Voici un livre qui fleure bon les vacances iodées et le cinéma de Rohmer. Par petites touches légères, presque insignifiantes, Jean-Philippe Blondel dresse un portrait satirique des vacanciers de bord de mer.
Quatre lieux de villégiature marine, quatre côtes françaises: Capbreton, Hyères, Perros-Guirec et Arromanches...les bains de mer d'une classe sociale qui fut aisée et qui conserve ses habitudes marines. Le lecteur se promène le long des promenades des villes balnéaires et vient fouler le sable chaud de l'été. Des étés qui s'étirent à l'infini dans le brouhaha des baigneurs, du ressac de la mer et du Club Mickey! Il imagine les parties de beach-volley, les séances d'étalement de crèmes solaires, dont il sent le parfum doucement écoeurant.
Les personnages se croisent, se perdent de vue pour se retrouver parfois sans le savoir des années plus tard. De 1972, sur les côtes landaises de Capbreton, à 2002, en Normandie, les héros passent de l'enfance à l'âge adulte pour arriver à l'âge mûr: du sépia des clichés imaginés aux couleurs du numérique.
Les destins les plus tragiques côtoient les vies les plus anodines: la perte d'un enfant mettant la mère sur les routes interminables des rencontres du hasard, une frustration affective amenant au viol et au meutre d'une adolescente quelques années plus tard, une enfance solitaire entre une mère désabusée et un père adepte de la « beauf attitude » s'épanouissant en un « coming out » retentissant. On voit passer un fils d'ouvrier qui a réussi en achetant et vendant des entreprises et qui après avoir été renié par ses parents se retrouve en prison pour quelques entourloupes bancaires. On assiste à la naissance d'un écrivain promis au succès: un jeune homme solitaire, accroché à ses parents et diablement agaçant, auteur d'un roman semblant être écrit par un homme mûr. Les échos de la chute du mur de Berlin viennent jusque sur la plage de Perros-Guirec où une jeune femme est allemande fera connaître les joies de l'hétérosexualité à un homosexuel patenté.
Une partie de ce petit monde se retrouvera à Arromanches, dans une pension de famille qui verra une vérité se révéler, un deus ex machina qui donne une note finale bien sympathique à ce récit doux-amer des bains de mer d'antan.
Les documents joints sont le petit plus qui relie les fils tissés de l'histoire entre eux: la boucle est bouclée, les destins scellés et les vies entrevues ont moins de mystère.
Le lecteur est là, invisible mais participant activement aux récits qui se suivent et s'enchevêtrent: il suit les personnages, leurs empreintes qui existent après leur passage. Leurs envies, leurs rêves, leurs bonheurs sont si réels, si vrais, que l'on a l'impression de les posséder, de les vivre. On imagine très bien ces tranches de vie filmées par Rohmer: le temps passe lentement, doucement sous-entendant des heurts, des chaos intimes et des douleurs indicibles. Le tout sur fond de bruissement des vagues sur les coquillages ou les galets et de criaillements rauques des mouettes et des goëlans.
Une écriture agréable, petite madeleine proustienne parfois, percutante et tendre à la fois. On se laisse avec plaisir embarquer dans le sillage du temps des bains de mer, rites immuables des étés de l'enfance et de l'adolescence.
Quatre lieux de villégiature marine, quatre côtes françaises: Capbreton, Hyères, Perros-Guirec et Arromanches...les bains de mer d'une classe sociale qui fut aisée et qui conserve ses habitudes marines. Le lecteur se promène le long des promenades des villes balnéaires et vient fouler le sable chaud de l'été. Des étés qui s'étirent à l'infini dans le brouhaha des baigneurs, du ressac de la mer et du Club Mickey! Il imagine les parties de beach-volley, les séances d'étalement de crèmes solaires, dont il sent le parfum doucement écoeurant.
Les personnages se croisent, se perdent de vue pour se retrouver parfois sans le savoir des années plus tard. De 1972, sur les côtes landaises de Capbreton, à 2002, en Normandie, les héros passent de l'enfance à l'âge adulte pour arriver à l'âge mûr: du sépia des clichés imaginés aux couleurs du numérique.
Les destins les plus tragiques côtoient les vies les plus anodines: la perte d'un enfant mettant la mère sur les routes interminables des rencontres du hasard, une frustration affective amenant au viol et au meutre d'une adolescente quelques années plus tard, une enfance solitaire entre une mère désabusée et un père adepte de la « beauf attitude » s'épanouissant en un « coming out » retentissant. On voit passer un fils d'ouvrier qui a réussi en achetant et vendant des entreprises et qui après avoir été renié par ses parents se retrouve en prison pour quelques entourloupes bancaires. On assiste à la naissance d'un écrivain promis au succès: un jeune homme solitaire, accroché à ses parents et diablement agaçant, auteur d'un roman semblant être écrit par un homme mûr. Les échos de la chute du mur de Berlin viennent jusque sur la plage de Perros-Guirec où une jeune femme est allemande fera connaître les joies de l'hétérosexualité à un homosexuel patenté.
Une partie de ce petit monde se retrouvera à Arromanches, dans une pension de famille qui verra une vérité se révéler, un deus ex machina qui donne une note finale bien sympathique à ce récit doux-amer des bains de mer d'antan.
Les documents joints sont le petit plus qui relie les fils tissés de l'histoire entre eux: la boucle est bouclée, les destins scellés et les vies entrevues ont moins de mystère.
Le lecteur est là, invisible mais participant activement aux récits qui se suivent et s'enchevêtrent: il suit les personnages, leurs empreintes qui existent après leur passage. Leurs envies, leurs rêves, leurs bonheurs sont si réels, si vrais, que l'on a l'impression de les posséder, de les vivre. On imagine très bien ces tranches de vie filmées par Rohmer: le temps passe lentement, doucement sous-entendant des heurts, des chaos intimes et des douleurs indicibles. Le tout sur fond de bruissement des vagues sur les coquillages ou les galets et de criaillements rauques des mouettes et des goëlans.
Une écriture agréable, petite madeleine proustienne parfois, percutante et tendre à la fois. On se laisse avec plaisir embarquer dans le sillage du temps des bains de mer, rites immuables des étés de l'enfance et de l'adolescence.
Je tiens à remercier Sophie qui en me prêtant ce livre m'a permis de découvrir un auteur de talent aux belles histoires.
Caro[line] , Val , elfique , sachaguitry , le biblioblog , amandine , Florinette Emeraude (qui n'a pas aimé) entre autres, l'ont lu et apprécié.
Ce livre a été lu dans le cadre du Cercle des Parfumés
13 commentaires:
Ma LAL a déjà une longueur indiscible, mais tant pis. Je note celui-ci que tu m'as donné envie de découvrir.
Oh j'ai très envie de le lire celui-là ! Il est déjà noté, souligné alors là, je l'entoure !
De l'auteur C'est le tout premier que j'ai lu et apprécié depuis je continue !
je sais qu'il ne faut pas se fier à la couverture mais elle donne envie de découvrir ce livre :-)
J'ai lu celui ci et Juke box, et je n'ai pas accroché au style de JPB. Trop pessimiste pour moi son univers !
Allez, encore un à noter
J'avais beaucoup aimé cette lecture où tous les destins se croisent.
Je l'ai lu aussi quand il est sorti et j'avais beaucoup aimé.
@maijo: en plus c'est un vrai régal à la lecture. Si je m'étais écoutée, je l'aurais lu sans m'arrêter!
@bellesahi: et tu fais bien ;-)
@florinette: moi aussi je suis sous le charme de cet auteur et je compte bien continuer à le découvrir! De plus son interview chez caro[line] a été un déclencheur!
@mammig: mais parfois elles sont si belles que l'on a du mal à y résister ;-) Je suis certaine que tu aimeras ces destins croisés!
@anjelica: je n'en suis qu'au début de ma découverte aussi n'ai-je pas assez de recul pour savoir si le pessimisme est prépondérant ou non. Il est certain que sous un aspect léger, Blondel aborde des sujets graves et douloureux.
@moustafette: dans un calepin? ;-)
@vanessa: cela ne m'étonne pas du tout ;-)
@sylire: même réponse qu'à vanessa ;-D
Je suis ravie de t'avoir fait découvrir cet auteur; j'ai offert Juke-Box à un mai samedi.
Tous les livres que j'ai lus sont, sans être sombres,en tout cas traitant de sujets pas très drôles. Mais j'aime.
@sophie: :-D
Flûte, c'est un livre à lire en été, pour se mettre vraiment dans l'ambiance ! Bon, allez, je me le garde pour l'été prochain :)
@joelle: Si tu as l'occasion de le lire avant l'été prochain, plonge vite dans la lecture...il y a un moment de grisaille accompagnée de crachin à Perros-Guirec ;-) Il n'y a pas de saison pour le lire ;-D
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