Je ne connaissais absolument pas Pascal Garnier et, grâce à deux fans (sur le forum Parfum de livres) de cet auteur, j'ai pu assouvir ma curiosité. Bien m'en a pris car ce roman se lit en souriant et riant, parfois jaune car l'auteur sait être caustique.
Une rencontre insolite entre un tueur à gages, Simon, et Bernard, un jeune homme simple, regardant le monde avec bonheur et contentement. Simon est en pré retraite, quasiment en bout de course: la maladie le ronge lentement mais sûrement. Il s'arrête, épuisé, à Vals-les-Bains, ville thermale où le travail se fait de plus en plus rare en dehors des établissements de cure ou des hôtels. Il croise le chemin de Bernard, qui vit aux côtés de sa mère. Elle vivote dans son ancien magasin: elle a tenté plusieurs aventures commerciales qui ont fait long feu, elle est alcoolique, également au bout du rouleau.
Simon propose à Bernard, en échange d'une somme rondelette, d'être son chauffeur afin qu'il puisse accomplir son ultime travail. Ainsi commence un étrange road-movie vers les rivages de la Méditerranée.
En chemin, le duo rencontre une jeune femme et son bébé: Simon ne veut surtout pas s'embarrasser avec elles tandis que Bernard, n'écoutant que son bon coeur tient absolument à leur prêter main forte. De fil en aiguille, Fiona et Violette deviennent membres de l'équipée sauvage et vont réussir à amadouer l'irascible Simon.
« Comment va la douleur? » est un roman que l'on peut qualifier d'atmosphère: il ne se passe rien de spécial, les histoires sont celles de gens ordinaires, de personnes simples que l'on croise chaque jour, avec leurs joies, leurs souffrances, leurs interrogations sur leur vie, sur le monde. Tout peut paraître banal, morne et sans intérêt mais Garnier touche le lecteur par les sensations dont il imprègne le récit: la tranquille lenteur de la ville thermale, les curistes et leur gobelet allant, à heure fixe, prendre les eaux, la décrépitude silencieuse d'un quartier commerçant qui connut des heures plus glorieuses, les relations feutrées entre une mère meurtrie par les déboires et l'alccol et son fils, benêt au coeur d'or et à l'optimisme surréaliste vis à vis de la nature humaine. Les scènes sur la plage: les châteaux de sable, la mer, le ressac, le camping, ces petits riens qui donnent le ton balnéaire du hors-saison.
Garnier, par des traits rapides dans le récit, croque des scènes de vie poignantes de réalisme: la scène de ménage entre Fiona et son futur ex-compagnon dans le café est à la fois sordide et belle; l'arrêt de Simon et Bertrand sur le bord de la route près de la voiture où se trouvent Violette, Fiona et son compagnon, arrêt au cours duquel Simon règlera, de façon définitive, le problème à sa manière; ou encore cette scène splendide où la mère de Bertrand décide d'en finir et où la présence de bouteilles de rhum remplies de produits d'entretien est lancinante et forcément fatale, le drame se noue peu à peu, inexorable.
L'horrible côtoie le burlesque: le sang versé pour honorer le contrat et les fleurs offertes à la victime puis le verre de Suze, une fois le travail accompli. Sans oublier, personnage récurrent, Jean Ferrat qui traverse à multiples reprises les scènes de ce formidable road-movie! La rencontre avec Rose, dame belge d'âge mûr et à la coiffure extravagante (comme si elle était coiffée avec des coquillettes!) qui tente de mettre le grappin sur Simon.
L'ouverture et la clôture du roman se rejoignent: Simon a donné rendez-vous à Bertrand pour un ultime contrat....celui qui le délivrera de sa douleur, son incurable douleur. Un fil ténu pour dire la difficulté de vivre avec une maladie incurable, pour dire la volonté de ne plus supporter la douleur incessante, celle qui cloue, fulgurante, au beau milieu de tout sans prévenir. Un roman qui aborde, en finesse et avec doigté, ces fins de vie qui minent les malades conscients de l'inanité des soins. Simon, Anaïs (la mère de Bertrand) choisissent leur façon de quitter leur douleur....dignement malgré tout.
« Comment va la douleur? » Pas mal, lorsque l'on sait comment la rendre définitivement muette!
Un livre à lire et un auteur à découvrir!
Une rencontre insolite entre un tueur à gages, Simon, et Bernard, un jeune homme simple, regardant le monde avec bonheur et contentement. Simon est en pré retraite, quasiment en bout de course: la maladie le ronge lentement mais sûrement. Il s'arrête, épuisé, à Vals-les-Bains, ville thermale où le travail se fait de plus en plus rare en dehors des établissements de cure ou des hôtels. Il croise le chemin de Bernard, qui vit aux côtés de sa mère. Elle vivote dans son ancien magasin: elle a tenté plusieurs aventures commerciales qui ont fait long feu, elle est alcoolique, également au bout du rouleau.
Simon propose à Bernard, en échange d'une somme rondelette, d'être son chauffeur afin qu'il puisse accomplir son ultime travail. Ainsi commence un étrange road-movie vers les rivages de la Méditerranée.
En chemin, le duo rencontre une jeune femme et son bébé: Simon ne veut surtout pas s'embarrasser avec elles tandis que Bernard, n'écoutant que son bon coeur tient absolument à leur prêter main forte. De fil en aiguille, Fiona et Violette deviennent membres de l'équipée sauvage et vont réussir à amadouer l'irascible Simon.
« Comment va la douleur? » est un roman que l'on peut qualifier d'atmosphère: il ne se passe rien de spécial, les histoires sont celles de gens ordinaires, de personnes simples que l'on croise chaque jour, avec leurs joies, leurs souffrances, leurs interrogations sur leur vie, sur le monde. Tout peut paraître banal, morne et sans intérêt mais Garnier touche le lecteur par les sensations dont il imprègne le récit: la tranquille lenteur de la ville thermale, les curistes et leur gobelet allant, à heure fixe, prendre les eaux, la décrépitude silencieuse d'un quartier commerçant qui connut des heures plus glorieuses, les relations feutrées entre une mère meurtrie par les déboires et l'alccol et son fils, benêt au coeur d'or et à l'optimisme surréaliste vis à vis de la nature humaine. Les scènes sur la plage: les châteaux de sable, la mer, le ressac, le camping, ces petits riens qui donnent le ton balnéaire du hors-saison.
Garnier, par des traits rapides dans le récit, croque des scènes de vie poignantes de réalisme: la scène de ménage entre Fiona et son futur ex-compagnon dans le café est à la fois sordide et belle; l'arrêt de Simon et Bertrand sur le bord de la route près de la voiture où se trouvent Violette, Fiona et son compagnon, arrêt au cours duquel Simon règlera, de façon définitive, le problème à sa manière; ou encore cette scène splendide où la mère de Bertrand décide d'en finir et où la présence de bouteilles de rhum remplies de produits d'entretien est lancinante et forcément fatale, le drame se noue peu à peu, inexorable.
L'horrible côtoie le burlesque: le sang versé pour honorer le contrat et les fleurs offertes à la victime puis le verre de Suze, une fois le travail accompli. Sans oublier, personnage récurrent, Jean Ferrat qui traverse à multiples reprises les scènes de ce formidable road-movie! La rencontre avec Rose, dame belge d'âge mûr et à la coiffure extravagante (comme si elle était coiffée avec des coquillettes!) qui tente de mettre le grappin sur Simon.
L'ouverture et la clôture du roman se rejoignent: Simon a donné rendez-vous à Bertrand pour un ultime contrat....celui qui le délivrera de sa douleur, son incurable douleur. Un fil ténu pour dire la difficulté de vivre avec une maladie incurable, pour dire la volonté de ne plus supporter la douleur incessante, celle qui cloue, fulgurante, au beau milieu de tout sans prévenir. Un roman qui aborde, en finesse et avec doigté, ces fins de vie qui minent les malades conscients de l'inanité des soins. Simon, Anaïs (la mère de Bertrand) choisissent leur façon de quitter leur douleur....dignement malgré tout.
« Comment va la douleur? » Pas mal, lorsque l'on sait comment la rendre définitivement muette!
Un livre à lire et un auteur à découvrir!
Le Bibliomane l'a lu
Ce livre a été lu dans le cadre du Cercle des Parumés
7 commentaires:
tu en parles très bien,je ne connais pas l'auteur, je note
"Le ton du balnéaire hors-saison", j'adore ça... et le reste a pas l'air mal non plus, allez c'est noté !
Je note ... je connais un peu cette ville de cures pour avoir passé régulièrement des vacances d'été pas très loin !
J'en avais lu un autre du même auteur mais je n'avais pas accroché, alors une 2ème chance ?
Pascal Garnier est avec Marcus Malte (publié également chez Zulma), une des plus belle et des plus émouvantes écriture du polar français. Tous deux beaucoup trop méconnus.
Ça fait un petit moment qu'il est sur ma LAL, mais j'hésitais toujours, si je le trouve à la biblio, je tenterais donc cette découverte !
@gambadou: je ne le connaissais pas non plus et je suis tombée sous le charme de son écriture.
@moustafette: j'aime son style d'écriture et sa manière de dire les choses...une belle découverte.
@joelle: ah, je suis heureuse de constater que ce roman intéresse
:-D !!
@cathulu: je souhaite que tu accroche mieux à celui-ci ;-)
@jean-marc laherrère: je ne connais pas l'autre auteur (je note donc de ce pas). Je constate, jour parès jour, le nombre effarant d'auteurs à côté desquelq je suis passée!!!
@florinette: je ne peux que conseiller de tenter cette aventure littéraire :-D
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