« Dans quel monde entrait le vieil Eguchi lorsqu’il franchit le seuil des Belles Endormies ? […] » (Quatrième de couverture)
Ecrit en 1961 par le Prix Nobel Yasunari Kawabata, « Les belles endormies » est un roman étrange, étonnant, pouvant mettre mal à l'aise, et d'une dérangeante beauté.
Le vieil Eguchi, sur les conseils de son ami Kiga, franchit la porte d'une maison de passe des plus insolites : les jeunes filles sont endormies, avec un narcotique puissant, avant que le client ne soit introduit dans la chambre. Une dame, peut-être la matrone, accueille Eguchi et lui explique le déroulement de la nuit, elle lui énonce également les interdits.
Le vieil Eguchi est certes vieux sans pour autant s'estimer aussi vieux et gâteux que les habitués des lieux, ces vieux hommes, incapables en raison de leur âge d'agir en homme avec une femme au lit. La maison insolite est un moyen pour les vieillards en mal de plaisir de réaliser leur quête, de leur donner l'illusion d'être encore des hommes.
Eguchi, au cours de ses cinq nuits passées auprès de belles adolescentes profondément endormies, se remémore ses amours d'antan, ses nuits d'amant fringant, les femmes qu'il a aimées comme si le contact physique auprès de très jeunes filles était un déclencheur de souvenirs d'une virilité perdue.
J'avoue avoir été gênée par la description des attouchements sur les jeunes filles, parfois à peine sorties de l'enfance : glisser un doigt dans leur bouche, les caresser longuement … la beauté de l'écriture n'engendre pas de poésie bien au contraire.
Alors que j'avais été subjuguée par « Kyôto » et « Le lac », je me suis fait violence pour terminer la lecture des « Belles endormies ». Certes, le thème de la nostalgie, important dans l'oeuvre de Kawabata, est présent, cependant il a un goût amer. Certes l'écho de la mer soumise aux caprices de l'hiver est l'image de l'hiver de la sexualité d'un vieillard démuni devant la verdeur printanière des belles endormies. Cependant cela ne rattrape pas la mésaise agrémentée de honte provoquée par le roman.
Pour être honnête, je n'ai pas apprécié de voir le corps de ces très jeunes filles devenir objet sexuel pour vieux libidineux. Sans doute suis-je passée à côté de la substantifique moelle du récit... tant pis.
Traduit du japonais par René Sieffert
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