vendredi 18 janvier 2008

L'espion qui aimait

Août 1991, Moscou est en ébullition: des chars et des soldats patrouillent dans les rues, menaçants et de sombres augures. Gorbatchev est prisonnier dans sa datcha d'été en Géorgie. Le coup d'état qui se profile peut à nouveau faire basculer le monde dans le chaos.
Stephen Metcalfe, ex ambassadeur en URSS, ex espion pendant la guerre , part pour rencontrer le Dirizhor, homme de l'ombre milliardaire, qui peut retirer son soutien à la rébellion ou la soutenir, qui peut faire basculer son pays et le monde dans l'horreur ou au contraire sauver les équilibres en place. Metcalfe, avec son vieil ami russe Kundrov, se souvient de sa mission audacieusement folle pendant la Seconde Guerre mondiale, sous la houlette de Corki, le maître espion de Roosevelt.
...1940, Paris est occupé par l'armée du IIIè Reich, l'Angleterre subit les assauts aériens allemands, un pacte de non-agression a été signé entre Hitler et Staline tandis que les Etats-Unis de Roosevelt attendent, observent tout en envoyant, tant à Moscou, Berlin ou Paris, des espions.
Metcalfe, alias Daniel Eigen play-boy argentin insouciant, glane au fil de ses conquêtes féminines de précieux renseignements. Les Anglais ont mis au point une radio performante, Corki un système de code inextricable pour le non initié. Tout semble fonctionner parfaitement jusqu'au jour où une fuite élimine, l'u après l'autre, les membres du réseau parisien. Metcalfe retrouve ses compagnons étranglés, l'horrible signateure de l'impitoyable assassin. Une course poursuite commence à travers un Paris occupé puis à travers l'Europe jusqu'à Moscou.
Stephen se voit confier une mission étrange: retourner à Moscou, sous couvert d'activités économiques, et renouer avec son ancien amour, Lana, danseuse étoile au Bolchoï. Lana est devenue la maîtresse d'un diplomate nazi, Von Schüssler, susceptible d'être retourné: il appartient à la noblesse allemande guère connue pour son admiration envers Hitler.. Au fil de sa mission, Metcalfe s'aperçoit que le diplomate en question est tout sauf susceptible de trahir, que le GPU et le NKVD russes exercent une surveillance de chaque instant sur sa personne et que le contre-espionnage nazi a retrouvé sa trace. Il y a un traître qui le grille, mais qui?
"La trahison Tristan" est un roman noir et d'espionnage qui se lit d'une traite et qui ne laisse pas le lecteur reprendre son souffle. Le récit est ponctué de courtes respirations lorsque l'auteur revient en 1991 et éclaire le lecteur sur la possible identité du Dirizhor. Le parallèle entre l'hier et l'aujourd'hui montre combien les équilibres politiques sont fragiles et qu'une envie de réforme peut provoquer un effroyable retour en arrière. D'ailleurs, n'est-ce pas ce que vit, à l'heure actuelle, la Russie?
Ludlum expose avec maestria les divergescences de vues poltiques entre Roosevelt et le FBI d'Edgar Hoover: le premier sait que Hitler est plus dangereux que Staline dans le contexte de 1940 alors que le second, omnibulé par le péril rouge, fait jouer un étrange jeu à certains de ses agents. Il est de notoriété publique que Hoover était plus enclin à soutenir le IIIè Reich plutôt que la Russie stalinienne! Russie exangue à la suite des purges ordonnées par Staline, qui ont ravagé les rangs de l'Armée Rouge décapitée de ses officiers. Les survivants attendent chaque jour le coup de sonnette qui les enverra devant le peleton d'exécution ou au goulag. Et si ces purges n'étaient que le résultat d'une stratégie mûrement élaborée par l'espionnage nazi? Un complot monté de toutes pièces afin d'affaiblir la puissante et inquiétante Armée Rouge des Soviets et conclure, ainsi, un pacte de non-agression avec le Petit Père des peuples? Lorsqu'un dictateur est paranoïaque, c'est du pain béni pour ses adversaires! Un cruel jeu de pocker-menteur se joue en Europe, pouvant faire basculer l'issue du conflit: et si Hitler, parvenant à être convaincu non seulement de la faiblesse militaire russe mais aussi de l'intention de Staline d'attaquer le IIIè Reich? Voilà qui affaiblirait les forces nazies et donnerait de l'air à l'Angleterre, quasiment à genoux en cette fin 1940! Cela augurerait d'une victoire de la démocratie en Europe! Mais le prix peut être diablement élevé pour Stephen Metcalfe, Lana et les autres: les grandes victoires, les grandes libertés s'établissent sur le sacrifice d'individus qui vont, sans fléchir, au devant de la mort. Le monde libre tient toujours à peu de choses et "à beaucoup de larmes, de chair et de sang".
Et l'être humain dans tout cela? L'individu n'est rien face à certains enjeux sur le grand échiquier du monde. Un jeu du chat et de la souris broyant beaucoup sur son passage. Le lecteur d'aujourd'hui ne peut s'empêcher de frissonner d'horreur et de se demander s'il ne vit pas, chaque jour, sans le savoir, des coups de pocker.
Un roman très agréable à lire et prenant....pour les amateurs du genre.


Roman traduit de l'anglais (USA) par Florianne Vidal

5 commentaires:

freude a dit…

Le sujet me plaît bien et ça fait longtemps que ke n'ai pas ouvert un Ludlum, je note donc.

Anonyme a dit…

A lire en vacances ?

Anonyme a dit…

J'ai toujours voulu lire du Ludlum et c'est en farfouillant sur les prochaines sorties de février que j'ai trouvé un nouveau Ludlum à paraître chez Grasset "L'alerte Ambler". L'histoire a l'air génial. Je pense l'acheter. http://www.evene.fr/livres/livre/robert-ludlum-l-alerte-ambler-32823.php ça ressemble un peu à du Jason Bourne.

Katell a dit…

@freude: il est agréable à lire.
@cathulu: oui, plutôt ;-)C'est le genre littéraire estival par excellence!
@la liseuse: Ludlum sait manier le suspense et l'actualité avec brio. "La trahison Tristan" est le premier roman de lui que je chronique mais j'en ai lu plusieurs...j'ai un papa très branché polar, essai politique et roman d'espionnage, ça aide ;-) Je note le titre que tu mentionnes.

Anonyme a dit…

Je ne connais pas cet auteur car je n'ai rien lu de lui mais zhom a lu "Objectif Paris" et a été envoûté, donc ... Bises