Une femme âgée, Sarah, se retrouve face aux ultimes assauts du désir charnel. Elle est productrice de théâtre à Londres et met en notes musicales la vie d'une artiste française oubliée, Julie Vairon.
Sarah tombe amoureuse du jeune premier, Bill, jeune homme trouble, un peu pervers: il joue de son attirance pour lui et l'entraîne dans une danse amoureuse cruelle. Ce jeune homme, si beau, trop beau même, s'évertue à donner l'image d'un homme attiré par les femmes, toutes les femmes. La tendresse amoureuse qu'il semble éprouver pour Sarah a des parfums d'amour maternel....la séduction est un masque pour Bill, un masque que Doris Lessing met lentement, doucement en évidence, avec subtilité et délicatesse: Bill dissimule ses attirances avec habilité mais à force de reculades aussi étranges qu'injustifiées, le doute s'insinue dans l'esprit du lecteur.
La douleur est immense pour Sarah, dont le corps s'embrase, réclamant caresses et voluptés nocturnes; aussi immense que la colère qu'elle éprouve envers elle-même: l'orgueil de la femme attachée à sa liberté, à son intégrité, le réalisme de la femme vieillissante s'étonnent violemment de ces sentiments amoureux ressentis à ce moment de sa vie! Tomber dans le piège éculé des amours interdites à son âge lui semble insensé! Comment cela a-t-il pu lui arriver? Devenir amoureuse d'un jeune homme qui pourrait être son petit-fils, est-ce raisonnable, la société le permet-elle?
Sarah vit les ultimes feux d'une sensualité, de sa féminité, dans l'extrême douleur de la frustration et de la retenue.
Le lecteur assiste à un ballet incessant d'occasions manquées, de passages à l'acte que l'on se garde bien de conclure!
Doris Lessing met en miroir la vie de Sarah, son héroïne, et celle de Julie, Française de Martinique, jeune femme puis femme libre avant l'heure, assumant sa différence, sa liberté de ton, musicienne, écrivain et diariste. Julie mène une vie sous le signe de la sensualité et de l'amour sans renier une once de réalisme sur son époque (les préjugés sociaux construisent de véritables murs entre les personnes de conditions différentes). Sarah, au rythme de ses deux amours (Bill, l'éphèbe trouble et troublant, et Henry, homme jeune souhaitant se lancer dans une aventure sentimentale mais qui n'ose se laisser aller), vit successivement un amour immature de jeune fille romantique, en fleurs, à travers Bill et un amour de la maturité avec Henry. Doris Lessing petit à petit amène son héroïne à se plonger dans les limbes de son enfance, à revivre la rivalité avec son jeune frère, le préféré de sa mère (la scène du jardin public à Londres est d'une beauté époustouflante et poignante au plus haut point: Sarah et la petite fille ignorée par sa mère, qui n'a d'yeux que pour son petit garçon, sont le reflet l'une de l'autre) puis à s'interroger sur son besoin inextinguible d'amour. En effet, les désirs et les aspirations amoureuses de Sarah ne viendraient-ils pas de la soif d'amour éprouvée lors de la petite enfance? L'enfance ferme des portes sur des paysages intérieurs douloureux, ces paysages où l'on croit que l'on ne sera jamais aimé!
"L'amour, encore" est un roman complexe, subtil sur l'amour au moment de l'entrée dans la vieillesse avec toutes les souffrances, les souvenirs des expériences anciennes, au rythme difficile à suivre puis qui se délie et amène le lecteur vers un réel plaisir de lecture (il faut avouer que les personnages sont très complexes, très fouillés et les références culturelles foisonnent!). Le tout servi par la plume délicatement teintée d'ironie de Doris Lessing.
Une première approche de cette auteure (que je ne connaissais pas) déconcertante parfois mais d'une richesse extraordinaire tant sur le plan des émotions que de la recherche stylistique et linguistique! Un drame shakespearien de l'intime et de l'indicible dans les méandres charmants d'un jardin anglais aux accents stridents du Midi!
Sarah tombe amoureuse du jeune premier, Bill, jeune homme trouble, un peu pervers: il joue de son attirance pour lui et l'entraîne dans une danse amoureuse cruelle. Ce jeune homme, si beau, trop beau même, s'évertue à donner l'image d'un homme attiré par les femmes, toutes les femmes. La tendresse amoureuse qu'il semble éprouver pour Sarah a des parfums d'amour maternel....la séduction est un masque pour Bill, un masque que Doris Lessing met lentement, doucement en évidence, avec subtilité et délicatesse: Bill dissimule ses attirances avec habilité mais à force de reculades aussi étranges qu'injustifiées, le doute s'insinue dans l'esprit du lecteur.
La douleur est immense pour Sarah, dont le corps s'embrase, réclamant caresses et voluptés nocturnes; aussi immense que la colère qu'elle éprouve envers elle-même: l'orgueil de la femme attachée à sa liberté, à son intégrité, le réalisme de la femme vieillissante s'étonnent violemment de ces sentiments amoureux ressentis à ce moment de sa vie! Tomber dans le piège éculé des amours interdites à son âge lui semble insensé! Comment cela a-t-il pu lui arriver? Devenir amoureuse d'un jeune homme qui pourrait être son petit-fils, est-ce raisonnable, la société le permet-elle?
Sarah vit les ultimes feux d'une sensualité, de sa féminité, dans l'extrême douleur de la frustration et de la retenue.
Le lecteur assiste à un ballet incessant d'occasions manquées, de passages à l'acte que l'on se garde bien de conclure!
Doris Lessing met en miroir la vie de Sarah, son héroïne, et celle de Julie, Française de Martinique, jeune femme puis femme libre avant l'heure, assumant sa différence, sa liberté de ton, musicienne, écrivain et diariste. Julie mène une vie sous le signe de la sensualité et de l'amour sans renier une once de réalisme sur son époque (les préjugés sociaux construisent de véritables murs entre les personnes de conditions différentes). Sarah, au rythme de ses deux amours (Bill, l'éphèbe trouble et troublant, et Henry, homme jeune souhaitant se lancer dans une aventure sentimentale mais qui n'ose se laisser aller), vit successivement un amour immature de jeune fille romantique, en fleurs, à travers Bill et un amour de la maturité avec Henry. Doris Lessing petit à petit amène son héroïne à se plonger dans les limbes de son enfance, à revivre la rivalité avec son jeune frère, le préféré de sa mère (la scène du jardin public à Londres est d'une beauté époustouflante et poignante au plus haut point: Sarah et la petite fille ignorée par sa mère, qui n'a d'yeux que pour son petit garçon, sont le reflet l'une de l'autre) puis à s'interroger sur son besoin inextinguible d'amour. En effet, les désirs et les aspirations amoureuses de Sarah ne viendraient-ils pas de la soif d'amour éprouvée lors de la petite enfance? L'enfance ferme des portes sur des paysages intérieurs douloureux, ces paysages où l'on croit que l'on ne sera jamais aimé!
"L'amour, encore" est un roman complexe, subtil sur l'amour au moment de l'entrée dans la vieillesse avec toutes les souffrances, les souvenirs des expériences anciennes, au rythme difficile à suivre puis qui se délie et amène le lecteur vers un réel plaisir de lecture (il faut avouer que les personnages sont très complexes, très fouillés et les références culturelles foisonnent!). Le tout servi par la plume délicatement teintée d'ironie de Doris Lessing.
Une première approche de cette auteure (que je ne connaissais pas) déconcertante parfois mais d'une richesse extraordinaire tant sur le plan des émotions que de la recherche stylistique et linguistique! Un drame shakespearien de l'intime et de l'indicible dans les méandres charmants d'un jardin anglais aux accents stridents du Midi!
Roman lu dans le cadre de "l'auteur du mois" de lecture-écriture
Roman traduit de l'anglais (GB) par Anne Rabinovitch
12 commentaires:
Ah tu me donnes envie de découvrir Doris Lessing (encore un auteur dque je n'ai pas lu mais à quoi passès-je mon temps ????)
Je ne sais plus si je l'ai lu ou pas, Aloys me guette ! En tout cas, ton billet donen envie de se plonger ou replonger dans l'oeuvre de cette immense écrivaine !
@yueyin: j'en suis ravie car je ne parvenais pas à rassembler correctement tout ce que j'avais ressenti à la lecture du roman!
@cathulu: il y a d'autres titres de Lessing à la médiathèque, lorsque je verrai plus clair dans mes lectures programmées, je me lancerai à nouveau dans la lecture de Lessing!
Je n'ai jamais lu cette auteure ! Il faut que je regarde à la bibli !
Voilà une bonne entrée en matière, il me semble, pour moi qui n'ai encore jamais lu Lessing.
J'ai découvert Lessing avec "Le carnet d'or" dans mes vacances de Noël. J'ai beaucoup apprécié son écriture et je crois que la complexité que tu décris, je l'ai ressentie aussi dans le livre que j'ai lu. Je retenterai certainemetn l'expérience avec cette auteur... pourquoi pas avec ce livre!
celui-ci ma parait parfait pour rencontrer doris lessing !!
Belle couverture, auteur inconnu pour moi, je note donc ce titre ... Merci et bon dimanche !
Je n'ai lu pour l'instant que "les grands-mères" ! Je lirai sans aucun doute d'autres titres d'elle !
@bellesahi: j'ai apprécié cette découverte de Lessing malgré un rythme de lecture particulièrement lent ;-)
@incoldblog: une intéressante entrée en matière, je confirme :-)
@karine: je vais guetter "Le carnet d'or" à la bibliothèque!!
@goelen: je confirme ton impression!
@nath: bon dimanche à toi aussi. je suis contente d'avoir réussi à donner l'envie de lire Doris Lessing :-)
@antigone: finalement j'ai bien fait de zapper "Les grands-mères" ;-)
j'ai lu il y a longtemps les enfants de la violence, deux tomes seulement, et puis j'étais passée à autre chose. dernièrement, avec le nobel, j'ai acheté le petit livre les grands mères, en pile sur toutes les tables des libraires. et j'ai adoré cette nouvelle! tu me donnes envie de lire aussi celui là!, je note!
J'ai lu plusieurs romans de Doris Lessing mais j'avoue que je ne connais pas ce titre...
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