Takashi Aoki est cadre dans une grande entreprise nipponne. Comme beaucoup de cadres et d'employés, il travaille dur pour son entreprise, sa seconde famille. Aussi, quand il apprend qu'il va être muté en Europe, à Paris, est-il bien ennuyé car il se trouve à un moment clé de sa vie intime.
Takashi est célébataire et son célibat désespère sa mère et ses amis. Ils lui proposent souvent des rencontres arrangées, les miaï, mais Takashi n'aime pas cette tradition étouffante et sclérosante. Il rêve du grand et véritable amour....le coup de foudre en quelque sorte.
Dans son entreprise, à l'accueil, travaille une belle jeune femme....célibataire elle aussi. Elle s'appelle Yûko Tanase et attire le regard des hommes comme un pot de miel attire les mouches. Yûko est non seulement belle mais elle a de la classe, de la retenue et une grande féminité. Takashi en tombe très vite amoureux et n'ose guère l'aborder jusqu'au jour où il saute le pas et l'invite à boire un verre après le travail. Comble de bonheur, elle accepte l'invitation! Peu à peu, les deux jeunes gens s'apprécient et tissent des liens d'amitié et de complicité. Yûko n'aime pas non plus les mariages arrangés. De confidences en confidences, Takashi et Yûko vont s'avouer leur amour réciproque. Le bonheur est proche, tout proche surtout après une nuit passée à Kobe. Hélas, les traditions sont difficiles à vaincre et plus encore ardues à ignorer quand l'argent et le pouvoir s'en mêlent. Que deviennent alors les serments et les promesses de nos deux amoureux? Le café Mitsuba, trèfle en japonais, s'éloigne lentement dans les limbes des souvenirs, la vie passe et emmène nos amoureux loin l'un de l'autre: Québec et Paris. Mais il est dit que la vie sait jouer d'ironie quand elle décide de se moquer des tristes réalités humaines!
Aki Shimazaki offre une vision peu amène de la société japonaise qui en est encore à arranger les mariages de ses enfants. Le lecteur occidental a du mal à accepter la communion existant entre l'entreprise et ses employés qui s'y dévouent corps et âme. Shimazaki dénonce cela, à mots subtils, et montre du doigt l'habitude des hommes de rentrer tard chez eux. En effet, il est rare de voir un mari rentrer tôt chez lui profiter de la présence de sa famille. Il préfèrera aller boire un verre avec ses collègues dans un bar, un café où il contera fleurette aux hôtesses et chantera des karaokés. La place de la femme japonaise est tragique: cloîtrée dans son foyer où elle attend, patiemment, le retour de son seigneur et maître, en s'occupant du ménage, des enfants. Aussi, ai-je été émue par le personnage, atypique et sublime du coup, de l'ami de Takashi, Nobu. C'est le seul à rentrer chez lui à la sortie du travail, c'est le seul à exprimer clairement son rejet de cette détestable habitude....Nobu est chrétien, Nobu aime se retrouver en compagnie de son épouse et de ses enfants, Nobu est tout sauf un bon "shôsha-man", il est un "Asaïka", c'est à dire un homme qui se comporte correctement avec sa femme, qui la traite avec égards, et Nobu est détesté par son supérieur et nombre de ses collègues. Mais Nobu n'en a cure: il quittera sans regret l'entreprise pour créer une école privée! A homme d'affaires, homme d'affaires et demi...
En filigrane, Shimazaki aborde un sujet grave: le stress au travail pouvant conduire le cadre à la mort. Ainsi en alla-t-il pour le père de Takashi, éreinté par les voyages aux importants décalages horaires. Là aussi, l'auteure utilise une plume acérée mais subtile pour critiquer ce système inhumain qui broie sans relâche son combustible fait de chair et de sang. Le Japon est tout sauf un pays idyllique: tradition et modernité se côtoient, se mêlent pour faire avancer une idée de l'économie. Cette marche en avant forcée est le fruit de l'issue désastreuse de la Seconde Guerre mondiale: la pénurie, le dénuement extrême et l'humiliation sans compter le vacillement des principes de la monarchie impériale peuvent expliquer cette vision du monde.
Un roman tout en subtilité et douceur, à l'image d'une aquarelle, malgré la violence psychologiques de certaines situations. Un roman, écrit directement en français par cette auteure japonaise vivant au Québec, ayant la nationalité canadienne, aux senteurs du Japon et à la saveur douce-amère des reproches faits à quelqu'un que l'on aime tendrement.
Takashi est célébataire et son célibat désespère sa mère et ses amis. Ils lui proposent souvent des rencontres arrangées, les miaï, mais Takashi n'aime pas cette tradition étouffante et sclérosante. Il rêve du grand et véritable amour....le coup de foudre en quelque sorte.
Dans son entreprise, à l'accueil, travaille une belle jeune femme....célibataire elle aussi. Elle s'appelle Yûko Tanase et attire le regard des hommes comme un pot de miel attire les mouches. Yûko est non seulement belle mais elle a de la classe, de la retenue et une grande féminité. Takashi en tombe très vite amoureux et n'ose guère l'aborder jusqu'au jour où il saute le pas et l'invite à boire un verre après le travail. Comble de bonheur, elle accepte l'invitation! Peu à peu, les deux jeunes gens s'apprécient et tissent des liens d'amitié et de complicité. Yûko n'aime pas non plus les mariages arrangés. De confidences en confidences, Takashi et Yûko vont s'avouer leur amour réciproque. Le bonheur est proche, tout proche surtout après une nuit passée à Kobe. Hélas, les traditions sont difficiles à vaincre et plus encore ardues à ignorer quand l'argent et le pouvoir s'en mêlent. Que deviennent alors les serments et les promesses de nos deux amoureux? Le café Mitsuba, trèfle en japonais, s'éloigne lentement dans les limbes des souvenirs, la vie passe et emmène nos amoureux loin l'un de l'autre: Québec et Paris. Mais il est dit que la vie sait jouer d'ironie quand elle décide de se moquer des tristes réalités humaines!
Aki Shimazaki offre une vision peu amène de la société japonaise qui en est encore à arranger les mariages de ses enfants. Le lecteur occidental a du mal à accepter la communion existant entre l'entreprise et ses employés qui s'y dévouent corps et âme. Shimazaki dénonce cela, à mots subtils, et montre du doigt l'habitude des hommes de rentrer tard chez eux. En effet, il est rare de voir un mari rentrer tôt chez lui profiter de la présence de sa famille. Il préfèrera aller boire un verre avec ses collègues dans un bar, un café où il contera fleurette aux hôtesses et chantera des karaokés. La place de la femme japonaise est tragique: cloîtrée dans son foyer où elle attend, patiemment, le retour de son seigneur et maître, en s'occupant du ménage, des enfants. Aussi, ai-je été émue par le personnage, atypique et sublime du coup, de l'ami de Takashi, Nobu. C'est le seul à rentrer chez lui à la sortie du travail, c'est le seul à exprimer clairement son rejet de cette détestable habitude....Nobu est chrétien, Nobu aime se retrouver en compagnie de son épouse et de ses enfants, Nobu est tout sauf un bon "shôsha-man", il est un "Asaïka", c'est à dire un homme qui se comporte correctement avec sa femme, qui la traite avec égards, et Nobu est détesté par son supérieur et nombre de ses collègues. Mais Nobu n'en a cure: il quittera sans regret l'entreprise pour créer une école privée! A homme d'affaires, homme d'affaires et demi...
En filigrane, Shimazaki aborde un sujet grave: le stress au travail pouvant conduire le cadre à la mort. Ainsi en alla-t-il pour le père de Takashi, éreinté par les voyages aux importants décalages horaires. Là aussi, l'auteure utilise une plume acérée mais subtile pour critiquer ce système inhumain qui broie sans relâche son combustible fait de chair et de sang. Le Japon est tout sauf un pays idyllique: tradition et modernité se côtoient, se mêlent pour faire avancer une idée de l'économie. Cette marche en avant forcée est le fruit de l'issue désastreuse de la Seconde Guerre mondiale: la pénurie, le dénuement extrême et l'humiliation sans compter le vacillement des principes de la monarchie impériale peuvent expliquer cette vision du monde.
Un roman tout en subtilité et douceur, à l'image d'une aquarelle, malgré la violence psychologiques de certaines situations. Un roman, écrit directement en français par cette auteure japonaise vivant au Québec, ayant la nationalité canadienne, aux senteurs du Japon et à la saveur douce-amère des reproches faits à quelqu'un que l'on aime tendrement.
Joelle Jules Michel Carole le bibliomane l'ont aussi lu.
Ce livre a été lu dans le cadre du Cercle des Parfumés
9 commentaires:
Excellent roman ! Il décrit bien les réalités sociales japonaises. Concernant les rencontres arrangées, 15 % des mariages en étaient le résultat dans les années 90. Je pense que le chiffre a baissé depuis. La Corée du Sud connaît aussi le même système. Il ne faut pas oublier que dans beaucoup de pays d'Asie, le mariage est avant tout l'union de deux familles.
Un magnifique roman très fin et réaliste. Je suis Naina dans son analyse. J'avais le coeur serré à la fin. C'est en tout cas intéressant de découvrir cet aspect de la société japonaise, le poids prégnant des traditions et surtout des entreprises dans lesquelles l'individu n'est rien ou si peu.
Un auteur que je suis maintenant de près!
Cette auteure est extraordinaire
Après ces cinqs premiers livres sur la même histoire, maintenant elle fait une dénonciation sociale ! oh ! désolé pour ce gros mot !
Encore un pays pris entre hypermodernité et tradition,entre hyper urbanisation et zénitude...
Les hommes comme le héros seront-ils nombreux à s'engager dans cette voie, je l'espère et je le pense quand on voit l'évolution des jeunes de ce pays,qui malgré tout semble avoir du mal à ne pas flirter avec les extrêmes.Mais le Japon est tellement loin qu'il est difficile de savoir ce qui relève de l'exception ou de la généralité.
Merci Katell de nous permettre d'en apprendre un peu plus sur la société japonaise moderne.
Ce roman est magnifique de subtilité et d'émotions et nous permet de découvrir un pan de la société japonaise souvent passé sous silence. En plus, il est vraiment vite lu (trop vite d'ailleurs !)
Deux idées de lecture pour tenter de comprendre la société japonaise :
- "Japonaises, la révolution douce" d'Anne Garrigue (Picquier, 2000) sur la place des femmes (mariage, travail, pouvoir, maternité...)
- "Homo Japonicus" de Muriel Jolivet (Picquier, 2002) : le pendant masculin du livre précédent.
@naina: merci pour toutes ces précisions. Les titres sont notés ;-)
@chiffonnette: Shimazaki en fait autant dans sa pentalogie ;-)
@michel: ah bon c'est un gros mot? Pas quand il est justement employé à montrer du doigt abus et incohérences ;-D
Son écriture est superbe et poétique...très japonaise en fait :-)
@moustafette: de rien Mous...je suis attirée par ce pays et sa culture malgré les frissons ressentis devant tant de dureté et d'oeillères (mais nous aussi, nous en avons!).
@joelle: c'est vrai tout cela! Un pan de la société japonaise, passé sous silence car pas très en accord avec le côté "zen" et épuré de l'image d'Epinal véhiculée sur le Japon!
Il me tend les bras depuis un moment celui-là!
Même commentaire que pour Naina, en 2007 il y a aussi eu "Tokyo Memories" de Muriel Jolivet
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