L'an passé, "Funérailles célestes" a été lu par nombre de bloggeurs enthousiasmés par ce récit. Comme je suis une grande lectrice de romans et récits de la littérature asiatique, forcément ce titre s'est retrouvé consigné (puis souligné, surligné et entouré) dans mon carnet spécial LAL. Au festival des Etonnants Voyageurs, en juin dernier, le stand des éditions Picquier avait mis en valeur ce roman...les couvertures de Picquier étant toujours une très belle réussite, j'ai finalement craqué et je l'ai acheté avec l'idée d'en faire ma lettre X du challenge ABC 2008 (que ne faut-il pas faire pour se donner des tonnes de bonnes raisons pour acheter un livre!).
1956, Wen et Kejun sont jeunes mariés, médecins ayant l'avenir devant eux. Kejun décide de partir au Tibet pour soutenir l'Armée Révolutionnaire et libérer le Tibet. Peu après, l'Etat Major annonce la mort de Kejun à Wen. La douleur est insupportable pour Wen qui se lance à corps perdu à la recherche de son époux: peut-être que l'armée a été mal informée et que Kejun est toujours vivant?
Commence alors pour Wen, une quête interminable qui la mènera aux confins du Tibet où elle rencontrera le peuple tibétain, entre nomadisme et sédentarité, entre espace infini et temple, entre spiritualité et combat pour la liberté d'être eux-mêmes.
Wen découvre les paysages époustouflants des hauts-plateaux du Tibet, la vie rude mais joyeuse des nomades avec la famille de Ge'er et Gela, frères et époux d'une même femme Saierbao, et Zhuoma, une héritière tibétaine rencontrée au hasard du voyage. Le temps se disloque autour des saisons qui rythment la vie quotidienne. Le temps est aboli par la succession immuable des jours et des gestes de la vie commune: les pâturages pour les yacks et les moutons, la préparation du thé au beurre, les bouses à ramasser, mettre à sécher pour en faire du combustible, les rituels du matin, les mantras récités, les visites (rares et merveilleuses) du fils devenu moine. Wen perd peu à peu la notion du temps, les saisons filent, les rides s'accumulent, les années passent. "Comment leur dire qu'elle avait vécu dans un endroit où il n'y avait ni politique ni guerre, seulement l'autosuffisance tranquille d'une vie communautaire où l'on partageait tout - et un espace illimité où le temps s'étendait indéfiniment?" (p 120)
Un jour, Wen quitte sa famille d'adoption en compagnie de Ge'er et Ped et part à la recherche de son mari. Les cairns de cailloux, les pierres mani symboles de la foi des Tibétains, où les voeux sont écrits par un moine ou un ermite jalonnent leur route. La spiritualité est omniprésente au Tibet, même au coeur des montagnes. Une piste s'annonce par le chant d'un ermite....il a connu Kejun et raconte à Wen sa fin héroïque et expiatoire au cours de funérailles célestes: lorsque la Chine lettrée et éduquée rencontre le Tibet spirituel, un pont de subtilité peut les rapprocher.
"Funérailles célestes" est le récit d'une histoire d'amour d'une intensité extraordinaire: Kejun et Wen, tour à tour, vont connaître et apprécier la spiritualité tibétaine si éloignée du matérialisme de la Révolution chinoise. Wen apprend que le Tibet restitue toujours ce que l'on cherche avec ardeur et conviction...bien entendu le temps ne se mesure pas, il s'étend, lentement, inexorablement vers ce qui doit être. Le lecteur revient de cette lecture comme d'un long voyage au coeur du Tibet et de ses hauts-plateaux et ses plaines désertiques avec dans la tête les senteurs du thé au beurre, du foyer des yourtes où se consumment les bouses de yack, les couleurs du bref printemps et du long hiver et les musiques des vents du Toit du monde. Il se dit aussi que le karma collectif des Chinois est bien lourd à porter: l'incompréhension et la peur de l'autre a ravagé une région et perdu bien des vies.
1956, Wen et Kejun sont jeunes mariés, médecins ayant l'avenir devant eux. Kejun décide de partir au Tibet pour soutenir l'Armée Révolutionnaire et libérer le Tibet. Peu après, l'Etat Major annonce la mort de Kejun à Wen. La douleur est insupportable pour Wen qui se lance à corps perdu à la recherche de son époux: peut-être que l'armée a été mal informée et que Kejun est toujours vivant?
Commence alors pour Wen, une quête interminable qui la mènera aux confins du Tibet où elle rencontrera le peuple tibétain, entre nomadisme et sédentarité, entre espace infini et temple, entre spiritualité et combat pour la liberté d'être eux-mêmes.
Wen découvre les paysages époustouflants des hauts-plateaux du Tibet, la vie rude mais joyeuse des nomades avec la famille de Ge'er et Gela, frères et époux d'une même femme Saierbao, et Zhuoma, une héritière tibétaine rencontrée au hasard du voyage. Le temps se disloque autour des saisons qui rythment la vie quotidienne. Le temps est aboli par la succession immuable des jours et des gestes de la vie commune: les pâturages pour les yacks et les moutons, la préparation du thé au beurre, les bouses à ramasser, mettre à sécher pour en faire du combustible, les rituels du matin, les mantras récités, les visites (rares et merveilleuses) du fils devenu moine. Wen perd peu à peu la notion du temps, les saisons filent, les rides s'accumulent, les années passent. "Comment leur dire qu'elle avait vécu dans un endroit où il n'y avait ni politique ni guerre, seulement l'autosuffisance tranquille d'une vie communautaire où l'on partageait tout - et un espace illimité où le temps s'étendait indéfiniment?" (p 120)
Un jour, Wen quitte sa famille d'adoption en compagnie de Ge'er et Ped et part à la recherche de son mari. Les cairns de cailloux, les pierres mani symboles de la foi des Tibétains, où les voeux sont écrits par un moine ou un ermite jalonnent leur route. La spiritualité est omniprésente au Tibet, même au coeur des montagnes. Une piste s'annonce par le chant d'un ermite....il a connu Kejun et raconte à Wen sa fin héroïque et expiatoire au cours de funérailles célestes: lorsque la Chine lettrée et éduquée rencontre le Tibet spirituel, un pont de subtilité peut les rapprocher.
"Funérailles célestes" est le récit d'une histoire d'amour d'une intensité extraordinaire: Kejun et Wen, tour à tour, vont connaître et apprécier la spiritualité tibétaine si éloignée du matérialisme de la Révolution chinoise. Wen apprend que le Tibet restitue toujours ce que l'on cherche avec ardeur et conviction...bien entendu le temps ne se mesure pas, il s'étend, lentement, inexorablement vers ce qui doit être. Le lecteur revient de cette lecture comme d'un long voyage au coeur du Tibet et de ses hauts-plateaux et ses plaines désertiques avec dans la tête les senteurs du thé au beurre, du foyer des yourtes où se consumment les bouses de yack, les couleurs du bref printemps et du long hiver et les musiques des vents du Toit du monde. Il se dit aussi que le karma collectif des Chinois est bien lourd à porter: l'incompréhension et la peur de l'autre a ravagé une région et perdu bien des vies.
Un passage:
"C'est si différent de la Chine! a dit Wen. Pour nous la religion n'est pas une force. Nous n'obéissons qu'à des dirigeants laïcs.
- Mais qui contrôle et protège vos dirigeants? a demandé Zhuoma, perplexe.
- La conscience, a répliqué Wen.
- Quelle sorte de chose est la "conscience"?
- Ce n'est pas une chose. C'est un code moral.
- Et qu'est-ce qu'un "code moral" ?
Wen réfléchit. C'était là une question très difficile. Elle a pensé à Kejun, lui qui voulait trouver une réponse à toutes les questions et une réplique à toutes les réponses. Peut-être que le Tibet l'aurait changé lui aussi." (p 91 et 92)
- Mais qui contrôle et protège vos dirigeants? a demandé Zhuoma, perplexe.
- La conscience, a répliqué Wen.
- Quelle sorte de chose est la "conscience"?
- Ce n'est pas une chose. C'est un code moral.
- Et qu'est-ce qu'un "code moral" ?
Wen réfléchit. C'était là une question très difficile. Elle a pensé à Kejun, lui qui voulait trouver une réponse à toutes les questions et une réplique à toutes les réponses. Peut-être que le Tibet l'aurait changé lui aussi." (p 91 et 92)
Récit traduit de l'anglais par Maïa Bhârathî
16 commentaires:
Merci pour le lien.
Merci aussi pour le lien. J'avais été très marquée par cette lecture, même si mon enthousiasme avait été un peu refroidi par les commentaires sur la véracité du récit (dans la postface, autant que je me souvienne)
j' ai très envie de découvrie cet auteur.
Je suis ravie que ce livre t'ait plu. Effectivement, comme l'écrit Cathe, le fait que ce ne soit qu'une fiction déçoit un brin mais cela reste un beau récit.
J'ai adoré cette lecture également! J'en garde un beau souvenir et une sensation de dépaysement...
Il m'attend dans ma PAL ! C'est incroyable le nombre de fois où j'écris cela ;)
C'est aussi le "X" de mon challenge 2008! Il ne fait pas encore partie de ma PAL (il est un peu porté disparu, on dirait!!!) mais ce sera sûrement... d'ici la fin de 2008!!!
Oh oui j'ai beaucoup aimé ce livre.
J'ai lu Chinoises pour mon Challenge ABC l'an dernier et j'ai tout de suite ajouté celui-ci à mon challenge de cette année. L'an prochain on pourra y mettre "Baguettes chinoises" sont nouveau roman ;-) J'ai hâte de m'y plonger, je suis sûre d'être séduite!
Oh superbe...la lecture est prévue, pour sûr, j'ai en plus les senteurs d'un thé tibétain encore dans les narines....
http://iam-like-iam.blogspot.com/2008/02/autour-dun-th-tibtain.html
il me faut aller maintenant sur les routes....merci, j'ai vraiment envie de suivre ton chemin.
@naina: de rien!
@cathe: c'est normal! C'est ce que j'ai eu du mal à cerner aussi.
@pom': ce roman/récit est vraiment très touchant!
@flo: ;-) et j'abonde dans ton sens pour souligner la beauté du récit!
@allie: une belle sensation d'ailleurs!
@anjelica: il était dans ma PAL depuis plusieurs mois :-o
@karine: si jamais tu ne le trouves pas, je veux bien lui faire traverser l'Atlantique pour que tu puisses le lire.
@bellesahi: il est difficile de ne pas être sous son charme :-)
@loutarwen: "Chinoises" est noté depuis pas mal de temps dans mon carnet LAL ;-)
@vanessa: ;-) merci pour le lien sur le thé!
Ce livre est également inscrit dans mon challenge abc, et je suis rassurée d'en lire de bonnes critiques, la littérature asiatique ne m'attirant pas a priori.
Je reviendrai lire ton article quand je l'aurai lu. Ce titre est dans mon challenge abc.
Ce roman est dans ma PAL il faut absolument que je le lise !!!!!!!! Bises
Il a eu aussi beaucoup de succès dans mon club de lecture (l'année dernière il me semble). Mais je ne sais pas pourquoi il ne me tente pas plus que ça ! Sûrement parce que je n'ai pas envie de littérature asiatique en ce moment ! mdr !
J'ai bien aimé ce livre aussi. Une belle histoire d'amour, un passionnant récit de voyage et une aventure extraordinaire....
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