lundi 22 février 2021

Amicalement vôtre, Georgiana, Lady Glen Garry & Rannoch

 


Plantons le décor : Londres, 1932, les années folles s'achèvent à peine et les rumeurs au sujet d'un certain Adolf Hitler se partagent parmi le gotha anglais.

Lady Victoria Georgiana Charlotte Eugenie, fille du duc de Glen Garry et Rannoch et d'une actrice anglaise aux mille et un époux, doit se débrouiller par elle-même après que son demi-frère ait cessé de lui versé une rente. La jeune Lady décide d'échapper à son destin tout tracé, se marier avec un bon parti, et se réfugie dans la résidence londonienne de la famille, Rannoch House, en plein Belgravia square.

Or, Lady Victoria se rend compte qu'il n'est pas facile de dénicher un travail tout simplement parce qu'elle ne sait pas faire grand-chose. Après une expérience, d'une brièveté extraordinaire, de vendeuse en cosmétiques chez l'enseigne légendaire Harrods, elle décide de fonder sa petite entreprise de services à domicile : préparer les résidences londoniennes de la belle société anglaise. Le tout sans divulguer son identité : on est membre de la famille royale même si on se trouve à la 34è place dans la ligne de succession.

Lady Victoria dicte Georgiana se retrouvera dans les situations les plus cocasses et les plus inattendues, elle renouera avec une ancienne camarade de classe, styliste et jet-setteuse, croisera le chemin d'un comte irlandais aussi désargenté qu'elle, apprendra à devenir pique-assiette dans les festivités mondaines.

Ajoutons à cela une convocation à Buckingham Palace pour prendre le thé avec la Reine et se voir confier une mission sans avoir le temps de remplir son estomac criant famine. Et quelle mission ! De l'espionnage mondain, ni plus ni moins : suivre et épier les faits et gestes du Prince de Galles lors d'un pique-nique à la campagne. L'héritier de la Couronne file le parfait amour avec une américaine, divorcée de surcroît.

Notre Lady se retrouvera dans un imbroglio oscillant entre le drolatique et le dramatique : un cadavre est retrouvé, noyé, dans la baignoire de Rannoch House. Il s'agirait d'un créancier du père de Georgiana, réclamant la propriété des terres de Glen Garry et Rannoch, en Ecosse, pour éponger la dette de jeu de son père.

Le coupable, aux yeux de la police, ne peut qu'être son demi-frère. Georgiana mettra tout en œuvre pour prouver son innocence tout en échappant à plusieurs tentatives d'assassinat.

La chute est heureuse, bien entendu, car nous jouons dans la catégorie, fort plaisante, du « cosy mystery » au charme très british.


J'ai apprécié la personnalité décalée de l'héroïne, son humour, sa volonté de « gagner sa vie » en utilisant ses compétences, ses relations avec son grand-père, policier à la retraite, cookney s'il en est. Lui aussi éprouve des difficultés à boucler ses fins de mois, néanmoins il a le cœur sur la main et aide sa petite-fille à l'aune de ses modestes moyens.

J'ai souri et rit plus d'une fois en accompagnant notre royale héroïne dans ses tribulations : les soucis de l'aristocratie peuvent paraître futiles voire impudents. Cependant, deux catégories de nobles se côtoient : les familles aisées et celles qui sont ruinées ou proches de l'être. On peut appartenir à la famille royale et courir après chaque penny parce que le père n'a laissé que des terres peu prolixes et un nom.

Au final, que l'on soit nobles, bourgeois ou menu peuple, l'argent mène le monde et tout devient plus facile quand on en a en suffisance. La crise de 1929 a laissé des traces à chaque étage social. Georgiana pourrait être l'archétype de la jeune femme, issue d'une classe sociale aisée, aspirant à plus de liberté, visant à exercer son libre arbitre pour ses choix de vie. Elle a une excellente éducation, un carnet d'adresses intéressant, elle est intelligente, vive, débrouillarde et n'oublie pas une partie de ses origines. Ces qualités en font un personnage attachant que l'on a envie de suivre au fil de ses enquêtes. Je ne sais pas si par la suite, elle trouvera un alter ego, toujours est-il qu'elle m'a fait penser au Brett Sinclair de la célèbre série « Amicalement vôtre ».


« Son Espionne Royale mène l'enquête » n'est peut-être pas le polar du siècle mais l'intrigue, convenue, est plaisante et bien construite. Tous les ingrédients sont présents pour installer confortablement le lecteur dans sa lecture : une héroïne en retrait de son activité professionnelle ou ne travaillant pas, un environnement « cosy » c'est à dire très spécifique (dans un village pittoresque, une ville tranquille, dans un milieu social précis). Cette héroïne se retrouve à dénouer plusieurs intrigues où un, ou des, meurtre a été commis. Inutile de chercher les effusions de sang, elles sont absentes, tout comme les scènes de violence. D'où l'appellation de ce sous-genre de la littérature policière « cosy mystery ». La cruauté des situations est atténuée par l'usage circonstancié de l'humour britannique ajoutant tout le sel à l'histoire.

Le roman est un « roudoudou » idéal à lire quand on souhaite se distraire de la cacophonie ambiante : douceur acidulée dans un monde de fous ! Et il n'y a pas de honte à lire ces séries « cosy mystery », qu'on se le dise !


Traduit de l'anglais (Grande Bretagne) par Blandine Longre


Quelques avis :

Babelio   Bepolar   Yzabel  Plume libre

Lu dans le cadre



3 commentaires:

rachel a dit…

Joli changement de banniere.....pour une chouette serie....oui cela donne envie de la lire...;)

Zina a dit…

J'aime bien les cosy mais je ne suis pas sûre que cette série soit pour moi.

Hilde a dit…

Une série à découvrir ! J'ai hâte de m'y plonger. :)