quatrième de couverture:
"Un été, en Normandie. Dans une maison en bord de plage, un jeune couple et leurs jumelles s'installent dans leurs vacances. jeux de plage, baignades et promenades tissent le quotidien des jours. L'homme, cependant, s'échappe de plus en plus souvent pour rendre visite à une vieille dame singulière, Alice Berthier, rencontrée par hasard. Sa maison, derrière un portail envahi de lierre, semble figée par le temps. Des fétiches sacrés, livres, photographies, s'entassent dans les armoires, toute une mémoire liée à une tribu indienne, les Hopi. Dans un jeu de conversations fascinantes, Alice va distiller des pans de son histoire : son voyage, adolescente, en Arizona, dans le sillage d'André Breton, la fascination des surréalistes pour la culture sacrée des Hopi. Mais, de visite en visite, alors que l'homme semble pris au piège de cette rencontre, Alice va progressivement révéler le secret de sa vie."
Je découvre l'univers de Claudie Gallay par ce roman à l'atmopshère intimiste. Tout est feutré, figé dans le temps malgré quelques sorties et les éclats des non-dits dans la vie d'Anna et du narrateur. La Normandie en toile de fond, tableau parfois impressionniste, univers un peu flaubertien, un drame balzacien s'enivre de cet été pas comme les autres. André Breton et les surréalistes apparaissent, reflets d'un passé merveilleux teinté d'une douleur indicible pour Alice, vieille femme autoritaire et mystérieuse. Entre les averses, les sorties à la plage, les baignades, les courses et l'attirance irrépressible pour la demeure ancestrale d'Alice et de Clémence, la vie conjugale d'Anna et du narrateur se dissout en filigrane. On ne saura jamais le nom de cet homme, fasciné par le récit des cérémonies sacrées des Hopi. Le lecteur écoute, sans se lasser, le séjour de Breton et des surréalistes aux Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, fuyant l'Occupation allemande. Alice faisait partie du cercle des exilés, avec son père. L'Arizona est scandé par la pluie normande, par le thé de Clémence, par l'apparition fulgurante d'un étrange enfant dans le jardin, par les allées-et-venues du chat Voltaire. Alice raconte les masques, les poupées rituelles, les danses, la présence des Blancs perçue souvent comme sacrilège par les Hopi, tous ces gestes ancestraux qui subjuguèrent les surréalistes exilés. Le narrateur traîne son envie d'ailleurs dans l'écoute du récit d'Alice, son mal être dans la fuite de la vie familiale. Les petits riens, les gestes du quotidien donnent un rythme lent, lancinant, presque hypnotique, au récit. Une poésie s'en dégage et pointe la part d'ineffable de l'existence....on se croirait parfois dans un roman japonais: les descriptions magnifient le quotidien et illuminent le roman....l'or du temps fascine et émerveille.
"Dans l'or du temps" est un roman de la mémoire et de ses méandres: Alice, en déroulant le fil de ses souvenirs, fait remonter à la surface une profonde douleur, muette et cruelle, qui trouvera une trouble issue un soir d'hiver. Un roman qui peut dérouter comme enchanter...moi, il m'a enchantée!
"Dans l'or du temps" est un roman de la mémoire et de ses méandres: Alice, en déroulant le fil de ses souvenirs, fait remonter à la surface une profonde douleur, muette et cruelle, qui trouvera une trouble issue un soir d'hiver. Un roman qui peut dérouter comme enchanter...moi, il m'a enchantée!
"C'est l'heure encore calme du matin." (p 7)
"On a ramené un caillou chacun. Après les filles ont voulu leur glace et on les a achetées comme on avait dit,cassis-fraise pour Anna, vanille-pistache pour moi et les filles tout chocolat. (...) Le lendemain, on a placé les cailloux côte à côte sur la terrasse. Le mien à côté de celui d'Anna et ceux des filles, l'un au-dessus de l'autre. Les filles ont voulu qu'on prenne des photos. Les cailloux seulement et puis une autre avec les cailloux et nous. Pour les cailloux et nous, Anna a dû mettre sur automatique et revenir en courant." (p 86)
"J'ai poussé l'autre porte. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. La curiosité, sans doute. Derrière, ça sentait bizarre. J'ai cherché l'interrupteur. Du plat de la main. Sur la droite. Le long du mur. La lumière a jailli, violente. La pièce était grande, les murs recouverts de bois. Un lustre de cristal pendait au plafond. La lumière venait de là. Sous le lustre, une grande table. Sur cette table, une nappe et des couverts. Une vingtaine et puis des chandeliers. Je me suis avancé. Il y avait du pain dans les corbeilles, des tranches sèches et grises. Je les ai touchées, on aurait dit de la pierre. Une carafe. Vide. Des traces de dépôt à l'intérieur. Certaines chaises étaient normalement placées derrière chaque assiette et d'autres dans un désordre qui laissait à penser que des gens s'étaient trouvés ici et qu'ils en étaient brusquement partis. Un foulard sur un dossier. Une veste. Un ours en peluche. En me détournant, j'ai vu qu'il y avait un sapin dans le fond de la pièce. Des guirlandes. Quelques boules." (p 193)
"Et là dans un coin d'herbes tellement à l'ombre qu'il y faisait encore nuit, j'ai vu les petites lumières. Des lumières presque bleues. je me suis levé. Les lumières ont disparu alors j'ai repris ma place sur le banc et je les ai vues à nouveau. J'ai fait cela plusieurs fois. Et à chaque fois que je voulais m'approcher, les lumières disparaissaient. C'étaient des lucioles.(...) Je les ai regardées. Longtemps. Je les ai regardées jusqu'à ce qu'il me soit impossible de les voir. Leur lumière de lucioles progressivement absorbée par la lumière plus forte du jour. Et même quand il me fut impossible de les voir. Parce que je savais qu'elles étaient là. Petites lumières tenaces." (p 296)
Ce livre a été lu dans le cadre du Cercle des Parfumés
12 commentaires:
très tentant... je note
Je ne suis pas toujours sensible à un tel style intimiste, mais tu en parles très bien !
Tu en parles si bien que je ne peux que noter! J'aime généralement ce genre d'atmosphère.
Très joli billet ! Il vient de sortir en poche et j'en parlerai la semaine prochaine.
Ton billet est très intéressant mais je ne suis que moyennement tentée par ce livre !
Comment faire pour ne pas noter...
quel beau billet katell, voilà qui devrait me plaire, de toute façon je note !!!! :-))
je suis très tentée par celui-ci... Ce que tu en dis est très convaincant !!
Quel beau billet !!
Ah oui, mille fois oui, ce livre est MAGNIFIQUE !!
La mer, la Normandie, je note ! Bon week-end Katell !
Je note...si ce livre est magnifique, je ne peux que me laisser tenter !
@gambadou: et le lire!!!
Il est sorti en poche, chez Babel, la couverture est très belle!
@canthilde: merci :-)
@karine: c'est un très beau roman!!
@cathulu: cela veut donc dire que tu as craqué pour cette belle lecture :-D J'attends ton avis avec grand intérêt pour ne pas dire avec grande impatience.
@joelle: si tu as l'occasion de le trouver à la bibli, un seul conseil, laisse-toi tenter ;-)
@moustafette: rien...seulement noter et te jeter dessus dès que tu le verras, chez Babel, dans ta librairie préférée ;-)
@yueyin: il devrait grandement te plaire!!!
@goelen: laisse-toi tenter, ce fut une très belle découverte littéraire!
@lily: merci lily!! Ce roman est sublime!
@bellesahi: oui, note-le. Bon WE à toi aussi.
@antigone: comme il est sublime, magnifique et tout et tout...la tentation est irrépressible!
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