vendredi 22 mai 2009

Le Chant de la Terre

Le Chant de la Terre est l'ouverture d'une épopée de science-fiction, l'ouverture d'un space-opéra au souffle immense, à la démesure géniale!
Nous sommes dans un avenir plus que lointain, inimaginable: les hommes ont exploré l'espace jusqu'à découvrir les aléapistes, c'est à dire les myriades de possibles de chaque vie humaine; un dédale infini dans lequel Starquin, le Cinq-en-Un, un être interstellaire, un quasi dieu, s'y est égaré et cherche à en sortir. Puis la technologie qui menaça d'extincion la Terre et ses hommes a été oubliée pour donner jour à la sculpture des êtres vivants, une sculpture de l'ADN, celle qui croise les gènes humains à quelques gènes animaux.
Ainsi, Karina, héroïne de ce premier volet, est-elle issu d'un croisement génétique entre un Vrai Humain et un chat faisant d'elle une felina, une Spécialiste: Karina allie la beauté féminine à la souplesse déliée d'un félin. Seulement, les Spécialistes ne sont pas bien perçus par les Vrais Humains qui font tout pour qu'il n'y ait pas entente entre les différents "peuples" et ainsi conserver une hégémonie dans la société. A son corps défendant, Karina se trouve embarquer au coeur d'un dessein qui la dépasse, sous la houlette inquiétante d'une étrange prophétesse, la Suivante, au visage défiguré: celui d'aider Starquin à se libérer des limbes de l'infini en réécrivant l'histoire! Sans pouvoir y faire grand-chose, Karina va suivre le chemin qui la mènera à rencontrer Raoul, le fils d'un capitaine de char à voiles au caractère pugnace, Tonio. De leur rencontre doit naître une aléapiste essentielle pour le retour de Starquin.
Dans une langue où la poésie n'est jamais bien loin, Michael Coney, fait vivre à son lecteur de multiples fausses apartés, des rebours et des sauts dans le futur, en une danse complexe mais délicieuse. On se perd avec inquiétude parfois dans les méandres d'une narration heurtée, mystérieuse, aux apparences incohérentes, et on se retrouve joyeusement au coeur du récit fantastique, riche des renseignements glanés dans les chemins de traverses narratifs, petits cailloux permettant de garder la trame, dense, en tête. On glisse sur les eaux calmes et tumultueuses de l'Humanité, que dis-je des Humanités aussi diverses qu'éphémères (à l'échelle du Temps) qui façonnèrent et construiront la Terre, on suit le roulis des rancoeurs, des mensonges, des croyances, des tabous, on vogue sur le clapotis à la trompeuse tranquillité d'un sillage plein d'une promesse d'émotions et d'aventures qu'est ce Chant de la Terre, premier acte d'un récit grandiose.
"La grande course de chars à voiles" est un enchaînement de contrastes (qui ne sont que saveurs du récit) tels les felinas, ce peuple fougueux, fulgurant de violence lorsque la colère ou la révolte l'aveugle, mais pouvant aussi faire preuve de douceur et de tendre attachement. Ainsi Karina qui ne peut se résoudre à abandonner le cornac Haleka dans le suicide de son baleinier au coeur des flots ou El Tigre, le père de Karina, qui n'aima qu'une seule femme, celle qui donna naissance au grupo de Karina.
Tous les éléments nécessaires, et essentiels, à l'écriture d'une belle épopée de SF sont réunis dans ce prologue, cette mise en bouche d'une saveur subtile et entêtante avec un goût de "revenez-y" tenace: des êtres humains sculptés aux gènes d'animaux, des humains désirant rester aux commandes du monde, un Seigneur des cantons aussi mystérieux et invisible qu'omnipotent, une course de char où les tensions entre Spécialistes et Vrai Humains sont exacerbées et où les pulsions les plus extravagantes sont autorisées, un rail unique de communication, des baleiniers, mastodontes dont la vie se compte en milliers d'années mais qui lentement disparaissent, une forêt vierge où rôde des créatures inquiétantes, un trouvère, une prophétesse et des univers parallèles à l'infini...le tout sur les virevoltes d'un dessein ultime.
"La grande course de chars à voiles" est une lecture passionnante qu'on ne lâche qu'une fois la dernière phrase lue....et encore, le lecteur reste-t-il quelques temps habité par l'atmopshère poétique et épique du récit.
Une très belle découverte grâce à BOB et aux éditions Robert Laffont (collection ailleurs & demain)!!!!


Roman traduit de l'anglais (GB) par Isabelle Delord-Philippe






Un billet intéressant du Cafard Cosmique ICI pour en savoir plus sur l'auteur.




8 commentaires:

Flo a dit…

Je le note pour les prochaines commandes de la bibliothèque mais pas pour moi, ce n'est pas trop mon truc, le space-opéra. Bon WE !

Lhisbei a dit…

ce space op' a l'air un poil trop déjanté pour moi ou pour Monsieur Lhisbei. Dommage parce que ton billet est alléchant ;-)

Anonyme a dit…

C'est un livre avec des thèmes que je n'ai pas l'habitude de lire, ce livre pourrait intéressé mon fiancé qui vient de terminer "1984" de Georges Orwell !!!

Katell a dit…

@flo: pourtant quel beau début de fresque de SF!!! Je suis certaine que les amateurs de ta bibliothèque te béniront pour cet achat (d'autant que cette série est réeditée!!)
@lhisbei: pas si déjanté que cela (j'ai réussi à tout suivre) ;-) Une belle lecture que je recommande!
@hambreellie: Et pourquoi pas toi? Je me suis mise à la SF sur le tard et j'ai souvent de très belles surprises!

Anonyme a dit…

Si je comprends bien, c'est à ce procurer de toute urgence :-)

Acr0 a dit…

Moi aussi j'ai lu ce livre dans le cadre du partenriat BoB/Laffont.
Cependant, je trouve qu'il n'est pas tant "space opéra" que ça, dans le sens où je n'aurai pas pu le lire :)
En effet, hormis la présence de l'ordinateur "Arc en ciel" au début, et la position des généticiens il y a fort fort longtemps: il s'agit de la présentation d'un monde fort complexe (comme tu l'as dit), de ses personnages et de ses maux.
Par contre, je trouve que ce livre ne se suffit pas à lui-même puisque Starquin, on ne fait que l'évoquer brièvement. Sinon, moi aussi j'ai adoré les "espèces" créées :)

Katell a dit…

@val: si tu en as l'occasion et si tu aimes la SF...oui!!!
@acro: J'ai sans doute mal choisi mon terme en utilisant "space-opéra": en effet il n'y a pas de scènes dans l'espace interstellaire...pour tenter de rebondir, je dirai que c'est un "space-opera" en filigrane: comme le roman est une ouverture et une présentation de l'amont de l'histoire avec une conquête spatiale et le voyage sur les pistes du temps qui sont autant de mondes parallèles, le terme pourrait être ad hoc (je sais c'est tiré par les cheveux mais je tente malgré tout ;-) ).
Je pense que l'on peut se contenter de ce roman si on n'a pas accroché à l'histoire. Il est évident qu'il n'est qu'atroce mise en bouche lorsque l'on est happé par la force du récit et de l'histoire...on piaffe d'impatience d'en savoir plus que Starquin.
J'ai vu que la médiathèque de ma ville possède la suite de cette saga SF!! Miammmm, miammm

yueyin a dit…

un très beau créateur de monde, un très beau monde, j'ai beaucoup aimé moi aussi :-)