jeudi 4 janvier 2007

Je, tu, il(elle),nous....


Trois narrations d'un même moment: une soirée d'anniversaire autour d'un jeu de société "Personnages et caractères".
Trois points de vue différents: ce qui pourrait paraître redondant est une progressivité dans l'acuité perceptive de la situation proposée.
Alice Ferney prend le contre-pied de Balzac, dans "Le Père Goriot" (description en entonnoir: du Paris, vue d'ensemble, au détail de la mouche sur la tapisserie). Elle part des "choses pensées" (l'intimité du moi) aux "choses rapportées" (situation vue avec un grand recul, situation descriptive, romancée).
C'est ce parti pris qui fait la richesse de l'argument littéraire: les autres, la perception que l'on a d'eux mais aussi celle que l'on a de soi-même.
Peut-on tout dire, même entre amis, sans risquer de se perdre les uns les autres? L'idée originale du jeu de société déclencheur de révélations, de réactions vives et douloureuses, permet de développer le rapport que tout un chacun a aux autres et à lui-même.
Mais, dans un sens, ce jeu se révèle être salutaire car de la crise naît l'apaisement, du désordre naît le calme voire la sérénité et la profondeur des liens.
Finalement, les autres sont le ferment de notre vie, de notre identité: sans les autres on n'existerait pas...ou alors si peu.
Une écriture aérienne, sensible, aux images toujours justes, toujours en délicatesse et belles. Du grand Ferney même si certains peuvent être hérissés par cette triple narration. Un exercice de style? Non, la vie, seulement la vie à travers trois prismes, à travers trois focales: le mode macro, le mode normal, le grand angle qui, paradoxalement, est celui qui révèle les ultimes détails de l'intime.

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