Dimanche dernier ne fut pas poétique, aujourd'hui je me rattrape. N'y voyez aucune métaphore filée mais il y a des jours où le hasard est facétieux et ironique: j'ai choisi un poème de Théophile Gauthier (1811-1872), extrait du recueil "Emaux et Camées" (1852), évoquant le carnaval de Venise.
Carnaval
Venise pour le bal s'habille.
De paillettes tout étoilé,
Scintille, fourmille et babille
Le carnaval bariolé.
Arlequin, nègre par son masque,
Serpent par ses mille couleurs,
Rosse d'une note fantasque
Cassandre son souffre-douleurs.
Battant de l'aile avec sa manche
Comme un pingouin sur un écueil,
Le blanc Pierrot, par une blanche,
Passe la tête et cligne l'oeil.
Le Docteur bolonais rabâche
Avec la basse aux sonx traînés;
Polichinelle, qui se fâche,
Se trouve une croche pour nez.
Heurtant Trivelin qui se mouche
Avec un trille extravagant,
A Colombine Scaramouche
rend son éventail ou son gant.
Sur une cadence se glisse
Un domino ne laissant voir
Qu'un malin regard en coulisse
Aux paupières de satin noir.
Ah! fine barbe de dentelle,
Que fait voler un souffle pur,
Cet arpège m'a dit: C'est elle!
Malgré tes réseaux, j'en suis sûr,
Et j'ai reconnu, rose et fraîche,
Sous l'affreux profil de carton,
Sa lèvre au fin duvet de pêche,
Et la mouche de son menton.
("Arlequin et Colombine" Edgar Dugas)
Les compagnons de voyage poétique de Celsmoon offrent leurs trouvailles ici
3 commentaires:
C'est formidable d'être inondée et de nous sortir un poème sur Venise! Du panache,Bravo!
;-)
@sibylline: merci ;-)
C'était de circonstance : ah le carnaval, ça me manque !!!
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