Tokyo, dans un beau quartier, un couple semble vivre heureux … sauf que les apparences sont trompeuses.
Yoshitaka Mashiba, jeune PDG dynamique et fortuné annonce, sans émotion, à son épouse Ayané qu'il la quitte car elle n'est toujours pas tombée enceinte.
La condition de leur mariage reposait sur un enfantement puisque Yoshitaka ne peut concevoir la vie de couple sans naissance d'enfant. Pas d'enfant, ce sera le divorce.
Ayané s'y attendait-elle ou espérait-elle qu'il oublierait le fameux « sine qua non » ? Elle reçoit la décision de son mari avec stoïcisme et, on peut le dire, froideur. Elle ne lui offrira pas le plaisir de supplier pour l'attendrir. Non... elle lui offrira une vengeance à la hauteur de sa colère.
« Un café maison » est le deuxième roman de Keigo Higashino que je lis et j'apprécie autant cette seconde enquête en compagnie du duo inspecteur bourru et professeur de physique décalé, Kusanagi et Yukawa. La dernière fois, le duo s'était quitté plutôt en froid, dans l'enquête présente, le froid est toujours présent et c'est la coéquipière de Kusanagi, Kaoru qui aura un rôle décisif dans l'enquête.
Quelques jours après l'annonce de Yoshitaka à sa femme, cette dernière part passer quelques jours chez ses parents à Sapporo, située à mille kilomètres de Tokyo. Deux jours plus tard, la police contacte Ayané pour lui annoncer la mort de son époux, empoisonné en buvant du café.
Le lecteur sait, dès les premières pages, que l'auteur du crime est Ayané, c'est la marque de fabrique de la série mettant en scène le professeur Yukawa. Par contre ce que personne ne sait c'est la manière dont elle a pu s'y prendre pour commettre le meurtre en étant absente.
C'est ce qui sera recherché tout au long du roman : comment prouver que l'épouse est la meurtrière ? Kusanagi semble subjugué par la grâce et la beauté d'Ayané, artiste de patchwork renommée, au point qu'il donne l'impression d'occulter les soupçons pesant sur elle tandis que sa jeune collègue, Kaoru la soupçonne d'emblée en raison d'une inadéquation entre l'image de la maîtresse de maison parfaite qui range chaque chose à sa place et le désordre dans le rangement ds flûtes à champagne.
Yukawa n'entre pas en scène immédiatement, il se mêle à l'enquête parce que Kaoru le lui demande : le poison, qui est de l'arsenic, a bien du être introduit quelque part dans la tuyauterie sauf que les données inconnues sont : où ?, dans la tuyauterie, et quand ?
Au fil de l'enquête, on commence à comprendre le mobile principal ainsi que le temps d'organisation du meurtre. On apprend, également, que l'époux avait une maîtresse en la personne d'Hiromi, l'élève préférée de son épouse : l'homme est suffisamment cynique pour préparer en amont sa séparation, d'autant plus qu'Hiromi est enceinte. Nouvel argument pour perpétrer le meurtre.
Petit à petit les pièces du puzzle s'emboîtent parfaitement grâce au collationnement des indices minimes mais déterminants laissés par la suspecte, ses proches et le passé de son mari, mari qui n'est pas des plus sympathiques et pour lequel je n'ai éprouvé aucune compassion.
Le professeur Yukawa pourra pousser un « Eurêka » libérateur : la mise en œuvre du crime était de longue haleine et devait imposer une maîtrise de chaque instant pour son auteure. La clé est à la hauteur du talent de Keigo Higashino : extraordinaire.
« Un café maison » se lit d'une traite : le suspense, sans être intense, est très prenant car on cherche à découvrir les minuscules indices disséminés par l'auteur. Seuls les faits et gestes de la suspecte ainsi que quelques éléments de son passé peuvent mettre la puce à l'oreille. Quant au processus de l'empoisonnement, la réponse sera des plus surprenantes.
Un excellent roman policier sur une vengeance très subtile.
Traduit du japonais par Sophie Rèfle
Quelques avis :
Babelio Livraddict Livroscope Eric Dumais
Lu dans le cadre
3 commentaires:
J'adore ce duo de detectives....je me rends compte que c'est le seul que je n'ai pas lu....il va falloir...ouiiii
J'aime beaucoup également ce duo et cette enquête est très bien menée.
J'aime bien les romans de Keigo Higashino. J'en ai lu deux pour l'instant. Je note celui-ci. :) Merci pour ce partage.
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