Après la lecture agréable de "Accès direct à la plage", celle de "This is not a love song" m'a permis de continuer, de façon aussi agréable, ma découverte de Jean-Philippe Blondel.
J'ai retrouvé l'écriture précise, légère mais aussi grave de JP Blondel qui, en maniant avec dextérité l'humour, sait aborder des sujets de sociétés importants.
Vincent, quarante ans passés, vit à Londres auprès de son épouse anglaise, Susan, et ses deux filles. Il a quitté la France, sans regret, et est parvenu à s'intégrer dans la société anglaise. Il est devenu un chef d'entreprise reconnu, médiatisé...bref, la réussite professionnelle et familiale.
Il existe dans toute vie de couple des besoin de respirer loin l'un de l'autre. C'est ce qui arrive à Vincent et Susan. Cette dernière lui suggère de passer une semaine de vacances, seul....pourquoi ne pas aller rendre visite à ses parents qu'il voit rarement?
A partir d'une situation banale, Blondel met en scène les tensions familiales, les rancoeurs, les échecs que l'on croyait oubliés, les anciennes amours, les souvenirs de jeunesse et l'amitié que l'on croit toujours solide et qui s'effrite avec l'éloignement.
Vincent arrive chez ses parents et, immédiatement, c'est une désagréable sensation d'étouffement qui assaille non seulement Vincent mais aussi le lecteur. L'ambiance familiale lourde, pesante, dilatée par les non-dits qui blessent durablement, montre combien est angoissante l'impression de n'avoir plus rien à dire ni à voir avec la chair de sa chair. L'ennui, spectre d'épouvante, fait frissonner et engendre un mal être oppressant: Vincent compte les secondes qui le séparent du retour à Londres et n'aspire qu'à une seule chose....s'enfuir! Alors, il erre dans les rues de son enfance, de son adolescence, revit des scènes enfouies dans le passé avec Jérôme, son petit frère, son rival toujours parfait et adorablement détestable: Jérôme qui a toujours fait tout comme il faut....sans penser avoir une once de fantaisie et d'imprévisibilité. D'ailleurs, il a épousé son premier amour, Céline, lui, le prof sans ambition, le mari prévenant, le fils prodigue, le frère énervant, l'homme qui tait ce qui ne devrait pas l'être.
Cependant la famille réserve des surprises: Céline, la belle-soeur irritante de suffisance, renvoi permanent de l'iamge de "loser" que Vincent a endossé jusqu'à son départ (sa fuite salvatrice) en Angleterre, Céline brisera le mur de silence qui entoure la disparition de l'unique ami de Vincent, Etienne. Peu à peu le passé le rattrape, l'enveloppe, le transforme douloureusement. Vincent lutte contre ses fantômes et ses peurs indicibles pour comprendre qu'il est des fiertés valant la peine d'être oubliées.
Le texte est vibrant, d'une grande émotion sous des clichés (que certains lecteurs pourront trouver creux et agaçants) qui, grâce à la plume, à la verve, au ton caustique de Blondel n'en sont plus: les images prennent une dimension originale, le lecteur a le plaisir d'être emmené dans la tête des personnages par un Blondel sachant créer une psychologie complexe sous des aspects anodins et sachant décrire avec justesse le cheminement de pensée des personnages.
Certes, ce n'est pas une histoire d'amour qui nous est racontée: l'arrogance du Vincent imbu de sa réussite et de son mode de vie anglo-saxon, tellement plus "in" que le marasme gluant de la France "franchouillarde", se désagrège face au passé qui lui saute à la gorge. L'arrogance puis le cynisme sont, au fil des pages, bien mis à mal....cependant, je n'ai jamais pu détester vraiment Vincent, pas plus que les personnages qui l'entourent.
Peut-on penser que "les histoires d'amour finiseent toujours mal"? Elles prennent très souvent une autre direction et ce qui fait mal c'est peut-être le regard en arrière que l'on ne peut réprimer.
Quant à la conclusion du roman...on peut sur sa faim car elle semble trop attendue. Néanmoins, elle ne laisse pas indifférent et j'y ai vu une lueur dans la grisaille du monde moderne.
Les avis de alalettre laurence papillon tamara caro[line] emeraude clarabel laure (qui n'a pas du tout aimé) anne bérénice (amy) chiffonnette incoldblog
13 commentaires:
Ben non, je reste rétive à cet auteur ! Je trouve son écriture plate et insipide.
Ca à l'air tentant!
Je le lirai en poche !
@cathulu: ;-)
@stephane: c'est le moment de se laisser aller!
@bellesahi: à moins que tu ne le trouves à la bibli ;-)
J'ai globalement bien aimé la lecture de ce livre (qui m'a permis de découvrir cet auteur) mais j'ai été surprise par la relation de Vincent avec sa belle soeur... En tous les cas, c'était quand même un bon moment de lecture que je ne regrette pas et ça m'a donné envie de livre encore du Blondel..
celà fait longtemps que j'ai envie de le lire
Pourquoi pas ?
Il figure dans ma PAL, donc, dès que je l'aurais lu, je reviendrai lire ce que tu en as pensé !! ;-)
Je n'avais pas encore vu ton billet, très complet. Je vois que tu as été plus emballée que moi.
Comme Bellesahi, je le lirai en proche probablement. Le thème des retours en arrière en est un qui me plait beaucoup normalement.
@carine: certes, leur relation apparaît étrange. J'avoue l'avoir senti un peu venir. Mais cela n'a rien enlevé au plaisir de la lecture.
@amanda: j'ai sauté dessus lorsque je l'ai vu sur la table des nouveautés à la médiathèque ;-)
@goelen: au détour des rayonnages de la médiathèque ?
@florinette: ;-) je suis curieuse d'avoir tes impressions.
@antigone: il est rare que je sois déçue par une lecture. A croire que mes fréquentations bloggesques ne me fourvoient guère ;-). Cependant, toutes les impressions au sujet de ce roman ne sont pas positives c'est ce qui fait la richesse des déambulations sur les blogs.
@karine: à moins que tu ne le croises en bibli? Je pense qu'il ne tardera pas à sortir en poche.
Voilà un titre qui apparait déjà dans ma LAL. Il a eu beaucoup de billets sur les blogs :) Et du coup, je découvrirai cet auteur !
@joelle: les avis sont contrastés! J'ai apssé un très agréable moment de lecture. ce roman est le deuxième que je lis. J'aime bien son style d'écriture et son regard sur la société.
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