Un garçonnet, Sébastien, part, pour la première fois en colonie de vacances. Il rejoint la troupe dans le train...il est le plus petit de la bande. Pourtant il a quand même huit ans, voire douze dans sa tête et sa mère lui dit souvent qu'il a un sens de la répartie bien à lui. C'est le départ, il faut être courageux et ne pas montrer combien on préfèrerait rester auprès de sa maman.
L'arrivée n'est pas très engageante: visite des dortoirs et surtout, surtout inventaire du contenu de la valise "Sors tes affaires, une par une. A chaque affaire, tu me dis le nom et la quantité. (...) Je voyais bien qu'elle allait noter tous les habits que j'avais emportés, mais je ne voyais pas à quoi ça pourrait bien lui servir puisque mes habits étaient là. Quand on fait une liste de choses, c'est une liste de choses qui manquent, comme pour aller faire les courses, pas une liste de choses qui sont déjà là. Mais bon, j'avais pas envie qu'elle me traite encore de petit coquin devant les autres, alors j'ai commencé. - Mon tee-shirt bleu avec un Mickey, quantité: un - Tous les mecs se sont marrés." (p 28 et 29)
Qu'il est difficile d'être le plus petit dans un groupe de grands et de se faire intégrer parmi eux. Sébastien se morfond jusqu'au jour où Fabien, le chef de la bande des garçons, lui demande s'il est déjà sorti avec Elodie la mono. Sébastien retourne dans tous les sens la question pour répondre que oui, il est déjà sorti avec elle (lors des promenades ou la fois où elle l'a puni et sorti, en lui tirant l'oreille, du réfectoire). Et un défilé d'enfants commence: c'est à qui voudrait avoir le plus de détails sur ses "sorties" avec Elodie, même les filles, telle que Marion "préado de douze ans", ravie de constater qu'il est "précoce"!!! Sébastien est heureux, la colo est super cool, il s'est enfin in-té-gré! Et c'est le soir de la boum que les choses se gâtent: Elodie et la directrice de la colo ne sont pas du tout mais alors pas du tout contentes d'apprendre que Sébastien est sorti plusieurs fois avec Elodie! Résultat: punition sévère, pas de boum et surtout, Sébastien dormira tout seul dans le couloir! Bien entendu, les autres gamins font comme s'ils ne le connaissaient pas car la directrice a dit: "C'est très mal ce que tu as fait, Sébastien. Très, très mal." Sébastien a envie de pleurer mais "Je me suis retenu. Elles seraient trop contentes, Elodie la saucisse, et cette directrice pourrie. J'allais être très brave, en béton, un dur de dur, comme disait mon père. Et puis surtout, j'avais envie de comprendre ce qui m'arraivait. Ce n'était pas possible que je sois puni pour rien." (p 62). Est-ce à cause des tomates farcies qu'il a recrachées ou du demi-pain au chocolat trouvé par terre et mangé ou encore à cause du yaourt entre les deux yeux? Rien ni fait et Sébastien pleure dans le noir parce qu'il ne comprend pas ce qui lui arrive!
Mais comment comprendre, lorsque l'on est petit, que certains mots peuvent être graves et blessants pour les adultes?
Quelques années plus tard, un jour d'hiver, Sébastien a treize ans et va rejoindre Marion, une camarade de classe qu'il aime beaucoup. Sur le banc du jardin public, il comprend enfin, ce que signifie "sortir avec quelqu'un"!
"Dur de dur" est un texte émouvant et tendre. Agnès Desarthe montre bien comme il est difficile de grandir et de saisir la véritable portée de certains mots. Elle montre aussi combien la méchanceté, innocente souvent, d'un groupe peut faire souffrir, combien des mots de "grands" dans la bouche de "petits" peuvent être dangereux. Elle montre enfin qu'il est beaucoup plus beau de découvrir, au moment adéquat, le sentiment le plus doux qui soit: l'amour et le frisson des baisers.
L'arrivée n'est pas très engageante: visite des dortoirs et surtout, surtout inventaire du contenu de la valise "Sors tes affaires, une par une. A chaque affaire, tu me dis le nom et la quantité. (...) Je voyais bien qu'elle allait noter tous les habits que j'avais emportés, mais je ne voyais pas à quoi ça pourrait bien lui servir puisque mes habits étaient là. Quand on fait une liste de choses, c'est une liste de choses qui manquent, comme pour aller faire les courses, pas une liste de choses qui sont déjà là. Mais bon, j'avais pas envie qu'elle me traite encore de petit coquin devant les autres, alors j'ai commencé. - Mon tee-shirt bleu avec un Mickey, quantité: un - Tous les mecs se sont marrés." (p 28 et 29)
Qu'il est difficile d'être le plus petit dans un groupe de grands et de se faire intégrer parmi eux. Sébastien se morfond jusqu'au jour où Fabien, le chef de la bande des garçons, lui demande s'il est déjà sorti avec Elodie la mono. Sébastien retourne dans tous les sens la question pour répondre que oui, il est déjà sorti avec elle (lors des promenades ou la fois où elle l'a puni et sorti, en lui tirant l'oreille, du réfectoire). Et un défilé d'enfants commence: c'est à qui voudrait avoir le plus de détails sur ses "sorties" avec Elodie, même les filles, telle que Marion "préado de douze ans", ravie de constater qu'il est "précoce"!!! Sébastien est heureux, la colo est super cool, il s'est enfin in-té-gré! Et c'est le soir de la boum que les choses se gâtent: Elodie et la directrice de la colo ne sont pas du tout mais alors pas du tout contentes d'apprendre que Sébastien est sorti plusieurs fois avec Elodie! Résultat: punition sévère, pas de boum et surtout, Sébastien dormira tout seul dans le couloir! Bien entendu, les autres gamins font comme s'ils ne le connaissaient pas car la directrice a dit: "C'est très mal ce que tu as fait, Sébastien. Très, très mal." Sébastien a envie de pleurer mais "Je me suis retenu. Elles seraient trop contentes, Elodie la saucisse, et cette directrice pourrie. J'allais être très brave, en béton, un dur de dur, comme disait mon père. Et puis surtout, j'avais envie de comprendre ce qui m'arraivait. Ce n'était pas possible que je sois puni pour rien." (p 62). Est-ce à cause des tomates farcies qu'il a recrachées ou du demi-pain au chocolat trouvé par terre et mangé ou encore à cause du yaourt entre les deux yeux? Rien ni fait et Sébastien pleure dans le noir parce qu'il ne comprend pas ce qui lui arrive!
Mais comment comprendre, lorsque l'on est petit, que certains mots peuvent être graves et blessants pour les adultes?
Quelques années plus tard, un jour d'hiver, Sébastien a treize ans et va rejoindre Marion, une camarade de classe qu'il aime beaucoup. Sur le banc du jardin public, il comprend enfin, ce que signifie "sortir avec quelqu'un"!
"Dur de dur" est un texte émouvant et tendre. Agnès Desarthe montre bien comme il est difficile de grandir et de saisir la véritable portée de certains mots. Elle montre aussi combien la méchanceté, innocente souvent, d'un groupe peut faire souffrir, combien des mots de "grands" dans la bouche de "petits" peuvent être dangereux. Elle montre enfin qu'il est beaucoup plus beau de découvrir, au moment adéquat, le sentiment le plus doux qui soit: l'amour et le frisson des baisers.
L'avis de Malice
4 commentaires:
Quel joli billet. Tu me donnes bien envie de découvrir le livre.
billet hors sujet : je souhaite savoir à qui j'envoie bonheur marque déposée que je viens de terminer.
Merci !!!!! billet à venir sur mon blog.
je le note pour mes loulous... et pour moi !
Livre lu billet ici :
http://livresdemalice.blogspot.com/2007/09/agnes-desarthe_28.html
Oui un très bon petit livre de littérature jeunesse !
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