jeudi 31 décembre 2009

2009 est mort, vive 2010!

Avec un poil d'avance, cette ultime journée de l'année s'annonçant surchargée en activités manuelles et culinaires, je vous présente tous mes meilleurs voeux pour 2010!
Côté bilan....on verra ça demain! En attendant, je vous offre une pétillante coupe de Champagne (mon péché mignon):


(photographe: moi)

mercredi 30 décembre 2009

Entre deux pages de "Max et les Maximonstres", il y a....


Max est un jeune garçon plein de vie et d'enthousiasme malgré la séparation de ses parents: il a une grande soeur et une maman à son écoute et toujours prêtes à rire de ses facéties.
Seulement, la roue du temps tourne: Claire grandit et se tourne plus vers son groupe d'amis que vers son petit frère; sa mère a rencontré un homme qui vient de temps à autre à la maison, Gary qui fait tout pour être accepté mais qui hélas ne trouve pas grâce aux yeux de Max.
Le jour où Claire renvoie Max à ses jeux d'enfants, la coupe déborde et Max décide de se venger en saccageant la chambre de sa soeur...bien entendu ce ne sont pas des félicitations qui l'attendent et Max est envoyé dans sa chambre,méditer sur ses bêtises. Il enfile alors son fameux costume de loup et s'enfuit dans la neige, loin de cette maisonnée qui ne comprend pas grand chose à ses préoccupations. Il arrive près du rivage et embarque dans un petit bateau....cela lui rappelle le fameux été où il apprit à naviguer en compagnie de son père; il décide de rejoindre ce dernier et largue les amarres. Le vent et les courants n'emmènent pas vraiment Max et son embarcation vers la destination prévue: un long voyage, vers une terre inconnue et des rivages mystérieux, s'annonce. Au bout d'un temps infini, Max débarque sur une île bien étrange: une lueur orange, promesse d'une chaleur bienvenue pour se sécher, et un drôle de bruit sourd le poussent à escalader la montagne. Au bout de son ascension il découvre un spectacle étonnant, inimaginable même dans ses rêves les plus fous: une troupe de créatures monstrueuses est en train de briser des cabanes en poussant des cris infernaux. Elles sont immenses, poilues avec des écailles, dotées de belles griffes, quelque peu impressionnantes, et cornues. De fil en aiguille, Max fait la connaissance de Katherine, Ira, Alexander, Douglas, Judith et Carol et s'intègre dans leur bande de joyeux drilles toujours en recherche de fêtes abominables! Max devient leur roi, leur guide, celui qui mène la danse et les idées, malgré l'impression fugace qu'un danger peut rôder et une mésaventure arriver, et jusqu'au jour où Max s'ennuie de son chez lui et de sa maman.


C'est avec un poil d'appréhension que je me suis lancée dans cette lecture: j'ai tellement lu et relu à mes élèves l'album de Maurice Sendak "Max et les Maximonstres", classique parmi les classiques de l'enfance, que je craignais une déception. En effet, il est difficile voire hasardeux de se lancer dans une réécriture d'un classique de la littérature jeunesse sans en édulcorer ou passer sous silence certains pans. Il n'en fut rien, à mon grand soulagement: très vite j'ai suivi, attendrie (et en compagnie du souvenir vivace des illustrations de l'album), le petit Max au coeur de ses préoccupations de garçonnet, de ses frasques amusantes, bien que parfois proches du cataclysme, et de son imaginaire débordant de diversité et d'émerveillement. Max est en train de quitter, doucement et inconsciemment, le monde de l'enfance, celui qui est peuplé par les monstres des contes, les chevaliers, les loups terrifiants, tellement terrifiants que l'on ne souhaite qu'une chose...en avoir l'apparence pour prendre le pouvoir. Il laisse peu à peu derrière lui, les instants fragiles des pitreries attendrissantes, celles qui font oublier à sa maman les moments difficiles, les soirées un peu tristes; il part en guerre contre le sentiment désespérant de ne plus exister aux yeux des femmes de sa vie, que sont sa soeur et sa mère, en hurlant comme un loup, en sautant partout le plus haut possible, bataillant contre un sentiment oedipien afin de s'en affranchir et d'accéder à une autre dimension. Qu'il est difficile pour un jeune garçon se prendre conscience qu'il n'est pas l'unique homme de la vie de sa mère et qu'il doit céder la place, du moins une partie, à un inconnu forcément idiot, gênant et ne comprenant rien à rien!


Sur son île au trésor, Max vit avec intensité les ultimes feux d'une enfance qui s'enfouira dans les limbes d'un passé laissant place à un futur proche, sorte de terre vierge à conquérir. Il y déballe ses rêves, ses souhaits épouvantables de fêtes grandioses et bestiales au cours desquelles parades hurlantes et clinquantes résonnent dans la jungle enfantine des désirs et des peurs cachés (la crainte de la dévoration - les monstres ont vraiment de très grandes dents!- l'envie irrésistible d'être l'Unique). Max, grâce aux monstres dotés certes d'inconséquence mais aussi de tendresse, apprend à dompter le monstre qui sommeil en tout un chacun et à juguler le plaisir premier, primal qui est de satisfaire dans l'immédiateté la moindre des petites envies....abominables! Sur cette île au trésor, Max part à la quête de soi, à la découverte d'un autre rivage qui l'attend....non seulement celui du retour mais surtout celui qui mène à l'adolescence puis à l'âge d'homme.


Les images suscitées par le roman se superposent intelligemment sur celles de l'album que l'on ne peut que garder à l'esprit; il y a une impression de regarder ce qu'il s'est passé, sur l'île des Maximonstres, entre la lecture de deux pages: c'est ce qui donne le plaisir de lire l'histoire et de s'y perdre joyeusement, sous les hurlements abominables d'une fête absolument bestiale et monstrueuse!!!
NB: je n'ai pas encore vu le film au cinéma...et franchement j'hésite car le film que j'ai imaginé depuis bien longtemps m'est précieux.

Roman traduit de l'anglais (USA) par Christophe Rosson



Je remercie Livraddict et les éditions du Diable Vauvert pour ce joli moment de lecture!

Les avis de  Valérie      Bookkingdom 

mardi 29 décembre 2009

Un peu de "La barque silencieuse"


Depuis que j'ai découvert avec "Carus" l'écriture subtile, poétique et très imagée de Pascal Quignard, j'aime me plonger de temps à autre dans ses écrits ("Tous les matins du monde" m'attend depuis près de 2 ans dans ma PAL). Lors de ma dernière virée à la médiathèque, je suis tombée sur son dernier opus "La barque silencieuse", recueil de textes, de réflexions sur l'être, le devenir et surtout sur ce mystère récurrent qu'est la mort, la disparition, le regard que les diverses cultures et sociétés portent sur l'immatérialité de l'existence et de sa fin. Je grapille les mots de Quignard comme autant de pépites dans une rivière ombrageuse et limpide.
Je suis tombée sur un beau passage concernant la dangerosité du livre et de la lecture....

"...Cette armoire en fer, qu'ils nommaient l'Enfer, était comme une resserre au sein de la beauté des vieux livres où se dissimulait leur honte.
Le livre ouvre l'espace imaginaire, espace lui-même originaire, où chaque être singulier est réadressé à la contingence de sa source animale et à l'instinct indomesticable qui fait que les vivants se reproduisent.
Les livres peuvent être dangereux mais c'est la lecture surtout, par elle-même, qui représente tous les dangers.
Lire est une expérience qui transforme de fond en comble ceux qui vouent leur âme à la lecture. Il faut serrer les vrais livres dans un coin car toujours les vrais livres sont contraires aux moeurs collectives. Celui qui lit vit seul dans son "autre monde", dans "son coin", dans l'angle de son mur. Et c'est ainsi que seul dans la cité le lecteur affronte physiquement, solitairement, dans le livre, l'abîme de la solitude antérieure où il vécut. Simplement, en tournant simplement les pages de son livre, il reconduit sans fin la déchirure (sexuelle, familiale, sociale) dont il provient.
Chaque lecteur est comme saint Alexis sous l'escalier de son père. Il est devenu aussi silencieux que l'écuelle qu'on lui porte.
Seule la lettre placée au-devant de ses lèvres peut attester que son souffle n'est plus.
Quelque chose parvient à se faire entendre dans l'expression écrite au moyen de lettres sans qu'il soit besoin de les articuler.
Celui qui lit la lettre a perdu le soi, le nom, la filiation, la vie terrestre.
Dans la littérature quelque chose raisonne de l'autre monde." (p 60 et 61)

Swap au long cours: l'hiver


Voilà, le swap au long s'est achevé avec cet ultime colis arrivé la veille de mon départ en vacances Noëliennes.
C'est avec gourmandise que j'ai ouvert le colis de ma binôme Mirontaine et le spectacle a été de toute beauté: les paquets enveloppés dans le blanc, enrubannés de rouge, de doré et d'orange, autant de touches chaleureuses pour faire oublier le froid hivernal.
Une fois de plus, Mirontaine a su toucher ma corde sensible....et ma gourmandise (mais j'ai été raisonnable car je n'ai pas encore dévoré toutes les douceurs italiennes et anglaises accompagnatrices des saines lectures contenues dans le colis!)
Attention, ouverture du colis:



étalage du contenu (grâce à mon homme, l'arrangement est harmonieux)



les saines lectures (dont un recueil de recettes "Mes petits bentos" pour garnir avec gourmandise mes bentos made in Kyotô!):


Mirontaine m'a comblée avec les textes de Thoreau que j'ai eu envie de découvrir en lisant "En vivant, en écrivant" d'Annie Dillard. Elle a pensé aussi au défi "J'aime les classiques" en m'envoyant un classique italien "Si par une nuit d'hiver un voyageur" de Calvino! Je vais découvrir une autre facette de Karen Blixen et me plonger avec délectation dans un des titres d'un auteur que j'aime beaucoup (non seulement il écrit bien, mais en plus il a des yeux d'un bleu...soupirs!!!!), presqu'un voisin: Olivier Adam!

la gastronomie sucrée de l'Italie et du Royaume-Uni accompagnée d'une splendide écharpe, tricotée à 4 mains par Mirontaine et sa belle-maman (merci, merci et encore merci: elle est douce, chaude, enveloppante et divine!!):



côté écriture avec une carte douceur d'un chat évoquant la douceur des intérieurs douillets, à l'abri de la bise et de la neige, un marque-page soooo pretty et d'un calepin sur la couverture duquel on devine les chapeaux pointus des lutins de Noël (couverture commise par une illustratrice que j'apprécie beaucoup!)



C'est avec un imense plaisir que Mirontaine et moi avons décidé de reconduire ensemble l'aventure 2010 du swap au long cours sous la houlette de Bladelor, remarquable chef d'orchestre d'une partition aux couleurs chatoyantes des 4 Saisons!
Un immense merci à Mirontaine et à Bladelor pour ces moments précieux scandés au fil de l'année.

lundi 28 décembre 2009

Maya's song


Maya Angelou est la narratrice de ce récit de souvenirs d'enfance dans l'Amérique des années 50/60, celle qui n'a pas encore ouvert ses portes à une grande partie de ses citoyens: les noirs, issus des anciens esclaves des états du Sud.

C'est une enfance loin des parents, qui vivent chacun leur vie loin de l'autre, qu'est celle de Maya et de Bailey, son jeune frère. Un beau jour, leur père les a envoyés chez leur grand-mère, sans aucune explication. Une enfance bien sage, bien tranquille, à Stamps, une petite ville d'Arkansas, où la Momma tient une épicerie, la seule épicerie noire de la ville, à la périphérie, loin des magasins blancs...on ne mélange pas les torchons et les serviettes! Le fil des jours s'écoule, lentement, avec les mêmes rituels, les bêtises d'enfants, les repas chiches mais consistants, les clients qui embauchent pour les champs de coton, désespérement exploités, tôt le matin et reviennent à la nuit tombée, les membres brisés de fatigue. L'été sec, les filles de petits blancs venant narguer les anciens esclaves, eux qui ne peuvent répliquer aux provocations sans risquer leur vie. Maya les abhorre, les méprise et aspire à une réelle liberté pour ses frères et soeurs de misère....même les locaux scolaires ne sont pas logés à la même enseigne, quant aux perspectives d'étude, intégrer une université relève de la science-fiction. La réalité inique de cette société américaine loin d'intégrer la nécessité d'accorder les droits civiques aux noirs, décrite par les yeux d'enfant de la narratrice, explique cette rancoeur due au profond sentiment d'injustice ressenti par Maya, et devient le germe du militantisme, une fois adulte, de cette dernière.
Derrière des scènes aux apparences anodines, celles du quotidien, se devinent les horreurs d'une ségrégation impitoyable: le moindre écart est létal pour l'imprudent. Une dénonciation sans concession d'un système avaleur de forces vives, forces sans droit sauf celui de subir, de servir et de se taire. Pourtant, la tendresse de Momma et de l'oncle Willie, dissimulée derrière un masque de rigueur, est palpable tout au long du récit: elle entoure, douillettement, les enfants pour les aider à grandir et à s'affirmer...elle panse même des blessures que l'on souhaiterait oublier. Lors d'une parenthèse, aux allures enchantées, dans l'intimité d'une mère retrouvée à la Nouvelle-Orléans, antre de perdition et de jazz endiablé, Maya connaît la souillure de l'innocence, violentée à force de cajoleries inoffensives, du moins au début, par l'ami de sa mère, elle a huit ans et a perdu son enfance dans la douleur et le silence d'une honte qui ne sera jamais bue.
Le récit de Maya s'achève sur une très belle note: la naissance de son fils, alors qu'elle a 17 ans, et son entrée dans une vie de femme militante au grand esprit d'ouverture. Un autre pan de sa vie s'ouvre alors.

"Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage" est un très beau récit de vie, un film de l'enfance, aux douces et parfois cruelles couleurs sépia, dans une Amérique où le rêve américain n'appartient pas à celui qui est noir.
Merci à Suzanne de Chez les Filles et Le Livre de Poche pour cette agréable découverte!

Récit traduit de l'anglais (USA) par Christiane Besse

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une interview de l'auteur ICI  

mardi 22 décembre 2009

Trêve des confiseurs

Demain, je pars quelques jours dans la famille de mon cher et tendre.

Je vous souhaite, à tous, un Joyeux Noël!




Bien entendu Raspoutine veille au grain!

Un beau cadeau


Avec un peu d'avance, j'étoffe "La bibli des p'tits chats".
Lucie est malade, son grand-père est venu lui tenir compagnie et lui dit qu'ils iront dès qu'elle sera mieux acheter un ours en peluche...en effet, son meilleur ami, avoue-t-il, fut un ours en peluche.
Lucie ferme les yeux, ou bien croit les avoir fermés: la porte d'un placard s'ouvre, intriguée elle se lève et regarde à l'intérieur....un paquet enrubanné laisse apercevoir une patte pelucheuse. C'est l'ours de Grand-Père, amoureusement réparé, précieusement conservé. Lucie le prend dans ses bras et ô, surprise, on dirait que l'ours lui a fait un clin d'oeil. En plus, il parle!
Comme nous sommes dans une période un peu magique, le Nounours du Grand-Père grandit, grandit et emmène à sa suite une Lucie ravie de voler dans les airs. Nounours lui présente des jouets, tous doués de parole, et ensemble ils virevoltent, dansent et s'amusent. Mais il est temps de rentrer....
Chose promise, chose due, le lendemain Grand-Père s'apprête à emmener Lucie choisir un nounours. Mais son choix est déjà fait...ce sera Nounours qui lui tiendra désormais compagnie!
Quel plus beau cadeau à faire à son Grand-Père que de prendre sa suite auprès d'un adorable Nounours!
J'ai craqué sur cet album à la médiathèque: son format, sa couverture et surtout ses illustrations.
L'histoire est jolie, tendre et pleine de poésie, les illustrations très réalistes, on dirait parfois des photographies, tout en étant empreintes d'enfance. Elles sont grandes, on en prend plein les yeux et c'est un bonheur que de se plonger dans l'univers des jouets anciens, les soldats de plomb, les poupées de porcelaine, les boîtes à diablotin.... Un monde oublié qui fait encore beaucoup rêver!

Et vous, quelle était votre "doudou" lorsque vous étiez petit? Moi, j'ai eu une poupée Margotte (du Manège Enchanté) qui fut emportée un jour de grand vent au loin; puis, en remplacement de ma Margotte, un lapin en tissu....je l'ai toujours mon Jeannot, décoloré par les larmes versées au fil des années!

Une escapade qui m'a échappée


A l'occasion du mariage d'un cousin, quatre frères et soeurs se retrouvent autour de leurs souvenirs d'enfance. Garance, la narratrice, toujours entre deux amants, entre deux escapades, Simon, le frère sage et posé, Lola, fraîchement divorcée et le coeur en lambeaux, Vincent gardien occasionnel d'un château perdu en Indre: la vie les a malmenés mais elle leur permet de se ressourcer, plus soudés que jamais. L'espace d'une virée volée à la noce, ils renouent avec leur âme d'enfant et oublient leur quotidien un peu triste.
Malgré une écriture fluide, je ne suis pas parvenue à accrocher à cette fratrie sympathique mais caricaturale aux formules toutes faites. Certes, l'histoire est pleine de fraîcheur, d'optimisme, de nostalgie de l'enfance et de l'adolescence, mais il manque ce petit quelque chose qui en aurait fait un joli récit fleurant bon la poésie. A force de caricatures et de clichés, la lecture est parasitée par un agacement qui lentement monte et grignote l'intérêt pour l'escapade sur les sentiers, un peu battus tout de même.


"L'échappée belle" se lit très bien mais aussi très vite....et, hélas, s'oublie de même: une déception alors que j'avais beaucoup aimé "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part" et "Ensemble c'est tout".
Une lecture détente, sans plus, un frais road-movie estival.




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dimanche 20 décembre 2009

Dimanche poétique # 6



Aujourd'hui, "La Terre est bleue" de Paul Eluard illustre bien ce que je peux ressentir devant l'échec de Copenhague.
Je ne sais pas si le grand poète qu'était Eluard aurait apprécié cette association....j'espère que l'on ne m'en tiendra pas rigueur.


La terre est bleue


La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
lls ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s'entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d'alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d'indulgence
À la croire toute nue.


Les guêpes fleurissent vert
L'aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.


Oeil de sourd
Faites mon portait.
Il se modifiera pour remplir tous les vides.
Faites mon portrait sans bruit, seul le silence,
A moins que - s'il - sauf - excepté -
Je ne vous entends pas.


Il s'agit, il ne s'agit plus.
Je voudrais ressembler -
Fâcheuse coïncidence, entre autres grandes affaires.
Sans fatigue, têtes nouées
Aux mains de mon activité.



Paul Eluard (1895-1952)
in "L'amour la poésie"




Les compagnons de voyage poétique de Celsmoon, c'est par ICI

samedi 19 décembre 2009

L'origine est dans l'abîme


Europe de l'Ouest, Allemagne, dans un futur proche, des banlieues sombres et étranges, des familles dispersées dans différents pays, des travails peu rémunérateurs et pas vraiment exaltants, un train interminable, le Grand Train, malgré sa grande vitesse, une vision de fillette qui fait frissonner et un héros qui part vaillamment gagner sa croûte dans ce train interminable et sombre. C'est au cours du voyage que Daniel Kean se trouve confronté à une situation extrême: un voyageur a une bombe greffée sur son corps, l'horreur semble inévitable, aussi Daniel est-il encouragé à faire la conversation au jeune terroriste. Commence alors, une course poursuite pour mettre la main sur un secret jalousement gardé, un secret qui pourrait changer la manière de vivre et de penser du monde. Un secret jouant avec la frontière fragile de l'hérésie religieuse ne peut qu'attiser convoitises et folies, secret dont le fil conducteur est une Bible, "La Sainte Bible de l'Amour et de l'Art" aux quatorze chapitres, aux quatorze paraboles. Dans ce monde futuriste, les groupes religieux s'identifient à un ou plusieurs chapitres de cette Sainte Bible et les explorent au cours de rites gestuels, de danses étranges permettant d'entrer en osmose avec l'enseignement du chapitre. Le corps et l'esprit se mêlent pour parvenir à approcher une Vérité, une quintessence de la parole sacrée.



Daniel Kean n'est pas un esprit puissant, il fait plutôt partie des sceptiques, des non-croyants, aussi, lorsqu'il s'embarque, contre son gré, dans cette quête religieuse et scientifique, c'est avec plus une envie d'en découdre pour récupérer sa fille et tenter de venger la disparition de son épouse, l'esprit de vengeance est son moteur, sa raison de vivre, que par foi de croyant...ce qui est loin d'être le cas de ses compagnons d'aventure aussi disparates que complémentaires.


A la suite de Daniel et de ses compagnons, le lecteur entre dans l'univers très particulier développé, comme une dentelle alambiquée et donc mystérieuse, par Somoza qui semble prendre un malin plaisir à le perdre à l'infini. Il s'amuse à dérouler une toile gigantesque de questionnements, de routes possibles à emprunter ou non, de dédales spirituels, de labyrinthes de la pensée ou de foisonnements philosophiques. Le lecteur déambule, comme Daniel, incrédule puis perplexe jusqu'à ne plus rien y comprendre avant de renouer le fil de la quête, frissonnant dans les espaces sous-marins sous cloche, les maisons piégées d'invisibles armes....une richesse d'actions qui parfois amène à l'overdose. On oscille entre Science-Fiction et Bande Dessinée, les scènes donnent l'impression de ridicule mais c'est pour mieux happer la proie qu'est devenue le pauvre lecteur, saucissonné dans son envie d'aller toujours plus loin dans le frisson et l'incroyable. Un incroyable objet du discours: la présence pesante d'une religion d'une grande complexité régissant le moindre recoin de la vie sociale, culturelle, politique et économique de ce monde futuriste; tout est religion, tout est croyance. Aussi, lorsque la quête parviendra à son terme, la surprise n'en sera que plus grande: non seulement, le lecteur comprend alors le pourquoi des signaux inconscients qui lui titillaient les neurones depuis un bon moment, mais encore, il a la joie d'être entré à pieds joints dans la ronde endiablée de l'auteur, une ronde dans laquelle sont venus les mythes et les déités des temps immémoriaux.


"La clé de l'abîme" est construit comme un thriller et évolue dans la sphère du fantastique avec tout le cortège d'interrogations inhérent au genre: le devenir de l'humanité, la place de Dieu dans la société, les croyances doivent-elles régir le quotidien, doit-on et/ou peut-on tuer, psychologiquement, Dieu comme on tuerait son père afin de s'affranchir enfin de ses carcans? Est-Il né et comment? L'humanité a-t-elle toujours un sens lorsqu'elle devient un objet sans cesse contrôlé et réglé, dans tous les domaines d'activité et ce jusqu'au plus intime qu'est la procréation, par des machines? Comment les générations futures parviennent-elles à se reconstruire après un cataclysme bouleversant les modes de vie? Ces questions existentielles sont servies par une force romanesque de l'écriture qui sait susciter les arcanes de l'imaginaire avec en prime, à la fin de l'épilogue, une excellente raison d'aimer se replonger dans l'univers fascinant de la littérature classique....je me disais bien que certaines phrases me rappelaient certaines oeuvres classiques!


Même si, parfois, j'ai été déçue dans mon attente de pistes complètement tordues dans la construction de l'intrigue, j'avoue avoir apprécié la nouvelle trame de Somoza qui a le don de dérouter et de surprendre.

Roman  traduit de l'espagnol (Cuba) par Marianne Millon



 

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(6/7)

mercredi 16 décembre 2009

Coffret de contes


Je devais  parler depuis quelques temps d'un joli coffret de contes édité par Gallimard et la SNCF. Trois recueils de contes choisis parmi des contes russes (je les adore ces contes russes!), des contes de Grimm (je ne connaissais pas ceux-là!) et des contes de Gripari.
Ce florilège est très agréable et offre de jolies fenêtres d'évasion grâce aux quêtes des héros, aux métamorphoses des uns et des autres, aux voyages extraordinaires à la vitesse de la lumière (ou d'une queue de renard magique ou à dos de coursier plus rapide que Pégase lui-même!), aux rencontres tant incongrues que magiques. Les méchantes sorcières s'effacent devant les affreux sorciers ou ignobles diables, les rois cupides se retrouvent bateliers pour l'éternité, les princes insouciants et égoïstes sont écartés tandis que les jeunes hommes et jeunes femmes, même un tantinet écervelés pour avoir oublié quelques précieux conseils, après de multiples épreuves parviennent à trouver le chemin du bonheur et de la félicité.
J'ai aimé "Le géant aux chaussettes rouges" de Gripari, géant qui part à travers le monde, jusqu'en Chine où on ne parle que le chinois et délicieusement transcrit par l'auteur, pour l'amour d'un petit bout de femme!
J'ai adoré "La princesse grenouille" qui ôte sa peau de batracien le soir venu (Mélusine n'est jamais bien loin!!!) pour aider son bienaimé jusqu'au jour où arrive ce qui doit arriver pour le bonheur d'avoir des frissons même si l'on sait que tout s'achèvera bien!
J'ai aimé "L'oiseau d'or", de Grimm, dont la quête est guidée par un malin renard au panache supersonique et dont la demande de récompense peut à première vue rebuter -d'ailleurs notre héros n'y adhère pas spontanément-
En un mot comme en mille, j'ai vraiment apprécié, le temps d'une attente chez le vétérinaire et entre deux sorties en ville, de me replonger au coeur de l'univers du conte, de ce fil d'histoire qui apporte sensations fortes, interrogations, cheminement de pensée et des réponses auxquelles sur lesquelles la réflexion est de mise!
Un seul bémol au sujet de ce coffret: certaines illustrations sont vraiment moches et c'est bien dommage car les contes, surtout russes, mériteraient nettement mieux!!!! Pourquoi les faire si grossières et si tristes (je sais que le N&B n'est pas toujours synonyme de sombre et de laideur)? Je n'ai pas été enthousiasmée par le parti pris au sujet des illustrations qui sont essentielles pour attirer l'oeil et garder l'attention du lecteur. Ce n'est pas parce que les mangas et/ou dessins animés actuels sont particulièrement moches côté coups de crayon que l'on doit faire obligatoirement dans le moche! Je suis convaincue que l'on peut réaliser de belles illustrations sans pour autant trop augmenter le prix du livre.
Je remercie Emeline Guiraud pour ces contes qui m'ont redonné, l'espace d'une lecture, mon âme d'enfant acquise aux merveilleux!


dimanche 13 décembre 2009

Dimanche poétique # 5


Aujourd'hui, direction le XVIè siècle et ses poètes de La Pleiade en compagnie de Joachim Du Bellay.
Je suis certaine que ce poème vous rappelera bien des souvenirs d'école!

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,

Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,

Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

Joachim du Bellay (1522-1560)

Un bonus en musique, dont je ne me lasse pas, ICI  
 
Je vous invite à passer lire les poèmes dominicaux des compagnons de voyage de Celsmoon !
 
 


Le retour d'Ulysse/ Pénélope et les prétendants (1509)
Bernardino di Betto dit le Pinturicchio (1454-1513)

mercredi 9 décembre 2009

La vertu, le lys et la passion

Félix de Vandenesse, un jeune aristocrate, a vécu une enfance et une adolescence des plus difficiles: né après un frère, qui a pris toute l'affection dont était capable la mère, et une soeur, il n'y a plus de place à prendre dans le coeur maternel. Aussi, passe-t-il son temps entre rêveries et sarcasmes, entre désir d'être aimé et les tristes pensions où la famille l'envoie étudier.
Une morne existence scande ses jours gris jusqu'au jour où, lors d'un bal, donné en l'honneur du duc d'Angoulême, à Tours, il rencontre une femme qui le subjugue au point de lui faire perdre toute mesure: il lui baise avec passion les épaules...ce qui fait rougir et fuir la belle dame. Qui est cette céleste inconnue? Un concours de circonstance heureux, amène Félix à séjourner à Frapesle, chez les Chessel, amis de sa mère, où il rencontre enfin celle qui l'enchante depuis le fameux bal.

Commence alors une douce, longue et romantique histoire d'amour platonique, entre Félix, à peine sorti de l'adolescence, et Henriette de Mortsauf. Chaque jour voit grandir l'attachement, quasi maternel, de ces deux êtres malmenés par la vie: Félix, englué dans une enfance solitaire et triste, et Henriette, mariée très jeune à un homme déjà vieux, mère de deux enfants souffreteux, épouse d'un hypocondriaque persécuteur et égoïste. La vallée de l'Indre devient le cadre idyllique d'un amour éthéré au creux duquel deux amants vertueux épousent leurs souffrances, leurs peurs et leurs espérances: les vergers, les bois et les landes offrent mille et un bouquets au fil des saisons, messagers délicats d'un lien amoureux des plus purs (d'ailleurs, Mme de Mortsauf ne tient-elle pas à considérer Félix comme son enfant, afin de pouvoir l'aimer sans offenser son serment d'épouse!), le parc et les allées somptueuses ombragées, les lieux de tendres confidences et de mains maintes fois baisées avec passion. Cependant, la belle harmonie s'avère n'être pas éternelle: encouragé par les sollicitations de Mme de Mortsauf, Félix se lance dans les affaires publiques en intégrant le cabinet du roi, à Paris. Après un long séjour en Touraine au cours duquel la maladie du comte rapproche encore plus les amants et transcende leur dévouement tout en élevant leur âme, le nouvel éloignement, nourrissant la mélancolie d'un Félix, amoureux d'une étoile, rend ce dernier bien désirable pour les femmes du monde attirées par l'ombre d'un amoureux transis. C'est ainsi que Félix rencontre Lady Arabelle Dudley qui lui ouvre grand les portes de la passion charnelle, celle qui consumme et brûle les coeurs et les corps. Une indiscrétion de la part de la mère de Mme de Mortsauf plonge cette dernière dans les terribles affres de la jalousie, jalousie qui lentement lui rongera le coeur.

Ma première lecture datant du lycée,c'est avec un plaisir mêlé d'appréhension que j'ai relu "Le lys dans la vallée": retrouverai-je le charme de cette histoire d'amour impossible? Serai-je encore émue par les descriptions somptueuses des paysages et des émotions? Serai-je à nouveau sous le charme d'une atmosphère romantique, champêtre et pleine de bons sentiments?
La maturité aidant, j'ai mieux cerné le personnage d'Henriette qui loin d'être une romanesque amoureuse évaporée, est une femme ayant la tête sur les épaules, sachant organiser et gérer un domaine, au dévouement extrême envers son époux et ses enfants qu'elle protège et chérit. C'est elle qui détourne Félix de son envie d'entrer en religion et l'amène à se lancer dans le monde afin d'y faire carrière: Henriette est fine politique et fine mouche aussi, elle sait qu'elle perdra Félix et sans doute pense-t-elle se sauver d'elle-même en l'éloignant de Clochegourde afin qu'il apprenne à voler de ses propres ailes. Certes, elle larmoie, pleure beaucoup sur ses malheurs domestiques et spirituels; certes, elle repousse trop l'amour aveugle de Félix par des pirouettes à la limite de la coquetterie, même au nom de la bienséance et du devoir moral, et signe d'autant plus ses sentiments qui l'attache à ce jeune homme sans expérience, brûlant de passion et d'imaginaire; certes, elle agace parfois mais elle surprend très souvent....plus que Félix! Henriette est le portrait de l'image, délicate et complexe, de la dame du monde vue par Balzac: intelligente, passionnée et sentimentale, solitaire ayant conservé une âme d'enfant tout en possédant une haute idée du devoir conjugal et maternel. Une femme-mère-enfant, idéal balzacien qui peut paraître aujourd'hui non seulement désuet mais frisant aussi le ridicule. La relation, amoureuse platonique, entre Félix et Henriette est proche du sentiment éprouvé par certains mystiques d'où la douleur face à l'incomplétude lors de l'expérience du manque (les absences de Félix et surtout son infidélité), mal nécessaire dans le combat mené entre les sens et l'âme. Henriette expérimente la plus déchirante des douleurs: celle de constater avec amertume que sa vie ne fut qu'un mensonge, qu'elle n'aspirait qu'à vivre son amour avec Félix. Au prix d'une lutte sans merci avec sa conscience, elle parviendra à dépasser l'amertume d'une défaite pour parvenir enfin à la sérénité.

J'ai goûté avec délice la construction intéressante du roman: une longue lettre de Félix à une femme qu'il aime, Nathalie de Manerville, dont la réponse est d'une savoureuse ironie, Balzac montre qu'il a un grand humour et peu d'illusions sur la nature humaine (Félix est loin de tirer les marrons du feu!)!

J'ai aimé la diversité des points de vue orchestrés par un Balzac qui dut certainement désarçonner nombre de ses contemporains: comment mettre en scène l'amour-passion, avec le souvenir de la scène du baiser à l'épaule, à un moment intime de l'agonie d'Henriette, tout en exprimant les vertus des valeurs de la famille, les critiques de la société (entre les enfances sombres et solitaires dans les familles aristocratiques, les jeunes filles mal mariées à des hommes dejà âgés, et aigris, et les hypocrisies d'un système qui exclut les capacités féminines, Balzac décoche quelques flèches désagréables) mais aussi ses points positifs ou encore louvoyer entre la beauté de la passion et la défiance envers cet état brûlant et dévastateur, sans heurter la sensibilité "romantique" du moment!? A la lumière du XXIè siècle, ressent-on de l'outrance, voit-on du "faux" ou de l'improbable dans certaines scènes? Si on est cynique...certainement sinon...on voit la passion amoureuse déchirer une femme seule, mariée à un tyran domestique, qui ne sait et, surtout, ne peut pas laisser tout derrière elle pour vivre cette passion!

J'ai savouré "Le lys dans la vallée" comme un souvenir qui soudain rejaillit et prend une autre ampleur avec les années écoulées: la lente et belle promenade sur les bords de l'Indre, partie de "la doulce France" chère à la Renaissance, avec les descriptions des paysages où la nature est magnifiée, presque idéalisée (ahhh la scène des vendanges!!!), offre une belle adéquation entre la personnalité de l'héroïne et son environnement (Henriette est douce et généreuse comme le sont les rives de l'Indre, sa belle âme ne peut que vivre au coeur d'une nature d'abondance).

La langue française classique a une musicalité ineffable et indicible...la lire est un plaisir, la quitter une promesse de revenir boire à une source d'émotions loin d'être surfaites.




Les avis de lily    

Roman lu dans le cadre des lectures communes de Parfum de livre


Roman lu dans le cadre du défi Littérature classique (1/12)

dimanche 6 décembre 2009

Nouveauté pratique



Grâce à l'initiative dominicale de Celsmoon, la liste des poèmes édités sur ce blog s'allonge. Afin de m'y retrouver et pour vous permettre une meilleure navigation, je me suis dit qu'un ré-chat-pitulatif de tout cela serait bien utile!
J'ai classé les auteurs par ordre alphabétique suivi des liens vers les poèmes.
Je vous souhaite une bonne lecture et d'agréables promenades poétiques chez moi :-)

Al-Nabigha Al-Dhoubyani "De ses longs cheveux se voilant..." /

Appolinaire G.  "Automne malade" /

Bastard J. "Casaluna" /
Baudelaire C. "Les chats" / "Les fenêtres" /
Bergèse P.   "Neige, vent pluie..." /
Boshô "Haïku" (chataîgne) /
Buson haïku (cerisier)/

Césaire A. "Jour et nuit" /

Dhou'l-Roummah  "Adieu" /

Farrokhzad F. "Le vent nous emportera" /


Heine H. "La Loreleï" /

La Fontaine J.  "Le corbeau et le renard" /
L'Hermite T-F   "sonnet" /

Neruda P.   "Sonnet XXVII" /


Poullaouec J. "Haïkus du chat" /



Sà du Là   "Mélodie des lotus" /
Saint-Denys Garneau H.  "Pins à contre-jour" /
Ségar Senghor L.  "Femme noire" /

Tardieu J.  "L'oblique" / "Un chemin" /

Viau Th. "épigramme" /

Yaha  "haïku" (jardin)/

Dimanche poétique # 4


Ulike.net a lancé un concours autour de Jean de La Fontaine. Je ne m'y suis pas inscrite mais je ne peux oublier une des fables apprises sur les bancs de l'école élémentaire et que j'aime, de temps à autre, réciter aux enfants de ma classe (pour le simple plaisir de la langue et des images suscitées par le poème):

Le Corbeau et le Renard



Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. "
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. "
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.


Jean de La Fontaine ((1621-1695)
 


Pour lire les poèmes du jour chez les Compagnons de Voyage de Celsmoon c'est ICI que vous trouverez tous les liens!