Sibérie, 1919, le long de la voie de chemin de fer du Transsibérien, un village perdu au milieu de nulle part, Jazyk et ses habitants, étranges, occupés par une garnison étrangère, la légion tchékoslovaque. Le conflit mondial de 14/18 est bien loin, la Révolution commencée en 1917 bat son plein, les Rouges approchent de cette région isolée de Sibérie.
Régulièrement, les habitants de Jazyk se retrouvent pour participer à des cérémonies particulières. Les hommes comme les femmes, tournent sur eux-mêmes dans une danse virevoltante et folle, danse qui les emporte en transe mystique. Qui sont-ils? Des adeptes d'une secte religieuse où les hommes s'émasculent et les femmes se tranchent les seins, actes qui doivent les rapprocher du monde des Anges, monde d'où sont exclus l'envie, la jalousie, les passions qui ne mènent qu'aux conflits. Leur chef est Balashov, le barbier, un homme qui quitta sa condition mâle suite à une charge désatreuse de la cavalerie russe contre les canons autrichiens...une boucherie sans nom, insupportable.Il ramène avec lui, Samarin, bagnard évadé d'un camp proche du cercle polaire sibérien, oublié par les autorités passées et présentes. Il se dit poursuivi par un autre bagnard, Le Mohican, cannibale! Puis, il y a la mort du shaman: il semble avoir été assassiné, pourquoi et par qui? Peu à peu, une chappe de plomb s'abat sur le village où la folie et la peur se disputent parmi les soldats en errance.
Samarin a un charme certain, une voix douce, un regard éloquent, une dialectique soignée, un verbe convaincant, aussi intéresse-t-il Anna Petrovna, jeune veuve venue s'installer à Jezyk avec son petit garçon. Son histoire est cohérente, belle, pleine d'amour, sa peau semble douce, son corps attirant....Anna succombe à l'attrait de Samarin. Mais qui est vraiment Samarin? Mutz, le lieutenant du capitaine Matula, est chargé de mener l'enquête au plus vite.
La Sibérie et ses paysages blancs et infinis servent de décors inquiétants et sublimes à ce roman où le drame, les drames sont en filigrane. Les drames de la folie de l'amour, des folies de l'amour: la folie du pouvoir, Matula, capitaine dément, souhaite construire un royaume dans l'isolement de cette région, un royaume qui condamnerait ses soldats au non-retour; la folie religieuse, les villageois veulent atteindre en se mutilant un idéal de perfection; la folie amoureuse qui amène Anna à venir au devant de la souffrance, au devant d'un passé qu'elle devrait oublier, la folie amoureuse qui transforme le cannibalisme en acte d'amour pour Samarin.
James Meek, tout en nous rappelant "Michel Strogoff", "Le docteur Jivago" et les romans de Dostoïevski (pour la folie des personnages) et de Tolstoï (pour la fresque historique et le souffle épique du récit), orchestre un récit, presque un thriller, où le sacrifice d'une part de soi prend une force romanesque extraordinaire. Il happe l'attention de son lecteur avant même que l'action ne commence et jusqu'au téléscopage des personnages en une symphonie héroïque des passions échevelées. Le tout dans la blancheur froide, inquiétante de la Sibérie du début du siècle, dans l'ombre angoissante de ses forêts, dans la solitude d'un village oublié du monde. Le train, les rails, sont le cordon ombilical qui rattache ces personnages hors du commun au monde ordinaire, monde qui fait irruption à la fin, deus ex machina régulateur des passions les plus vives. Les échos et les images de la Sibérie retentissent encore après la lecture de "Un acte d'amour".
Régulièrement, les habitants de Jazyk se retrouvent pour participer à des cérémonies particulières. Les hommes comme les femmes, tournent sur eux-mêmes dans une danse virevoltante et folle, danse qui les emporte en transe mystique. Qui sont-ils? Des adeptes d'une secte religieuse où les hommes s'émasculent et les femmes se tranchent les seins, actes qui doivent les rapprocher du monde des Anges, monde d'où sont exclus l'envie, la jalousie, les passions qui ne mènent qu'aux conflits. Leur chef est Balashov, le barbier, un homme qui quitta sa condition mâle suite à une charge désatreuse de la cavalerie russe contre les canons autrichiens...une boucherie sans nom, insupportable.Il ramène avec lui, Samarin, bagnard évadé d'un camp proche du cercle polaire sibérien, oublié par les autorités passées et présentes. Il se dit poursuivi par un autre bagnard, Le Mohican, cannibale! Puis, il y a la mort du shaman: il semble avoir été assassiné, pourquoi et par qui? Peu à peu, une chappe de plomb s'abat sur le village où la folie et la peur se disputent parmi les soldats en errance.
Samarin a un charme certain, une voix douce, un regard éloquent, une dialectique soignée, un verbe convaincant, aussi intéresse-t-il Anna Petrovna, jeune veuve venue s'installer à Jezyk avec son petit garçon. Son histoire est cohérente, belle, pleine d'amour, sa peau semble douce, son corps attirant....Anna succombe à l'attrait de Samarin. Mais qui est vraiment Samarin? Mutz, le lieutenant du capitaine Matula, est chargé de mener l'enquête au plus vite.
La Sibérie et ses paysages blancs et infinis servent de décors inquiétants et sublimes à ce roman où le drame, les drames sont en filigrane. Les drames de la folie de l'amour, des folies de l'amour: la folie du pouvoir, Matula, capitaine dément, souhaite construire un royaume dans l'isolement de cette région, un royaume qui condamnerait ses soldats au non-retour; la folie religieuse, les villageois veulent atteindre en se mutilant un idéal de perfection; la folie amoureuse qui amène Anna à venir au devant de la souffrance, au devant d'un passé qu'elle devrait oublier, la folie amoureuse qui transforme le cannibalisme en acte d'amour pour Samarin.
James Meek, tout en nous rappelant "Michel Strogoff", "Le docteur Jivago" et les romans de Dostoïevski (pour la folie des personnages) et de Tolstoï (pour la fresque historique et le souffle épique du récit), orchestre un récit, presque un thriller, où le sacrifice d'une part de soi prend une force romanesque extraordinaire. Il happe l'attention de son lecteur avant même que l'action ne commence et jusqu'au téléscopage des personnages en une symphonie héroïque des passions échevelées. Le tout dans la blancheur froide, inquiétante de la Sibérie du début du siècle, dans l'ombre angoissante de ses forêts, dans la solitude d'un village oublié du monde. Le train, les rails, sont le cordon ombilical qui rattache ces personnages hors du commun au monde ordinaire, monde qui fait irruption à la fin, deus ex machina régulateur des passions les plus vives. Les échos et les images de la Sibérie retentissent encore après la lecture de "Un acte d'amour".
Un roman surprenant, à la longue scène d'ouverture (une bonne centaine de pages!), à découvrir....une vraie réussite romanesque!
Roman traduit de l'anglais (Ecosse) par David Fauquemberg
Les avis de Moustafette, pascal, marc, TV5
5 commentaires:
Ouh, quel lyrisme dans cet article !
J'adore ton billet! Je suis presque tentée mais l'idée de sectes émasculatrice et trancheuse de seins me fait hésiter!
@moustafette: ah bon? Tu trouves? Et dire que je pensais avoir écrit dans un style plus dépouillé ;-p
@karine: hormis quelques scènes un peu pénibles, ce roman se lit très bien!
Encore un livre à lire le soir, paisiblement, avant de s'endormir et de se plonger dans de doux cauchemars :
- Mais tu es fou, de crier comme ça, en pleine nuit, qu'est-ce qui te prend ?
- Euh, je rêvais d'une secte sibérienne où les hommes s'émasculent et où les femmes se tranchent les seins.
- Mais quelle horreur ! Où vas-tu chercher tout ça ! Bouquine un peu, ça va te passer...
Il n'était pas dispo à ma biblio et l'histoire ne me tentait pas trop non plus alors j'ai fait l'impasse sur ce titre ! Il me semble aussi qu'il n'avait pas eu un grand succès dans mon club de lecture !
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