lundi 6 juin 2022

Le colibri

 


« Marco Carrera est le « colibri ». Comme l’oiseau, il emploie toute son énergie à rester au même endroit, à tenir bon malgré les drames qui ponctuent son existence. Alors que s’ouvre le roman, toutes les certitudes de cet ophtalmologue renommé, père et heureux en ménage, vont être balayées par une étrange visite au sujet de son épouse, et les événements de l’été 1981 ne cesseront d’être ravivés à sa mémoire. [...] »


Marco Carrera a été surnommé le « colibri » par sa mère en raison de sa petite taille et sa frêle carrure lors de son enfance dues à un retard de croissance. Cependant, il partage d'autres caractéristiques avec l'oiseau en question : il dépense une énergie folle à rester au même endroit.

Le roman s'ouvre en 1999, avec un échange improbable entre lui et le psychiatre de son épouse, le dialogue est savoureux et permet au lecteur de cerner, un peu, le héros qui éprouve une aversion consommée à l'encontre de cette profession.

Marco est ophtalmologue réputé et reconnu, à Rome. Sa réussite est évidente or les zones d'ombre l'entourent comme les lettres qu'il reçoit ou envoie, les courriels envoyés, tels une bouteille à la mer, à son frère parti vivre aux Etats Unis, ou encore l'histoire du fil imaginaire dans le dos de sa fille.

Les méandres de sa vie sont loin d'être limpides tant les fils de son histoire s'entremêlent au point de risquer la perdre en route.

Sandro Veronesi joue avec la destructuration du roman et de sa chronologie ce qui est déroutant en début de lecture. Puis, comme devant un tableau d'art contemporain, le plus simple est de se laisser porter par l'écriture, par la personnalité des personnages, par l'incroyable capacité de résilience du Colibri, Marco Carrera résistant aux événements les plus difficiles de sa vie pour en faire un réceptacle d'expériences positives. On ouvre son esprit aux résonnances que le roman provoque lors de la lecture libérée des contingences narratives.

J'ai suivi le rythme particulier du colibri dont le surplace est incroyable de volonté et de force, reproduit par celui de l'écriture qui n'est qu'un éternel aller-retour entre moment présent et scènes marquantes du passé.


Sandro Veronesi offre de très beaux moments dans son roman, des moments d'émotion intense, d'intimité empreinte d'amour et de tendresse. Je me suis laissée emporter dans le sillon particulier de la vie du héros, ophtalmologue au regard aveugle parfois, perçant souvent lorsqu'il observe les siens.

J'ai aimé la variété des supports de communication utilisés par les personnages : entre les conversations téléphoniques, les lettres et les courriels, la gamme des émotions se joue avec harmonie. Les petits riens comme les faits marquants se conjuguent pour peindre une vie morne en apparence alors que Marco entretient un amour intense pour son amour d'adolescence, la belle Luisa. J'ai aimé la relation père-fille entre Adèle et Marco, leur complicité et leur tendresse l'un envers l'autre.

« Le Colibri » est une succession de moments intimes, du quotidien, de l'enfance revécue par la grâce des souvenirs, de l'amitié Marco-Durrio, deux pôles éloignés qui se rencontrent et bâtissent de solides liens. J'ai souri et ris, j'ai ressenti beaucoup d'émotion par moment au point d'en avoir la gorge serrée. J'ai apprécié l'écriture tantôt malicieuse tantôt mélancolique de l'auteur qui dans la construction confuse, du moins en apparence, de son roman, sait magnifier les errances, les peurs, les tragédies comme les bonheurs, les espérances, les déceptions qui forgent une vie ordinaire et parfois extraordinaire. Il relate cette vie dense ou clairsemée de ses personnages, désespérés dotés d'une grande candeur attachante, avec tendresse et nostalgie ce qui m'a touchée en tant que lectrice.

Traduit de l'italien par Dominique Vittoz


Quelques avis :

Babelio  France Inter  Télérama  Pamolico  Sens Critique  Martin Eden

Lu dans le cadre

  



3 commentaires:

eimelle a dit…

cela donne envie de découvrir son écriture!

Katell a dit…

J'ai été des plus emballée par ce roman. Je compte bien lire d'autres romans de cet auteur.

rachel a dit…

Oh oui didonc....tu donnes vraiment envie....de decouvrir