dimanche 4 janvier 2009

Desperado


Maiquel (prononcez comme Michael Jackson!) est un ancien tueur à gage en cavale depuis près de dix ans. Suite à une accusation de meurtre qu'il n'a pas commis, il a tout perdu: sa femme, tuée, sa petite fille, Samanta, enlevée par Erika, son ex-compagne, et sa liberté.
A l'occasion de l'enterrement d'une vieille tante, la tante Rosa qui lui laisse un petit pécule, Maiquel refait surface et décide de retrouver sa fille et de l'arracher à des parents qui ne sont pas les siens.
Patricia Melo entraîne son héros, haut en couleurs, Maiquel dans un road movie à travers le Brésil et ses diverses facettes: des évangélistes, richissimes au pouvoir spirituel inquiétant, dont font partie Erika et son mari, le pasteur Marlênio, celui par qui la cavale a commencé, aux trafiquants de drogues au fin fond de la Bolivie, le lecteur regarde défiler, hagard, les paysages déshérités brésiliens où campent, grillant de désespoir et de haine, les "sans terre", rebelles immobiles et innamovibles, taches désagréable sur la carte postale d'un pays émergent en pleine croissance économique.
Maiquel glisse, imperturbable, entre les bras de femmes dont les différences font le charme, dont les désirs font leur singularité, semblant hermétique à toute espèce d'attachement sentimental, à tout début de tendresse. Et pourtant, derrière l'entêtement, la rage de vaincre et le désir brûlant de vengeance, se cache l'aspiration à une vie normale, une vie que tout homme souhaite vivre aux côtés d'une épouse et d'enfants qu'il peut regarder grandir. Derrière la violence des sentiments et des émotions, apparaît la douceur et la tendresse d'un père qui ne put l'être, derrière l'indifférence se dévoile la compassion envers la création, celle que Maiquel éprouve pour Tigre, le chien famélique, galeux, à l'article de la mort, qu'il embarque dans sa course folle. Tigre serait-il une des issues menant à l'amour, au retour à la normalité? Tigre serait-il l'image unique d'un monde qui ne soit pas encore gangréné par le mercantilisme, le mensonge ou la corruption? Tigre deviendrait-il le compagnon qui ferait mentir la devise que Maiquel a fait tatouer sur son bras "Rien à foutre"? Le lecteur suit, suant à grosses gouttes, craignant parfois pour sa vie, ce despérado au coeur pas totalement froid, sur les routes défoncées d'un Brésil loin des images de carte postale: le chaos est immense tant pour la spiritualité qui se réfugie dans les églises évangélistes que pour le quotidien des bras misérables des travailleurs sans avenir. Les combines et les trafics permettent de survivre parfois, de mourir violemment souvent.
"Monde perdu" est un roman sauvage, fleurant bon l'Ouest des despérados aux colts fumants et aux chevaux écumants (Maiquel fait écumer ses chevaux mécaniques) avec parfois une langue crue voire vulgaire à l'aune de la misère de ce monde d'égarés. Maiquel est un alone cow-boy en quête d'une seconde vie, celle qu'il a ratée il y a dix ans. L'amertume d'une vie gâchée sans qu'on ne puisse rien y faire, englué dans un système de compromissions, d'omissions, de roueries et d'une faim inextinguible du toujours plus, laisse une ligne diffuse en filigrane du road movie: celle d'un homme qui continue de se heurter à ce qu'il exécre depuis toujours, la valse des intérêts et des profits....les bons et les méchants ne sont parfois pas ceux que l'on croit!


Roman traduit du portugais (Brésil) par Sébastien Roy





7 commentaires:

Anonyme a dit…

ça sent bon la testostérone tout ça ! :)

Anonyme a dit…

Je vais reprendre le terme de Cathulu... mais je pense que c'est un peu trop testostérone pour moi, tout ça!!! Bonne journée Katell!

Anonyme a dit…

Pas trop mon style tout çà, je passe ..

Anonyme a dit…

Ce livre exploite un univers très riche mais le style me déplait...Je passe.

Anonyme a dit…

et bien moi je ne passe pas !!! j'aime bien la testostérone !
(attention, l'adresse de mon blog a changé)

Anonyme a dit…

Ce n'est pas si "testiotéroné" que ça ! Tout d'abord, c'est écrit par une femme. Ensuite, c'est beaucoup plus soft et tranquille que le roman qui présentait Maiquel, à savoir O Matador.
Non, plus que la testosterone, ça sent la solitude, l'absence de sens, de valeurs, de morale, dans une société qui n'offre qu'un moyen de se définir : ce que l'on possède.

Katell a dit…

@cathulu: je n'ai pas ressnti cela comme ça malgré le titre donné à la chronique ;-)
@karine:) : Bonne journée à toi aussi...si jamais ce roman croise ton chemin de lectrice, n'hésite cepandant pas à y plonger ;-)
@aifelle: ;-)
@mirontaine: il est certain que la crudité de certains propos peut hérisser :-)
@gambadou: ah! je suis contente :-)
@JML: merci d'apporter ta pierre à l'envie de lire ce roman qui mériterait d'être plus connu ;-)