Trois récits, trois chapitres d'une vie à des âges différents du narrateur: l'enfance, le mariage et le veuvage. Le narrateur, Edmond, est un petit garçon que l'on suit au coeur des étapes importantes de sa vie. Il vit sur les rives de la Mer Caspienne, au sein d'une communauté arménienne très soudée, jalouses de ses rites, de ses traditions et de ses croyances, comme toute communauté religieuse exilée, fuyant exactions et vexations de son pays d'origine.
Le jeune Edmond a une amie, Tahereh, avec laquelle la complicité de l'enfance est une joie permanente; or, Tahereh est non seulement la fille du concierge de l'école mais elle est aussi musulmane donc peu fréquentable! Sur les bords de la Caspienne, Arméniens et Iraniens, selon les canons de la tradition, ne doivent pas se mêler seulement se côtoyer. Zoyâ Pirzâd entraîne son lecteur au coeur d'un petit village où la vie quotidienne est joyeuse malgré les cris des mères, les vociférations des pères, les réprimandes de l'instituteur, du curé ou des grands-mères qui veillent à tout du coin de l'oeil. Elle est multicolore, criarde souvent, au cosmopolitisme vivace même si un léger ostracisme oral est jeté sur la petite fille du concierge de l'école. On se côtoie, on s'amuse entre communautés religieuse même si, au final, on ne se mélange pas. Le narrateur regarde du haut de ses 12 ans, un monde adulte un peu angoissant, toujours autoritaire, où le machisme patriarcal dévalorise ses rêves, ses préoccupations et sa sensibilité: partir à la chasse avec son père ne l'intéresse absolument pas, se battre encore moins même si les autres garçons le bousculent et le rudoient, et il ne comprend pas les disputes de ses parents. Il préfère observer les coccinelles, la couleur tendre de l'herbe naissante, jouer à cache-cache entre les draps mis à sécher, laisser vagabonder son imagination par la fenêtre. La vie s'apprend en prenant conscience qu'une coccinelle enfermée dans une petite boîte souffre, en jouant, le soir, au milieu des vieilles tombes du cimetière par lesquelles transpirent des destins incroyables ou en écoutant les querelles des adultes.
Le jeune garçon devient homme et père à son tour, sa fille, Alenouche, fréquente un jeune étudiant iranien non arménien et la mixité devient source de conflit entre la fille et sa mère. Contre l'avis et le désir de ses parents, Alenouche part vivre son amour et sa vie de femme auprès de l'élu de son coeur, brisant les tabous communautaires pour acquérir sa liberté. Il se souvient alors de son périple vers Téhéran aux côtés de sa fille, leur complicité, leur joie d'être ensemble et de se comprendre. Peut-il lui en vouloir d'aimer en dehors de sa communauté, lui qui offrit son amitié d'enfant à Tahereh, la fille du concierge musulman? Parfois, les pères sont plus compréhensifs que les mères...sauf lorsqu'ils perdent l'être aimé qui était à leurs côtés et qu'ils accusent l'enfant désobéissant de cette irrémédiable perte, de cette infinie et inguérissable solitude.
Les années passent, cruelles par l'absence de Marta, compagne et amante. La solitude pèse mais refuse de lever la barrière affective qui sépare le père de sa fille. Les souvenirs empreints de la présence de Marta réserveront bien des surprises au narrateur d'autant que Danik, son adjointe au collège, enfoncera le clou, elle qui préféra la mise au ban de son village pour vivre un amour interdit avec un iranien!
Et si la veille de Pâques était un jour pas comme les autres? Et si, le profond chagrin se laissait adoucir par l'envie de paix pascale, celle du renouveau, de la rédemption et de la renaissance?
"Un jour avant Pâques" est un court roman composé comme un tableau, doté d'une puissance narrative où la sensibilité, la douceur sont fortement présentes derrière un regard grave sur les tabous instaurés par le communautarisme. Les rives de la Mer Caspienne cachent des souffrances indicibles sous le masque des traditions. Pâques, c'est aussi le retour de la belle saison, la fête de la fécondité, c'est aussi le temps des oeufs décorés, des fleurs d'oranger embaumant l'air et les gâteaux, des confitures de griottes confectionnées par la mère d'Edmond et surtout celui des pensées blanches que Marta posait sur l'appui de la fenêtre. Pâques amenant à regarder en arrière pour enfin se dire que le temps est trop court, trop précieux pour camper sur des positions intenables!
Un roman où tout est en nuances subtiles et poésie, où les petits bonheurs de la vie offrent des couleurs et des saveurs aux papilles et aux souvenirs. Comme j'aurais aimé que ce roman ne finisse pas....je serais restée encore bien des pages au bord de la Caspienne à démêler les ellipses d'un récit d'une grande sensibilité, à apprendre les mille et un petits détails, ces multitudes de riens qui construisent la vie, les hommes et leur histoire.
Une bien jolie découverte dont je ne peux que recommander la lecture!
Le jeune Edmond a une amie, Tahereh, avec laquelle la complicité de l'enfance est une joie permanente; or, Tahereh est non seulement la fille du concierge de l'école mais elle est aussi musulmane donc peu fréquentable! Sur les bords de la Caspienne, Arméniens et Iraniens, selon les canons de la tradition, ne doivent pas se mêler seulement se côtoyer. Zoyâ Pirzâd entraîne son lecteur au coeur d'un petit village où la vie quotidienne est joyeuse malgré les cris des mères, les vociférations des pères, les réprimandes de l'instituteur, du curé ou des grands-mères qui veillent à tout du coin de l'oeil. Elle est multicolore, criarde souvent, au cosmopolitisme vivace même si un léger ostracisme oral est jeté sur la petite fille du concierge de l'école. On se côtoie, on s'amuse entre communautés religieuse même si, au final, on ne se mélange pas. Le narrateur regarde du haut de ses 12 ans, un monde adulte un peu angoissant, toujours autoritaire, où le machisme patriarcal dévalorise ses rêves, ses préoccupations et sa sensibilité: partir à la chasse avec son père ne l'intéresse absolument pas, se battre encore moins même si les autres garçons le bousculent et le rudoient, et il ne comprend pas les disputes de ses parents. Il préfère observer les coccinelles, la couleur tendre de l'herbe naissante, jouer à cache-cache entre les draps mis à sécher, laisser vagabonder son imagination par la fenêtre. La vie s'apprend en prenant conscience qu'une coccinelle enfermée dans une petite boîte souffre, en jouant, le soir, au milieu des vieilles tombes du cimetière par lesquelles transpirent des destins incroyables ou en écoutant les querelles des adultes.
Le jeune garçon devient homme et père à son tour, sa fille, Alenouche, fréquente un jeune étudiant iranien non arménien et la mixité devient source de conflit entre la fille et sa mère. Contre l'avis et le désir de ses parents, Alenouche part vivre son amour et sa vie de femme auprès de l'élu de son coeur, brisant les tabous communautaires pour acquérir sa liberté. Il se souvient alors de son périple vers Téhéran aux côtés de sa fille, leur complicité, leur joie d'être ensemble et de se comprendre. Peut-il lui en vouloir d'aimer en dehors de sa communauté, lui qui offrit son amitié d'enfant à Tahereh, la fille du concierge musulman? Parfois, les pères sont plus compréhensifs que les mères...sauf lorsqu'ils perdent l'être aimé qui était à leurs côtés et qu'ils accusent l'enfant désobéissant de cette irrémédiable perte, de cette infinie et inguérissable solitude.
Les années passent, cruelles par l'absence de Marta, compagne et amante. La solitude pèse mais refuse de lever la barrière affective qui sépare le père de sa fille. Les souvenirs empreints de la présence de Marta réserveront bien des surprises au narrateur d'autant que Danik, son adjointe au collège, enfoncera le clou, elle qui préféra la mise au ban de son village pour vivre un amour interdit avec un iranien!
Et si la veille de Pâques était un jour pas comme les autres? Et si, le profond chagrin se laissait adoucir par l'envie de paix pascale, celle du renouveau, de la rédemption et de la renaissance?
"Un jour avant Pâques" est un court roman composé comme un tableau, doté d'une puissance narrative où la sensibilité, la douceur sont fortement présentes derrière un regard grave sur les tabous instaurés par le communautarisme. Les rives de la Mer Caspienne cachent des souffrances indicibles sous le masque des traditions. Pâques, c'est aussi le retour de la belle saison, la fête de la fécondité, c'est aussi le temps des oeufs décorés, des fleurs d'oranger embaumant l'air et les gâteaux, des confitures de griottes confectionnées par la mère d'Edmond et surtout celui des pensées blanches que Marta posait sur l'appui de la fenêtre. Pâques amenant à regarder en arrière pour enfin se dire que le temps est trop court, trop précieux pour camper sur des positions intenables!
Un roman où tout est en nuances subtiles et poésie, où les petits bonheurs de la vie offrent des couleurs et des saveurs aux papilles et aux souvenirs. Comme j'aurais aimé que ce roman ne finisse pas....je serais restée encore bien des pages au bord de la Caspienne à démêler les ellipses d'un récit d'une grande sensibilité, à apprendre les mille et un petits détails, ces multitudes de riens qui construisent la vie, les hommes et leur histoire.
Une bien jolie découverte dont je ne peux que recommander la lecture!
Roman traduit du person (Iran) par Christophe Palaÿ
3 commentaires:
Comme toi je serais bien encore restée avec ces personnages.... :-)
alors je note !
Mmmmmm il me tente vraiment beaucoup ce livre ! ;-)
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