mercredi 27 octobre 2010

De cape et de crocs

Venise, à l'époque du Grand Siècle et des doges, deux gentilshommes déambulent dans les rues au gré de leurs pas, l'un est espagnol, un fier hidalgo aux allures de loup, don Lope de Villalobos Y Sangrin, l'autre est français, rusé et beau parleur, aux airs de goupil, Armand Raynal de Maupertuis. Ils sont désargentés, prêts à tous les sacrifices pour se refaire; ils croisent la route d'un pauvre homme, en pleurs, se lamentant du rapt de son fils par les Turcs. N'écoutant que leur coeur chevaleresque, ils partent, contre rétribution, récupérer ledit fils sur la galère, non la chébèque turque où un coffre, dans lequel se trouve une bouteille contenant la carte d'une île mystérieuse, les attend pour le commencement d'aventures rocambolesques et picaresques pour la gloire et l'honneur. La gloire de défendre de justes causes et de belles demoiselles, l'honneur de battre pour des ideaux élevés, contre un affreux Mendoza, chevalier de l'Ordre de Malte et commadant sans vergogne d'une galère vénitienne, et un cynique Jean Sans Lune (tiens, tiens, cela ne vous rappelle rien?) qui n'aiment qu'une seule et unique chose...le pouvoir!
Un récit épique, drôlatique (la présence presque incongrue d'Eusèbe le lapin blanc apporte la note humoristique à l'histoire. D'ailleurs, qui est-il vraiment? d'où vient-il, Qu'a-t-il commis comme crime pour atterir enchaîné à un banc de galérien?), haletant et prenant, emporte le lecteur aux côtés des deux compères échappés au Roman de Renart: comment ne pas faire le lien entre Isengrin et l'altier Hidalgo, qui se retrouve toujours dans des situations cocasses, ou entre Renart et le gentilhomme français charmeur, joutant du langage comme de l'épée.
Ils entraînent le lecteur dans une chasse au trésor endiablée dans laquelle les références au théâtre classique foisonnent (entre "L'avare", "Roméo et Juliette", "les fables de la Fontaine" ou encore "Cyrano de Bergerac", les délices des souvenirs de lecture sont multiples et succulents!) ainsi que les imaginaires récurrents sur la ville engloutie d'Ys, les habitants de la Lune, les sélènites, le vaisseau fantôme du Hollandais volant, le Kraken, le mythe de Jonas et de la baleine ou les terres inconnues.
Une histoire héroïque, protéiforme, mêlant la farce, le roman, le théâtre, la science-fiction, les récits fondateurs, l'uchronie et la fable. Le tout est servi par un scénario efficace, qui se tient de bout en bout, un style jubilatoire et des illustrations extrêmement soignées, des couleurs incitant à l'ivresse de l'action ou à l'ombre du mystère.
"De cape et de crocs" est une série qui se dévore et se déguste avec un infini plaisir et offre une odyssée audacieuse aux amateurs du genre! J'attends avec impatience de lire les deux derniers tomes.



Les avis de epondyle  bladelor  doriane  bdsnew  mathieu 
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4 commentaires:

Ankya a dit…

Cette série m'attire de plus en plus :) Mais les bandes dessinnées sont chères pour la vitesse à laquelle elles sont lues...

bladelor a dit…

Chic, encore une lectrice conquise ! C'est une BD juste géniale (oui, rien que ça !).

Anonyme a dit…

Je découvre à la fois ton joli blog littéraire et ton article sur de Cape et de Crocs, par l'intermédiaire de ton lien vers le mien.

Effectivement, cette BD est une référence absolue, à conseiller absolument. Quand Ankya qui trouve les volumes trop chers, je suis bien d'accord. Malgré tout, avec une vitesse de parution d'environ un par an, l'investissement me semble correct.

Au plaisir de se croiser à nouveau, ici ou ailleurs.

St Epondyle

Karine:) a dit…

Depuis le temps que je me dis que je vais lire cette série... je pense que tu viens de me donner la petite poussée finale!