Il arrive parfois que dans de petites villes de province de belles choses se passent. Guingamp accueille une exposition sur les masques Gélédés du 21 mars 2009 au 25 avril 2009...pendant un bon mois, les passants curieux désirant être étonnés et happés par la beauté mystérieuse des masques, pourront pousser la porte de l'espace François Mitterand, près de la mairie, et plonger dans l'univers africain de ces figures colorées qui relatent le quotidien d'un peuple.
Je copie/colle l'article qui présente l'exposition:
"Masques Gèlèdé,magie et pouvoir des Mères au Bénin
Ce thème constitue le fil conducteur du parcours initiatique proposé à l’espace François-Mitterrand (mairie de Guingamp)sous la forme d’une exposition d’Art africain du 21 mars au 25 avril 2009. Pour la première fois en France, un ensemble unique de masques et d’objets de la société Gèlèdé puisant ses racines dans la religion animiste teintée de culte Vaudou, entre Nigeria, Bénin et Togo, sera présenté au public. L’occasion de pénétrer les multiples facettes d’une société secrète qui voue un culte aux« Mères » sur fond de mascarades rythmant les saisons de récoltes comme les aléas de la vie.
Des collectionneurs passionnés d’Art africain ont accepté de prêter leurs oeuvres au guingampais Jean-Yves Augel qui partage son temps entre la France et sa terre d’adoption, l’Afrique de l’Ouest. En partenariat avec le service culturel municipal, ce collectionneur, cheville ouvrière de l’exposition, associe à sa démarche ses amis Pierre Amrouche, expert spécialisé en Art africain, et Guénaël Fassier, doctorant en anthropologie à l’EHESS de Paris. La qualité comme l’originalité de l’événement n’ont pas échappé aux instances du musée du Quai Branly.
Un foyer d’art
La société féminine Gèlèdé puise ses origines au sein de l’ethnie Yoruba. Forts de 16 millions d’habitants, majoritaires au sud-ouest du Nigeria, les Yoruba sont également présents chez les Nago et les Fon au sud du Bénin, ainsi qu’à l’est du Togo. Le pays Yoruba s’affirme comme l’un des foyers d’art les plus prolifiques, les plus aboutis, les plus extraordinaires d’Afrique, et ce depuis les grandes civilisations Nok (500 avant J.-C.-300 après J.-C.) et d’Ifé (11e-14e siècle).Le culte Gèlèdé naît dans la deuxième partie du 18e siècle, selon toute vraisemblance à Kétu (aujourd’hui à l’est du Bénin), prestigieux royaume Yoruba, réputé pour la dextérité de sessculpteurs.
L’origine mythique du Gèlèdé reflète le passage d’une société matriarcale à un système patriarcal. Ayant dérobé le pouvoir aux femmes, les hommes décidèrent de consacrer un culte à la toute puissance de la mère ancestrale Iya Nla, la « Grande Mère » qui, dans la culture Yoruba, assure l’ordre du monde tout en menaçant sa stabilité. Pour apaiser la colère des femmes âgées dénommées awoniya wa (« nos Mères »), les communautés rurales des Yoruba-Nago et des Fon organisent des mascarades rituelles après les moissons, mais aussi lors de sécheresses ou d’épidémies.La société est dirigée au plus haut niveau par une femme, Iyalashé, la grande prêtresse présente dans chaque couvent Gèlèdé.
Le pouvoir de la femme
En adorant les « Mères », le Gèlèdé célèbre le pouvoir de la femme. En donnant la vie, elle maîtrise ses mystères, insondables pour les hommes. En devenant sorcière, elle peut aussi semer le désordre, reprendre la vie.
Le pouvoir mystique des « Mères » tient de l’ambivalence, partagé entre l’Ajé rere et l’Ajé buruku: le bien et le mal. Rendre hommage au pouvoir spirituel des femmes, les apaiser, les divertir, conjurer leurs forces négatives…Les cérémonies religieuses Gèlèdé, dansées et chantées aux rythmes des percussions, mettent en scène nuitament des danseurs masculins, parés d’attributs et de vêtements féminins.Véritables oeuvres d’art aux multiples symboles, les masques cimiers (portés sur le haut du crâne), polychromes et en bois sculptés, affichent les traits caractéristiques de l’esthétique Yoruba, tels les yeux en amande, les scarifications…
Au patrimoine de l’UNESCO
Au fil des décennies, le rituel s’est adapté. Les masques se sont sophistiqués, prenant la forme de superstructures souvent articulées. Au milieu du 20e siècle, les cérémonies de jour sont apparues, mêlant messages sociaux ou satiriques. Les mascarades diurnes, en marge de la magie rituelle de la nuit, se présentent comme une « magie médiatique » très populaire au Bénin dans les zones rurales Nago et Fon.Le patrimoine oral Gèlèdé, toujours bien vivant dans les régions de Kétu, Cové ou encore Savé, à l’est du Bénin, a été proclamé chef-d’oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’UNESCO en mai 2001. Appuyée par des photographies et un documentaire sur les cérémonies réalisés par Guénaël Fassier et Jean-Yves Augel, l’exposition présentera 125 pièces. Les masques cimiers et ventraux, représentatifs d’un siècle de tradition Gèlèdé, côtoieront tambours, chassemouches, gongs, calebasses musicales et autres sonnailles de chevilles. Les organisateurs entendent ainsi mettre en lumière un art populaire qui puise sa créativité contemporaine dans sa tradition religieuse.
OBJETS EXPOSÉS
96 masques cimiers.
5 masques ventraux.
4 tambours.
3 chasse-mouches.
16 sonnailles de chevilles.
2 gongs.
3 calebasses musicales + perles.
1 clochette.
2 parures.+ photos in situ.+ ouvrages sur le Gèlèdé.
THÉMATIQUES
Religion.
Pouvoir et respect.
Vie quotidienne et réflexion.
Prévention et morale
.Oiseaux.Animaux.
Maternité.
Fables et Atêtchitchi (rivalité entre couvents)."
....Qui a dit que Guingamp ne connaissait que le football?
Osez, osons explorer l'univers des masques Gèlèdé et regarder le monde autrement!
3 commentaires:
De famille briochine mais bloquée en région parisienne, je ne peux qu'applaudir une telle exposition!Les Bretons ont toujours eu l'âme vagabonde!
Très intéressant, mais un peu loin pour moi ..
Une exposition superbe à voir et revoir les yeux grand-ouverts pour un voyage riche en symboles et plein d'humanité. Merci M. Augel.
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