jeudi 29 novembre 2007

Nostalgie quand tu nous tiens

Présentation de l'éditeur:


"Encore aujourd'hui, il m'arrive d'entendre, le soir, une voix qui m'appelle par mon prénom, dans la rue. Une voix rauque. Elle traîne un peu sur les syllabes et je la reconnais tout de suite : la voix de Louki. Je me retourne, mais il n'y a personne. Pas seulement le soir, mais au creux de ces après-midi d'été où vous ne savez plus très bien en quelle année vous êtes. Tout va recommencer comme avant. Les mêmes jours, les mêmes nuits, les mêmes lieux, les mêmes rencontres. L'Eternel Retour."




Cet extrait reflète l'atmosphère générale du roman: nostalgie, promenades parisiennes en Noir et Blanc forcément (on a du mal à imaginer ce roman en couleurs ou alors si couleurs il y a ce serait des couleurs passées, comme dans les vieux téléfilms des années 70). Ce Paris mystérieux, solitaire, les jours de pluie, en automne ou en hiver. Ces quartiers aux apparences désolées qui regorgent d'histoires banales et tristes à en pleurer.
Un café, "Le Condé" où se retrouvent des habitués bohêmes , un peu artistes, un peu hors normes et beaucoup en rupture de tout. Un jeune homme les observent, assis à une table isolée et en retrait. Il est acteur tout en étant spectateur...un Modiano en pleine jeunesse? Un étudiant presque en rupture de banc d'école?
Quatre narrateurs, quatre regards sur une femme, Louki, étoile filante dans la nuit nostalgique et pluvieuse. Louki, femme solitaire, meurtrie qui ne sait où se trouve sa place dans l'ici comme dans l'ailleurs. Eternel retour vers le sombre, vers l'oubli. Etrange enquête policière, mais en est-ce vraiment une....rien n'est moins sûr, qui mène le lecteur à arpenter les zones neutres parisiennes où l'enfermement offre une liberté: celle de le quitter pour se fondre définitivement dans l'anonymat. Louki qui épouse un homme ennuyeux à en mourir, un homme sans centre d'intérêt hormis son travail, un homme vivant dans un bel appartement sans âme....un mort vivant en quelque sorte, un reflet de ce que peut devenir l'être humain désséché par la mécanique de la réussite, désséché par le manque de vie intérieure, par le manque de vie tout court.
Une promenade parfois douloureuse dans le dédale des souvenirs qui nous appartiennent ou non. Une photographie devenue pâle d'une jeunesse qui jamais ne reviendra. Une pâleur du temps qui doucement nous éloigne de ce que nous avons été et qui se rapproche bizarrement lorsque nous jetons un regard par-dessus notre épaule.
Une saveur délicate de parfum d'autrefois, de fragance passée, une lumière tamisée des souvenirs qui reviennent, à la moindre allusion, à la plus petite illusion captée, à grands pas noyer les regards.
En lisant ce roman où rien ne se passe et où tout survient et ressurgit, je n'ai pu m'empêcher de fredonner cette chanson de Vincent Delerm "Le baiser Modiano".
Une langueur prend le lecteur et le fait voyager en compagnie de ses souvenirs. Une brume estompe les contours de l'ancien réel....oh! les belles photos d'autrefois...
Un agréable moment dont on sort la tête légèrement embrumée et les yeux remplis d'un liquide prêt à s'écouler (vous savez, ces petites larmes qui naissent au fil des souvenirs!).




Ce livre a été lu dans le cadre du Cercle des Parfumés


15 commentaires:

Anonyme a dit…

Je n'ai encore rien lu de cet auteur, mais tout ce que tu dis sur ce livre me tente et me donne envie de me laisser bercer par "cette saveur délicate de parfum d'autrefois" !! ;-)

Flo a dit…

Je résiste, je résiste, mais je vais finir par voir si je peux l'avoir à la biblio :)

Je n'ai lu que "Rue des boutiques obscures" et j'en garde un charmant souvenir...

Katell a dit…

@florinette: je suis revie de te donner envie de le lire!
@flo: Le Cercle des Parfumés me l'a prêté c'est pourquoi je l'ai lu si tôt ;-)

Anonyme a dit…

Tu avais déjà lu Modiano avant ? Il paraît que c'est tout le temps la même chose...
Je n'ai lu que celui-là et j'ai bien aimé, même si cet aspect que tu décris si bien m'a un peu dérangée... Trop d'errance, pas assez de couleurs justement. Mais un Paris comme j'aime et une histoire à plusieurs voix, comme j'aime aussi :-)

Anonyme a dit…

J'ai lu Modiano, il y a longtemps. Je me rappelle aussi l'avoir entendu chez Pivot... C'était quelque chose, car il avait beaucoup de mal à s'exprimer. Je ne sais pas si tu regardais les émissions de PIvot.

Anonyme a dit…

Je pense que c'est exactement le genre de roman qui pourrait me plaire!!! Ta critique est superbe, soit dit en passant! Je note avec enthousiasme!!! :)

Anonyme a dit…

Je crois que je passe mon tour sur celui-là ! mdr !

Anonyme a dit…

Moi j'aime l'ambiance "Modiano": je le note!

Anonyme a dit…

Comme Anne !

Anonyme a dit…

Jamais lu cet auteur! Par quoi me conseilles-tu de commencer ?

Katell a dit…

@emeraude: c'est le premier roman que je lis de lui ;-)
C'est ce que l'on dit: toujours la même atmopshère...mais c'est ce qui fait le charme de son écriture je pense.
@sylire: je regardais Pivot à l'époque mais j'ai du "louper" le passage de Modiano!
@karine: je suis ravie de t'avoir donné envie de le lire :-)
@joelle: ah bon? :-D
@anne: tu ne seras pas déçue alors :-D
@moustafette:même réponse alors ;-D
@cathulu: "Dans le café de la jeunesse perdue"? C'est mon premier Modiano et je suis ravie par cette lecture :-)

Anonyme a dit…

Il me semble avoir lu d'autres titres de lui. Mais là, tout de suite, les titres ne me reviennent plus. Je me souviens, en tous les cas, de bons moments de lecture. Je note donc ce titre, déjà vu ailleurs, mais pas encore noté !!

Katell a dit…

@antigone: je pense que tu passeras un bon moment de lecture en compagnie du nouveau modiano :-)

Anonyme a dit…

Je viens de finir Dora Bruder, et je suis complètement sous le charme de l'écriture de Modiano. J'ai hâte de lire son dernier!

ikastor a dit…

Tu en parle très bien :)
J'ai bcp aimé ce livre, et en effet, on ne peut que penser à Vincent Delerm et à son baiser Modiano!