Monsieur K., écrivain japonais célèbre, est invité en résidence d'artiste dans une université californienne. Pour la première fois sa femme l'accompagne. Ils laissent leurs trois enfants au Japon: Mâ, étudiante en lettres, O le cadet qui prépare son examen d'entrée à l'université et Eoyore, le fils aîné, handicapé et musicien, fragile et imprévisible. Mâ chronique leur vie quotidienne, loin des parents.
Il apparaît difficile de parler de ce roman-chronique tant l'action diffuse peine à être décrite: le quotidien est file aussi vite que le temps d'une journée. Ce qui reste est l'ambiance oscillant entre tendresse, mélancolie et ironie: Mâ regarde ce qui lui reste à faire, ce qu'elle a fait, ce à quoi elle doit penser sans se révolter, sans fatigue apparente. De temps à autre, une pointe subtile, presque invisible, sur les relations avec son père qu'elle ressent distant, froid et peu intéressé par elle. En effet, l'attention paternelle se porte vers Eoyore, l'immense garçon, handicapé mental, le fils qui ne correspond pas à l'image que l'on se faisait de lui avant sa naissance. Une blessure parentale, un sentiment de culpabilité entraînant un regard plus attentif, plus tendre sur celui qui a été mal doté par la Nature. Souffrance réellement vécue par Oé dont le fils est le double de Eoyore.
A la lumière de sa biographie, on constate que Kenzuro Oé n'est pas tendre avec lui-même: le personnage de Monsieur K. (son double?) est tout sauf sympathique aux yeux du lecteur. En effet, K. est égocentrique, centré sur son mal-être et ses angoisses de la feuille blanche: son séjour californien en compagnie de son épouse semble être sa planche de salut et le fait de laisser derrière lui ses enfants (dont Eoyore nécessitant une attention de tous les instants) ne lui pose aucun problème....ce qui peut être surprenant voire choquant.
Au gré de la chronique de Mâ, l'auteur aborde des aspects divers de la société japonaise mais aussi des thèmes universels tels que le regard porté sur la différence et le handicap mettant à part celui ou celle qui en est frappé. Il insiste sur le fait qu'un handicap peut s'accompagner d'une grâce particulière: ici, Eoyore est musicien et compositeur de talent. O, le fils cadet, prépare un examen d'entrée d'une excellente université: le système éducatif japonais apparaît comme étant tout sauf un long fleuve tranquille, loin de toute existence tranquille pour celui qui travaille dur pour parvenir à l'excellence. Mâ, la fille de la maison, se voit incomber les tâches ménagères quotidiennes et de ce fait mettre entre parenthèses ses études universitaires: la place de la femme dans la société semble rester malgré tout très assujettie à la tradition.
Mais comment rester insensible aux références littéraires (notamment des écrits de Céline) et culturelles nombreuses? Comment résister aux références littéraires, culturelles et socio-politiques polonaises? Comment ne pas sourire, voire rire, en lisant la scène, très amusante, de la distribution des tracts de protestation devant l'ambassade de Pologne? Comment ne pas se laisser emporter par l'écriture d'Oé, incisive derrière la nostalgie et l'humour? Le lecteur est vite conquis et s'embarque pour une délicieuse découverte littéraire.
Ce qui est extraordinaire c'est qu'une fois installé dans le rythme du roman et son atmosphère, on ne peut le lâcher! C'est ce qui lui donne toute sa force et sa luminosité.
Il apparaît difficile de parler de ce roman-chronique tant l'action diffuse peine à être décrite: le quotidien est file aussi vite que le temps d'une journée. Ce qui reste est l'ambiance oscillant entre tendresse, mélancolie et ironie: Mâ regarde ce qui lui reste à faire, ce qu'elle a fait, ce à quoi elle doit penser sans se révolter, sans fatigue apparente. De temps à autre, une pointe subtile, presque invisible, sur les relations avec son père qu'elle ressent distant, froid et peu intéressé par elle. En effet, l'attention paternelle se porte vers Eoyore, l'immense garçon, handicapé mental, le fils qui ne correspond pas à l'image que l'on se faisait de lui avant sa naissance. Une blessure parentale, un sentiment de culpabilité entraînant un regard plus attentif, plus tendre sur celui qui a été mal doté par la Nature. Souffrance réellement vécue par Oé dont le fils est le double de Eoyore.
A la lumière de sa biographie, on constate que Kenzuro Oé n'est pas tendre avec lui-même: le personnage de Monsieur K. (son double?) est tout sauf sympathique aux yeux du lecteur. En effet, K. est égocentrique, centré sur son mal-être et ses angoisses de la feuille blanche: son séjour californien en compagnie de son épouse semble être sa planche de salut et le fait de laisser derrière lui ses enfants (dont Eoyore nécessitant une attention de tous les instants) ne lui pose aucun problème....ce qui peut être surprenant voire choquant.
Au gré de la chronique de Mâ, l'auteur aborde des aspects divers de la société japonaise mais aussi des thèmes universels tels que le regard porté sur la différence et le handicap mettant à part celui ou celle qui en est frappé. Il insiste sur le fait qu'un handicap peut s'accompagner d'une grâce particulière: ici, Eoyore est musicien et compositeur de talent. O, le fils cadet, prépare un examen d'entrée d'une excellente université: le système éducatif japonais apparaît comme étant tout sauf un long fleuve tranquille, loin de toute existence tranquille pour celui qui travaille dur pour parvenir à l'excellence. Mâ, la fille de la maison, se voit incomber les tâches ménagères quotidiennes et de ce fait mettre entre parenthèses ses études universitaires: la place de la femme dans la société semble rester malgré tout très assujettie à la tradition.
Mais comment rester insensible aux références littéraires (notamment des écrits de Céline) et culturelles nombreuses? Comment résister aux références littéraires, culturelles et socio-politiques polonaises? Comment ne pas sourire, voire rire, en lisant la scène, très amusante, de la distribution des tracts de protestation devant l'ambassade de Pologne? Comment ne pas se laisser emporter par l'écriture d'Oé, incisive derrière la nostalgie et l'humour? Le lecteur est vite conquis et s'embarque pour une délicieuse découverte littéraire.
Ce qui est extraordinaire c'est qu'une fois installé dans le rythme du roman et son atmosphère, on ne peut le lâcher! C'est ce qui lui donne toute sa force et sa luminosité.
Roman traduit du japonais par Anne Bayard-Sakai
Les avis de Chiffonnette Lire et Kastor
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