lundi 19 février 2007

Fresque chinoise


Cette fresque grandiose, écrite par un japonais (si, si), peint les derniers siècles de l'empire Mandchou. Le lecteur est plongé dans le monde sans pitié de la société chinoise : le labeur de la paysannerie, les intrigues des puissants, les suées intellectuelles des candidats au mandarinat, la condition misérable des eunuques, la méfiance envers les missionnaires, le rejet de ce qui vient de l'étranger.
Trois principaux portraits en filigrane : celui du mandarin un tantinet iconoclaste, Wen-Sieou, celui du jeune garçon (qui fut le protégé de Wen-Sieou) Tchouen-Yun qui s'auto mutile pour réaliser la prophétie (qui s'avèrera "montée" par la voyante) lui promettant les richesses du Vieux Bouddha (surnom affecteux de la vieille impératrice), enfin celui de l'impératrice Tseu-Hi, redoutée de tous mais qui cache sous ce masque impitoyable une âme de midinette et un côté fleur bleue qui la rendent attachante.

Il y a des scènes amusantes, notamment celles de l'extension de la concession de Hong Kong aux Anglais sous les yeux ébahis d'un journaliste américain qui est admiratif du "coup" politique du vieux mandarin et général, Li Hong-tchang ainsi que celle de la rencontre d'un mandarin déchu, affamé et au bord du suicide, avec celui qui sera le futur Mao !!!
Roman fleuve, long comme le fleuve Jaune, plein de tourmentes, de "flash back", passionnant. Le lecteur est immergé dans cet empire exangue et moribond, ratant les ultimes occasions d'accéder en douceur dans l'ère du modernisme. Il en sort, comme le jeune Tchouen-Yun, époustouflé mais ayant appris une chose importante : le plus beau des trésors est celui de la vie et de ses douceurs comme ses douleurs.

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