mercredi 29 avril 2009

Carnet intime de voyage


Il est des jours où une simple lecture apporte le réconfort dont on a besoin, inonde de soleil une tête obscurcie par le monde impitoyable du travail, il est des jours où la littérature jeunesse offre des moments de bonheur inestimable!

Ainsi en est-il avec "Rond comme un caillou en bois" de P.Cloux et F.Cinquin, édité chez une adorable maison d'édition "L'atelier du poisson soluble"!


Stanislas n'est pas russe, n'habite pas Nancy, il a reçu son prénom de la part d'un oncle féru de Stanislas Peucédan, personnage d'André Dhotel (auteur d'un livre qui n'est pas anodin "Le pays où l'on arrive jamais" ), et surtout Stanislas vit en Auvergne, pays des anciens volcans!

Stanislas a un petit souci, il est un peu gros, mais une immense chance, la curiosité, l'envie de comprendre le monde qui l'entoure, l'amour des collections de tout et de rien, ces petits trésors que l'on ramasse lors des sorties et des vacances. Oui, Stanislas aime regarder, observer les choses et les êtres, rêver à ce qu'ils étaient, imaginer leur environnement et surtout consigner dans son petit cahier d'écolier tout ce qui lui passe par la tête!

Le lecteur suit Stanislas dans ses déambulations à travers la campagne, dans ses retranscriptions des leçons d'histoire, de géographie ou de sciences. Il le suit dans ses réflexions sur le monde et sa manière de tourner. Il aime se perdre dans les illustrations de son journal intime de voyage intérieur: le mécanisme d'une éruption volcanique selon son type (péléen, strombolien ou plinien), les dessins ou photos de fossiles glanés lors des furetages campagnards, les débuts d'herbier, les collections de coquillages, de galets, de bois flotté, de tessons de verre polis par la mer ou les rêveries au creux d'un vieux chêne.
On oublie que Stanislas est un peu trop gros et on découvre avec joie qu'il a les rondeurs joyeuses et rêveuses d'un caillou en bois....vous savez, les cicatrices des arbres que l'on peut arracher et polir pour les collectionner! Que grâce à sa rondeur d'esprit, qui lui ouvre les portes du sensible et du beau, on apprend que les arbres, au bord de l'eau, parfois font pousser de drôles de branches à leur pied....leurs poumons pour moins étouffer au bord de l'étang ou du lac!

"Rond comme un caillou en bois" est un Cabinet des Curiosités que l'on parcourt avec le sourire aux lèvres et le rêve prêt à s'envoler! Un roman illustré divinement d'aquarelles, de collages et de photos ouvrant le chemin aux déambulations de notre imaginaire!

Un livre à mettre entre toutes les mains à partir de 5/6 ans!!!

Florilège:

"J'adore casser des cailloux, espérant toujours en eux un trésor, découvrir ce qu'ils ont à l'intérieur. Dans leur ventre."




"Tout ce chemin parcouru vaut bien qu'on s'y arrête. Rien ne presse. Avoir 11 ans et de grands yeux donne un peu plus de mémoire à celui qui regarde. Aussi faut-il apprendre un peu à regarder. C'est-à-dire faire mouliner comme une crécelle au fond de soi l'étonnement et ce qu'on connaît. En faire des suites rapides de photographies rangées très vite dans la tête. Rapprocher ce qu'on voit et ce qu'on vient de découvrir de ce qu'on sait déjà. Cela se fait tout seul."



"On a retrouvé chez eux [les hommes préhistoriques] des osselets et des cailloux ronds avec un petit peu de peinture dessus, près des restes des feux de bois où ils posaient leurs gamelles.
Déjà leurs enfants étaient nombreux et très joueurs. Ils domestiquèrent même des petits chiens sauvages et des oursons, il y a plus de dix mille ans. Ils bricolaient des cailloux et des billes pendant que leurs parents taillaient des arcs. Mais comme ils étaient souvents tout nus, ils ne pouvaient pas les mettre dans leurs poches et ainsi ils les ont perdus.
J'aime quand on retrouve ces objets d'un autre temps."

Mille et un mercis à Mirontaine pour cette très, très, mais alors très très belle découverte!

samedi 25 avril 2009

Pour les mordu(e)s des swaps


Hambreellie ne recule devant rien: entre ses examens à la fac et ses lectures, elle se lance dans l'organisation d'un swap bien symapthique: le swap grandes vacances!

Les inscriptions peuvent s'effectuer jusqu'au 8 mai, alors n'hésitez pas à cliquer ici !

Itinéraire d'une enfant (pas du tout) gâtée


Marie-Claire vient de perdre sa maman, elle ne comprend pas tout ce qui se déroule autour d'elle, les signes de croix, les airs attristés, les gens qui vont et viennent dans la maison. Elle comprend encore moins lorsque son père les laisse dans un couvent, sa soeur et elle, aux bons soins des soeurs. Nous sommes dans le Berry puis en Sologne, au début de la IIIè République, Marie-Claire s'avère être une petite fille aux facilités d'apprentissage étonnantes: elle est bonne élève, elle aime apprendre et lire mais elle est aussi un peu réfractaire à la discipline du couvent. Aussi devient-elle très rapidement la bête noire de la mère supérieure qui dès qu'elle le peut, l'envoie, méprisante, comme bergère chez une famille paysanne, à Villevieille. Une nouvelle vie s'offre à Marie-Claire loin du doux regard de soeur Marie-Aimée, une vie qui va lui apprendre à grandir et à souffrir....Ainsi commence l'autobiographie d'une jeune bergère qui devint couturière à Paris.
Ce récit autobiographique qui a connu un grand succès lors de sa parution a été réédité en février dernier. Moi qui ne suis guère friande de ce type de littérature, j'ai été emballée très rapidement par la fraîcheur de l'écriture, le regard très éloigné de toute mièvrerie et surtout par l'authenticité des émotions, des situations et des différentes atmopshères de l'histoire de la jeune Marie-Claire.
Sans avoir l'air d'y toucher, Marguerite Audoux retrace le parcours de la petite orpheline qu'elle a été, l'ambiance feutrée et bruyante à la fois de ces grandes maisons où échouaient les petites filles dont on ne savait quoi faire, ces maisons où régnaient les mères supérieures et les soeurs. Des soeurs plus ou moins bienveillantes, plus ou moins maternelles, plus ou moins douces. Le lecteur est au coeur du dortoir, aux côtés des pensionnaires au réfectoire, caché lors des menus bêtises des fillettes ou des jeunes filles, assis sagement au fond d'une classe où rêverie et assiduité se mêlent. Puis vient le jour où les fillettes deviennent presque des demoiselles et doivent aller de par le monde lorsqu'elles n'optent pas pour la clôture voilée.
La vie paysanne avec ses peurs du loup, ses forêts aussi somptueuses, romantiques qu'inquiétantes, sa vie rude et cependant riche de tendresses muettes comme la vie ouvrière avec ses rythmes usants, ses patrons qui peuvent être autant humains que méprisants, ses petites mains gouailleuses, virevoltantes, s'écoule sous la plume sans fard, sans effets superflus, de Marguerite Audoux. Cette dernière, avec une simplicité extrême d'une grande richesse (une simplicité savoureuse bien éloignée de certaines littératures trônant en tête de gondole), emmène son lecteur au coeur du monde des petites gens, ces petites gens cheville ouvrière d'une société qui trop souvent les ignore. Le monde ouvrier ou paysan n'est pas édulcoré, il est relaté, sans rhétorique pesante, sans effet de style superfétatoire: il est, il naît sous les mots simples mais d'une justesse qui pourrait faire pâlir d'envie plus d'un Musso! Les sentiments y sont vrais et la vie des humbles encore plus réelle: le lecteur suit les angoisses d'une Marie-Claire qui ne sait plus ce qu'est l'amour depuis son immense déconvenue (tellement banale à cette époque et tellement poignante) et qui se demande si elle doit ou non céder au désir du neveu de ses patrons....elle pourrait être ainsi à l'abri du besoin, accéder à la respectabilité mais est-ce vraiment l'essentiel d'une vie pleinement réussie?
Surtout, ne vous fiez pas à la couverture où une beau paysage de terroir s'épanouit...."Marie-Claire" suivie de "L'atelier de Marie-Claire" est tout sauf un roman du terroir: le folklore ne s'y trouve pas, seulement le quotidien dans sa douceur comme dans sa rudesse, dans ses petits bonheurs comme dans ses indicibles désespérances. "Marie-Claire" réconcilie la lectrice que je suis avec la littérature populaire dans son sens le plus noble: les petites gens sont mis à l'honneur et en valeur, l'écriture simple donne une grande force au récit par son économie de moyen qui écarte toute indigence de style et d'argumentaire, les émotions sont intenses derrière une réalité parfois très crue.
Marguerite Audoux reçut le Prix Femina, en 1910, pour son roman "Marie-Claire".
Je n'aurais certainement pas lu ce roman si les éditions De Borée ne me l'avaient pas proposé!





vendredi 24 avril 2009

Fin de semaine


Rachel de Tricot au bout du monde a eu l'idée de me taguer! Quelques questions/réponses pour en savoir un peu plus sur Chatperlipopette....attention, les révélations seront surprenantes!

Plutôt corne ou marque-page? Marque-page bien sûr....je déteste corner mes livres!

As-tu déjà reçu un livre en cadeau? oui, très souvent!!!

Lis-tu dans ton bain? ça va pas non!

As-tu déjà pensé à écrire un livre? c'était il y a très longtemps, j'étais jeune ado et j'avais la tête pleine de jolis rêves....mais je n'ai pas du assez souffrir pour avoir le talent permettant d'écrire quelque chose de correct: mes premiers jets étaient très cartlandiens!

Que penses-tu des séries de plusieurs tomes? un régal lorsque qu'elles sont bien faites. Je me suis délectée avec Le seigneur des anneaux Les Thibaut de Martin du Gard Les guerriers du silence de Bordage

As-tu un livre culte? La trilogie du Seigneur des anneaux et Autant en emporte le vent .
Aimes-tu relire? Cela dépend.

Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs de livres qu’on a aimé ? Je suis tellement timide et impressionnable que je deviens une vraie courge lorsque j'en rencontre un.

Aimes-tu parler de tes lectures ? Oui! sinon je ne tiendrais pas de blog.

Comment choisis-tu tes livres ? Parfois à la couverture ou à l'odeur (mais le risque peut s'avérer grand), le plus souvent grâce aux conseils glanés sur les blogs et sur le forum parfum de livres.

Une lecture inavouable .....Une partie de la série des SAS, un été alors que j'étais sensée réviser deux UV pour la session de rattrapage de Septembre (ah le joyeux temps estudiantin!!)

Des endroits préférés pour lire ? Le banc sur la terrasse, au soleil après le repas de midi, mon lit, le canapé de la bibliothèque et le voltaire près de la cheminée en hiver.

Un livre idéal pour toi serait : Celui que j'emporterai sur une île déserte.

Lire par dessus l’épaule ? Je déteste qu'on lise par-dessus mon épaule donc je ne suis pas une adepte de cette mauvaise habitude.

Télé, jeux vidéos ou livre ? Livre!

Lire et manger ? Oui, mais pas les deux en même temps!

Lecture en musique, en silence, peu importe .. musique classique ou le silence (parfois, je mets des bouchons dans les oreilles pour m'isoler encore plus! J'ai beaucoup de mal à supporter le bruit en dehors de mon travail...les loupiots de 3/4 ans ne savent pas parler doucement....mille et une fois hélas pour mes pauvres petites oreilles!).

Lire un livre électronique ? Beurk!

Livres empruntés ou livres achetés ? Les deux!

Quel est le livre que tu lis actuellement et quel sera le prochain ? J'en lis 4 en même temps (je sais, je suis complètement cinglée!) "La marche de Mina" de Yoko Ogawa "Terra nostra" de Carlos Fuentes "Berlin Alexanderplatz" d'Alfred Döblin et "Les amants de la Mer Rouge" d'Addonia Sulaiman Smy .

As-tu déjà abandonné la lecture d'un livre? cela ne m'est pas arrivé depuis bien longtemps....je dois avoir un côté masochiste!

Quel est le premier livre que vous avez adooooooré d'amour ? Toufou et Pouquette puis La princesse de Clèves .


A qui vais-je passer le relais? Hambreellie Majanissa Mirontaine Vanessa...si elles le souhaitent!

mercredi 22 avril 2009

Valse de la mémoire


L'histoire commence par une scène saisissante où une meute de chiens féroces traverse en grondant une ville. Est-ce un cauchemar ou la réalité? Toujours est-il que d'emblée l'angoisse est présente et on tremble dans son canapé: on attend la morsure puis la dévoration....de qui, de quoi? Du mauvais rêve ou des mauvais souvenirs?
Très vite, le spectateur se rend compte que cette scène est celle d'un rêve récurrent qui devient obsessionnel chez Ari, le narrateur. Ce dernier effectuait son service militaire au Liban, en plein conflit israëlo-arabe et depuis sa vie n'est plus un long fleuve tranquille. Le cauchemar revient lancinant et il décide de retrouver ses anciens compagnons d'armes pour éclaircir quelques points et chercher une explication à son malaise incessant: il ne souvient plus d'un intense moment de son passage à Beyrouth.
"J'ai été enrôlé dans l'armée avant mes 17 ans. En Septembre 1982, j'arrivais à Beyrouth ouest avec l'armée israëlienne, après l'assassinat du président Bachir Gemayel, le jour de sa nomination. Je quittais Beyrouth Ouest trois jours plus tard, j'étais une toute autre personne...Cette histoire est mon histoire que j'ai décidé de raconter après plus de vingt ans." "Le film retrace ce qui s'est passé en moi à partir du jour où j'ai réalisé que certaines parties de ma vie s'étaient complètement effacées de ma mémoire." Une histoire qui est celle du réalisateur, une histoire qu'il exorcise avec ce film d'animation. Peu à peu Ari se replonge dans ce passé douloureux, celui de cette guerre au Liban, le Vietnam de l'armée d'Israël: lentement, l'histoire se retrace, les patrouilles, la peur au ventre, les permissions un peu folles où l'alcool coule à flot, les embuscades dans les plantations, le bateau dans lequel une jeunesse armée danse, hurle, se soule, pour oublier la peur, pour se donner un courage toujours fuyant. Une scène, clef, revient tel un leitmotiv: il fait nuit, le narrateur et son groupe se baignent, sur la plage déserte leurs vêtements sont en tas. Soudain, ils sortent, nus, de l'eau, prennent leurs armes et se mettent à marcher.... Cette scène est une sorte de refrain dans le récit, une répétition émotionnelle d'un vécu lourd à porter.
Le parti pris du cinéma d'animation est plus qu'intéressant pour relater un pan d'histoire contemporaine, une tragédie humaine et politique: cela aide à entrer dans un récit difficile, oppressant et douloureux, cela permet une distanciation qui n'est que provisoire: les dernières images laissent le spectateur littéralement scotché dans son canapé...un coup de poing qui réveille et qui oblige à regarder la réalité en face, non ce n'est pas de la fiction, oui cela s'est réellement passé!
Le spectateur assiste à une valse, une valse étrange, sombre, où le tempo se répète (la scène de la baignade nocturne) jusqu'à ce que le déclic salvateur délivre le narrateur de son oubli, libérant le cerveau de ses souvenirs enfouis, libérant le corps de ses chaînes invisibles.
Le réalisateur truffe son animation de références historiques et politiques, un clin d'oeil, à la fin du film, juste avant les ultimes images choc, empreint d'un parti pris idéologique qui tranche avec ce que l'on peut lire ou voir, habituellement, aux informations, au sujet d'Israël et de sa politique: des hommes, femmes et enfants palestiniens qui sortent les bras levés rappellent la sortie d'un certain ghetto de Varsovie...une mise en abyme très parlante, très émouvante et très glaçante. Une voix israëlienne discordante s'élève pour mettre le doigt sur des actes qui ne font pas forcément l'unanimité au sein du pays. Peu à peu, certains intellectuels osent dire leur différence et faire entendre, subtilement,sur un autre diapason: l'expression, presque iconoclaste, du sentiment de culpabilité qui ronge ceux qui ont participé à des conflits qui ne font pas l'unanimité. Certains s'expriment par le roman comme Ron Barkaï, d'autres, comme Ari Folman, par le cinéma, un cinéma d'animation dans lequel la tension est toujours en filigrane.
"Valse avec Bachir" est à placer dans le sillage de "Persépolis" de Marjane Satrapi: du cinéma d'animation pour mettre de la distance entre le vécu difficile et la relation de ce dernier, une distance qui ne masque pas l'horreur de ce qui se déroule, en vrai.
On sort de ce film dans un état bizarre: on frissonne, on a perdu ses mots pour verbaliser les émotions intenses éprouvées pendant le film, on flotte encore dans cette recherche d'une vérité enfouie dans l'inconscient, lui qui "oublie" lorsqu'il ne veut plus voir ce qui est traumatisant, on a envie d'en parler et en même temps on ne peut dire un seul mot.
J'ai trouvé ce film d'une force extraordinaire, osant exposer les doutes, certes a postériori mais présents malgré tout, de soldats, tout jeunes, embarqués dans un conflit qui les dépasse, qu'ils ne saisissent pas parce qu'on ne leur en a pas expliqué la raison: Vous y allez, vous obéissez, c'est tout. "Valse avec Bachir" montre combien les séquelles d'une situation traumatisante sont présentes dans l'esprit de ces vétérans qui ont honte de ce qu'a fait leur armée (là il s'agit de Sabra et Chatila, camps de réfugiés palestiniens)....et que la parole, la quête du souvenir sont nécessaires pour tuer les fantômes qui les hantent.
Un film à voir et à revoir....pour ne jamais oublier que toute guerre est une horreur absolue aux innombrables dégâts invisibles.






Merci à Suzanne de Chez les fille et aux Editions Montparnasse pour ce beau visionnage! D'autant que l'édition dvd apporte des plus très intéressants. Il m'a fallu du temps pour ce billet mais la "digestion" a été difficile!







Les avis de liliba aifelle (qui donne plusieurs autres liens) leiloona


mardi 21 avril 2009

La tendresse d'une belle mère


Eudoxie, veuve de quarante-sept ans, épouse en secondes noces, Armand, sexagénaire, veuf, doté d'un fils unique, Lucien, un peu étrange. Nous sommes à Meudon, banlieue encore champêtre de Paris, en mars 1935 et une nouvelle vie commence pour Eudoxie.
Lucien et Armand ne se parlent que rarement, Eudoxie tente d'apprivoiser le second et de prendre ses marques dans un univers où se ressent toujours la présence de la disparue. Le chat Nonotte promène son corps souple et délié au milieu de ce petit monde où les non-dits sont nombreux.
La guerre arrive, l'exode jette sur la route Armand et Eudoxie qui tentent de rejoindre la famille à la campagne pour fuir les troubles de l'invasion du pays...Armand est victime des avions allemands, Eudoxie est sauvée grâce à une paire de chaussures oubliées lors de la dernière halte.
Pour la deuxième fois veuve, Eudoxie apprend à vivre avec Lucien....deux êtres qui se voient contraints par les circonstances de vivre ensemble, sans s'être choisis. Peu à peu, au fil des années, des liens se tissent entre eux deux, Eudoxie apprend à aimer ce jeune homme étrange devenu un homme toujours aussi imprévisible, Lucien à accepter une présence féminine autre que celle de sa mère.
Dans une atmosphère feutrée, aux contours floutés par le souvenir et le temps qui passe, inexorable, Claude Pujade-Renaud, offre une histoire d'amour, presque incestueuse, entre deux êtres que tout sépare. La tendresse de l'écriture de l'auteure caresse ses personnages que le lecteur accompagne, au rythme lent de la vie, dans leur voyage au long cours allant jusqu'au bout de leur chemin. Une route sinueuse, faite de tours et de détours, d'attirance et de répulsion, de jalousie et de douce aigreur, de séduction larvée au coeur d'une tarte maison ou d'un pique-nique estival. Une histoire d'amour pas comme les autres, simple en apparence, où se croisent la simplicité et l'authenticité des "petites gens", autour d'un jardin et de locataires qui scandent le quotidien.
J'ai aimé les deux voix narratrices, celles d'Eudoxie et celle de Lucien, deux notes discordantes telles la lumière et l'ombre d'une histoire où le drame pourrait survenir à tout instant. Deux voix, deux univers qui s'éloignent pour mieux se retrouver, deux mondes qui n'aiment pas tellement les incursions extérieures, hormis celles des chats, les nombreux Nonotte qui peuplent la vie de ces amants qui ne le sont pas.
"Belle mère" est aussi un roman sur la vieillesse et ses aspirations, cet âge de la vie qui efface les aspérités des caractères, en adoucit les contours pour devenir plus tolérante envers la différence de l'autre.



Merci Florinette pour cette jolie découverte et d'en avoir fait un livre voyageur.
"Belle mère" continue son voyage en voguant vers Lucy .

jeudi 16 avril 2009

Bienvenue chez les Ch'tis!

En attendant mon billet, lundi, sur Belle mère de Claude Pujade-Renaud.... Je m'éclipse pour le week-end et devinez où?

Je vous laisse aux bons soins du gardien de blog!

Tokyo by night

Kenji, jeune japonais de vingt ans, exerce la profession de guide mais pas n'importe lequel, un guide non répertorié officiellement, un guide "sexuel". Nous sommes à Tokyo, quelques jours avant le nouvel an. Un touriste américain, Frank, achète les services de Kenji: à charge pour se dernier de lui faire visiter les coins les plus typiques et les plus chauds de Tokyo. Cet homme, aussi insaisissable que difficile à décrire, laisse planer autour de lui une atmosphère d'insécurité étrange. Qui est-il? D'où vient-il? Et surtout que veut-il vraiment?
En arpentant le quartier de plaisir de Shinjuku, Kenji va peu à peu prendre conscience que Frank est tout sauf un touriste normal: ses propos sont déroutants, ses souvenirs se contredisent, ne se recoupent pas, les mensonges défilent au cours de trois nuits angoissantes. Un jeu terrifiant se met en place entre les deux hommes: Frank est le chat, sadique, qui joue avec la souris Kenji. En effet, Frank est un tueur en série maniant aussi bien l'hypnose que le couteau effilé qu'il cache dans une jambière. De bars à hôtesses en "peep-shows" en passant par une esplanade à base-ball, Kenji et Frank visitent les lieux parfois glauques du Tokyo by night: la jeunesse japonaise, perdue, sans repère, se prostitue pour pouvori s'offrir les derniers vêtements ou les derniers gadgets à la mode. L'industrie du sexe est d'une prodigalité incroyable en spectacles de tout genre et en compagnie du narrateur, angoissé et inquiet, le lecteur arpente les lieux interlopes du Kabukichô où la prostitution est autant un moyen d'accéder aux produits derniers cris qu'un moyen vital de subsistance pour les immigrées.
Ryu Murakami décrit le mal être d'une société moderne, ses perversions et ses folies de manière froide et distante tout en maîtrisant au plus haut point la montée en puissance de l'angoisse et de la terreur. L'ambiance, chaque nuit qui passe, devient plus lourde, plus oppressante et atteint son point culminant lors de la tuerie, gratuite et sanglante, dans un bar où des naufragés de la vie prennent un verre, sans conviction. Le pire est l'indifférence des passants qui ne s'émeuvent pas de voir un bar fermé....cela arrive tellement souvent, les lieux de plaisirs ouvrente t ferment à une telle cadence que plus rien ne se remarque. Les victimes baignent dans leur sang derrière la devanture fermée, à l'insu de tous et à deux pas d'un commissariat. Murakami souligne les lézardes dans la société moderne japonaise: la surconsommation entraîne une vision individualiste du monde ainsi qu'un vide existentiel terrifiant, rien n'interesse personne. Ce qui permet à des meurtriers de se laisser libre cours à leurs pires penchants en toute impunité.
Frank, le "gaijin" yankee, souffle le chaud et le froid avec une perversion acidulée sur le pauvre Kenji qui se demande s'il survivra à son ultime nuit de travail. Le lecteur passe par toute la gamme des émotions fortes et des sueurs froides sans pouvoir se détacher du pouvoir de la narration; narration qui oscille entre policier et fable. En effet, on peut se poser la question suivante: pour avoir l'impression d'être libre et pouvoir crier sa révolte du système, doit-on obligatoirement passer par le crime comme Frank? Toujours est-il que le lecteur est confronté à un monde sordide dans lequel les égoûts de la nature humaine semble s'être donné rendez-vous. D'ailleurs dans sa postface, Murakami explique: «En écrivant ce roman, je me suis senti dans la position de celui qui se voit confier le soin de traiter seul les ordures. Une dégénérescence terrible est en cours, et elle ne contient pas la moindre graine d'épanouissement. J'ai l'impression d'observer des organismes vivants en train de mourir lentement dans une pièce aseptisée.» Exiger un travail sans relâche, de la part de ses citoyens, enseigner à ses enfants de mener une vie laborieuse, ne dispense pas l'état d'apprendre aux citoyens ce que peut être une vie ordinaire «les parents, les professeurs, l'Etat, tout le monde nous enseigne comment mener une vie fastidieuse d'esclave, mais ils ne nous apprennent jamais ce que c'est qu'une vie normale». Murakami a une vision sombre, et certainement peu objective, du Japon moderne et nous le décrit, dans un style brillant, comme un pays mort-vivant qui depuis les atrocités de la guerre ne parvient pas à se reconstruire et à se regarder en face ....à vous glacer les sangs!


Après la lecture de "Les bébés de la consigne automatique", "Miso soup" m'a transportée dans un univers glauque, désenchanté, décrit avec maestria par un auteur de grand talent! L'art de nous faire regarder en face les déviances d'une société que l'ultra modernisme individualise et désespère chaque jour un peu plus.

Roman traduit du japonais par Corinne Atlan




mercredi 15 avril 2009

Comment amadouer un ogre?


Tomi Ungerer donne quelques pistes intéressantes dans "Le géant de Zéralda"!

Il était un fois, dans un pays pas si lointain que cela, un ogre qui vivait en solitaire. Pourquoi? Parce que tous les ogres sont effrayants et que personne ne souhaite les côtoyer pour leur servir de dîner, pardi! Et puis, tout le monde sait que les ogres ont des dents pointues, une barbe qui pique, un gros nez affreux et surtout un énorme couteau, sont toujours affamés et n'aiment personne!

Cet ogre, donc, écume la ville de ses enfants (héhéhéhé la chair fraîche des enfants est toujours plus tendre, foi de gourmet!) jusqu'au jour où les habitants désespérés, décident de cacher leur progéniture. Las, la vie tourne au ralenti: les enseignants sont au chômage, les marchands de sucreries n'ont plus de clients, les marchands de jouets non plus et plus personne ne traîne dans les rues! Mais ce n'est rien en comparaison avec ce qui arrive à notre ogre solitaire: plus d'enfant à enlever donc plus d'enfant à manger donc plus rien à grignoter sur la table, hormis quelques tristes brouets de céréales et de pommes-de-terre bouillies....c'est la famine!

Dans une clairière, à l'écart de tout, un vieux paysan vit avec sa fille Zéralda. Ce dernier tombe malade et ne peut donc se rendre au marché. C'est Zéralda, excellente ménagère de son état et surtout cordon bleu inégalable, qui s'y rendra.

Sur le chemin, l'ogre sent les effluves d'une appétissante chair fraîche lui titiller le nez: c'est Zéralda! Ni une, ni deux, il se cache, son couteau en main, prêt à sauter sur sa victime. Seulement, tenaillé et affaibli par la faim, notre ogre rate son saut et tombe, évanoui, aux pieds de Zéralda qui, bonne fille, le soigne et s'apercevnat qu'il est affamé, lui prépare un repas extraordinaire. L'ogre se régale et s'empresse d'offrir à Zéralda le poste de cuisinière au château. Bien lui en prend: ses amis ogres et ogresses ne tarissent pas d'éloges sur la qualité et le raffinement des mets, mets tellement succulents qu'ils rendent bien pâle et insipide la chair fraîche des enfants. Les parents libèrent leurs enfants, les activités citadines reprennent leur cours et Zéralda, en grandissant devient une très belle jeune fille.

Et devinez ce qui arriva?

Le texte est d'une saveur des plus remarquables: entre la description de l'ogre, à faire frémir même les plus courageux, et la liste des mets préparés par Zéralda, on nage en plein bonheur. Les illustrations sont très bien réussies et ont le raffinement d'expliciter et/ou d'apporter au texte une dimension parfois très inquiétante! La dernière, surtout, est en adéquation avec l'insolite du texte "Puis les années passèrent. Zéralda devint une belle jeune fille, l'ogre, toujours bien nourri, rasa sa barbe piquante, et ils devinrent amoureux l'un de l'autre. Ils se marièrent, menèrent une vie agréable et eurent un grand nombre d'enfants. On peut donc penser que leur vie fut heureuse jusqu'au bout."

Tomi Ungerer ou l'art d'accomoder les contes traditionnels à une sauce très originale? "Le géant de Zéralda" est un album savoureux où les zones d'ombre sont nombreuses....donnant tout son sel à la narration!

Un classique indémodable à mettre dans toutes les bibliothèques!


mardi 14 avril 2009

Défi, vous avez dit défi?

Pour les amateurs de défis, catherine, dans sa douce et folle gourmandise de lectrice dévoreuse de romans, propose un autre défi autour du monde: le Défi Littératures de l'imaginaire sur les 5 continents et c'est ici !

Catherine a ouvert un blog consacré à ce défi et c'est !
Si vous avez l'âme aventureuse et voyageuse....n'hésitez pas à vous embarquez à bord d'un ovni bien sympathique!

Le swapounet est arrivé!


Armande avait organisé le fameux swapounet (rien que le nom est rigolo à dire!!!) et après un grand stress de ma part en voyant mes emplettes pas du tout prête pour la date fatidique, tout est rentré dans l'ordre. Hambre a reçu le swapounet que je lui destinais et moi reçu le mien quelques jours plus tard.

C'est Marie qui a eu la lourde tâche de trouver de quoi garnir mon swapounet et elle s'en est très bien sortie!!! Je lui ai envoyé une carte pour la remercier et surtout la rassurer car elle se demandait si elle avait visé juste!

Mais que contenait ce colis?




un roman comme je les aime....japonais et sur les chats Le chat qui venait du ciel

Des marques-page félinesques (j'adore et je vais pouvoir rythmer l'année au gré de ces derniers!)

Un tapis de souris hyper drôle: une grenouille verte hilare pour donner des couleurs à mes balades sur le net. J'ai adoré ce "petit raton laveur" à la Prévert, note humoristique à un colis aux pattes de velours. Marie a un don de double vue: en effet, comment sait-elle que je suis, encore à mon âge, à chercher dans les fossés aux cours de mes balades à la campagne les têtards et à tenter d'apercevoir les rainettes dans les prés humides?

Un adorable stylo bille en forme de chat

Un superbe carnet que je n'ose pas encore noircir de titres de romans glanés sur les blogs!

Vraiment, Marie, tu as bien les choses et je t'en remercie vivement. Je dois ajouter que ton petit mot, inquiet, m'a beaucoup émue....

Merci encore à Armande qui a organisé tout cela avec maestria!!!

lundi 13 avril 2009

Des vérités qui dérangent


Il est des livres qui vous marquent pour longtemps: "Bilal sur la route des clandestins" en fait partie. Du coup, il devient difficile d'en parler de manière exhaustive tant le degré d'émotions est immense: la réalité, la terrible et horrible réalité, dépasse la fiction au-delà de ce que l'on peut imaginer.
Fabrizio Gatti, reporter au journal L'Espresso, est parti sur la piste africaine qui mène les candidats à l'immigration clandestine jusqu'en Europe....lorsqu'ils ont la chance, l'immense chance d'y parvenir sans y avoir perdu de multiples morceaux d'âme.
Les clandestins du XXIè siècle empruntent la route des esclaves, celle qui reliait l'Afrique noire aux pays du Magreb et se retrouvent confrontés aux mêmes marchands de chair humaine. L'humanisme n'est plus de mise dans cet enfer de chaleur, de détresse, de violence et de désespoir. La vie tient à deux bidons de vingt litres d'eau, quelques vivres, quelques dollars pour survivre, ceux que l'on a réussi à soustraire à l'avidité des policiers, des passeurs ou des militaires. La vie, quelques lettres pouvant s'effacer dans les méandres sahariens, égarées au coeur du Ténéré, au coeur des sillons de sable. La vie, jeu de roulette russe, pour tenter l'espoir d'un avenir meilleur que celui qui lentement s'est détruit derrière soi. parfois, le destin s'arrête dans une oasis, aux verts palmiers trompeurs, celle de Dirkou "....c'est la route de Dirkou qui est dangereuse. Il y a les militaires. Et à Madama aussi il y a les militaires. Et militaires, c'est synonyme de coups et de vol. Si tu avais vu ce qu'ils ont fait ici. Ils les ont frappés avec les bâtons et les tubes de caoutchouc." Les clandestins ne sont plus des êtres humains, seulement un exutoire à la violence, à la rancoeur (s'ils partent vers l'Europe c'est qu'ils sont riches et il faut qu'ils paient pour ceux qui restent, qui ne peuvent partir), au pire défaut de l'homme, le pouvoir absolu sur autrui, sur celui qui est plus bas que soi et que l'on peut humilier sans risque! Oui, militaires signifient coups et vol et pas seulement sur la route africaine des esclaves: Lampedusa, île forteresse italienne, où un camp de rétention est implanté et géré par une société privée et les militaires! Là non plus les hommes qui détiennent le pouvoir sur l'autre ne sont pas avares de violence!
Fabrizio Gatti s'est infiltré sur cette route pour comprendre la mécanique inexorable et impitoyable de cette machine à broyer l'être humain et de ce commerce florissant, résultats d'innombrables mensonges et d'immenses lâchetés. Il relate, avec émotion et aussi recul, les scènes hallucinantes du monde du désert: les puits sont autant d'endroits où les fauves humains se retrouvent sans s'entretuer, les puits, haltes vitales pour les caravanes qui se croisent sous le regard complice des autorités libyennes ou nigériennes. C'est ainsi que Gatti et son guide frôlent la catastrophe lorsqu'ils croisent, près d'un puits, non seulement les trafiquants de drogue mais aussi un groupe apparenté à Al Quaïda: la vie est encore plus ténue d'un fil.
Une question est latente au récit: pourquoi ces hommes et ces femmes ne font-ils pas demi-tour après être confrontés à toutes les vexations et humiliations possibles lors de leur dangereux périple? Pourquoi préfèrent-ils affronter ces risques majeurs? Pourquoi se lancent-ils à corps perdu dans une aventure des plus dramatiques? La pauvreté est-elle un risque plus grand que la mort? Le désir d'un meilleur avenir plus fort que les tortures des hommes et du désert? Dans une langue qui fait resplendir le reportage, Gatti dresse le portrait tragique d'une humanité qui brave les pires dangers pour un espoir de survie tout en décrivant les paysages somptueux d'un désert d'une ineffable grandeur et d'une poésie grandiose. Le désert apparaît alors comme un monde féérique qui fait tout oublier l'espace d'un instant: le désert prend un lourd tribu mais offre des merveilles, certes éphémères, d'une cruelle beauté.
Gatti relate le voyage au bout de l'enfer de ces immigrants, qui déjà n'ont plus rien hormis leur vie, avec dignité et respect: pas de voyeurisme sordide dans les descriptions des faits, des témoignages, il redonne la parole à ces hommes du bout du monde et leur permet de redevenir des personnes tout simplement. Il décrit également un étrange "effet papillon": les relations euro-libyennes, sous les sourires des chefs d'états impatients de recevoir la Libye au sein des nations convenables afin de l'aider à moderniser, entre autres, ses infrastructures pétrolières, provoquent des dégâts collatéraux d'une extrême violence: la déportation vers le désert de milliers de clandestins raflés dans les rues de Tripoli et renvoyés, avec le minimum requis pour survivre, manu militari sur les fameux camions, vaisseaux modernes du désert, qui les avaient amenés sur les bords de la Méditerranée.

Un récit d'une grande force narrative, un récit coup de poing qui ouvre les yeux sur une des grandes tragédies humaines du XXIè siècle et qui permet de dire que le délit de solidarité que l'on connaît de plus en plus chez nous et la fermeture des structures d'accueil décentes sont une honte pour une démocratie!


Récit traduit de l'italien par Jean-Luc Defromont








samedi 11 avril 2009

Mini pause

(Photos trouvées sur le Net)
Ce week-end est un peu particulier: demain, dimanche de Pâques, les cloches devraient déposer pour les jeunes gourmands de multiples friandises chocolatées sur les balcons ou dans les jardins.

Pâques, c'est quoi? Ce n'est pas uniquement la fête des chocolats en formes de lapins, poussins ou poules!
  • Pâques est une fête mobile, elle ne tombe jamais à date fixe. Pâques se fête entre le 22 mars et le 25 avril de chaque année.

  • Pâques, dans la religion chrétienne, commémore la résurrection de Jésus Christ.

  • Mais, c'est aussi la fête du printemps et du renouveau: la religion chrétienne s'est calquée sur beaucoup de fêtes païennes, dont Pâques. Cette fête avait lieu lors de la pleine lune du printemps, peut-être depuis la préhistoire: les hommes fêtaient le retour des beaux jours.

Il existe plusieurs traditions de cette fête religieuse (source: momes.net):

Pâque, selon la tradition juive
La vraie Pâque (sans "s") est une fête juive célébrée le 14ème jour du premier mois du calendrier juif. Les ancêtres du peuple juif étaient esclaves des pharaons d’Égypte. Sous l’influence de Moïse, ils s’organisèrent et s’enfuirent. Cette libération, appelée l’Exode, est depuis lors célébrée par les Juifs chaque printemps. Les Juifs ne disent pas pâques mais "Pessah".
Pâques, selon la religion chrétienne
La fête chrétienne de Pâques est destinée à rappeler le souvenir de la résurrection de Jésus-Christ. Durant les premiers temps de la chrétienté, le calendrier utilisé pour fixer la date de Pâques était le calendrier juif ou babylonien. Les Églises d'orient célébraient Pâques le dernier jour avant la pleine lune qui suit l'équinoxe de printemps (14 Nissan) commémorant ainsi la mort de Jésus. La résurrection de Jésus survint le 16 Nissan, en même temps que Pessah, la Pâques juive. Voilà tout simplement pourquoi le jour de la résurrection du Christ est appelé Pâques.
La tradition de Pâques dans le monde
La fête de Pâques est célébrée différemment selon les coutumes des pays du monde.

En France, et dans la plupart des pays européens, les cloches des églises, véritables symboles de Pâques ne sonnent pas du Vendredi Saint au Dimanche de Pâques, car l’histoire raconte qu’elles se rendent à Rome où elles se chargent d’oeufs. À leur retour, elles survolent les jardins et lancent tous ces oeufs… pour le plus grand plaisir des enfants !

Dans les pays anglo-saxons, c'est le lapin, ou le lièvre de Pâques qui est le messager.

Pourquoi un lapin en chocolat? Une vieille tradition dit qu'au moment de Pâques c'est au tour des lapins de couver les oeufs!

Et les oeufs de Pâques? Pâques est l'époque de l'éclosion de la Nature dans toute sa diversité et sa richesse. D'ailleurs, il y a 5000 ans, les Perses offraient déjà des oeufs de poules pour fêter l'arrivée du printemps. Au XIIIè siècle, les oeufs peints apparaissent. En général, on s'offrait des oeufs en fin de carême, oeufs symboles de la fin des privations dus aux jours sombres et froids. Ce n'est qu'au XIXè siècle que les oeufs en chocolats firent leur apparition....pour la plus grande joie des gourmands!

Il paraîtrait que les oeufs de Pâques auraient des pouvoirs magiques: si on enterre un oeuf à Pâques, au bout de cent ans son jaune se serait transformé en diamant!

En attendant, je vous souhaite de belles fêtes de Pâques en famille, entre amis! Attention, l'abus de chocolat peut s'avérer dangereux pour le foie...

vendredi 10 avril 2009

Le cocu se rebiffe


Le 28 Janvier 1663 voit être célébré le mariage, union sacrée pour le meilleur et pour le pire, entre Louis-Henri de Pardaillan de Gontrin, plus connu sous le nom de Marquis de Montespan, et Françoise de Rochechouart de Mortemart. Tout est beau et simple sous le soleil des amours conjugales, même dans un appartement pas très cossu! Une petite fille naît, que Françoise fait rire, crier et virevolter en imitant le grand cornu, en la poursuivant de ses facéties maternelles dans les escaliers de leur nid d'amour. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes mais lorsque les fonds viennent à manquer, que les départs à la guerre du Marquis se suivent et se ressemblent par leurs échecs financiers et les dépenses inutiles en frais d'entretien de bataillon (Marsal qui baisse pavillon dès que les troupes royales pointent leurs étendards, Gigeri dont les soldats français sont boutés par les musulmans révoltés), la marquise se laisse tentée par les sirènes de Versailles. D'ailleurs, elle obtient par l'intermédiaire de la duchesse de Montausier, un "poste" de dame d'honneur de la reine et du même coup envoie aux orties son prénom de baptême pour prendre celui, plus original, plus "people", plus "glamour" d'Athenaïs!
Le pauvre Louis-Henri ne peut que s'incliner et rester seul au logis pendant que son épouse, dont il est éperdument amoureux, volette joyeusement au coeur de la faune versaillaise.
Plus le temps passe, plus Athénaïs s'échappe et s'éloigne dans les mirages dangereux de cette cage dorée qu'est Versailles....et plus elle plaît au monarque. Arrive ce qui doit arriver: Françoise/Athénaïs devient la maîtresse en titre de Louis XIV et notre Montespan se voit doté de la plus belle paire de cornes du royaume. Las, mille et une fois las, Louis-Henri ne se rend pas: il aime toujours passionnément son épouse et décide un beau jour de porter grand deuil et d'orner son carosse et ses armes de cornes de cerf. Le Montespan devient le cocu le plus célèbre du royaume et la tête de pioche la plus dure que le Languedoc ait porté. Bien entendu, cette forme ostentatoire de résistance lui vaut les foudres du Roi et l'indifférence dépitée d'Athénaïs. C'est pourquoi, fuyant les représailles royales (après avoir tâté de la geôle), ses enfants sous le bras (en plus d'être un mari fidèle et aimant, Louis-Henri est un excellent père), il se réfugie au château familial où il laisse sa fille avant de passer les Pyrénées en compagnie de son fils (un enfant odieux, imbu de sa personne, méprisant et déjà mûr pour un avenir brillant de veule courtisan) et demander asile au roi d'Espagne.
Après avoir revisité, d'une plume très personnelle, la biographie du poète François Villon et embarqué ses lecteurs au coeur d'un Moyen-Age sordide, brutal et d'une cruauté sans nom, Jean Teulé s'attaque à l'univers faussement chatoyant du règne d'un Roi Soleil, despote s'il en est, jaloux de tout et de tous.
Diantre! que cette cour versaillaise pue tant au propre qu'au figuré: entre le manque d'hygiène hallucinant (dont est exempt notre héros cornu), les immondices ignobles éparpillés aux quatre coins du château et la sordide veulerie des courtisans, rampant dans la fange pour une once du regard royal, il y a de quoi frémir et avoir la nausée. La musique sensuelle des soieries et du ruissellement des pierres précieuses cachent une triste forêt: la soumission pour une obole, le reniement pour une minable place dans le poulailler doré versaillais, un miroir aux alouettes lentement étouffées par les souffles et effluves putrides d'une société qui n'a pas plus le respect d'elle-même que des autres.
Le Montespan apparaît comme celui qui refuse de profiter (au grand désespoir de ses pairs) des largesses du souverain, destinées à acheter son silence et son acceptation des faits, et de s'agenouiller, prémice d'une révolte qui mettra plus d'un siècle à éclater! Louis-Henri nie le pouvoir royal et passe son temps à se demander ce que peut bien trouver de plus Françoise à son royal amant hormis le fait qu'il soit royal, au pouvoir absolu divin! D'autant que ce dernier lui donnera des bâtards aussi difformes que fous....ah! les belles races princières recèlent de sombres rejetons! "Nez trop long et busqué, gras du cou, ses joues sont flasques. Sa cuirasse drapée à la romaine est ridicule. Je n'aime pas du tout sa perruque! Paraît qu'il aurait un charme....exotique. ça ne me saute pas aux yeux, à moi." (p 211)
C'est au fil des anecdotes, plus croutillantes et amusantes les unes que les autres, que le lecteur déambule dans un monde où la féérie le dispute à la noirceur, où la raison recule devant la foi envers l'occultisme (on se souviendra de la fameuse affaire des poisons, affaire qui sonnera le glas de la belle Marquise de Montespan) et où la véracité historique balance plus souvent qu'à son tour avec l'imagination déroutante et rocambolesque du récit. Maniant de manière étrange le style moderne aux tournures désuètes, Jean Teulé offre un roman qui amusera ou énervera son lecteur, mais qui offrira un agréable moment dépaysant et drôle. On ne peut qu'être aux côtés de Louis-Henri de Pardaillan de Gontrin et le soutenir dans toutes les vicissitudes d'une vie maritale pas comme les autres: elle émeut autant qu'elle fait rire!










(Mme de Montespan et ses enfants)

jeudi 9 avril 2009

Oust! les odieux farfadets!


Le mardi 26 mars 1964 est à marquer d'une pierre blanche: ce jour-là, les Martiens débarquèrent sur Terre et commencèrent immédiatement à faire tourner en bourrique les humains.
Quelques instants avant, Luke Devereaux, auteur de SF isolé en plein désert afin de recouvrer l'inspiration, avait touché du doigt l'ombre d'une idée pour son prochain roman: "Et si les ..." C'est alors qu'il entendit frapper à sa porte. En plein désert, la nuit, qui peut bien lui rendre visite? Luke ouvre la porte et ce qu'il voit pourrait être une absolue hallucination si l'apparition ne l'avait salué d'un "Salut Toto!". Un petit homme vert, vêtu entièrement de vert, se tient devant lui et commence à l'observer presque impoliment.
Très vite, le Martien, à l'image de ses congénères, se montre de fort désagréable compagnie: rien d'intime ne lui échappe, ne leur échappe, les secrets les mieux gardés sont battus en brèche, les mensonges révélés et les vérités en deviennent plus que dérangeantes! Les Martiens semblent posséder la désagréable manie de semer la zizanie autour d'eux et d'y prendre un immense plaisir. Les êtres humains, comme les animaux (cependant en moindre proportion ) se retrouvent confrontés à des humanoïdes exaspérants au possible, hâbleurs, cyniques, graveleux, outranciers, moqueurs, d'une folle arrogance, tenant des propos plus égrillards les uns que les autres, se repaissant inlassablement des craintes, des mines offusquées, des blocages et des désespoirs humains. Seuls les chats parviennent, après une période agitée, à les ignorer superbement!
Qu'il est difficile de les ignorer, ces abominables petits hommes verts: ils "couiment" sans cesse, tels des mouches du coche, pour attiser les divergences, mettre en furie les hommes, déballer le linge sale en public et transformer les sociétés humaines, mêmes les plus primitives, en bazars désespérants.
L'arrivée des Martiens est le déclencheur de l'effondrement économique et financier de la planète: les places boursières sombrent dans les limbes des pires banqueroutes, les états ne savent plus que faire du nombre croissant des chômeurs, les armées n'ont plus de raison d'être puisque les secrets militaires sont éventés joyeusement par la bande d'affreux garnements que sont les Martiens! D'autant qu'avec le rapport d'1 Martien pour 3 humains, personne ne peut échapper à leur acuité visuelle ni à leur langue acerbe! Pire: plus on veut être gentil avec eux, plus ils deviennent ignobles et d'une méchanceté dépassant l'imaginable!
Les Martiens provoquent donc la pire des crises économiques que le monde ait connu: depuis la perte de vitesse des romans de SF à l'écroulement du système économiques en passant par le démantèlement de l'industrie des loisirs (cinéma, théâtre...les Martiens adorent semer la panique dans les lieux très fréquentés) et celui de l'automobile, rien ne semble pouvoir résister aux petits sapeurs verts. Certains pensent que Dieu, lassés des frasques des humains, a ouvert la porte des Enfers aux diablotins verts afin de punir l'Homme, d'autres que les martiens sont en fait des lutins, korrigans et autres elfes venus chahuter le monde des humains.
Derrière le contexte désopilant du roman, se cache non seulement une réflexion sur le pouvoir de l'imagination de l'écriture, la force de l'imaginaire alimentée par les mots et leurs images, mais aussi une réflexion philosophique sur la conception de notre société et la perception du monde. La force de l'imaginaire que fait peser l'auteur sur ses lecteurs, un pouvoir qui permet à ces derniers de donner une consistance réelle à l'histoire qu'ils lisent. La force psychologique créée par l'auteur sur ses personnages, même ces affreux gnomes désagréables et agaçants que sont les martiens, les rends quasiment palpables aux lecteurs. Mais aussi, la force d'une vision sociétale (nous sommes, en 1964, en pleine guerre froide) où l'ingérence du pouvoir dans la sphère privée est légitimée par l'inquiétude vis à vis de l'autre système politico-social. Aujourd'hui cette vision est toujours d'actualité: ce n'est plus l'URSS le grand méchant loup dont il faut juguler les appétits, mais la nébuleuse terroriste qui a secoué les consciences lors d'un triste 11 septembre. Notre perception du monde peut préférer ne plus voir ce qui est outrancier, dérangeant à l'extrême: comme Luke Devereau, on peut choisir de ne voir, percevoir, que sa femme, sa famille, et ignorer les petits êtres, farfadets cyniques, qui s'agitent autour de soi. Quelle est la réalité? Où commence et où finit la folie due à une hallucination, collective ou non? Le pouvoir imaginaire qui a la capacité de créer, a-t-il aussi celui de défaire ce qu'il a tricoté?
Autant de questions et de considérations que "Martiens, go home" déroule au gré du récit burlesque de la visite des habitants de Mars!
Un roman, que d'aucuns pourraient voir comme vieilli, aux accents terriblement d'actualité malgré sa date de parution (1954 aux Etats-Unis, 1957 pour la traduction française)! Je me demande si les scénaristes de "Mars Attacks" n'ont pas été de fervents lecteurs de Fredric Brown....

Roman traduit de l'anglais (USA) par Alain Dorémieux




mercredi 8 avril 2009

Un poème et une photo



Quand le jardin
fut balayé de frais
tombèrent des fleurs de camélia

(Yaha)

Bientôt Pâques



Dimanche, les cloches passeront déposer leurs surprises en chocolat dans les jardins ou sur les balcons des enfants impatients de chercher, fureter avant de mettre la main sur des trésors de gourmandise.

J'en profite pour mettre en avant un album jeunesse que je trouve adorable et qui ne prend pas une ride: il enthousiasme toujours mes petits élèves et cela depuis pas mal d'années.

Plume le poussin vient de casser sa coquille. Il est tout jaune, tout mignon et se lance à la recherche de ses frères et soeurs de couvée. Seulement, le monde est vaste et la quête l'amène à rencontrer d'autres animaux qui ont un point commun: ils pondent des oeufs!

C'est ainsi que Plume croise la route d'un serpent, Sissou (à noter les alitérations en [s] très amusantes aux oreilles des enfants), d'un canard, d'un cygne, d'une tortue et d'un ornithorinque!

"L'aventure de Plume le poussin" est aussi un album à compter....jusqu'à dix: Plume retrouve à la fin (le suspense n'est pas essentiel dans l'histoire) ses neuf frères et soeurs...un plaisir à compter!

L'album est plus que joliment illustré: les illustrations sont vraiment belles, très réalistes et très poétiques. On a parfois l'impression de pouvoir toucher la douceur du duvet de Plume, les écailles de la tortue ou la peau de Sissou le serpent. Le petit plus, non négligeable, les rabats à soulever pour trouver les différents protagonistes du récit!
Certes, on ne parle pas d'oeufs en chocolat ni d'oeufs colorés, mais on fait un petit voyage très intéressant à la découverte du monde: celui des animaux, très différents, qui donnent naissance en pondant des oeufs (des oiseaux au mammifère en passant par les reptiles).
Un bel album à "cachettes" agréable à lire et à manipuler!

(L'ancienne couverture de l'édition précédente...c'est celle que je possède et je trouve plus intéressante)

lundi 6 avril 2009

A l'ombre du zakuro


Après l'enchantement de la pentalogie du Poids des secrets, le ravissement de la lecture de Mitsuba, je me suis plongée avec délice dans le nouveau roman d'Aki Shimazaki, Zakuro.
Tsuyoshi Toda n'a plus vu son père depuis que ce dernier est parti en Mandchourie, en 1942, travailler pour la gloire du Japon. Les dernières nouvelles reçues fut celle de sa déportation, après sa capture par l'armée russe, en Sibérie où semble-t-il il a perdu la vie. cependant, malgré les années, sa mère est toujours dans l'attente d'un retour, de plus en plus improbable, de l'homme qu'elle épousa malgré la désapprobation de sa famille.
Un jour, un de ses amis lors d'un séjour en Californie, lui rapporte avoir vu son père dans un restaurant. Renseignement pris, son père serait propriétaire d'un restaurant au Japon, à Yokohama. Tsuyoshi est bouleversé et après mûre réflexion décide de prendre contact avec son père. C'est alors qu'il apprend la raison de ce silence, qu'il découvre le secret douloureux de l'homme qui fut son père et que ce dernier offrira le plus beau des présents à sa mère.
Aki Shimazaki, avec son art habituel, explore à nouveau le douloureux passé japonais, ce passé que l'Histoire japonaise tente d'effacer de la mémoire collective, comme si cela était un poids trop lourd, trop honteux, à porter. Subtilement, joliment, poétiquement, sans avoir l'air d'y toucher, Shimazaki retrace le désarroi de l'absence inexpliquée, la douleur de l'attente d'un corps qui ne revient pas, la souffrance provoquée par les demi-mensonges et semi-vérités que les diverses administrations peuvent avancer pour tenter de répondre à ceux qui sont restés au Japon.
Le fil conducteur est le zakuro, le grenadier qui parcourt le texte tel un ikebana de mots et d'images plus poétiques les unes que les autres. Entre les feuilles du grenadier, ses fleurs et ses fruits, se déroulent les conditions de retour des prisonniers japonais vers leur patrie après les multiples tractations entre le Japon et l'URSS: le bateau qui les éloigne à jamais de l'enfer peut se révéler être un passage vers un autre enfer, celui de la culpabilité du sang versé...dans les camps, il se trouve toujours des hommes pour faire souffrir leurs semblables, leurs compatriotes. La vengeance est un plat à l'amère saveur lorsque l'on est un japonais au sens de l'honneur bien ancré, au sentiment de honte exacerbé.
Le zakuro, fruit préféré du père de Tsuyoshi, image de l'intime recherche de la vérité bouleversant la vie d'une famille comme la neige recouvre de ses flocons, subtile et douce, les branches du grenadier: peu à peu la douceur légère des flocons d'une pure blancheur pèse sur les branches pour les alourdir d'une eau cotonneuse étoilée. "Je regarde le jardin, où il est tombé quelques centimètres de neige. L'arbre du zakuro en est légèrement couvert. Je me demande si ma mère aussi regarde la neige par la fenêtre de sa chambre. Je ferme les yeux et je vois l'image de mes parents qui dansent, tout vêtus de blanc." (p 149). Le zakuro est aussi le symbole de l'amour (le grenadier du jardin est honoré par la mère de Tsuyoshi toujours unie à son mari disparu par un amour indéfectible), de la fécondité et de la sottise (dans le langage des fleurs, celle du grenadier est l'image de la fatuité, de la suffisance)...sottise de l'absurde culpabilité du père qui ne peut reprendre le cours normal de son histoire intime, sottise de l'esprit rationnel qui refuse de croire aux espoirs de la mère qui se perd dans les méandres de la sénélité, sottise d'un passé qui refuse de se dire et de s'assumer?
Avec Zakuro, Aki Shimazaki offre à ses lecteurs une nouvelle page de poésie, de beauté tout en retenue, de narration subtile de la douleur et du passé inavoué de son pays d'origine, le Japon. L'ensemble est (je plagie Sérial lecteur qui a trouvé la juste formule) "Tout simplement beau".