Pour les animaux sauvages, le point d'eau, quelque soit la latitude de leur habitat, est un lieu stratégique et essentiel du cycle de la vie. C'est l'endroit unique où prédateurs et proies observent une trêve dans la lutte sans fin pour survivre. "Le point d'eau" explore ce thème au rythme du comptage et met en scène une grande variété d'espèces animales qui, par la magie de l'imaginaire et de la création, se rencontrent. Ils viennent s'abreuver en solitaire, par deux, par trois, quatre voire par dix, à la mare secrète créée par l'auteur Graeme Base. Les animaux y expriment leur satisfaction et leur bonheur de boire à la source de la vie mais au fil des passages, la mare s'amenuise jusqu'à dispaître. Puis, alors que les animaux sont partis, une goutte de pluie, suivie de millions d'autres, tombe dans la boue craquelée pour accomplir le miracle de la saison des pluies! La mare s'est à nouveau remplie, les animaux reviennent, heureux au coeur d'une flore explosant de luxuriance.
L'album à compter occupe une place à part dans la littérature jeunesse, entre l'imaginaire flambloyant de la création et l'aridité de la numération: elle offre cependant un espace de liberté où les nombres mènent une vie inhabituelle. Une liberté qui les fait parler, danser, voyager tout en restant immuables (un sera toujours 1).
C'est pourquoi, j'aime particulièrement lire ce type d'album à mes élèves: l'alliance de la beauté des illustrations, toujours, et celle des textes, souvent, leur permet d'entrer dans la logique du comptage, des chiffres et des nombres.
"Le point d'eau" non seulement invite à compter avec les enfants mais encore les emmène à être curieux: le cycle de l'eau est la partition sur laquelle se joue la vie. L'eau est un élément du quotidien, sans doute anodin en Occident, que l'on a tendance à oublier trop vite. En observant, grâce aux indications du texte, la taille de la mare qui change au fil des passages, ils peuvent appréhender ce que peut être une saison sèche et une saison des pluies...bien entendu, ils grapillent ce qu'ils peuvent à leur niveau, mais il est toujours important de semer des graines pour qu'elles restent en latence quelques années avant de germer et de participer à la construction de la connaissance et du savoir.
Avec ses illustrations magnifiques à l'aquarelle, au crayon et à la gouache, "Le point d'eau" embarque l'auditoire dans le comptage jusqu'à dix où les portes de l'imaginaire sont ouvertes...de quoi aimer les mathématiques.
(16/24)
2 commentaires:
Tempting... j'aime toujours les albums à compter, très utiles pour mon travail. Il faudrait que je voie un peu les illustrations, par contre. Je suis difficile!
@Karine :) Je crois que sur Amazon tu peux en avoir un aperçu ;-)
Mais je t'assure, les illustrations sont très belles.
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