Edith Stein est née en 1891, à Breslau ville qui fut en Prusse puis en Pologne, dans une famille juive. Elle suit des études brillantes de philiosophie à Göttigen où elle a Husserl comme professeur. Edith est fascinée par la phénoménologie qui "s'intéresse au transcendant, au révélé, au divin: elle n'est pas la seule. Elle opère un retour aux choses "elles-mêmes", à la conscience intime "elle-même". Elle opère par forage dans la vérité intime de l'être. Elle fouille et triture les abîmes de la conscience: la foi habite par là, un recoin. La phénoménologie aime les recoins: elle les visite. Elle les ausculte." (p 53)
"La phénoménologie, c'est un regard simple sur les choses. Voilà ce que c'est. dans le but de découvrir leur vérité propre. ce qu'il y a dedans. A l'intérieur. Ce qu'elles recèlent. Ce qu'elles cachent. Ce qu'elles dissimulent." (p 55)
En travaillant sur sa thèse sur "L'Einfühlung, la sympathie ou perception intuitive", en côtoyant étudiants et professeurs, Edith Stein s'intérresse de plus en plus au catholicisme, elle qui ne fut jamais pratiquante. Peu à peu elle se "déjudaïse" tout en gardant son identité culturelle juive. Elle se convertira en 1931 au catholiscisme, "Edith adore ce contraste (qui est tout sauf une opposition, tout sauf un paradoxe, tout sauf un oxymore): être chrétienne: et juive. Edith est chrétienne parce que juive. Et redevient juive parce que devenue chrétienne. La foi chrétienne prend sa source chez les juifs: elle ne l'oubliera pas. Plutôt mourir. Que peut-on lui reprocher?" (p 103 et 104)
Edith Stein entrera dans les ordres, au Carmel et en 1942 périra à Auschwitz en martyre chrétienne et juive. Elle sera béatifiée par Jean-Paul II le 1er Mai 1987 et canonisée le 18 octobre 1998.
Yann Moix ne s'est pas donné une tâche facile en écrivant la biographie de cette femme extraordinaire, féministe avant l'heure, éprise de liberté intellectuelle et religieuse, passionnée de philosophie, au parcours plus qu'atypique. Or, il réussit à rendre lisible le parcours d'Edith Stein en racontant sa vie de fillette, de jeune fille, de jeune femme à l'intelligence vive et sagace, à la puissance de travail étonnante, au caractère emporté et entier, tous ces petits riens qui sont les traits essentiels de la femme qu'elle deviendra et de la voie qu'elle choisira de suivre.
Le style de Yann Moix est très déroutant avec ses répétitions et surtout l'utilisation, agaçante au début, des ":". Ce signe de ponctuation s'avère bien choisi au fil de la lecture. Grâce à lui, le lecteur devient attentif et l'auteur, de cette manière, met en exergue ce qui lui semble important à souligner.
La biographie d'Edith Stein a le mérite d'amener le lecteur à s'interroger sur un certain nombre de choses: Qu'est-ce qu'être juif? Que devient un juif devenu catholique? Quelle est la dictinction entre le sacré et le profane: comment devient-on une sainte après avoir vécu une vie ordinaire? Comment peut-on être fidèle en ayant été infidèle? Qu'est-ce l'éternité ou l'immortalité pour un saint ou pour un homme? Autant de questions auxquelles les réponses peuvent être ressenties une fois la lecture achevée et digérée. En effet, sous des aspects, au début, légers parfois anecdotiques, Yann Moix amène le lecteur à aborder la complexité de la philosophie, la complexité du cheminement intellectuel d'une femme engagée d'une grande culture, et il est parfois bien difficile, lorsque les notions philosophiques abordées au lycée sont bien loin, de saisir la subtilité d'un raisonnement pointu.
Ce qui permet, dans l'ensemble, la fluidité de lecture est le côté romancé de la biographie. Est-ce une hérésie ou pas? Toujours est-il que la narration "romanesque" permet de tenir jusqu'au bout du récit sans s'ennuyer ni être perdu dans les multiples références philosophiques, religieuses ou historiques. Yann Moix offre un portrait émouvant, complet d'Edith Stein tout en s'autorisant une drôlerie intime avec elle. Ce qui ne fait que la rendre, paradoxalement, encore plus grande et plus humaine. Seuls les ultimes chapitres de la biographie m'ont parus non pas inutiles mais inappropriés au propos: la justification d'Israël me paraît être en trop et j'ai eu du mal à suivre le fil de sa pensée car ces derniers chapitres parasitent la biographie. Etait-ce essentiel pour illustrer le parcours d'Edith Stein? Rien n'est moins sûr, à mon humble avis. Cependant, malgré ce petit bémol, je trouve que Yann Moix parvient à titiller sérieusement non seulement les consciences mais aussi à provoquer le désir, chez le lecteur, de savoir qui était vraiment Edith Stein et c'est ce qui fait la réussite de son livre!
"La phénoménologie, c'est un regard simple sur les choses. Voilà ce que c'est. dans le but de découvrir leur vérité propre. ce qu'il y a dedans. A l'intérieur. Ce qu'elles recèlent. Ce qu'elles cachent. Ce qu'elles dissimulent." (p 55)
En travaillant sur sa thèse sur "L'Einfühlung, la sympathie ou perception intuitive", en côtoyant étudiants et professeurs, Edith Stein s'intérresse de plus en plus au catholicisme, elle qui ne fut jamais pratiquante. Peu à peu elle se "déjudaïse" tout en gardant son identité culturelle juive. Elle se convertira en 1931 au catholiscisme, "Edith adore ce contraste (qui est tout sauf une opposition, tout sauf un paradoxe, tout sauf un oxymore): être chrétienne: et juive. Edith est chrétienne parce que juive. Et redevient juive parce que devenue chrétienne. La foi chrétienne prend sa source chez les juifs: elle ne l'oubliera pas. Plutôt mourir. Que peut-on lui reprocher?" (p 103 et 104)
Edith Stein entrera dans les ordres, au Carmel et en 1942 périra à Auschwitz en martyre chrétienne et juive. Elle sera béatifiée par Jean-Paul II le 1er Mai 1987 et canonisée le 18 octobre 1998.
Yann Moix ne s'est pas donné une tâche facile en écrivant la biographie de cette femme extraordinaire, féministe avant l'heure, éprise de liberté intellectuelle et religieuse, passionnée de philosophie, au parcours plus qu'atypique. Or, il réussit à rendre lisible le parcours d'Edith Stein en racontant sa vie de fillette, de jeune fille, de jeune femme à l'intelligence vive et sagace, à la puissance de travail étonnante, au caractère emporté et entier, tous ces petits riens qui sont les traits essentiels de la femme qu'elle deviendra et de la voie qu'elle choisira de suivre.
Le style de Yann Moix est très déroutant avec ses répétitions et surtout l'utilisation, agaçante au début, des ":". Ce signe de ponctuation s'avère bien choisi au fil de la lecture. Grâce à lui, le lecteur devient attentif et l'auteur, de cette manière, met en exergue ce qui lui semble important à souligner.
La biographie d'Edith Stein a le mérite d'amener le lecteur à s'interroger sur un certain nombre de choses: Qu'est-ce qu'être juif? Que devient un juif devenu catholique? Quelle est la dictinction entre le sacré et le profane: comment devient-on une sainte après avoir vécu une vie ordinaire? Comment peut-on être fidèle en ayant été infidèle? Qu'est-ce l'éternité ou l'immortalité pour un saint ou pour un homme? Autant de questions auxquelles les réponses peuvent être ressenties une fois la lecture achevée et digérée. En effet, sous des aspects, au début, légers parfois anecdotiques, Yann Moix amène le lecteur à aborder la complexité de la philosophie, la complexité du cheminement intellectuel d'une femme engagée d'une grande culture, et il est parfois bien difficile, lorsque les notions philosophiques abordées au lycée sont bien loin, de saisir la subtilité d'un raisonnement pointu.
Ce qui permet, dans l'ensemble, la fluidité de lecture est le côté romancé de la biographie. Est-ce une hérésie ou pas? Toujours est-il que la narration "romanesque" permet de tenir jusqu'au bout du récit sans s'ennuyer ni être perdu dans les multiples références philosophiques, religieuses ou historiques. Yann Moix offre un portrait émouvant, complet d'Edith Stein tout en s'autorisant une drôlerie intime avec elle. Ce qui ne fait que la rendre, paradoxalement, encore plus grande et plus humaine. Seuls les ultimes chapitres de la biographie m'ont parus non pas inutiles mais inappropriés au propos: la justification d'Israël me paraît être en trop et j'ai eu du mal à suivre le fil de sa pensée car ces derniers chapitres parasitent la biographie. Etait-ce essentiel pour illustrer le parcours d'Edith Stein? Rien n'est moins sûr, à mon humble avis. Cependant, malgré ce petit bémol, je trouve que Yann Moix parvient à titiller sérieusement non seulement les consciences mais aussi à provoquer le désir, chez le lecteur, de savoir qui était vraiment Edith Stein et c'est ce qui fait la réussite de son livre!
11 commentaires:
Dommage, le sujet est très intéressant, mais je déteste Yann Moix que je tiens pour un fort médiocre écrivaillon. Bon, ben au moins, ce livre ne viendra pas augmenter ma (monstrueuse) PAL ! Bonne semaine, Katell, à bientôt !
@turquoise: c'est le premier roman de Moix que je lis. J'ai passé un bon moment malgré les ultimes chapitres qui m'ont un peu lassée.
Bonne semaine à toi aussi....remplie de haïkus et de poésie :-)
Je passe !
Je trouve ta critique vraiment très intéressante et le sujet du livre a priori tentant, mais j'avoue que je ne suis pas sure que ce roman corresponde à mes attentes. Je vais essayer de le repérer en librairie pour le feuilleter. En tout cas tu as attiré mon attention dessus, donc merci :)
@cathulu: le pauvre Yann Moix ne fait pas recette...ou la sainteté? ;-)
@lou:de rien Lou ;-) Bonne journée à toi!
moi aussi je passe...
@sylvie: beaucoup d'anges passent sur ce roman ;-)
j'ai peur que ce soit Yann Moix plus que le sujet qui fasse peur, c'est mon cas du moins... mais je le feuillèterai à l'occasion pour voir ;-)
Je commence à me poser des questions! "Mort et vie d'Edith Stein" est le premier roman de Moix que je lis! Même si la lecture n'a pas été transcendante, elle ne m'a pas pesé pour autant.
Je crois que je vais passer sur celui-là (et cela me fait penser que je dois lire le livre pour Masse Critique !)
Enregistrer un commentaire