Ella approche-t-elle ainsi l'essence même de la création d'une œuvre d'art ? Toujours est-il qu'il y a toujours une part de violence dans le procédé et le processus. Il y a également une réflexion sur la place de l'écrivain dans la société et la nature de l'inspiration.


« Lumikko » promène le lecteur comme dans un polar, le perd sur des sentiers fleurant bon le fantastique des contes traditionnels, le réoriente par l'art de l'illusion, comme dans le roman de Donna Tart « Le maître des illusions », en moins sordide tout de même. Chaque éclaircissement provoque un autre questionnement, tels les mystères de Twin Peaks au point que l'on se demande comment tout cela prendra fin : drame, horreur ou pirouette amusante ?


« Lumikko » est une pépite surprenante, la fantaisie n'est jamais bien loin, l'humour très présent et la lecture jubilatoire.

A découvrir sans hésitation.

Traduit du finnois par Martin Carayol


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lundi 27 décembre 2021

Ör ou le kintsugi islandais

 


Un homme d'une cinquantaine d'année s'interroge sur le sens de la vie, sur le sens de sa vie. Depuis huit ans il n'a pas touché une femme, depuis son divorce. Trois femmes comptent dans sa vie, trois Gudrun, sa mère, son ex-femme et sa fille.

Jonas Ebeneser a pourtant une passion : celle de restaurer, réparer et retaper les meubles, les pièces ou les objets qui ne se portent pas bien. Bientôt, il ne trouve plus de réconfort à réparer les choses, la crise existentielle de la cinquantaine frappe à la porte de son âme.

Il décide d'en finir puisque les trois femmes de sa vie ne semblent faire que peu de cas de lui et de ses questionnements. Il liquide son entreprise, prend un minimum d'affaires, ses outils les plus utiles, dont sa perceuse, et un billet d'avion pour un pays en guerre pour mettre fin à ses jours, disparaître sans laisser de trace.

Sauf que...


Le pays ravagé par la guerre connaît une trêve, l'hôtel « Silence » où il a réservé une chambre pour quelques jours, renaît doucement de ses cendres grâce à l'opiniâtreté des neveu et nièce, Fifi et May, de la propriétaire.

La ville balnéaire panse ses plaies comme elle peut, tente de vivre normalement depuis que les démineurs ont rendu sûrs quelques quartiers, Jonas est un des trois touristes accueillis par l'Hôtel Silence, annonceur d'une possible embellie sur un pays en ruines.


Jonas prend peu à peu conscience que tout est à réparer, retaper ou restaurer dans la ville et surtout dans l'hôtel.

Il commence par rendre fonctionnelle la douche de sa chambre ce qui n'échappe pas à May. Un lien s'instaure entre Jonas et les jeunes gens au point qu'il cède à leur demande d'aide pour remettre en état les chambres de l'hôtel.

Puis ce sera le pont, fragile, jeté entre lui et Adam, le jeune fils de May, orphelin de père et muet. Un jour, Jonas, dans la réserve de l'hôtel, trouve un cahier de coloriage et ses crayons de couleur. Adam couvre des pages entières de rouge et de noir jusqu'à ce que les crayons s'amenuisent. Ses dessins deviennent plus organisés et colorés, comme s'il reprenait goût à la vie et à ses couleurs. L'embellie après avoir exorcisé ses peurs par ses gribouillages violents.


Ainsi Jonas parti loin de chez lui pour disparaître à jamais, se remet à exercer sa passion, qui là devient nécessité, de restaurateur, de réparateur d'objets brisés. A chaque fois qu'il remet en fonctionnement quelque chose, qu'il répare un meuble, qu'il réhabilite les pièces d'une maison qui accueillera des femmes qui ont tout perdu, c'est un être humain qu'il reconstruit, c'est une vie brisée qu'il remet debout … et c'est un peu des morceaux de lui-même qu'il recolle.


« Ör » est un roman, non pas initiatique, de la réparation, du retour sur soi et de la reconstruction de soi. On se perd pour mieux se retrouver dans un endroit perdu, laminé et brisé par les horreurs d'une guerre civile qui rendit ennemis les voisins, les amis.

Audur Ava Olafsdottir relate, avec une délicatesse empreinte de poésie, le cheminement d'un homme à la recherche d'un sens à sa vie. Il pense l'avoir perdu et en pratiquant, à sa manière, l'art du kintsugi, art ancestral japonais de réparation des « blessures » des objets avec de la poudre d'or, les mettant en valeur pour les magnifier, approche au plus près la quintessence de la vie en soulignant les blessures reçues. Ör en islandais est un terme neutre qui veut dire cicatrice, toute sorte de cicatrices, ce qui renforce encore plus l'histoire du personnage principal.

Le nymphea tatoué sur la poitrine de Jonas en sublime la blessure, les réparations discrètes, mais ô combien vitales, des objets du quotidien, soulignent que ce qui a été détruit peut reprendre « vie » et que mourir n'est jamais urgent.


J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteure dont je n'avais encore rien lu. La poésie est toujours présente, dans la plus banale description, dans le détail infime, ce qui apporte une intensité sublime au roman.

« Ör » est un roman très beau et envoûtant.

Traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsson


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mardi 29 décembre 2020

« Où se réfugier quand aucun chemin ne mène hors du monde ? »

 


Sigvaldi, la trentaine, tombe amoureux de la splendide Helga, jeune femme qui ressemble à Elizabeth Taylor, elle a dix ans de moins que lui.

Ils sont heureux, ils ont deux filles, Sesselja et Asta. Tout pourrait leur sourire... sauf que Helga ne s'épanouit pas dans le rôle de femme au foyer. La fissure aura lieu lors d'une soirée chez son père où elle chante et subjugue l'assemblée de fêtards.

Quelques semaines plus tard, le mariage part à vau-l'eau, Helga abandonne son foyer et ses filles alors que Sigvaldi est au travail.

Les filles sont recueillies chacune de leur côté, leur père ne pouvant pas s'en occuper. Pour Asta ce devait être l'affaire de deux ans, elle restera jusqu'à l'année de ses seize ans avec sa vieille nourrice.

Asta est aussi belle que sa mère, elle est admirée, regardée et convoitée. Jusqu'au jour où elle refuse d'aller plus loin avec son petit ami et le gifle. Dans les années soixante, les adolescents dits « difficiles » sont envoyés à la campagne, autrement dit au fin fond du monde islandais, pour réapprendre les règles sociales. C'est ainsi qu'Asta se retrouve dans la ferme d'Arni et sa mère Kristin dont l'esprit bat la campagne régulièrement. Il y a déjà Josef, un adolescent de son âge.

Asta, ou « amour » en islandais si on enlève le -a- final, est une héroïne sensuelle, avide de vivre et de trouver sa place dans le monde. D'ailleurs tout tourne autour de l'amour, l'antienne du roman de Jon Kalman Stefansson.


L'amour et ses multiples formes sont autant de pièces du puzzle littéraire concocté par l'auteur.

Aime-t-on follement plusieurs fois au cours d'une vie ? Sans doute mais pas avec le même schéma.

Ce qui est certain c'est que l'amour, comme la souffrance, son pendant, apportent à l'existence humaine son intensité, ce qui lui confère sa réalité. On aime, on souffre donc on est, on vit, on existe.

L'amour donne à l'être humain sa place dans un tout. « Où se réfugier quand aucun chemin ne mène hors du monde ? » Dans l'amour, dans toute sa globalité et sur toutes ses gammes. Il nous grandit, il nous construit au fil des désillusions, des échecs, des regrets, des remords et des doux souvenirs. Il nous montre combien brève est la vie et que chaque instant passé auprès de ceux qui comptent est un cadeau plus précieux que le plus pur des diamants.

C'est cette quête que le lecteur suit avec Asta du cœur de l'Islande battue par les vents incessants, perdue sous la neige ou les brouillards à couper au couteau, isolée dans la nuit boréale au milieu d'un océan immense ; au centre de Vienne ou de Prague, là où bat le cœur de la culture théâtrale de l'Europe.

L'Islande, petite île au milieu d'une immensité liquide, engendre des femmes et de hommes au caractère trempé et fantasque parce que la nuit polaire ne peut que donner corps à une fête permanente pour oublier que trop de sombre tue la lumière. Ils peuvent se perdre dans l'immensité d'une bouteille de vin ou de vodka.

Jon Kalman Stefansson nous conte l'histoire croisée de l'Islande moderne et d'une famille en utilisant tous les ressorts qui tissent la trame d'un roman extraordinaire malgré l'arythmie des récits enchâssés. Peu à peu les pièces du puzzle s'agencent pour offrir une fresque romanesque qui touche à l'universel.

Il y a de la poésie, de l'épique, du tragique et du bonheur ce qui est délectable.

J'avais beaucoup apprécié « D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds », j'ai adoré « Asta » roman vibrant et envoûtant.


« J'ai fini par trouver le sommeil. Au moment où d'autres se réveillaient. Je me suis endormie dans le noir et réveillée dans le noir, mais il faut se garder de procéder à je ne sais quelles déductions dramatiques. Nous sommes tout bonnement en décembre, aucun autre mois ne produit autant d'obscurité » (p 119)


« Tu es peut-être dans les fjords de l'Ouest, dans une ferme abandonnée depuis des dizaines d'années ? Serais-tu là-bas, au creux de mon passé ? Et la seule manière pour moi de te retrouver serait de refaire tout ce chemin à l'envers ?

Ou es-tu simplement « parti » ?

Quel que soit le sens deton geste.

Parce que tu en as eu assez ? Parce que c'est ainsi que tout doit se terminer : dans le silence, l'absence et l'indifférence ?

Que tu as coupé les liens qui nous unissaient, ces liens que je croyais si puissants, et qui nous ont unis pendant plus de trente ans ? Que tu as résolument tranchés.

Et qu'aucune puissance sur terre ne saurait renouer.

Vraiment ? Aucune puissance sur terre ne saurait les renouer ? » (p 124-125)


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mercredi 23 décembre 2020

Mille nuances de blanc

 


Quatrième de couverture

Peu avant Noël, à Copenhague, un garçon groenlandais de six ans se tue en tomban du toit d'un immeuble. Accident, conclut la police. Ce n'est pas l'avis de Smilla Jaspersen. Elle connaît l'enfant. Et, surtout, elle « connaît » la neige.


Smilla Jaspersen est une jeune femme métisse danoise et groenlandaise. Elle est libre, indépendante et rebelle. Elle s'habille de manière toujours très chic et recherchée avec des vêtements d'excellente qualité respirant le luxe. Ce qui la rend d'autant plus surprenante et mystérieuse.

Smilla vit dans le même immeuble que Esajas et sa mère, elle accueille souvent le garçonnet chez elle quand la mère sombre dans les limbes de l'ivresse. Elle connaît bien l'enfant et son vertige aussi n'abonde-t-elle pas dans le sens de la police quand cette dernière conclut à un accident. Quand elle a observé la scène de l'accident, elle a su lire la neige : son enfance passée à Thulé, au Groenland, lui a appris à la langue de la neige, cette neige qui porte mille et un noms en groenlandais. C'est pourquoi les traces de pas sur le toit lui relatent une autre histoire que celle d'un banal accident.

Smilla ne veut pas en rester là : elle veut comprendre pourquoi Esajas est tombé, ce qui l'a poussé à grimper sur le toit et a provoqué la chute mortelle.


A mesure qu'elle avance dans son raisonnement et pose des questions, « on » cherche à entraver la progression de ses investigations et à l'intimider. Pourquoi ?

De questionnement en découverte, Smilla se rend compte que la mort du garçonnet est un élément, aux apparences anecdotiques, qui a perturbé les rouages bien huilés d'une organisation mêlant trafics en tout genre et recherches scientifiques secrètes.

Les enjeux sont énormes et provoquent une réaction en chaîne quand Smilla fouille dans les archives de la Compagnie danoise de Cryolithe et découvre qu'elle a couvert une expédition géologique au Groenland, en 1991, à Gela Alta. Une autre expédition avait eu lieu en 1966, infructueuse également. En remontant dans le temps, Smilla s'aperçoit que des chercheurs danois et norvégiens s'étaient joints à une expédition allemande au cours de la seconde guerre mondiale. Qu'est-ce qui peut attirer les regards sur cette région polaire, en dehors de la cryolithe, nécessaire minerai dans la fabrication de l'aluminium ?


Le Groenland est une terre hostile à la richesse minière indéniable ce qui attise la convoitise des grands groupes capitalistes prêts à tout pour s'emparer ce qui ce qui peut rapporter de l'argent au mépris des droits humains les plus élémentaires.

La course au profit ne prend pas en compte l'histoire, les traditions et encore moins l'équilibre écologique entre la glace, la neige, la faune, la flore et les hommes.

L'enquête de Smilla peut compromettre une expédition scientifique importante ce qui met en danger la vie de la jeune femme.

N'écoutant que son courage et son opiniâtreté, acquise dans une enfance groenlandaise, Smilla se fait embaucher comme femme de chambre sur le Kronos un petit cargo brise-glace paré pour se rendre dans le Grand Nord, là où les icebergs achèvent de dériver pour s'agglutiner en amas de glace d'une dangerosité extrême. Elle y trouvera des réponses.... glaçantes et effrayantes.


Peter Hoeg navigue entre le roman policier, roman noir et roman de science-fiction. Il n'épargne pas son lecteur avec des allers-retours entre le passé de Smilla, son présent, le passé du Groenland et sa modernité. Il orchestre le mystère avec maestria, distille la peur, tel un poison savamment dosé, tant chez Smilla que chez le lecteur.

Son héroïne doit puiser au fond d'elle-même courage et passion pour découvrir ce qui a provoqué la mort du jeune Esajas, elle lit les silences éloquents chez les autres, elle débusque un étrange parasite plus ravageur que le ver de Guinée ou le ver polaire. Mutation du parasite due à la proximité d'une météorite, objet de nombreuses convoitises ?

L'auteur excelle à mêler la critique envers la manière dont le Danemark a colonisé le Groenland, l'observation de la difficulté à tenir entre deux cultures aussi différentes que celle des Inuits et celle des Danois, à porter un regard acéré sur l'éternel conflit des relations homme-femme et à mettre en lumière le risque énorme à court ou moyen terme pour l'humanité d'un dérèglement dans l'équilibre subtil de l'écosystème du Groenland et des régions polaires, risque encouru par la course au profit d'un capitalisme à qui on a lâché la bride.

« Smilla et l'amour de la neige » est un hymne à ces régions hostiles où la vie dépend de la connaissance de la neige sous toutes ses formes. Une neige aux mille mots, aux mille nuances de blanc. Un monde cruel et envoûtant par sa beauté indicible.


Peter Hoeg offre un roman d'une beauté époustouflante, au rythme soutenu et à l'atmosphère délicieusement oppressante.

J'avais lu « La petite fille silencieuse » roman dans lequel l'eau tient un rôle essentiel, et « Le pouvoir de Susan », romans que j'avais hautement appréciés. « Smilla et l'amour de la neige » m'a enchantée au point que j'ai quitté, à regret, Smilla l'inclassable jeune femme aux mille et une facettes aussi intéressantes les unes que les autres.

Le must du must ? Le lire bien au chaud sous la couette ou confortablement installé(e) avec à portée de main un mug de thé brûlant.


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lundi 21 décembre 2020

Par ici la bonne soupe danoise, le Gule aerter

La réalisation de la soupe danoise aux pois cassés aurait du avoir lieu mercredi dernier. Pour des raisons de temps après lequel je courais, elle n'a eu lieu qu'aujourd'hui.

J'ai trouvé la recette chez Amand et basilic . J'ai remplacé le céléri rave, que je n'avais pas en stock, par un morceau de patate douce blanche.

Pour 4 personnes:

Ingrédients

500 g de pois cassés
300 g d’oignons
250 g de pommes de terre
250 g de carottes
200 g de chou vert
100 g de céleri rave
100 g de poireaux
4 branches de thym frais ou 1/2 cuillère à café de fleur de thym
Sel et poivre du moulin
1 litre de bouillon
2 cuillères à soupe d’huile d’olive (ou de colza)

Déroulé de la recette:

  1. Pour commencer, préparer le bouillon et tous les ingrédients de la soupe danoise, gule aerter.
  2. Tout d’abord, éplucher les oignons, les pommes de terre, les carottes et le céleri rave.
  3. Émincer les oignons puis laver pommes de terre, carottes et céleri rave et les couper en brunoise (petits dés). Réserver.
  4. Ensuite, ôter les feuilles abîmées du chou et des poireaux. Émincer le chou et couper les poireaux en deux dans le sens de la longueur, puis les débiter en petits morceaux.
  5. Désormais, laver l’ensemble abondamment (les poireaux sont souvent terreux), réserver.
  6. Dans une grande casserole, verser l’huile et jeter les oignons. Laisser blondir en remuant de temps en temps.
  7. Maintenant, ajouter les dés de pommes de terre, carottes et céleri rave. Mélanger, puis laisser dorer quelques minutes.
  8. À ce moment, intégrer les lanières de chou et le poireaux et bien mélanger. Laisser suer deux à trois minutes puis jeter les pois cassés.
  9. Alors, verser le bouillon, saler, poivrer et déposer le thym. Remuer, couvrir et laisser cuire à feu moyen environ 45 minutes.
  10. En cours de cuisson, vérifier que les légumes de la soupe danoise soient bien couverts d’eau.
  11. Environ 15 minutes avant la fin de la cuisson, retirer le couvercle et laisser épaissir. J'ai choisi de mixer le Gule aerter.
  12. Enfin, rectifier l’assaisonnement avant de servir.


samedi 12 décembre 2020

Education musicale

 


Aksel Vinding est un adolescent féru de musique classique, encore lycéen quand commence le roman. Il a un groupe d'amis musiciens, tous pianistes comme lui. Ils rêvent de se lancer, de devenir célèbres et pourquoi pas solistes.

Le lecteur est envoûté par la présence des œuvres de Bach, Chopin, Beethoven, Ravel, Schubert et Rachmaninov. Il entend leur musique, il suit leur rythme, l'intensité des émotions qu'ils dégagent.

Il s'attache très vite aux jeunes gens foisonnant de projets et de rêves. Ils s'aiment, se soutiennent tout en étant en concurrence.

Nous sommes à la fin des années soixante en Norvège, à Oslo, c'est l'époque où groupes de rock américains et britanniques enfièvrent la jeunesse avide de liberté. C'est l'époque de la conquête de l'espace et du premier pas de l'homme sur la lune.

La vie de Aksel n'est pas toujours rose : il n'est pas vraiment proche de sa sœur aînée Cathrine, ses parents ne s'entendent plus, sa mère s'alcoolise sans cesse pour oublier la vie qu'elle aurait aimé vivre et qu'elle n'a pas. C'est elle qui initie son fils à la musique classique et au piano. C'est elle qui lui insuffle le rêve de devenir concertiste. C'est elle qui veut pour lui un avenir brillant loin des fiascos immobiliers répétés du père.

La vie n'est pas rose sans être sordide pour autant. Jusqu'au jour du drame : la noyade de sa mère lors d'un pique-nique trop arrosé, le point d'orgue d'une famille à la dérive entre incompréhension et jalousie.

A partir du décès maternel Aksel s'éloigne du lycée pour finir par ne plus y mettre les pieds et faire une croix sur l'obtention du baccalauréat. Il perd pied longtemps avant de se raccrocher à la musique : il doit répéter et travailler dur pour se présenter au concours du « Jeune maestro ».

Le roman est celui d'un apprentissage où joies et douleurs s'entremêlent pour s'accorder sur la partition de la vie du jeune Aksel. Il apprend le deuil, l'amour, l'amitié qui transcende les ambitions, les meurtrissures intimes qu'une famille peut porter à une jeune fille ou encore les petits riens, les leçons auprès des pédagogues talentueux ou simplement bienveillant, ou les drames du quotidien.

Aksel et attiré par une étoile, Anja aussi mystérieuse que belle et talentueuse surveillée de près par un père possessif et implacable quant au plan de vie qu'il a décidé pour sa fille unique. Un père omniprésent avec un côté vampire tellement éloigné de l'attitude de son père. Peu à peu, l'empreinte exercée par le père d'Anja devient presque de la maltraitance : Anja s'étiole au fil des mois.

« La Société des Jeunes Pianistes » est un roman d'une grande délicatesse sur l'adolescence et l'entrée dans la vie adulte. Le rite de passage ? Un concours puis les débuts. Rebecca Frost et Anja Skoog en feront les frais avec un retour d'expérience différent. Rebecca se détourne de l'ambition de devenir une pianiste célèbre pour mordre la vie à pleine dents, la vivre intensément sans meurtrir dos et doigts à répéter sans relâche sonates et concertos sur un Steinway. Quant à Anja, elle deviendra évanescente au point de n'être qu'une ombre dévorée par l'ogre qu'est son père.

Le roman est un concerto dont les différents mouvements font vibrer le lecteur au rythme des émotions ressenties par ses jeunes héros. La fin est une ouverture pour un autre mouvement, un allegro espère le lecteur.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Ketil Björnstad, fluide comme un traîneau glissant sur la neige, subtile et onirique. D'aucuns trouveront qu'il y a des longueurs, or ces dernières sont importantes car elles contiennent ce que ressent, au plus profond de lui-même, le jeune héros en proie aux atermoiements de l'adolescent face à l'amour, à la sexualité et à ce qu'il doit faire de sa vie d'adulte. Je lirai avec plaisir le second tome "L'appel de la rivière".

Quelques avis:

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Extrait de l'oeuvre musicale de l'auteur Ici


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La gourmandise vient aussi de Norvège: les Skolebrød ou Skoleboller




(NB: le livre mis en scène n'est pas contractuel, il est là pour rester dans le thème)

J'ai terminé ma lecture norvégienne (
"La Société des Jeunes Pianistes") hier soir mais je m'étais lancée en cuisine mercredi après-midi. Comme je n'avais pas eu le temps de photographier mes oeuvres pâtissières, je n'ai pas pu poster dans les temps. Depuis la fin de matinée, la photo est dans les "bacs".

Les Skolebrød ou Skoleboller sont de petites brioches norvégiennes à la crème, noix de coco et cardamone. J'ai réalisé la version végétalienne trouvée sur le blog d'une pâtissière extraordinaire, Maeva. Ce ne fut pas sans mal car j'ai vraiment galéré. Le résultat n'est pas mal, cependant il est perfectible car j'ai utilisé de la farine semi-complète et la levée n'a pas eu lieu comme il fallait: le lait était-il trop chaud, pourtant, pour le deuxième essai j'ai fait chauffer le lait au Thermomix? Ou ma levure de boulanger express pas vraiment efficace? Mystère.

Par contre, j'ai réussi la crème pâtissière et je conserverai cette base pour réaliser l'été prochain des tartelettes aux fraises.
Je n'ai pas fait de glaçage, j'étais un peu beaucoup dépitée aussi me suis-je découragée.

Recette copiée chez Maeva.

Préparation : 30 minutes
Temps de repos (pousse) : 2 heures + 1 heure
Cuisson : 15 minutes
Quantité : 8 petites brioches

Pâte à brioches : 

- 275 g de farine
- 5 g de levure sèche de boulanger
- 35 g de sucre blond complet (ou autre sucre non raffiné)
- 2 c. à café de cardamome
- 1 pincée de sel
- 165 g (16,5 cl) de lait de votre choix
- 25 g de beurre ou margarine végétale

Crème pâtissière au pomelo (à l'orange car je n'avais pas de pamplemousse sous la main):

- 2 c. à soupe de farine
- 2 c. à soupe de fécule de maïs
- 125 ml de jus de pomelo
- 125 ml de lait végétal
- 1 c. à café de jus de citron
- 1 pincée de sel
- 30 g de sucre non raffiné


Glaçage : 

- 5 c. à soupe de sucre glace
- 1 c. à café d'eau
- de la noix de coco râpée

  • Dans un saladier, mélangez 215 g farine, la levure, le sucre, la cardamome et le sel. 

  • Faites tiédir le lait à feux doux. Si vous utilisez le micro-ondes, faites-le par palier de 5 secondes, le mien était tiède au bout de 15 secondes à 750 w. Attention, il ne doit pas être chaud au risque de tuer la levure et que vos brioches ne lèvent pas. 

  • Ajoutez le beurre/margarine au lait tiédi et mélangez bien. 
  • Versez ce mélange au mélange sec et mélangez avec une cuillère en bois puis terminez avec les mains. Ajoutez les 50 g de farine restants progressivement jusqu'à pouvoir former une boule de pâte encore légèrement collante.
  • Farinez le dessus, couvrez d'un linge propre et laissez pousser 1 h 30 à 2 heures dans un saladier graissé dans un endroit tiède à l'abri de l'air, la boule de pâte doit avoir doublé de volume.
  • Pendant ce temps, préparez la crème pâtissière.
  • Mélangez le jus de pomelo et le lait végétal dans un verre doseur.
  • Dans un petit saladier, mélangez la farine, la fécule et 1/3 du mélange jus + lait et mélangez jusqu'à obtenir une consistance homogène.
  • Dans une casserole, versez le restant du mélange jus + lait, le jus de citron, le sucre, le sel. Ajoutez la préparation précédente et faites chauffer à feu moyen pendant environ 5 minutes, jusqu'à ce que le mélange épaississe, sans cesser de remuer au fouet.
  • Versez la crème dans un plat à gratin ou une assiette et filmez au contact, laissez refroidir puis réservez au frais jusqu'à utilisation.

  • Lorsque la boule de pâte a bien poussé, dégazez-la sur un plan de travail (pas trop fariné si possible) et façonnez 8 boules de pâte de poids similaire (à 5 g près). 
  • Disposez-les sur une plaque recouverte de papier cuisson en les espaçant. Couvez d'un linge et laissez pousser à température ambiante 1 heure. 
  • Faites un trou au centre de chaque boule de pâte avec le pouce (pour le diamètre, c'est selon votre gourmandise de remplissage de crème). 
  • Remplissez chaque trou de crème refroidie avec une poche à douille (ou un sac congélation dont vous aurai coupé un coin à défaut). Il vous restera de la crème pâtissière, vous pouvez la déguster comme une tartinade sur du pain, des pancakes ou dans un yaourt. 
  • Enfournez à four chaud pour 15 minutes à 17 minutes à 180°c (th. 6) puis laissez-les tiédir sur une grille.
  • Pendant ce temps, préparez le glaçage : dans un bol, mélangez le sucre glace et l'eau jusqu'à avoir une pâte un peu épaisse, si besoin ajoutez un peu de sucre glace ou d'eau, j'ai fait un peu au feeling. 
  • Glacez les bords de chaque briochette avec un pinceau ou alors en les trempant directement dans le mélange et saupoudrez de noix de coco râpée. 
  • Laissez prendre sur une grille avec la feuille de papier cuisson en dessous, vous pouvez aussi les déguster tout de suite si vous êtes gourmands (ça colle un peu mais testé et approuvé !...)

Recette réalisée dans le cadre: