dimanche 13 janvier 2008

Le clan Rhett Butler


Donald McCaig explore les non-dits d'"Autant en emporte le vent", oeuvre romanesque inoubliable s'il en est!
Le lecteur retrouve avec un plaisir sans cesse renouvelé les personnages phares du roman de Margaret Mitchell ainsi que l'ambiance ineffable du Sud, ce Sud si inébranlable dans ses certitudes, si aristocratique, si raffiné et si confiné dans sa conscience de classe à part!
On découvre Rhett Butler enfant, adolescent puis adulte. On déambule dans l'immense plantation familiale des Butler, maîtres de rizières. On fait connaissance avec le patriarche, peu sympathique, et le fils aîné, rebelle et indomptable....le renégat: il apprécie autant les hommes, les femmes de couleur que ceux de sa caste. En effet, un homme de Bien, noir ou blanc, est un homme de Bien comme reste méprisable, noir ou blanc, celui qui n'est que mesquinerie, violence et haine.
Dès l'enfance, Rhett est un être extraordinaire: il est chevaleresque, romantique autant que tête brûlée et batailleur; un homme qui ne demande qu'à être pris dans les rets de l'amour, encore faut-il rencontrer l'âme à la hauteur des exigences du personnage! Une âme qui n'hésiterait pas une seconde à fouler au pied la respectabilité de la bonne société sudiste.
L'auteur s'amuse à parsemer le récit de répliques inspirées d'"Autant en emporte le vent", permettant aux souvenirs de lecture de rejaillir et d'instaurer une sympathique complicité entre le lecteur et l'auteur. Le terrain familier guide l'exploration des allées nouvelles d'une histoire qui n'avait été qu'effleurée.
Le personnage de Scarlett O'Hara est aussi attachant que dans le roman de Margaret Mitchell: tempêtueuse, amoureuse romantique d'un homme qui n'est absolument pas fait pour elle et qui refuse de regarder en face l'Amour jusqu'à ce que ce dernier lui décille, tardivement, les yeux. Le lecteur n'espère qu'une chose: que Rhett réponde à l'appel, maladroit certes mais sincère, du coeur de Scarlett!
Les personnages de Mélanie et d'Ashley Wikes sont à la hauteur: Ashley est exaspérant à souhait (il m'a toujours exaspérée....même après 5 lectures d'"Autant en emporte le vent"!!) tout en ayant un côté attendrissant d'homme du passé, inadapté au monde moderne qui se profile (d'ailleurs, souhaite-t-il vraiment s'adapter à la modernité en route?) et qui change les données de la vie socio-économique du Sud. Mélanie est la sainte qui m'avait autant subjuguée qu'agacée: la grande dame par excellence, celle qui possède une profonde générosité, une tolérance immense, une grande ouverture d'esprit et une acuité intellectuelle qu'elle sait dissimuler pour ne pas froisser les convenances de la bonne société sudiste. Elle a la classe des héroïnes discrètes, fragiles d'apparence mais à la volonté et la pugnacité d'airain que les alea de la vie ne font pas chuter. "Le clan Rhett Butler" la grandit et lui offre un espace moins confiné, bien que plus en retrait dans le récit, que dans le roman de Mitchell. McCaig explore d'"autres côtés du miroir" suscités par l'envie de connaître l'envers du décor de certaines scènes d'"Autant en emporte le vent": Mélanie prend une autre dimension et n'est plus la naïve que la bonté d'âme perdra!
Dans "Le clan Rhett Butler" apparaît un personnage aperçu, fugacement, au cours du roman de Margaret Mitchell: la soeur de Rhett. Elle est le lien qui retient Rhett au Sud qu'il déteste souvent mais auquel il reste fidèle. Elle sait qu'il aime à jamais Scarlett, sa douleur et son immense bonheur, et le lui rappelle sans cesse. Malgré son caractère trempé, elle est attaché au passé...comme Ashley: la violence de la guerre et son cortège de souffrances ne peuvent être oubliées qu'en cultivant un jardin intérieur aux douces senteurs d'un temps révolu.
Scarlett et Rhett apparaissent comme les éléments de la modernité en marche: ils regimbent contre la société ruinée du vieux Sud Confédéré tout en souhaitant y être intégrés. Rhett Butler, chez Margaret Mitchell, était déjà un personnage que le lecteur ne pouvait détester et encore moins mépriser. Il prend toute sa dimension romanesque et sa puissance narrative dans le roman de McCaig!
J'ai aimé ce bout de la lorgnette qui complète la fresque romanesque de Margaret Mitchell. Tout y est, tout sonne comme dans "Autant en emporte le vent" avec un petit quelque chose en plus: l'espoir que "Demain sera un autre jour" et que tout peut s'arranger malgré le chaos des coeurs et des sentiments. Les inconditionnels (dont je fais partie) de Rhett Butler et Scarlett O'Hara, enfants terribles d'un Sud qui n'a pas su évoluer, seront comblés et ne bouderont pas leur plaisir: Rhett est encore plus séduisant que chez Margaret Mitchell....même si l'imaginaire est phagocyté par la prestation de Clark Gable (qui peut imaginer Rhett Butler sous d'autres traits que ceux du beau Clark? Si quelq'un a une bonne idée de casting...).
Aussi serai-je tentée de conclure avec cette boutade: vous avez aimé et dévoré "Autant en emporte le vent"? Vous craquerez pour "Le clan Rhett Butler"!
Il fallait oser tenter reprendre le flambeau de Margaret Mitchell et McCaig l'a fait de manière agréable et surprenante! La question de savoir si Margaret Mitchell aurait souhaité voir une suite ou une prolongation de son "Autant en emporte le vent" est ouverte et alimentera sans cesse les controverses entre les pro et les anti. Il apparaît évident que l'histoire d'amour entre Rhett et Scarlett est indémodable, donc éternelle et suscitant nombreuses interprétations romanesques. Est-ce ce que l'on appelle parfois "la rançon de la gloire"?


Roman traduit de l'anglais (USA) par Camille Letillon


Ce roman m'a été envoyé dans le cadre de l'opération "Masse critique" organisée par le site babelio. Mon commentaire est édité aussi ICI.


16 commentaires:

freude a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
freude a dit…

J'ai lu sur je ne sais plus quel blog un avis bof bof, mais ton billet me pousse à dire que je le lirai un jour, histoire de me replonger dans l'atmosphère d'Autant en emporte...

Anonyme a dit…

Ton blog est toujours aussi riche et passionnant à consulter..
Je te souhaite une très bonne année Katell, santé et bonheur..
Amicalement
Michel

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup ton commentaire et ton enthousiasme, même s'il est plus prononcé que le mien!! Je suis allée relire mon billet hier, dans mon "opération classement" et, 2 mois plus tard, je me suis dit que j'avais été un peu sévère sur la note, justement, étant donné que j'avais bien aimé ma lecture! Pour moi, ça ne se compare quand même pas à GWTW, mais c'est un bon moment de lecture!

Et tu as parfaitement raison: impossible d'imaginer Rhett sous d'autres traits que ceux de Clark Gable!!!

Anonyme a dit…

merci d'avoir mentionné ma critique, même si nous ne sommes pas d'accord sur ce sujet :)
bonnes lectures!

Anonyme a dit…

je n'ai jamais été très tentée de lire autant en emporte le vent mais ton billet sur celui-ci me donnerait presque envie de me plonger dans ce classique. A voir...

Anonyme a dit…

"what else" et angelina pour le casting !!
plaisanterie mise à part tu es la deuxième qui le lit avec plaisir alors je m'interroge ! à lire donc.
(bon retour du sud Katell !!et dommage pour samedi j'aurais adoré vous rencontrer ! une prochaine fois sûrement)

Anonyme a dit…

Comment Rhett encore plus séduisant que dans Autant en emporte... ça laisse rêveuse !

Anonyme a dit…

J'ai plutôt envie de rester sur "autant en emporte le vent". Pas trop pressée de connaître la suite (en fait je me la suis inventée, alors je crois que j'ai peur d'être décue)

Anonyme a dit…

Moi par contre tu me donnes envie de le lire !

Au niveau casting je verrais bien :

Rhett Butler : G.Clooney ou A.Banderas

Scarlett O'Hara : Audrey Tautou ou Winona Wyder

Et vous qu'en pensez-vous ?

Bonne journée

Anonyme a dit…

c'est moi l'anonyme du dessus !!!!

Lucy/Maryse

( c'est tjs aussi pénible de laisser un commentaire sur blogger !)

Anonyme a dit…

Je sens que je vais me régaler avec cette lecture. Merci à toi pour cette belle critique qui ne peut qu'amortir mon achat. Pour ce qui est du casting, impossible de voir d'autre acteur que Gable et Leight. Ils sont indétrônable pour moi.

Anonyme a dit…

Ce livre est chez mon libraire, je sens que je vais craquer !!!!! Bises

Joelle a dit…

Je vois que tu as beaucoup aimé toi aussi ! L'atmosphère du roman de Mitchell n'a pas été trahie dans cette "suite" et cela se dévore à toute vitesse !

damouredo a dit…

Amusant de te retrouver sur ce livre que je viens de dévorer. Bon je sais que bcp critiquent...mais du "rab" d'autant en emporte le vent, je trouve que cela ne se refuse pas ! Je dis oui et encore oui. A quand une version "hot" ? Nan je plaisante hein ! (mais ca manque un peu de piquant quand même parfois vu que Donald reste dans le ton Margaret) :)

Anonyme a dit…

on ne sait pa imaginé Rhett Butler sous d'autres traits que Clark Gable car Margaret Mitchell tout en écrivant le livre avait déjà penser à Gable pour ce rôle!