Anne, sans nouvelle de son ancien compagnon Gyl, décide de partir à sa recherche en empruntant un train mythique, le transsibérien jusqu'à Irkoutsk.
Ce voyage au long court est une invitation à l'introspection et au déroulement des souvenirs.
Le transsibérien est le fil intime de la narration: il renvoie le lecteur à un imaginaire de l'enfance (on ne peut s'empêcher de penser à "Michel Strogoff" de Jules Verne ) mais aussi à un imaginaire politique (on pense bien sûr au wagon de plomb qui conduisit Lénine en Sibérie mais aussi au "Docteur Jivago" de Pasternak) qui donne un air de liberté et de conquête du bout du monde sans oublier de laisser un goût amer, celui d'un espoir perdu. Or, l'imaginaire, peu à peu, au rythme des paysages de désolation et de friches industrielles plus désespérantes les unes que les autres, se lézarde devant le spectacle d'une Russie post-stalinienne d'une grande mélancolie. "Les usines abandonnées se succédaient toujours, parfois le matériel était délaissé lui aussi, un monstrueux gaspillage qui, après le spectacle de ces femmes penchées sur les voies, suscitait la colère. Les forêts devenaient l'image d'un paradis possible dont les hommes n'étaient pas dignes mais que les arbres, eux, savaient incarner." (p 62)
Le voyage ou la quête d'Anne est fait d'aller-retour entre les banquettes du transsibérien et le canapé rouge de sa voisine, Clémence, une vieille femme dont le grand amour, Paul, disparut dans la tourmente sanglante de l'Occupation. Paul qui demeure près de Clémence: une photo cachée entre les coussins du canapé rouge où Anne la rejoint pour lire les aventures de femmes libres et romanesques au plus haut point et pour discuter à n'en plus finir.
Michèle Lesbre offre au lecteur un roman intimiste, nostalgique sans être larmoyant, avec des mots subtils, justes et évocateurs. De multiples petites touches de couleurs ajoutent au doux éclat des mots: un paysage découvert, une silhouette dans l'ombre, un chant sourd, des enfants faisant voler leurs cerfs-volants, les bords du lac Baïkal, une isba sobre et ouverte aux autres... Anne part à la recherche d'une réponse: aime-t-elle encore Gyl? Des réponses inattendues l'attendront au bout de son long cheminement entre Paris et le lac Baïkal.
Certains trouveront que les clichés sont agaçants (les prénoms, la couleur des yeux, les paysages, la musique) et nuisent au roman, d'autres (dont je fais partie) aimeront cette lancinante chanson des steppes russes aux senteurs chaleureuses de samovar. Anne revient riche d'un petit quelque chose: une connaissance un peu plus fine d'elle-même. Sans doute est-ce un bien long voyage pour une si petite chose...souvent, les petites choses précieuses nécessitent un temps qui s'étire pour que le regard porté sur soi et sur le monde change et sauve.
Ce voyage au long court est une invitation à l'introspection et au déroulement des souvenirs.
Le transsibérien est le fil intime de la narration: il renvoie le lecteur à un imaginaire de l'enfance (on ne peut s'empêcher de penser à "Michel Strogoff" de Jules Verne ) mais aussi à un imaginaire politique (on pense bien sûr au wagon de plomb qui conduisit Lénine en Sibérie mais aussi au "Docteur Jivago" de Pasternak) qui donne un air de liberté et de conquête du bout du monde sans oublier de laisser un goût amer, celui d'un espoir perdu. Or, l'imaginaire, peu à peu, au rythme des paysages de désolation et de friches industrielles plus désespérantes les unes que les autres, se lézarde devant le spectacle d'une Russie post-stalinienne d'une grande mélancolie. "Les usines abandonnées se succédaient toujours, parfois le matériel était délaissé lui aussi, un monstrueux gaspillage qui, après le spectacle de ces femmes penchées sur les voies, suscitait la colère. Les forêts devenaient l'image d'un paradis possible dont les hommes n'étaient pas dignes mais que les arbres, eux, savaient incarner." (p 62)
Le voyage ou la quête d'Anne est fait d'aller-retour entre les banquettes du transsibérien et le canapé rouge de sa voisine, Clémence, une vieille femme dont le grand amour, Paul, disparut dans la tourmente sanglante de l'Occupation. Paul qui demeure près de Clémence: une photo cachée entre les coussins du canapé rouge où Anne la rejoint pour lire les aventures de femmes libres et romanesques au plus haut point et pour discuter à n'en plus finir.
Michèle Lesbre offre au lecteur un roman intimiste, nostalgique sans être larmoyant, avec des mots subtils, justes et évocateurs. De multiples petites touches de couleurs ajoutent au doux éclat des mots: un paysage découvert, une silhouette dans l'ombre, un chant sourd, des enfants faisant voler leurs cerfs-volants, les bords du lac Baïkal, une isba sobre et ouverte aux autres... Anne part à la recherche d'une réponse: aime-t-elle encore Gyl? Des réponses inattendues l'attendront au bout de son long cheminement entre Paris et le lac Baïkal.
Certains trouveront que les clichés sont agaçants (les prénoms, la couleur des yeux, les paysages, la musique) et nuisent au roman, d'autres (dont je fais partie) aimeront cette lancinante chanson des steppes russes aux senteurs chaleureuses de samovar. Anne revient riche d'un petit quelque chose: une connaissance un peu plus fine d'elle-même. Sans doute est-ce un bien long voyage pour une si petite chose...souvent, les petites choses précieuses nécessitent un temps qui s'étire pour que le regard porté sur soi et sur le monde change et sauve.
"Lorsque nous dormons chez lui, dans la chambre qui donne sur le quai, il m'arrive, au lever du jour, de venir jusqu'à la fenêtre et de plonger mon regard dans la Seine. Le souvenir de Clémence ne cesse de m'accompagner. Il brille à la surface de l'eau.
Puis je retourne dans le grand lit où l'homme qui dort encore tend une main et la pose sur moi. Je pense à la terre après la pluie, à des ports, à des trains, à des rivières, à des enfants au bord d'un lac, à des petits matins sur une plage, à l'ombre des arbres...." (p 148)
Le roman se ferme sur une note tendre et nostalgique, laissant le lecteur la gorge un peu nouée par l'émotion qui accompagne sa lecture. On aimerait avoir une voisine ressemblant à Clémence et se laisser aller sur le canapé rouge, avec un thé au goût russe, rêvant d'un transsibérien au long court!
Puis je retourne dans le grand lit où l'homme qui dort encore tend une main et la pose sur moi. Je pense à la terre après la pluie, à des ports, à des trains, à des rivières, à des enfants au bord d'un lac, à des petits matins sur une plage, à l'ombre des arbres...." (p 148)
Le roman se ferme sur une note tendre et nostalgique, laissant le lecteur la gorge un peu nouée par l'émotion qui accompagne sa lecture. On aimerait avoir une voisine ressemblant à Clémence et se laisser aller sur le canapé rouge, avec un thé au goût russe, rêvant d'un transsibérien au long court!
Les avis contrastés de Clarabel Gambadou Cathe Bernard Papillon Lily Bellesahi Bibliobs Chimère Sophie Moustafette
Roman lu dans le cadre du Cercle des Parfumés
Titre de mon Défi lecture "Le Nom de la Rose"
19 commentaires:
J'ai beaucoup aimé ce livre et puis j'aime l'objet. Je trouve que cette maison d'édition fait de très beaux livres.
C'est ma prochaine lecture, je renviendrai donc plus tard lire ton billet...
Qu'est-ce qu'elle cause bien la fille, bravo Katell !
Snif,snif, moi je n'ai qu'un vieux voisin qui ne me parle que de bois, de chasse et de tracteurs, va-t-en écrire un livre avec ça !
@bellesahi: j'aime beaucoup cette collection également :-)
Je l'ai offert à une de mes amies qui l'a lu recemment et qui en a été bouleversée!
@sylire: ;-) mieux vaut pas se laisser influencer!
@moustafette: merci Mous! En effet, ton voisin n'est pas très romanesque ;-)
Une lecture vraiment belle. Je vais fouiller la bibli pour trouver d'autres titres de Michèle Lesbre!
Je reste hésitante...
je n'ai pas lu ton billet car il était enfin dispo à ma biblio. je reviendrais le lire après ma lecture
Il me tente beaucoup... on me l'a soufflé à la bibli l'autre jour. Le cauchemar d'un LCA: tu vois le livre sur létagère, tu te diriges vers elle et au moment où tu tends la main, pfiou! quelqu'un le prend!! horreur! :o))
@cathulu: jusqu'à ce qu'il saute devant tes yeux pour que tu le lises ;-) ?
@goelen: tu fais bien, je suis comme toi ;-)
@choupynette: l'horreur intégrale ce gag à la bibli!!! Courage, il se lit vite alors la personne devrait le rapporter rapidement à la bibliothèque.
Je pense que je vais passer mon tour pour ce roman, malgré plusieurs bons commentaires... j'ai peur de m'ennuyer un peu...
Je suis vraiment passé à côté de ce livre !
Oui pour moi c'était un peu languissant, mais j'étais sûre qu'il plairait à d'autres :-)
J'ai adoré ce livre!
Un gros coup de cœur inattendu pour ce livre. Ce n'est pas vraiment mon style de lecture mais là je suis restée scotchée !
@karine: certes, il ne se passe pas grand-chose mais l'ambiance est extraordinaire et le temps s'étire doucement, c'est une littérature comme je les aime. A l'occasion, laisse-toi tentée ;-)
@gambadou: c'est à dire? Tu n'es pas entrée dans l'histoire? Ce n'est pas parce qu'il y a enthousiasme sur un roman que l'on est tous obligés de l'apprécier. Peut-être n'était-ce pas le bon moment...
@cathe: il est certain que côté rythme, ce n'était pas trépidant
;-)...j'aime ces lenteurs en littérature :-)
@stéphane: moi aussi!!!!!
@eugénie: ton ressenti pourait peut-être faire revenir karine sur son sentiment ;-)
Les romans provoquent des sensations inimaginables avant d'en aborder la lecture: le mystère de la littérature et sa force!
tu en parles très bien. Ca y est je l'ai lu, je suis sous le charme...
Oui, Karine ! Tente le !
On se laisse surprendre par les sentiments et les réflexions de Anne. C'est doux, c'est tendre, c'est beau !!
Michèle Lesbre est une magicienne du temps qui passe, pour moi.
Je l'adore sans retenue,j'aimerai que ses livres ne se terminent jamais,je la retrouve à chaque roman comme une amie fidèle,bref,vous l'aurez compris,fan absolue !
Mais je comprends que l'on puisse trouver dans son style un rythme lent mais c'est justement cet art de l'ambiance qui me fascine.
Chez cette éditrice exceptionnelle,j'ai bien d'autres auteurs fétiches comme Nuala o'Faolain mais je cite André Bucher,moins connu et merveilleux.
Je suis ravie Katell que nous partagions ce goût pour Michèle Lesbre et ton billet était juste au possible!
Ecrirais-tu par hasard?...
Carson
Je suis toujours perplexe concernant ce livre ... je le laisse sur ma LAL, je l'enlève ??? J'avais tellement peu apprécié "La petite trotteuse" que je ne sais plus vraiment !
@goelen: j'irai lire tes ressentis de lectures :-)
@eugénie: si avec tes encouragements, karine ne craque pas...c'est à ne plus rien comprendre ;-)
@carson: je susi toute rouge sous le joli compliment que tu me fais. Hélas, je n'écris pas hormis mes chroniques du blog. Lorsque j'étais ado j'ai rêvé de devnir écrivain, puis le temps a passé et la vocation a été oubliée ;-) Elle sort le bout du nez lorsque je chronique mes lectures.
Toujours est-il que je lirai d'autres romans de Michèle Lesbre, c'est certain!!
@joelle: à ta place, je me lancerai dans sa lecture, histoire de voir par moi-même ;-) Je ne peux que t'en conseiller la lecture!
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