"L'homme qui marche" est un manhwa coréen où la contemplation du monde se vit au rythme de la marche, celle d'un homme qui prend le temps de regarder autour de lui même sur le chemin du bureau.
Les petits riens de la vie construisent peu à peu un univers de sensibilités et de subtilités presque invisibles. Chaque menu évènement, qu'il vienne du ciel ou de dame Nature, est un instant qui s'avère précieux, illuminant la journée vécue ou à vivre.
Comme souvent dans la "BD" asiatique, japonaise et coréenne en particulier, les illustrations en disent plus long que les mots et sont d'une finesse attrayante, notamment celles qui représentent la nature, l'habitat (les traits des personnages sont plus convenus, plus "passe partout", plus lisses) et on ne peut s'empêcher de rapprocher cet art graphique au roman japonais ou au film d'art et essai asiatique: de prime abord, on pense qu'il ne se passe rien alors que les non-dits sont tumultueux. En effet, le héros, cet homme qui marche, qui est un "contemplatif" peut sembler être un homme subversif: regarder le monde, s'en émerveiller, prendre son temps est un acte révolutionnaire en ces temps modernes où la course contre la montre rythme la vie quotidienne.
"L'homme qui marche" de Jiro Taniguchi, est un moment délicieux de lecture, une parenthèse de douceur et de lenteur bienvenues dans un monde qui veut toujours aller plus vite, où le temps devient une éternelle course vaine à tenter de le rattraper et de le dépasser... Là, le temps s'arrête et on respire enfin!