jeudi 6 septembre 2007

Une déchirure

Un jour, Bobby, le petit garçon de la famille, apprend que ses parents et lui vont partir vivre loin de la ferme familiale et des grands-parents. Son grand-père a un secret à lui confier lorsqu'il reviendra le voir...
Le roman est très court, une cinquantaine de pages, mais d'une intensité extraordinaire. J'ai retrouvé le parfum des nostalgies de l'enfance évoqué dans "Un souvenir de Noël". Ces souvenirs empreints de regrets inavoués mais qui dégagent un parfum suret un tantinet désagréable.

L'amour, l'attachement à la terre sont très présents dans "Un été indien": les descriptions des arpents cultivés avec soin et amour, la rivière où Bobby aime s'isoler ou s'asseoir tout simplement en compagnie de son grand-père. La terre du Sud est une maîtresse que l'on n'oublie pas: elle vous accompagne à chaque instant, à chaque pas que vous accomplissez.

Truman Capote sait exprimer avec tendresse et douceur les déchirures des séparations, les sentiments profonds que l'on n'ose avouer mais aussi peindre avec art les affres d'un jeune garçon arraché à son quotidien.

L'été indien brille de ses couleurs les plus chaudes pour s'éteindre sous la neige qui étouffe les bruits, qui étouffe la distance qui grandit.

Les années passent, le secret est oublié jusqu'à ce que le facteur apporte une lettre. L'émotion est à chaque détour de mot, de phrase et les larmes perlent souvent au coin des yeux.

Le parfum discret, acidulé de l'enfance s'épanouit autour du lecteur pour ne pas le quitter avant la fin de l'histoire...d'ailleurs, il flotte longtemps après avoir refermé le livre: une note étrange se détache et apporte une noirceur au souvenir.

Un petit roman grand par sa force, son émotion intense et son atmosphère attachante. Mais qui peut angoisser par le non retour à la ferme familiale où sont retsés, abandonnés, les grands-parents. Un étrange tissage familial qui laisse perplexe car en opposition totale de l'idée universelle que l'on se fait de la famille. Je ne suis pas mal à l'aise à l'issue de cette lecture mais une tristesse m'a envahie au fil du récit...une étrange sensation qui dérange un peu.


ekwerkwe Malice Flo (qui le fait voyager) BlueGrey l'ont lu.


9 commentaires:

In Cold Blog a dit…

Un des rares livres que j'ai lus cet été a été le recueil de la correspondance de Capote paru chez 10/18 (Un plaisir trop bref). Il en ressort que cette courte nouvelle serait l'oeuvre la plus autobiographique de Capote qui adorait son grand-père.
D'ailleurs, si tu aimes cet auteur, je te conseille vivement de lire cette correspondance qui n'a rien d'ennuyeux et qui m'a présenté Capote sous un jour que je ne connaissais pas, assez éloigné de l'image qui lui est habituellement attachée.

Anonyme a dit…

J'ai été très touchée aussi en lisant ce livre.

Malice a dit…

Moi aussi comme Maijo j'ai bien aimé et je suis entièrement d'accord avec Incoldblog que cette nouvelle soit autobiographique. D'ailleurs je note la correspondance de Capote en 10/18 qui me tente bien.

Anonyme a dit…

Et bien je note celui-ci. J'aime beaucoup en général les livres de chez Rivages. Bon week-end festif !

Anonyme a dit…

Avec un tel commentaire, je crois que je vais partir à la découverte de Truman Capote que je ne connais pas. Merci Katell!

Katell a dit…

@incoldblog: merci pour la référence que je note de suite dans mon calepin. Je découvre peu à peu Truman Capote et je dois avouer que c'est grâce aux blogs
;-D
@maijo: il est émouvant tout en étant dérangeant.
@malice: :-D c'est ton commentaire qui m'a incitée à me lancer dans la lecture de cet auteur!
@antigone: merci antigone et surtout bonne lecture car Truman Capote est captivant.
@chiffonnette: merci chiffonnette mais je doid dire que les blogs ont été un vrai déclencheur pour moi. Je suis ravie de t'avoir donné envie d'aller à la rencontre de Capote :-)

Anonyme a dit…

Mal à l'aise moi je l'ai été mais aussi dérangée et triste. C'est un livre que je ne vais pas oublier mais que je ne veux plus relire !
Il m'a étouffée, bousculée, bref après ma déception avec "De sang froid", je crois que je resterai éternellement une nostalgique de "Breakfast at Tiffany's"...

Katell a dit…

@flo: c'est ce que j'ai lu sur ton billet d'alors. C'est vrai que la tonalité générale de ce récit est triste et plombante. Je te comprends car il y a une vraie violence dans ces liens familiaux coupés sans être renoués à temps: la disparition du grand-père montre combien le gâchis relationnel. Je suis encore plus convaincue de conserver et entretenir ces sourires et ces lueurs car ceux qui paretnt ne reviendront plus nous gratifier de leur sourire si précieux.

Anonyme a dit…

J'avais vraiment apprécié cette lecture touchante ... comme quoi, certains auteurs arrivent à convoyer des émotions en peu de pages !