Migration

Quand on aime, c'est bien connu on ne compte pas! J'aime, faut-il encore le rappeler, Philippe Corentin et son univers tendre et humoristique.

Aujourd'hui, j'ai choisi de vous parler de deux personnages récurrents Zigomar et Pipioli: le merle et le souriceau, un duo extravagant.

L'album en question est "L'Afrique de Zigomar". C'est la fin de l'été, l'hirondelle, amie de Pipioli, prépare son paquetage pour la migration vers la chaleur de l'Afrique. Pipioli aimerait bien partir avec elle et découvrir l'Afrique, seulement l'hirondelle est trop petite pour le transporter sur son dos. Comment faire? Elle lui liste des oiseaux migrateurs: le coucou, mais comme il voyage de nuit, Pipioli ne verrait rien du paysage; les oies, mais comme elles volent trop haut, il serait mort de froid avant d'arriver; il reste bien les cigognes mais elles ont un inconvénient de taille que Pipioli n'écoute pas et constate en arrivant chez elles....ce sont des mangeuses de souris!!! Pipioli n'a que le temps de s'enfuir. Il est démoralisé, croise Zigomar, le merle, et lui explique son souci. Bien entendu, Zigomar a la solution: il embarque Pipioli et zou! en route pour l'Afrique car Zigomar, le sacré zig, sait comment se rendre en Afrique pardi! Pipioli prépare ses affaires et monte sur le dos de Zigomar (au passage, ils embarquent une petite grenouille, animal souvent présent dans les illustrations de Corentin....le petit détail clin d'oeil, humoristique et un peu surréaliste).

Le sel de l'histoire réside dans le décalage du texte avec les images: Zigomar et ses amis croisent oies, canards, et autres migrateurs mais ne vont pas dans la même direction qu'eux! ce qui intrigue Pipioli. Ce dernier devient de plus en plus septique lorsqu'ils aperçoivent les premiers animaux....ses questions agacent Zigomar qui menace de débarquer tout le monde (non mais!). L'éléphant est un morse, les singes les pingouins, l'indigène devant sa maison l'esquimeau devant son igloo et le lion....l'ours blanc! Car très vite, on comprend que Zigomar a pris la direction du Nord et non celle du Sud et arrive au Pôle Nord et non en Afrique!

Il est amusant de ne pas montrer les illustrations à partir de la scène du départ en Afrique: ainsi le décalage humoristique prend toute sa saveur. Notre ami Zigomar, fidèle à lui-même, est hâbleur, fanfaron jusqu'au bout: il est d'une mauvaise foi extraordinaire...archétype du môme pénible et agaçant au possible que l'on a tous rencontrer un jour.

Un album qui donne des envies d'ailleurs et de découvertes grâce à des personnages étonnants et drôles...un vrai bonheur!