"Je suis un chat. Je n'ai pas encore de nom." Ainsi commence le roman de Natsume Sôseki dont le héros est le chat de la maison d'un professeur d'anglais.
Ce chat s'est incrusté, comme savent si bien le faire les chats, chez le professeur Kushami et observe, goguenard les us, moeurs et coutumes des êtres humains.
C'est ainsi que le chat de la maison philosophe, donne son avis avec humour et ironie sur les personnages qui vont et viennent chez Kushami. Qui ne s'est jamais demandé ce que pouvait penser un animal domestique de son maître? Ici, le chat se moque allègrement de son maître qu'il dépeint comme étant un original, un tantinet idiot, qui se prend pour un intellectuel de haut vol! La causticité du discours félin permet de mettre en exergue les défauts innombrables de l'homme.
Le chat brosse une galerie de personnages hauts en couleur et à des degrés divers de ridicule. Meitei, ami du professeur, est un homme hâbleur, pédant au possible, inventeur d'histoires plus saugrenues les unes que les autres aux accents véridiques édifiants. Meitei aime se moquer d'autrui (et aussi de lui-même ce qui le rachète un peu) et n'hésite pas une seule seconde à ridiculiser Kushami en lui faisant avaler n'importe quelle couleuvre.
Kangetsu et Tofu, jeunes hommes, sont les produits de la réforme Meiji contrairement à Kushami et Meitei qui ont leurs racines dans l'ancien Japon. C'est un peu la confrontation des anciens et des modernes, du savoir et de l'argent. Le Japon est en train de changer, de s'ouvrir au monde occidental, et laisse de côté une partie des intellectuels et des citoyens. Ils ne comprennent pas la nécessité des changements ni où ces derniers les mèneront.
Les personnages féminins sont loin d'être de beaux portraits de femmes. En effet, la femme de Kushami est l'archétype féminin (la femme est une calamité nécessaire) aux yeux de Sôseki: tout juste lettrée, sans éducation, un peu vulgaire, ne pensant qu'à l'argent et peu à son apparence, souvent négligée, ne saisissant pas les qualités intellectuelles de son époux. Cependant le chat, ironiquement, met en miroir les aspects peu soignés de son maître (il a les cheveux gras, il ne change pas souvent de linge de corps...) ce qui contrebalance les reproches faits à l'épouse. Le chat serait-il un brin moins misogyne que Sôseki? Quant à la fille de Kaneda, l'homme d'affaires aisé, elle n'est qu'une pimbêche capricieuse, égoïste et méchante.
"Plus j'observe les humains avec qui je vis, plus je me sens porté à affirmer que ce sont des égoïstes. Les enfants en particulier, dont je partage quelquefois le lit, ont une conduite au-delà de toute expression. Quand l'envie leur en prend, elles (le professeur a trois filles) vous mettent les pattes en l'air et la tête en bas, vous enferment la tête dans un sac, vous lancent çà et là et vous bourrent dans le four de la cuisinière. mais que j'essaie de montrer un peu mes griffes, et voilà toute la famille à mes trousses pour me molester." (p 26)
Tout au long du roman, le chat, observateur des attitudes humaines, prend un malin plaisir à démonter par l'analyse les actes et les paroles des hommes qu'il côtoie. Il a un talent pour souligner la bêtise humaine: le professeur et ses amis passent leur temps à s'occuper de futilités, sans prendre conscience qu'ils sont en train de perdre leur temps (la marche du progrès est en route et ne les attend pas) et que leur centre d'intérêt est des plus ridicules (ah! la petite guerre d'usure entre les élèves de l'école voisine et le professeur...de vrais moments d'antologie!)
Ce chat s'est incrusté, comme savent si bien le faire les chats, chez le professeur Kushami et observe, goguenard les us, moeurs et coutumes des êtres humains.
C'est ainsi que le chat de la maison philosophe, donne son avis avec humour et ironie sur les personnages qui vont et viennent chez Kushami. Qui ne s'est jamais demandé ce que pouvait penser un animal domestique de son maître? Ici, le chat se moque allègrement de son maître qu'il dépeint comme étant un original, un tantinet idiot, qui se prend pour un intellectuel de haut vol! La causticité du discours félin permet de mettre en exergue les défauts innombrables de l'homme.
Le chat brosse une galerie de personnages hauts en couleur et à des degrés divers de ridicule. Meitei, ami du professeur, est un homme hâbleur, pédant au possible, inventeur d'histoires plus saugrenues les unes que les autres aux accents véridiques édifiants. Meitei aime se moquer d'autrui (et aussi de lui-même ce qui le rachète un peu) et n'hésite pas une seule seconde à ridiculiser Kushami en lui faisant avaler n'importe quelle couleuvre.
Kangetsu et Tofu, jeunes hommes, sont les produits de la réforme Meiji contrairement à Kushami et Meitei qui ont leurs racines dans l'ancien Japon. C'est un peu la confrontation des anciens et des modernes, du savoir et de l'argent. Le Japon est en train de changer, de s'ouvrir au monde occidental, et laisse de côté une partie des intellectuels et des citoyens. Ils ne comprennent pas la nécessité des changements ni où ces derniers les mèneront.
Les personnages féminins sont loin d'être de beaux portraits de femmes. En effet, la femme de Kushami est l'archétype féminin (la femme est une calamité nécessaire) aux yeux de Sôseki: tout juste lettrée, sans éducation, un peu vulgaire, ne pensant qu'à l'argent et peu à son apparence, souvent négligée, ne saisissant pas les qualités intellectuelles de son époux. Cependant le chat, ironiquement, met en miroir les aspects peu soignés de son maître (il a les cheveux gras, il ne change pas souvent de linge de corps...) ce qui contrebalance les reproches faits à l'épouse. Le chat serait-il un brin moins misogyne que Sôseki? Quant à la fille de Kaneda, l'homme d'affaires aisé, elle n'est qu'une pimbêche capricieuse, égoïste et méchante.
"Plus j'observe les humains avec qui je vis, plus je me sens porté à affirmer que ce sont des égoïstes. Les enfants en particulier, dont je partage quelquefois le lit, ont une conduite au-delà de toute expression. Quand l'envie leur en prend, elles (le professeur a trois filles) vous mettent les pattes en l'air et la tête en bas, vous enferment la tête dans un sac, vous lancent çà et là et vous bourrent dans le four de la cuisinière. mais que j'essaie de montrer un peu mes griffes, et voilà toute la famille à mes trousses pour me molester." (p 26)
Tout au long du roman, le chat, observateur des attitudes humaines, prend un malin plaisir à démonter par l'analyse les actes et les paroles des hommes qu'il côtoie. Il a un talent pour souligner la bêtise humaine: le professeur et ses amis passent leur temps à s'occuper de futilités, sans prendre conscience qu'ils sont en train de perdre leur temps (la marche du progrès est en route et ne les attend pas) et que leur centre d'intérêt est des plus ridicules (ah! la petite guerre d'usure entre les élèves de l'école voisine et le professeur...de vrais moments d'antologie!)
Un extrait pour vous mettre dans l'ambiance:
"Mon maître et moi nous trouvons rarement face à face. Il paraît qu'il est professeur. Quand il revient de l'école, il s'enferme dans son bureau pour le reste de la journée et n'en sort presque pas. Sa famille le prend pour un homme très studieux. Lui aussi fait semblant de l'être, mais en réalité ce n'est pas le travailleur que l'on croit ici. De temps en temps je me glisse à pattes de chat dans son bureau pour jeter un coup d'oeil et je le trouve souvent en train de faire un petit somme. Parfois, il bave sur le livre qu'il a commencé à lire." (p 25)
"Mon maître et moi nous trouvons rarement face à face. Il paraît qu'il est professeur. Quand il revient de l'école, il s'enferme dans son bureau pour le reste de la journée et n'en sort presque pas. Sa famille le prend pour un homme très studieux. Lui aussi fait semblant de l'être, mais en réalité ce n'est pas le travailleur que l'on croit ici. De temps en temps je me glisse à pattes de chat dans son bureau pour jeter un coup d'oeil et je le trouve souvent en train de faire un petit somme. Parfois, il bave sur le livre qu'il a commencé à lire." (p 25)
"Je suis un chat" est un roman, dans la lignée du "Chat Murr" d'Hoffmann, qui démontre que les écrivains japonais peuvent avoir un sacré humour et une grande capacité d'auto-dérision!!! Un vrai régal à lire et à relire (pour en apprécier encore plus tout le sel!).
Merci Vanessa qui m'a proposé ce beau cerf-volant.
Roman traduit du japonais par Jean Cholley
L'avis de Grominou