Un adolescent, presqu'un jeune homme, Frédéric se meurt d'un cancer des os à l'hôpital, entouré d'autres adolescents cancéreux. Dès les premiers mots, la révolte prend à la gorge devant cette jeune vie écourtée, cette vie grignotée par la maladie qui amenuise à chaque opération la hanche de Frédéric.
Frédéric bien sûr est révolté par l'injustice de la loterie de la vie: il la hurle dans les mots qu'il couche sur son cahier lorsque la souffrance est trop grande de se voir partir, comme ça alors que la vie n'est qu'à son aube. Il devient le poète "Métastase" pour résister à la morbidité, pour se faire des anti-corps à coups de poèmes, à coups de mots et d'images à mettre sur l'indicible et inommable, à coups d'humour noir et corrosif.
Les roses sont garnies d'épines, épines que le lecteur reçoit à chaque page lue, le coeur étreint, le coeur serré à la lecture des espoirs qui n'en sont pas, des rêves, du réalisme lumineux d'un Frédéric extraordinaire. Refusant la loghorrée des bons sentiments des uns et des autres, Frédéric apporte réconfort courage et espoir à ceux qui resteront après lui, ses parents comme ses frère et soeur. Une complicité émouvante entre sa grand-mère et lui est peinte en filigrane, entre les poèmes de Métastase et les conversations lors des visites du week-end: le regard d'une aieule qui voit les rôles inversés, le regard d'une grand-mère qui a compris, sans doute parce que sa vie est derrière elle aussi, que la compassion ne doit pas se transformer en gémissements ni en complaisance. Frédéric n'a pas besoin de mettre à nue son âme: sa grand-mère est prête à l'accompagner jusqu'au bout, à lui tenir la main en recherchant pour lui les poèmes de Pietro Metastase dans toutes les librairies du Québec.
A regarder venir vers soi la mort, à petits pas comptés mais sûrs d'eux, forcément, la philosophie et la religion deviennent des questions importantes, même lorsque l'on n'a que dix-sept ans. La religion ne semble être qu'une illusion permettant d'adoucir la vision de la tragique condition d'être humain, tout comme l'aspiration au bonheur, miroir aux alouettes qui s'efface dans le regard de Marilou qu'il ne pourra jamais serrer contre lui mais qui lui offre une image poétique à couper le souffle "L'essence de la vie, c'est la vanille" et devant laquelle son "Je rêvais d'être la Grande Pyramide/ invincible et éternel,/ mais je suis un jardin de porcelaine/ sous une pluie de météorites." s'incline.
Comme on peut être cruel au seuil de la mort, comme on jette aux orties les lambeaux du masque de bienséance: la lucidité, douleur intense, repousse la mièvrerie qui rôde à chaque visite et expose une réalité proche, la disparition injuste d'un jeune être, son accompagnement par ses parents désemparés d'impuissance et de mutisme (on ne peut rien dire face à l'inéluctable qui ne soit que futile parole déplacée).
Sylvain Trudel avec "Du mercure sous la langue" est loin de nous offrir une lecture divertissante mais sait ouvrir les yeux de son lecteur sur sa conscience et la manière de la sonder: sa plume est un scalpel implacable, d'une extrordinaire poésie, qui pousse le lecteur dans ses derniers retranchements tout au long du monologue de Frédéric. Cependant "Du mercure sous la langue" n'est pas un roman dont on sort anéanti, loin de là, c'est un roman qui est un hymne à la vie, à l'envie de vivre, un message apaisant pour ceux qui restent et qui doivent continuer leur route. Frédéric est rempli de tendresse pour son entourage, il l'aime et souhaite le protéger de toute douleur et de toute souffrance. La mort est souvent une grande leçon de vie.
Une lecture poignante, "coup de poing", pendant laquelle il faut lutter pour ne pas être submergé par l'émotion dégagée par la qualité extraordinaire de l'écriture.
Mille et un mercis à Malice qui a eu la gentillesse de me prêter ce très très très beau roman.
Frédéric bien sûr est révolté par l'injustice de la loterie de la vie: il la hurle dans les mots qu'il couche sur son cahier lorsque la souffrance est trop grande de se voir partir, comme ça alors que la vie n'est qu'à son aube. Il devient le poète "Métastase" pour résister à la morbidité, pour se faire des anti-corps à coups de poèmes, à coups de mots et d'images à mettre sur l'indicible et inommable, à coups d'humour noir et corrosif.
Les roses sont garnies d'épines, épines que le lecteur reçoit à chaque page lue, le coeur étreint, le coeur serré à la lecture des espoirs qui n'en sont pas, des rêves, du réalisme lumineux d'un Frédéric extraordinaire. Refusant la loghorrée des bons sentiments des uns et des autres, Frédéric apporte réconfort courage et espoir à ceux qui resteront après lui, ses parents comme ses frère et soeur. Une complicité émouvante entre sa grand-mère et lui est peinte en filigrane, entre les poèmes de Métastase et les conversations lors des visites du week-end: le regard d'une aieule qui voit les rôles inversés, le regard d'une grand-mère qui a compris, sans doute parce que sa vie est derrière elle aussi, que la compassion ne doit pas se transformer en gémissements ni en complaisance. Frédéric n'a pas besoin de mettre à nue son âme: sa grand-mère est prête à l'accompagner jusqu'au bout, à lui tenir la main en recherchant pour lui les poèmes de Pietro Metastase dans toutes les librairies du Québec.
A regarder venir vers soi la mort, à petits pas comptés mais sûrs d'eux, forcément, la philosophie et la religion deviennent des questions importantes, même lorsque l'on n'a que dix-sept ans. La religion ne semble être qu'une illusion permettant d'adoucir la vision de la tragique condition d'être humain, tout comme l'aspiration au bonheur, miroir aux alouettes qui s'efface dans le regard de Marilou qu'il ne pourra jamais serrer contre lui mais qui lui offre une image poétique à couper le souffle "L'essence de la vie, c'est la vanille" et devant laquelle son "Je rêvais d'être la Grande Pyramide/ invincible et éternel,/ mais je suis un jardin de porcelaine/ sous une pluie de météorites." s'incline.
Comme on peut être cruel au seuil de la mort, comme on jette aux orties les lambeaux du masque de bienséance: la lucidité, douleur intense, repousse la mièvrerie qui rôde à chaque visite et expose une réalité proche, la disparition injuste d'un jeune être, son accompagnement par ses parents désemparés d'impuissance et de mutisme (on ne peut rien dire face à l'inéluctable qui ne soit que futile parole déplacée).
Sylvain Trudel avec "Du mercure sous la langue" est loin de nous offrir une lecture divertissante mais sait ouvrir les yeux de son lecteur sur sa conscience et la manière de la sonder: sa plume est un scalpel implacable, d'une extrordinaire poésie, qui pousse le lecteur dans ses derniers retranchements tout au long du monologue de Frédéric. Cependant "Du mercure sous la langue" n'est pas un roman dont on sort anéanti, loin de là, c'est un roman qui est un hymne à la vie, à l'envie de vivre, un message apaisant pour ceux qui restent et qui doivent continuer leur route. Frédéric est rempli de tendresse pour son entourage, il l'aime et souhaite le protéger de toute douleur et de toute souffrance. La mort est souvent une grande leçon de vie.
Une lecture poignante, "coup de poing", pendant laquelle il faut lutter pour ne pas être submergé par l'émotion dégagée par la qualité extraordinaire de l'écriture.
Mille et un mercis à Malice qui a eu la gentillesse de me prêter ce très très très beau roman.
Les avis de Malice Yvon biblioblog
6 commentaires:
Ca a l'air vraiment, mais vraiment beau ce livre. Bon, ce n'est clairement pas pour une fille aussi hypocondriaque que moi... mais ça a l'air très émouvant tout de même!!!
Je reviens tout juste de la librairie avec ce livre dans mes mains. Quel hasard !
@karine: je ne peux que te conseiller cette lecture...j'ai une sainte horreur de tout ce qui touche aux maladies et pourtant j'ai été emportée par le récit!
@louis: ravie de te relire louis
:-D. Le hasard existe-t-il vraiment? Parfois j'ai de sérieux doutes!
Bonjour Katell
Merci pour ce rappel d'un livre bouleversant.
Yvon
@yvon: coucou au Morbihan ;-)
Ce roman est vraiment à lire!!! J'espère convaincre de nombreux lecteurs potentiels ;-)
Déjà noté (chez Malice justement, il me semble) mais je n'ai pas vérifié si la biblio l'avait ... de toute façon, je vais bientôt partir en vacances alors je n'emprunterai rien à la biblio pendant ce temps !
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