Ce recueil de nouvelles est comme une conversation à deux voix: celles de la mère et de la fille. Deux mondes tellement proches qu'ils en deviennent parfois un peu étranger l'un à l'autre. Au cours de ces dix-neuf nouvelles, des moments tendres et des vérités difficiles à accepter s'egrennent et offrent au lecteur une partie de palette plus sombre qu'arc-en-ciel de l'âme humaine et notamment de l'âme féminine. Des récits qui émeuvent et qui souvent dérangent, laissant un drôle de goût, comme une amertume délétère.
Ce recueil, je l'ai lu il y a quelques mois et lorsque j'eus terminé l'ultime nouvelle, j'éprouvai un certain effroi et un grand malaise. Les situations dramatiques, comme celle de la mère qui reste spectatrice, consentante?, du trop plein de tendresse paternelle déversé sur la petite fille du couple ("insecte"). Des vérités tues qui tuent à petit feu. La chute abandonne le lecteur en pleine perplexité: la frontière entre réalité et imagination reste délibéremment floue, une opacité voulue par l'auteure afin que le lecteur soit libre de son interprétation...enfin une liberté bien encombrante et très déstabilisante mais d'une grande richesse émotionnelle orchestrée de main de maître!
Les relations mère/fille sont et seront toujours d'une extrême complexité: entre désir d'identification et jalousie inavouée (dans un sens comme dans l'autre); c'est ce que décortique, avec une minutie digne d'un naturaliste ou d'un entomologiste, Claire Castillon. Sans relâche, elle nous renvoie à nos hontes comme à nos instants intenses de complicité et de bonheur; sans cesse, elle remue le couteau dans la plaie et très vite panse les plaies mises à vif...l'absolution prend des détours inattendus plus souvent qu'on ne le pense. Claire Castillon balade son lecteur dans les méandres d'un cordon ombilical toujours difficile à couper - d'ailleurs le coupe-t-on vraiment un jour? - surtout lorsque le deuil, la dépendance affective ou l'adolescence s'invitent au cours de ces introspections. Une balade en rien reposante car elle titille, là où cela fait le plus mal, les émotions scellées au plus profond de notre moi.
En peu de mots, en quelques images, Claire Castillon met en scène de multiples mondes, celui de l'intime, celui du quotidien, celui de l'imaginaire, celui des peurs, mondes qui embrasent la lecture, mondes qui virevoltent telles les phalènes, le soir, autour d'une lumière tremblotante et incertaine, et qui prennent corps grâce à la force évocatrice de son écriture, toujours juste, toujours percutante.
"Insecte" fut une lecture poignante, émouvante et déroutante qui non seulement m'a perturbée au point de mettre tout ce temps à écrire mes ressentis mais encore et surtout m'a transportée avec bonheur dans l'univers de cette auteure que je découvrais! Un recueil que l'on garde à portée de main pour relire une ou deux nouvelles avec un plaisir renouvelé malgré le contexte violent de l'éventail de sentiments: oui, parfois une fille peut avoir honte de sa mère; oui, elle peut être énervée au plus haut point par cette dernière, qui ne la laisse jamais respirer comme elle le souhaiterait; oui, elle peut la détester d'être malade car elle a une peur viscérale de la perdre irrémédiablement (cette nouvelle "Un anorak et des bottes fourrées" m'a bouleversée); oui, une fille peut ressentir tout cela à la fois et aimer éperdument celle à qui elle restera toujours attachée, quoiqu'il arrive.... ce sont toutes ces contradictions qui tissent, en mailles serrées, les relations terriblement fascinantes mère/fille!
Ce recueil, je l'ai lu il y a quelques mois et lorsque j'eus terminé l'ultime nouvelle, j'éprouvai un certain effroi et un grand malaise. Les situations dramatiques, comme celle de la mère qui reste spectatrice, consentante?, du trop plein de tendresse paternelle déversé sur la petite fille du couple ("insecte"). Des vérités tues qui tuent à petit feu. La chute abandonne le lecteur en pleine perplexité: la frontière entre réalité et imagination reste délibéremment floue, une opacité voulue par l'auteure afin que le lecteur soit libre de son interprétation...enfin une liberté bien encombrante et très déstabilisante mais d'une grande richesse émotionnelle orchestrée de main de maître!
Les relations mère/fille sont et seront toujours d'une extrême complexité: entre désir d'identification et jalousie inavouée (dans un sens comme dans l'autre); c'est ce que décortique, avec une minutie digne d'un naturaliste ou d'un entomologiste, Claire Castillon. Sans relâche, elle nous renvoie à nos hontes comme à nos instants intenses de complicité et de bonheur; sans cesse, elle remue le couteau dans la plaie et très vite panse les plaies mises à vif...l'absolution prend des détours inattendus plus souvent qu'on ne le pense. Claire Castillon balade son lecteur dans les méandres d'un cordon ombilical toujours difficile à couper - d'ailleurs le coupe-t-on vraiment un jour? - surtout lorsque le deuil, la dépendance affective ou l'adolescence s'invitent au cours de ces introspections. Une balade en rien reposante car elle titille, là où cela fait le plus mal, les émotions scellées au plus profond de notre moi.
En peu de mots, en quelques images, Claire Castillon met en scène de multiples mondes, celui de l'intime, celui du quotidien, celui de l'imaginaire, celui des peurs, mondes qui embrasent la lecture, mondes qui virevoltent telles les phalènes, le soir, autour d'une lumière tremblotante et incertaine, et qui prennent corps grâce à la force évocatrice de son écriture, toujours juste, toujours percutante.
"Insecte" fut une lecture poignante, émouvante et déroutante qui non seulement m'a perturbée au point de mettre tout ce temps à écrire mes ressentis mais encore et surtout m'a transportée avec bonheur dans l'univers de cette auteure que je découvrais! Un recueil que l'on garde à portée de main pour relire une ou deux nouvelles avec un plaisir renouvelé malgré le contexte violent de l'éventail de sentiments: oui, parfois une fille peut avoir honte de sa mère; oui, elle peut être énervée au plus haut point par cette dernière, qui ne la laisse jamais respirer comme elle le souhaiterait; oui, elle peut la détester d'être malade car elle a une peur viscérale de la perdre irrémédiablement (cette nouvelle "Un anorak et des bottes fourrées" m'a bouleversée); oui, une fille peut ressentir tout cela à la fois et aimer éperdument celle à qui elle restera toujours attachée, quoiqu'il arrive.... ce sont toutes ces contradictions qui tissent, en mailles serrées, les relations terriblement fascinantes mère/fille!
Le site de l'auteure ICI
Les avis de laure clarabel biblioblog antoine caro[line] fashion
3 commentaires:
Tu en parles vraiment bien. Moi aussi, j'ai été marquée par l'histoire de cette ado et de sa mère malade. Terrible.
Excellent billet. Par contre, ce recueil ne m'attire pas du tout, rien que le titre me fait fuir !
@flo: cette lecture est loin d'être à la pointe de l'actualité littéraire et bloguesque ;-) Mais, ce recueil mérite que l'on parle à nouveau de lui!
@manu: merci manu :-) Ah? Tu es allergique aux insectes...pourtant il y en a de très jolis: les papillons, les coccinelles.... ;-)
J'ai appris hier que l'auteure était une ex de PPDA et qu'elle était la chouchoute des plateaux télés...comme je ne regarde pas la télé, j'étais passée à côté de ces potins...et a priori échappé à ses minauderies pénibles!
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