J'avais quitté Bergen et ses protagonistes à l'aube de grands changements politiques en Europe, j'ai retrouvé tout mon petit monde dans la tourmente de la montée du nazisme et les affres de la Seconde Guerre mondiale.
Hjalmar Brandt est allé séjourner dans la jeune, turbulente et sanglante URSS où les purges staliniennes font des coupes sombres dans l'élite intellectuelle, militaire et politique. Son admiration pour le communisme reste encore intacte malgré une défiance due aux exactions du Petit Père des Peuples. En Norvège, le parti communiste se scinde en deux factions, l'une se rapprochant plus du socialisme, l'autre se radicalisant sur ses positions. Brandt se retrouve dans l'incapacité de choisir son camp, comme naguère il l'a été lors de la funeste de soirée qui scella le sort de Tordis. Brandt, champion de l'indécision, éternelle indécision qui rongera son talent et son inspiration.
Les échos de la Guerre d'Espagne parviennent en Norvège tandis que Wilhelm Helgesen, en compagnie de la belle Sigrid, part assister aux Jeux Olympiques de Berlin. Le choc est immense pour les deux époux: le prestige nazi les fascine et les beaux yeux bleu d'acier d'un beau jeune homme, Friedrich Schneider font chavirer Sigrid dans les délices de l'adultère et la sensation enivrante d'accéder à une part de pouvoir de la race des seigneurs. Ils reviennent à Bergen subjugués et ne rêvant qu'à faire partie du grand empire germanique, seul capable de refouler et abattre le spectre communiste incarné par l'URSS.
Gunnar Staalesen fait vivre son lecteur au rythme de l'Histoire et des histoires en marche: les conflits sociaux, l'exode rurale, la modernisation d'une civilisation, l'amour, la haine, la passion, le courage et la lâcheté sans que l'attention se relâche! J'attends avec gourmandise les indices, un peu plus conséquents, au sujet du fameux meurtre du consul Frimann: Staalesen lâche quelques pistes tout en faisant disparaître, un à un, les protagonistes de l'époque bien lointaine du début de XXè siècle! Moland et Kristine Pedersen se font bien vieux et ne vont pas tarder à achever leur partition...le suspense est à son comble d'autant que l'ancien collègue de Moland, l'inspecteur Berstad, quitte aussi la scène. Le lecteur est soumis à la torture et commence à se douter qu'elle ne prendra fin qu'au bout de la saga (ahhhh, les cruautés sadiques des auteurs de polar sont grandioses et à la limite de la perversité!)....la maison de Kristine revient à une de ses nièces et on apprend que dans le grenier de nombreux souvenirs, chers au coeur de Kristine, sont précieusement conservés: y aura-t-il quelqu'un pour y mettre le nez et offrir au lecteur avide et presque désespéré quelques pièces maîtresses de ce puzzle infernal? Il va sans dire que le troisième volet de ce triptyque littéraire est attendu avec convoitise et délectation!
L'écriture de Staalesen est toujours aussi puissante, aussi évocatrice et matrice d'images, d'odeurs et de bruits: le lecteur est toujours en plein coeur de l'action et suit avec angoisse le malaise de plus en plus étouffant vécu par la communauté juive de Bergen qui jusqu'au bout n'ose croire au pire. La famille Liebermann en fera la triste et amère expérience: seul le frère aîné, Josef, en reviendra car il a su avoir le courage de fuir au bon moment. Il reviendra, la rage au coeur et l'envie terrible et irrépréssible de se venger sur la fille de Wilhelm et Sigrid. Mais l'appartement sera toujours orphelin des notes du piano de Ruth et Rebekka.
L'après-guerre est la lente convalescence de la Norvège qui panse ses blessures et se met en route vers la reconstruction. Le quotidien sordide revient en force, malgré les horreurs de la guerre et de l'Occupation, les atrocités ne semblent jamais s'achever: une fillette a disparu, les forces de police, dont Christian Moland, se lancent à sa recherche....Christian Moland aura-t-il à porter une affaire trouble non résolue, comme son père a porté le mystère de la mort du consul Frimann?
C'est sur cette note qui inquiète tout en provoquant curiosité et multiples interrogations que s'achève "Le Zénith". Bergen est presque au faîte de son apogée, les rejetons des protagonistes de "L'aube" sont au mitan de leur vie et se retrouvent à l'heure des bilans: qu'ont-ils fait de leur vie, regrettent-ils leur jeunesse, leurs engagements, leurs idées? Les uns furent des Icares modernes (le soleil nazi a brûlé plus d'une paire d'ailes) et durent choisir entre la mort ou la fuite aux antipodes, les autres réussirent à suivre la voie qui s'est avérée être la bonne et purent construire et bâtir leur avenir.
Le souffle épique attise les braises du mystère et le lecteur ne peut qu'être admiratif devant tant de brio dans la construction d'une oeuvre de haute tenue.
Hjalmar Brandt est allé séjourner dans la jeune, turbulente et sanglante URSS où les purges staliniennes font des coupes sombres dans l'élite intellectuelle, militaire et politique. Son admiration pour le communisme reste encore intacte malgré une défiance due aux exactions du Petit Père des Peuples. En Norvège, le parti communiste se scinde en deux factions, l'une se rapprochant plus du socialisme, l'autre se radicalisant sur ses positions. Brandt se retrouve dans l'incapacité de choisir son camp, comme naguère il l'a été lors de la funeste de soirée qui scella le sort de Tordis. Brandt, champion de l'indécision, éternelle indécision qui rongera son talent et son inspiration.
Les échos de la Guerre d'Espagne parviennent en Norvège tandis que Wilhelm Helgesen, en compagnie de la belle Sigrid, part assister aux Jeux Olympiques de Berlin. Le choc est immense pour les deux époux: le prestige nazi les fascine et les beaux yeux bleu d'acier d'un beau jeune homme, Friedrich Schneider font chavirer Sigrid dans les délices de l'adultère et la sensation enivrante d'accéder à une part de pouvoir de la race des seigneurs. Ils reviennent à Bergen subjugués et ne rêvant qu'à faire partie du grand empire germanique, seul capable de refouler et abattre le spectre communiste incarné par l'URSS.
Gunnar Staalesen fait vivre son lecteur au rythme de l'Histoire et des histoires en marche: les conflits sociaux, l'exode rurale, la modernisation d'une civilisation, l'amour, la haine, la passion, le courage et la lâcheté sans que l'attention se relâche! J'attends avec gourmandise les indices, un peu plus conséquents, au sujet du fameux meurtre du consul Frimann: Staalesen lâche quelques pistes tout en faisant disparaître, un à un, les protagonistes de l'époque bien lointaine du début de XXè siècle! Moland et Kristine Pedersen se font bien vieux et ne vont pas tarder à achever leur partition...le suspense est à son comble d'autant que l'ancien collègue de Moland, l'inspecteur Berstad, quitte aussi la scène. Le lecteur est soumis à la torture et commence à se douter qu'elle ne prendra fin qu'au bout de la saga (ahhhh, les cruautés sadiques des auteurs de polar sont grandioses et à la limite de la perversité!)....la maison de Kristine revient à une de ses nièces et on apprend que dans le grenier de nombreux souvenirs, chers au coeur de Kristine, sont précieusement conservés: y aura-t-il quelqu'un pour y mettre le nez et offrir au lecteur avide et presque désespéré quelques pièces maîtresses de ce puzzle infernal? Il va sans dire que le troisième volet de ce triptyque littéraire est attendu avec convoitise et délectation!
L'écriture de Staalesen est toujours aussi puissante, aussi évocatrice et matrice d'images, d'odeurs et de bruits: le lecteur est toujours en plein coeur de l'action et suit avec angoisse le malaise de plus en plus étouffant vécu par la communauté juive de Bergen qui jusqu'au bout n'ose croire au pire. La famille Liebermann en fera la triste et amère expérience: seul le frère aîné, Josef, en reviendra car il a su avoir le courage de fuir au bon moment. Il reviendra, la rage au coeur et l'envie terrible et irrépréssible de se venger sur la fille de Wilhelm et Sigrid. Mais l'appartement sera toujours orphelin des notes du piano de Ruth et Rebekka.
L'après-guerre est la lente convalescence de la Norvège qui panse ses blessures et se met en route vers la reconstruction. Le quotidien sordide revient en force, malgré les horreurs de la guerre et de l'Occupation, les atrocités ne semblent jamais s'achever: une fillette a disparu, les forces de police, dont Christian Moland, se lancent à sa recherche....Christian Moland aura-t-il à porter une affaire trouble non résolue, comme son père a porté le mystère de la mort du consul Frimann?
C'est sur cette note qui inquiète tout en provoquant curiosité et multiples interrogations que s'achève "Le Zénith". Bergen est presque au faîte de son apogée, les rejetons des protagonistes de "L'aube" sont au mitan de leur vie et se retrouvent à l'heure des bilans: qu'ont-ils fait de leur vie, regrettent-ils leur jeunesse, leurs engagements, leurs idées? Les uns furent des Icares modernes (le soleil nazi a brûlé plus d'une paire d'ailes) et durent choisir entre la mort ou la fuite aux antipodes, les autres réussirent à suivre la voie qui s'est avérée être la bonne et purent construire et bâtir leur avenir.
Le souffle épique attise les braises du mystère et le lecteur ne peut qu'être admiratif devant tant de brio dans la construction d'une oeuvre de haute tenue.
Roman traduit du norvégien par Alexis Fouillet
Les avis de Sophie Michel L'Humanité
Une interview de l'auteur ICI
5 commentaires:
Encore une saga à découvrir! Je vais aller fouiner pour voir le nombre de tomes et l'ordre de ceux-ci! Ca semble bien intéressant!
michel m'avait donné envie de lire cette saga, mais je n'en ai pas encore eu l'occasion
Je viens de lire le cinquième et j'avoue être un peu déçu par celui-ci , me reste le sixième pour finir cette saga !
@karine: une belle et haletante saga!
@choupynette: c'est michel aussi qui m'a donné envie de me lancer
:-D
@michel: oh mince alors. j'ai emprunté les deux derniers volets de la saga et je me les réserve pour les vacances. Bon, je fais le pari que je vais me laisser embarquée sans problème ;-)
Bonne lecture !
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