mercredi 3 juin 2009

La beauté du monde


Martin est un jeune garçon fasciné par le monde chatoyant des oiseaux: dès qu'il le peut, il file de bon matin les observer muni de sa gibecière et de son "petit fusil en bois" pour les croquer et les dessiner. Il les collectionne dans toute leur splendeur au coeur de leur intimié sauvage.

Mais Martin est un jour agressé par une bande de vauriens qui ne comprennent pas pourquoi il ne chasse pas les oiseaux au lieu de perdre son temps à les dessiner! Martin résiste à leur pression: il parvient à ne pas lancer la pierre sur le cou gracile du héron qu'il observait puis court se réfugier dans le ventre d'un navire en construction, au chantier naval de Rochefort. Il rêve aux bergeronnettes, aux hérons qui picorent peut-être sa pomme tombée dans les hautes herbes. C'est alors qu'il va faire une rencontre déterminante: un monsieur entame la conversation avec lui, il s'appelle René-Primevère Lesson, il est pharmacien, naturaliste et partira bientôt faire un tour du monde, à bord de "La Coquille", un voyage, au long cours, scientifique. Martin qui aime "attraper les oiseaux avec ses yeux" est émerveillé et montre son trésor, ses croquis d'oiseaux, à Lesson. Ce dernier est ému devant les dessins malhabiles mais ô combien remplis de ferveur.... aurait-il une idée derrière la tête?

Août 1822, La Coquille quitte les côtes françaises, avec à son bord un drôle d'animal....Martin, passager clandestin qui une fois découvert pourra apprendre, encore et encore, auprès de René-Primevère Lesson les arcanes du dessin d'observation. Ils débarquent au Brésil et pour Martin, l'enchantement commence: les colibris sont de véritables petites merveilles de la nature, éclairs aux couleurs de rêve, danseurs d'une intense beauté.

La beauté du monde s'offre au regard insatiable de Martin, les gammes de couleurs égrenent leur nom sous ses crayons et peintures, étalent leur lumière sur ses feuilles à dessin en une ronde multicolore dont il ne se lasse pas.

Mais la beauté du monde cache aussi la laideur de ce dernier: Martin apprend qu'on tue les colibris pour leur plumage chatoyant destinés aux belles dames européennes, qu'on utilise des esclaves pour ces tristes besognes et que parfois, le meilleur des hommes, au nom de la Science, peut emporter les petits corps, sans vie, pour les étudier.

"Martin des colibris" est le dernier ouvrage écrit par Alain Serres, le créateur de cette sublime maison d'édition Rue-du-Monde: l'histoire est poétique, belle, à la langue chantante, douce, colorée, un appel au rêve et au voyage. Le jeune héros, Martin, est un personnage des plus attachants, au caractère rêveur mais également déterminé...un jeune garçon à la grande force d'âme, au grand coeur et au grand courage, guidé par sa passion des oiseaux, par la beauté du monde ailé.

Une histoire aux accents de philosophie, divinement illustrée par la jeune et talentueuse Judith Gueyfier qui offre une vraie merveille aux lecteurs: des dessins aux couleurs éclatantes, des croquis d'oiseaux "à la manière de" planches des naturalistes du 19è siècle...invitation irrésistible à un voyage immobile dans le temps et dans l'imaginaire.

Aux Etonnants Voyageurs, j'ai eu la chance d'écouter Alain Serres, Judith Gueyfier en compagnie de deux jeunes auteurs-illustrateurs (dont je parlerai dans un prochain billet sur les EV) devisant sur un thème fort "La beauté du monde" décliné dans la littérature jeunesse....ce fut un vrai régal, régal rehaussé par la présence dans l'espace "Magic" des EV d'une partie des planches originales de "Martin des colibris"!

"Martin des colibris" est un album dans la lignée du travail éditorial de Rue-du-Monde: mettre entre les mains des enfants la beauté de notre monde, grâce aux histoires de qualité et aux illustrations plus magnifiques les unes que les autres, sans leur cacher sa part de laideur. Un engagement tant déontologique, philosophique, éducatif que politique.

En un mot comme en mille....Respect et d'infinis mercis Mr Serres....continuez encore et encore à mettre entre nos mains et celles de nos enfants toutes les beautés du monde qui ne sont que plus précieuses en ces temps de crise et de nivellement par le bas!

Si vous croisez le chemin de cet album, ne résistez surtout pas à la tentation!

Pour le plaisir des yeux:


4 commentaires:

Armande a dit…

Je pense que c'est une lecture indispensable après celle des "neuf consciences du Malfini" de Patrick Chamoiseau.Merci de nous faire partager cette belle découverte.

Emmyne a dit…

Katell, j'espère que tu ne m'en voudras pas, je viens de te taguer...

Anonyme a dit…

Kikou ma tit' Katell, je t'ai tagué, vas voir sur mon blog. Mici beaucoup :)

Flo a dit…

J'aime beaucoup Alain Serres et les éditions Rue du Monde. Je note donc bien vite ce nouveau titre.