samedi 31 mars 2007
Demain ?
Il était une fois un monde qui perdit son identité, son essence, ses rêves et son existence. Il était une fois des chiens, qui le soir venu, autour d'un feu, se racontent des légendes issues du fond des âges. Il était une fois....la Terre?
Le roman se présente sous la forme d'un recueil de contes. Mais, sont-ils vraiment des contes ou seulement les chapitres d'une histoire de civilisation perdue?
Au commencement était l'homme. Au commencement était la cité, entité sociale rassurante et motivante, entité qui contribua à l'évolution spectaculaire de l'espèce humaine.
Puis l'homme partagea sa vie avec le chien. Le chien, figure de la fidélité sans faille, rempart contre le danger, oeil dans la nuit, oreille et flair avertissant du danger, gardien des troupeaux mais aussi gardien de son maître.
Avec l'homme vint l'inovation technique et la guerre. Il ne prit pas le bon chemin: il délaissa le psychique pour le technologique. Il construisit, et défit, des civilisations plus brillantes, ou plus meurtrières, les unes que les autres,il créa des robots de plus en plus sophistiqués, il conquit les étoiles, s'installa sur Mars, repoussa sans cesse les frontières inter sidérales, apprit à parler, penser et lire aux chiens pour finalement se replier sur lui-même (dans l'oubli du sommeil éternel) ou s'envoler sur Jupiter afin de goûter aux bonheurs de ne plus être humain.
Les chiens et les robots restèrent, les millénaires passèrent, le nom d'Homme se perdit pour ne devenir qu'une idée, une icône, une divinité. D'ailleurs, l'homme a-t-il vraiment existé un jour?
Ce roman passionnant, extraordinairement moderne, entraîne le lecteur dans un récit au fil des millénaires, pour le promener dans des mondes parallèles, pour lui faire côtoyer des mutants, des extra-terrestres, des animaux doués de parole et de pensée instaurant, avec l'aide des robots éternels, une charte de la Fraternité Animale, et lui faire rencontrer, fugacement, une société étonnante qui est celle des fourmis (cela ne vous rappelle rien?).
Tout change, tout est chamboulé dans ce monde, sauf la maison sur la colline, près d'une rivière à truites, la maison et le robot (majordome répondant au nom de Jenkins) des Webster. Cette famille qui joue un si grand rôle dans la destinée pathétique (quoique...) de l'humanité.
Avec ce roman, Clifford D.Simak lance une formidable réflexion philosophique sur la notion d'humanité, de progrès et laisse apparaître le possible échec d'une société par trop technologique. Il fut publié en 1952 mais à sa lecture il pourait l'avoir été hier!
vendredi 30 mars 2007
5ème Prix des Lecteurs du Télégramme # 2
Dès les premières lignes, les senteurs du Caire et sa magie assaillent le lecteur....surtout s'il a lu la trilogie de Naguib Mahfouz (« Impasse des deux palais », « Le palais des désirs » et « Le jardin du passé »)!
Mais ce qui est surprenant c'est le parti pris de l'auteur: le héros, Yossef Alfondari, est tout sauf sympathique. Il est absolument odieux et est un monstre d'égoïsme. Il n'est que paradoxe et de ce fait le lecteur éprouve d'énormes difficultés à le cerner: Yossef vit sans cesse décalé et est un être de contradictions. Il est juif et hait les arabes mais est féru de musique arabe et ne jure que par Le Caire.
Ron Barkaï entraîne son lecteur dans l'Egypte des années 20, nous fait vivre la création et la construction de l'état d'Israël. Il lui fait vivre ces premières années cruciales d'un Isarël sans concessions, les antagonismes entre les sionistes et les communistes pro-arabes.
Yossef, son héros détestable, est un juif séfarade méprisant les juifs ashkénazes qu'il considère comme détenteurs de privilèges. C'est un vrai fléau pour sa famille: il méprise son épouse, ses enfants, ses soeurs et sa mère....sans compter son frère mort pour Israël. Il n'aime que le pocker et la musique arabe, respecte plus ses amis que son entourage familial. Au fil des chapitres, le dégoût inspiré par ce personnage est tel que j'ai eu une furieuse envie de le gifler. Cependant, paradoxe encore, je me surprenais à éprouver un début de compassion à son égard: Yossef n'a pas eu la vie facile. Battu par son père, il s'enfuit du Caire pour rejoindre Alexandrie, où il vit dans la misère, avant d'émigrer vers le nouvel état d'Israël. Néanmoins, l'agacement puis l'antipathie reprennent vite le dessus: comment peut-on être aussi abject envers ses proches, avec ses enfants (il les torture, littéralement!), comment peut-on être aussi inculte, frustre, « affreux, bête et méchant »?
Les anti héros sont rares et dérangeants car le lecteur n'a pas du tout envie de s'y identifier une seule seconde, mais permettent de prendre conscience des contradictions et des paradoxes de l'être humain et du monde. Si Yossef Alfondari avait été un personnage positif ou trop lisse, Ron Barkaï aurait-il pu narrer les doutes, les heurts de ce jeune état juif? Car Yossef est un peu un morceau d'histoire israëlienne: attirance et répulsion, amour et haine, envers le peuple cousin.
Les contradictions d'hier sont encore celles d'aujourd'hui: Barkaï les raconte avec la truculence des couleurs du Moyen Orient et la chaleur de la musique arabe.
Un premier roman déroutant où le héros fait l'unanimité contre lui, où il aura une fin à la mesure de sa vie....Yossef serait-il une métaphore de ce Moyen Orient déchiré? Peut-être, peut-être pas, mais il en a quelques images.
jeudi 29 mars 2007
La cérémonie du thé
mercredi 28 mars 2007
Coup de pouce
mardi 27 mars 2007
polar indien
lundi 26 mars 2007
Un film et une musique inoubliables.....
Une poésie meurtrière...
Salomon Rulfo, professeur de lettres au chomâge suite au décès de sa fiancée Beatrix, fait des cauchemars récurrents. Les somnifères ne lui procurent aucun répit. Epuisé, il se rend au dispensaire où il rencontre Ballesteros, le médecin psychiatre. Ce dernier est intrigué par Rulfo et l'écoute avec humanité puis le réconforte et lui prescrit d'autres somnifères. Tout semble rentrer dans l'ordre. C'est alors qu'un soir, après s'être endormi sur un recueil de poésie, Rulfo se réveille et voit à la télévision, la maison de ses cauchemars ainsi que la scène du crime. Accompagné de Ballesteros, il se rend devant la maison...tout est clos. Rentré chez lui, Rulfo, ne tient plus en place et retourne finalement devant la maison. C'est alors qu'il rencontre une sublime jeune femme, Raquel, immigrée hongroise sans papiers, poussée, comme lui, par ses rêves à venir devant cette demeure mystérieuse.
Ils penètrent à l'intérieur, revivent le crime, découvrent un imago (figurine de cire) plongé dans un aquarium, une photo et un début de poème.
C'est le début d'une course poursuite effrénée contre le temps, contre un groupe de dames. Elles sont 13 mais seulement 12 sont nommées. Qui est la dame n°13? Où est-elle? Elle qui semble être la pierre angulaire du groupe d'égéries. « La n°7 Empoisonne... La n°8 Conjure... La n°9 Invoque... La n°10 Exécute... La n°11 Devine... La n°12 Connaît. Ce sont les dames. Elles sont treize, elles sont toujours treize, mais on n'en cite que douze....ne te risque jamais, même en rêve, à parler de la dernière...Pauvre de toi, si tu mentionnais la n°13....! ». L'ambiance est trouble, étrange, angoissante, poisseuse de peur, de sang et de sueur âcre. Tout peut être piège, tout peut se transformer en enfer. Le décor est planté et créé pour provoquer la peur chez le lecteur.
Rulfo, Ballesteros et Raquel, que rien ne destine à se rencontrer vont être les trois rouages nécessaires pour juguler le pouvoir de ces mystérieuses et très inquiétantes dames. Dames? Sorcières? Membres d'une secte? Au fil des pages, le lecteur apprend que Raquel est maintenue dans une spirale infernale de soumission et d'humiliation: elle est prostituée et cache un secret...un lourd secret que peu à peu on parvient à approcher pour mieux le perdre. A-t-elle eu une autre vie avant sa déchéance? A-t-elle un passé? Le voile se lève lentement, au rythme du thriller psychologique mené tambour battant par Somoza. Celui-ci joue, brillamment, avec les nerfs de son lecteur qui se retrouve souvent en apnée tant les situations sont anxiogènes et violentes!
« Le langage humain n'est pas inoffensif. Nous le constatons tous les jours, même dans les discours des fanatiques et des politiques....les mots altèrent la réalité, produisent des choses, mais uniquement s'ils sont récités de façon déterminée et dans un ordre déterminé... ». Somoza met en pratique cela: le lecteur est en proie au malaise au cours de sa lecture car le suspense est intense et la narration digne d'un roman fantastique.
La poésie, cette part de la littérature sensée être le réceptacle de toutes les beautés du monde, apparaît comme pouvant être une arme de destruction massive avec ou sans cible chirurgicales!
Les phylactères, vers écrits sur des objets ou des corps tout en les prononçant, deviennent des armes aiguisées, des tourments sans fin digne de celui infligés à Tantale par les Dieux! Somoza rivalise avec Patricia Cornwell dans les descriptions des atrocités perpétrées par les dames....son style épique et soigné ainsi que son érudition permet au lecteur de ne pas avoir l'impression de se retrouver devant un tueur en série de circonstance....Les dames sont autrement raffinées et les citations de Lorca, Dante, Shakespeare (un des plus dangereux à réciter, brrrr) volent, déchirent, lacèrent, mutilent, torturent, rouent, épuisent sans espoir, pour la victime, d'en voir la fin.
« Le poème est une forêt de pièges. On parcourt les strophes en ignorant qu'un seul vers, un seul mais c'est suffisant, se fait les griffes en vous attendant. Peu importe qu'il soit beau ou non, qu'il possède une valeur littéraire ou en soit totalement dépourvu: il vous attend là, gorgé de venin, scintillant et mortel, avec ses écailles de béryl. ». Tout est dit. La poésie est un monde étrange, dérangeant car errant aux frontières de l'âme du poète. L'inspiration, souffle des Dieux? Des dames?
Le Verbe est puissance, le Verbe peut être un danger immense. Les mots sont tout sauf anodins....
Somoza m 'avait enchantée avec « La caverne des idées » et m'a entièrement conquise avec « La dame n°13 », thriller philosophique, psychologique et poétique. On ne s'ennuie pas une seule seconde, on tremble, on transpire, on suffoque et on exulte devant la virtuosité de l'écrivain. Du grand Somoza!
les avis de Cécilia biblioblog flo .....si j'ai oublié un commentaire à citer, n'hésitez pas à me le faire savoir....
dimanche 25 mars 2007
5ème Prix des Lecteurs du Télégramme #1
Erik Orsenna possède un talent certain: rendre simples des notions compliquées, voire complexes.
Après « La grammaire est une chanson douce », « Les chevaliers du subjonctifs », il nous offre « Voyage aux pays du coton »...un voyage tant littéraire qu' « économique » dans le monde de l'économie libérale...une économie libérale vue par le prisme d'un regard de romancier.
Le voyage commence en Afrique, continent de la génèse de l'humanité, au Mali où une entreprise d'état, le CMDT (qui participe à l'alphabétisation des producteurs de coton), centralise les récoltes et permet aux producteurs de vivre du fruit de leur labeur. L'Afrique, où l'attente est reine, où le temps est extensible à l'infini, où les aides routiers décorent leur camion pour tromper ce temps qui s'écoule avec une infinie lenteur....les usines cotonnières ne possèdent pas d'entrepôts pour stocker les balles blanches de coton....Kafka ou Ubu en Afrique? Orsenna nous livre les échos d'une légende Dogon où l'on apprend que « soy » signifie « étoffe » mais aussi « c'est la parole »....quand coton et racines millénaires se mêlent, l'économie sauvage a des accents chantants d'épopée.
J'ai aimé les descriptions des ambassadeurs des Etats-Unis et de France: deux personnages très éloignés l'un de l'autre: l'ambassadrice américaine au leitmotiv de mondialisation économique, l'ambassadeur français à l'esprit empreint des Lumières et sachant regarder autour de lui les beautés botaniques et géologiques du Mali, l'économie sèche et cupide face à la curiosité intellectuelle envers l'autre. Deux visions du monde....on souhaiterait tellement que ce soit la deuxième qui fasse avancer ce monde...
Le voyage se poursuit aux Etats-Unis où les protections douanières sont aussi efficaces qu'invisibles....les producteurs sont subventionnés au plus haut point afin de pouvoir concurrencer allègrement les cotonniers africains. Au pays du libéralisme sauvage, les lobbies sont rois, surtout celui du coton, et les subventions publiques la bouée de sauvetage d'une production qui sinon sombrerait. On voit la paille dans l'oeil du voisin mais surtout pas la poutre que l'on a dans le sien. Une allusion aux recherches scientifiques menées par Monsanto fait frémir...
Ensuite, Orsenna nous emmène au Brésil, le pays où tout est neuf, où tout est à créer, à dompter. Il y a encore des terres à conquérir et à défricher...mais à quel prix! La déforestation de l'Amazonie, l'accaparement des terres agricoles par une poignée d'hommes, et la grande importance des OGM dans le coton!!! Quand on inocule un gènes d'araignée pour obtenir une texture plus fine et plus résistante, quand un laboratoire a l'idée d'introduire un gène de lait (il plaisante mais à peine...) afin d'obtenir une blancheur éclatante, il y a de quoi frémir. Le Brésil, pays du libéralisme triomphant, pays émergent en plein croissance où l'oeil avide des grand groupes repère les « bonnes affaires » possibles.
Puis, le lecteur, étourdi, se retrouve en Egypte, où le coton est une culture millénaire et où pousse le plus beau coton du monde. L'Egypte et ses couleurs, son passé illustre et qui poursuit lentement, mais sûrement, sa route vers l'avenir. L'Egypte qui a une conception familiale de l'économie, qui tisse ses relations économiques entre grandes familles à travers le monde. Une autre conception du monde et de sa marche. Un pays qui a son musée du coton où personne ne se rend et qui est d'une richesse incroyable. La rencontre avec le directeur du musée est belle et émouvante: c'est une rencontre d'hommes empreints d'humanité dans un monde qui en est de plus en plus dépourvu. Le temps s'arrête puis reprend doucement sa course. Le chapitre sur l'Egypte s'achève sur cette note d'éternité du bassin méditerranéen, berceau des échanges commerciaux: « ...notre ville (Alexandrie) a d'abord le génie du commerce. Et pour le vrai commerçant, l'important c'est le commerce, pas ce dont il commerce. Le vrai tissage est le lien qui se développe entre les humains. Comment leur donner tort? », « Il y a tous les métiers dans le coton, de l'agriculture à la finance. Un bon négociant doit tout savoir à tout moment de la Chine et de l'Amérique, de l'Australie et de l'Ouzbékistan. Un bon négociant est à l'écoute permanente de la planète. Et puis le coton aime la paix. Quand le coton va bien, c'est que le monde est calme et digne. »
L'étape suivante du voyage: l'Ouzbékistan. Le coton est le revenu de l'état. L'irrigation fait pousser cet arbuste de blancheur....et fait reculer la Mer d'Aral. La mer blanche supplante l'étendue bleue et perturbe l'écosystème d'une région. La marée ne monte plus, elle est pour toujours à marée basse: pour la mer d'Aral, la montre de la lune s'est arrêtée au nom du coton qui fait exister sur la scène internationale au même titre que le pétrole. L'Ouzbékistan, entre tradition et modernité, terre d'Histoire, terre des Scythes, terre qui abrita les artistes proscrits par Moscou...la laideur recèle parfois d'extraordinaires beautés.
Enfin, la Chine. Qui ne laisse plus le temps au temps: les arbres plantés sont déjà grands le long des boulevards modernes. Les jardins des palais anciens ne sont plus que des pépinières où tout s'accélère. Une poésie s'en va pour une prosaïque vision du monde. Les chaussettes font la fortune de Datang et les malheurs de l'Occident: le capitalisme a des racines millénaires en Chine. Le travail est incessant et culturel: « Pourquoi en France, n'aimez-vous pas les enfants? En France, vous ne travaillez pas assez. Donc vous préparez mal l'avenir de vos enfants. Chaque année, la dette de la France augmente. Seuls ceux qui ne travaillent pas assez s'endettent. Et qui doit rembourser? Les enfants. ». En effet, « que répondre? »!
Ce voyage ne masque pas les duretés de la récolte de ce coton si blanc, si doux: il coupe, lacère les mains des récoltants, il mène la vie dure à ceux qui le travaillent et qui en dépendent. Mais le coton est au monde végétal ce que le porc est au monde animal: tout est bon...la fleur floconneuse et blanche, les graines (transformées en huile végétale que nous consommons sans le savoir), les restes fibreux qui deviennent litière. Une manne terrestre?
Le juste prix du labeur de chacun ne se trouve pas dans nos habitudes occidentales d'achats dans les hypers, symboles de la mondialisation et du libéralisme, insultes au travail et à sa valeur. En effet, sous toutes les latitudes cultivant le coton, la fierté du travail bien fait illumine les coeurs des hommes et des femmes qui peinent dans les champs et dans les usines. Et rien ne peut le leur ôter...
« Pour comprendre les mondialisation, celles d'hier et celle d'aujourd'hui, rien ne vaut l'examen d'un morceau de tissu. Sans doue parce qu'il n'est fait que de fils et de liens, et des voyages de la navette. »...Il n'y a rien à ajouter à cette belle conclusion d'Orsenna, en quatrième de couverture.
vendredi 23 mars 2007
La liste des quatre
Les 4 livres de mon enfance:
- "Toufou et Pouquette" (Rouge et Or)
- "La princesse de Clèves"
- "Mon ami Flika" (et sa suite)
- "Contes japonais" (éditions Gründ 4è édition 1973)
Les 4 écrivains que je lirai et relirai encore:
- Tolkien
- Philippe Delerm
- Paul Auster
- Milan Kundera
Les 4 auteurs que je n'achèterai (ou n'emprunterai) probablement plus:
- Jacques Pierre Amette
- Alexandre Jardin
- Marc Levy
- François René de Châteaubriand
Les 4 livres que j'emporterai sur une île déserte:
- "Anthologie des haîkus"
- "La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" (Ph. Delerm)
- "Le seigneur des anneaux" (Tolkien)
- "La valse aux adieux" (M.Kundera)
Les 4 premiers livres de ma liste à lire:
- "Neige" de M.Fermine
- "Dans le scriptorium" de P.Auster
- "Les chutes" de Oates
- "Le lézard lubrique de Melancholy love" de Ch.Moore
Les 4 x 4 derniers mots d'un de mes livres préférés:
"Ici finit cette histoire, telle qu'elle nous est venue du Sud, et, après la disparition d'Etoile du soir, plus rien n'est dit dans le livre des jours anciens." (Le seigneur des anneaux, in "Le retour du roi", Tolkien)
Les 4 lecteurs/lectrices dont j'aimerais connaître les 4:
jeudi 22 mars 2007
Le salon du livre 2007
mercredi 21 mars 2007
Aimer son livre d'histoires
Il était une fois l'Amérique
C'est mon premier Updike et à peine la lecture commencée, j'ai été étreinte par une peur irrationnelle: celle de fermer le livre avant la fin! Dès la page 16, je baillais, je cherchais un mot, une phrase pour me raccrocher au récit! Puis, je me suis rappelée qu'il fallait au moins patienter jusqu'à la page 50 avant de penser à « jeter l'éponge ».
En effet, la mise en situation de la saga familiale s'ouvre sur un pasteur qui perd la foi. Comme je ne suis pas états-unienne ni protestante, je me suis trouvée devant des considérations philosophico-religieuses très complexes à mes yeux, à la limite de l'abscons!
Mais, ô miracle!, à la fin de la première partie, Updike et ses personnages m'avaient conquise... ouf!
Que dire de cette saga américaine sinon qu'elle nous fait vivre le rêve américain, elle nous retrace l'histoire des Etas-Unis de 1910 à 1990....presque un siècle!
Updike nous promène dans ce siècle de tous les possibles en compagnie de quatre membres de la famille Wilmot: Clarence, le pasteur patriarche, Teddy, le fils cadet, Essie, la petite-fille et Clark, l'arrière petit-fils. Quatre volets de l'Histoire récente des Etats-Unis d'Amérique.
1910, Clarence Wilmot perd la foi et refuse le compromis de l'hypocrisie: continuer son sacerdoce. Son courage n'a d'égal que son athéisme conforté par l'émergence d'un art nouveau: le cinéma muet! L'ancien pasteur, devenu représentant d'une encyclopédie américaine (concurrent de l'Encyclopédia Britanica), faisant du porte à porte stérile tant chez les bourgeois que chez les prolétaires, entre oublier ses déboires et son désespoir dans les salles obscures. Il y a parfois des accents austériens dans la descriptions des scènes muettes qui rappellent « Le livre des illusions ». 1910 et la décennie suivante: la Grande Guerre et la Dépression qui meurtriront dans leurs chairs les soldats et les ouvriers. L'Amérique fait toujours rêver mais à quel prix! Le cinéma est là pour faire oublier mais aussi pour garder en mémoire, burlesque et tragique (merci Charlot), les heures sombres de la mondialisation (déjà!!) de l'économie. Dieu semble avoir abandonné les hommes et tourné le dos à ce triste et vain spectacle. Clarence s'éteindra, seul dans sa chambre, et son fils Teddy reprendra le flambeau de l'apostasie paternelle.
1929, Teddy, marqué par la défaite spirituelle de son père, ne jure que par la tranquilité d'une vie sans autre ambition que celle de ne pas se faire remarquer: surtout ne pas mettre en avant ses capacités intellectuelles...pour vivre heureux, vivons cachés! Et la bonne cachette: devenir facteur. Il refusera même de devenir Receveur des Postes: les luttes de pouvoir et les ambitions mesquines ne l'intéressent absolument pas. Il cultive, sans bruit, son jardin intérieur, et développe une immense tolérance envers l'être humain...tant qu'il n'empiète pas sur la liberté d'autrui! La famille Wilmot traverse, sereinement, les années de la Prohibition et de la seconde guerre mondiale, dans leur ville provinciale de Basingstoke, Delaware.
Années 40/60, Essie, la fille de Teddy, reprend le flambeau familial de l'amour du cinéma: son rêve, devenir actrice. Elle n'aura de cesse de quitter son Delaware natal pour New-York puis la Californie et Hollywood. Grandeur et décadence des Majors, des grands studios: le cinéma scintille mais meurtrit aussi les hommes. Elle sait jouer de son corps, de son charme, elle jouera avec les plus grands mais ne sera qu'une Maryline de second ordre....c'est ce qui la sauvera sans doute. Peu à peu, la télévision detrône le cinéma: plus proche des gens, moins chère. La publicité est le nouveau court métrage, les téléfilms les nouvelles productions. La jeunesse prime: dès qu'une ride apparaît, c'est l'oubli assuré. Essie luttera contre la « chasse aux sorcières » responsable du déclin du grand cinéma...déjà trop politiquement incorrect? L'imagination n'est plus au pouvoir, l'uniformisation des goût en route. On ne peut oublier ces stars glamour à souhait...Maryline, Rita, Audrey, Ingrid...la sensualité suave s'évanouit dans les nouveaux codes de l'industrie cinématographique.
Années 80/90, Clark, le fils unique d'Essie, pur produit californien, se traîne dans la vie comme dans la société impitoyable adorant celui qui réussit, brûlant celui qui végète. Les remugles du désastre du Vietnam sont encore brûlants, braises sur lesquelles les gourous peuvent souffler. La désespérance efface les repères des âmes faibles, broyées par ce système individualiste. Dieu prend d'étranges apparences, Dieu est interprêté de manière surprenante et déstabilisante. Dans une société trépidante, omnibulée par la vitesse et l'argent facile, les religions parallèles font florès. Clark, rencontre, dans une station de ski des Rocheuses, Jesse Smith, un gourou, vétéran du Vietnam, chef spirituel d'une secte. Le lecteur ne peut que se souvenir de l'épisode sanglant de Waco: la rencontre explosive d'une Amérique hautement technologique et d' une Amérique obscurantiste scandant la Bible et attendant l'Apocalypse. La folie égocentrique du gourou met le doigt sur une faille spirituelle: l'absence d'humanité dans notre société moderne.
Les Etats-Unis dansent follement sous la plume agile et ironique d'Updike qui démystifie, quelque peu, le rêve américain.
mardi 20 mars 2007
La Bretagne accorde des prix littéraires, aussi!
On appâte un LCA: une sélection alléchante...et un chèque-lire de 15€ par mois pendant un an!! Bien entendu, pour pouvoir les dépenser, il faut faire partie des 30 heureux élus désignés par tirage au sort!!!
La bibliothèque de Saint-Agathon (j'enseigne à l'école maternelle du village) participe à cette manifestation culturelle en achetant les 10 ouvrages de la sélection.
dimanche 18 mars 2007
Printemps des Poètes III
Un début de yaourtmania?
samedi 17 mars 2007
Spirales ou descente en enfer?
Depuis longtemps, ma curiosité envers cette auteure, que je ne connaissais pas, était piquée. Les avis et ressentis des lecteurs étaient tous très positifs et élogieux. Aussi, ai-je vite cherché à en savoir plus et à lire un de ses romans.
Le hasard a voulu mettre entre mes mains « Spirales »: la quatrième de couverture m'a tout de suite embarquée dans la lecture!
Le roman s'ouvre sur un chapitre en italique: une scène d'un après homicide, volontaire ou involontaire, on ne le sait. L'ambiance est électrique tout en tamisant les sensations: le robinet goutte, tenace, lancinant, agaçant, stridant; la table de la cuisine se perd dans le passé; le lecteur peut presqu'entrendre la respiration saccadée de la femme assise, défaite, ailleurs; le corps abandonné, menaçant, dérangeant, écoeurant, un brin vulgaire; l'attente, enfin, d'un dénouement, d'un soulagement grâce à la vérité divulguée. Le lecteur est prêt à embarquer dans un thriller haletant et échevelé.
Hélène, épouse d'un éditeur en vue, femme accomplie, mère parfaite, grand-mère comblée et idéale. Hélène, lisse, sans histoires, sans aventures, sans heurts venant perturber le doux écoulement d'un quotidien privilégié et protégé. Hélène, sans saveur, sans couleurs, sans épaisseur? On serait tenté de le croire mais c'est sans compter avec la duplicité malicieuse de Tatiana de Rosnay qui peu à peu, à mots feutrés, à phrases discrètes, courtes et simples, va donner une âme de révoltée à cette femme si « sainte Hélène », si « Avoue tout de même que tu as une vie terriblement protégée...il ne t'est jamais arrivé quelque chose de grave...tout va bien dans ta vie, n'est-ce pas? ». Une autre Hélène pointe le bout de son nez dans cette réplique douceureusement cassante: « Mais qu'est-ce que tu en sais? Qu'est-ce que tu en sais de ma vie? »...D'un seul coup, elle fait peur à son amie qui ne la reconnaît plus.
Le grain de sable dans la machine si bien huilée de la vie: Hélène, tenaillée par le remords de ses actes et de ses mensonges, harcelée par deux témoins de son adultère, prend conscience que toute son éducation, tout son tissu social ne sont rien dans son actuelle situation. Hélène, s'aperçoit qu'à force d'être parfaite, d'être à l'écoute des autres, elle est seule, totalement seule, irrémédiablement seule: elle qui reçoit moult confidences, ne peut se confier à quiconque. Hélène est aux prises du « qu'en dira-t-on », des apparences, de la morale chrétienne puis, elle se lâche pour s'enfermer dans le mensonge, dans la lâcheté et elle ne cesse de laisser passer les occasion de dire la vérité.
Hélène pourrait être une caricature de grande bourgeoise, engoncée dans une vie étriquée et rêvant de fantasmes inavouables. Mais ce serait trop facile, trop convenu. Hélène est une femme que chacune d'entre nous peut être à un moment de la vie: les doutes, les actes misérables pour sauver ce qui peut l'être, les mensonges, les révoltes muettes, les envies d'ailleurs. Jusqu'où peut-on aller pour sauver la face? Jusqu'où?...telle est la question, dérangeante, posée par le roman de Tatiana de Rosnay: le reflet dans le miroir évolue, peut imperceptiblement changer (un regard, un pli des lèvres...) et changer le prisme de notre regard sur le monde. Hélène, ou de l'autre côté du miroir? Une Alice adulte qui se révèle un jour à elle-même?
Un roman aux accents hitchcockiens, au suspense insoutenable: les apparences ne sont jamais celles que l'on voit, le maître du cinéma noir et psychologique n'aurait pas renié une telle histoire!
vendredi 16 mars 2007
J'ai vu ce matin
jeudi 15 mars 2007
Le Printemps des poètes II
mercredi 14 mars 2007
Le Printemps des poètes
mardi 13 mars 2007
Mignonne, allons voir...
Entraide entre blogueurs
N'hésitez pas à vous rendre chez elle....c'est ICI
J'ai copié/collé dans openoffice le questionnaire, puis je l'ai envoyé à Essel par courriel.
lundi 12 mars 2007
Wonderful world
dimanche 11 mars 2007
Douceur du temps qui passe
vendredi 9 mars 2007
Mathématiques et littérature
En allant sur le blog de Pitou, j'avais été tentée par la lecture de « L'annulaire » de Yoko Ogawa...auteure japonaise que je découvrais. Cette lecture m'avait laissée un brin perplexe. Mais je ne voulais pas rester sur une impression négative: sans doute n'avais-je pas commencé la découverte d'Ogawa par le bon roman. Des visiteurs m'ont gentiment orientée vers d'autres romans....notamment celui-ci « La formule préférée du professeur ».
Aussitôt, j'ai adhéré au récit, aux personnages, à l'écriture moins absconse que celle de « L'annulaire ». Moi qui ne suis absolument pas douée pour les mathématiques, j'ai lu avec attention les explications sur les nombres premiers du professeur: un vrai régal. Je ne m'attendais absolument pas à trouver de la poésie dans les mathématiques en général ni dans les nombres premiers en particulier! La scène dans le jardin public, après la séance chez le coiffeur, est d'une poésie folle et émouvante: le tracé des chiffres, des nombres, à l'ombre des cerisiers en fleurs est une image sublime, un petit haïku, semée dans le roman.
L'histoire est celle d'une rencontre entre un génial professeur de mathématiques dont la mémoire s'est arrêtée en 1975, suite à un accident de voiture, une aide-ménagère et son fils.
Le professeur n'a plus qu'une mémoire de 80 minutes: passé ce délai, il oublie et se retrouve devant un éternel recommencement....face à une éternelle solitude. L'émotion étreint le lecteur lorsque l'auteure décrit les petits papiers épinglés sur sa veste: elle atteint des sommets lorsqu'elle nous fait lire celui qui dit « Ma mémoire est de 80 minutes ». Ogawa aborde un thème récurrent: celui de l'enfermement, de l'angoisse. Ici, ce ne sont plus des échantillonnages que l'on enferme, mais l'effacement, toutes les 80 minutes, de la mémoire, cet éternel « départ à zéro ».
L'aide-ménagère apprend à apprivoiser le professeur et sa mémoire fugitive. Elle apprend à l'écouter, elle apprend à regarder le monde à travers les nombres premiers, petites preuves de l'existence de Dieu. Elle est sensible à la poésie des nombres et à leur charme. Ils sont musique et conte: quand le professeur compte, il conte, il narre, simultanément, leur histoire infinie.
Root, le fils de l'aide-ménagère, est le fil, ténu mais solide, qui relie le professeur au présent: il est son point de repère affectif. Il devient son grand-père, attentionné et plaçant l'enfance sur un piédestal (Ah!, merveilleux Japon qui fête amoureusement ses enfants et qui veille jalousement sur eux...). Ils partagent une passion: le base-ball , sport de chiffres s'il en est!
C'est une histoire de filiation, d 'héritage dans laquelle trois générations vont se retrouver malgré l'égarement de la mémoire. Une belle histoire d'amour, de tendresse et d'humanité.
Quant à la formule préférée du professeur....chuuut, le lecteur la découvre en même temps de Root et sa mère: l'explication est belle à en aimer d'amour les mathématiques!
papillon, qui explore cette année la littérature japonaise, chimère, les rats de bibliothèques et cécilia ont aussi lu ce livre.
jeudi 8 mars 2007
Les lendemains
mercredi 7 mars 2007
Café philosophique des petits
mardi 6 mars 2007
Aborder Jane Austen
Pour la première fois, j'ouvrais un roman de Jane Austen que je ne connaissais que par le biais du cinéma « Raison et sentiments » « Orgueil et préjugés », films qui m'avaient transportée de joie. La lecture allait-elle être aussi agréable?
Le livre comporte trois petits romans dont deux inachevés (« Les watson » et « Sanditon »).
Le premier, « Lady Susan » est un roman épistolaire. Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de roman épistolaire et j'avais oublié combien cette forme littéraire était plaisante. Lady Susan apparaît comme une personne égoïste, méchante, provocatrice et diablement calculatrice. Avec son amie, Mrs Johnson, elle forme un duo d'une méchanceté à la limite de la perversité: elles n'épargnent rien ni personne, ne respectent pas grand chose hormis leur intérêt. On admire l'éloquence et l'immense capacité de persuasion de Lady Susan: ces atouts lui permettent de retourner des situations bien compromises. Jane Austen prend un malin plaisir à décortiquer les travers de cette bonne société anglaise et à se moquer d'eux: l'ambition d'un beau mariage (d'argent), avoir une place dans le monde. On a parfois l'impression de retrouver l'ambiance du roman « La foire aux vanités » de Thackeray et c'est absolument délicieux et « so british »! Cependant, derrière la moquerie, l'écriture raffinée et tout en touches discrètes mais ironiques, on distingue une amertume à l'encontre de ce système social qui broie des vies sans aucun remord: les intrigues entraînent des comportements vils et mesquins et pervertissent les relations sociales.
Le second, inachevé, « Les Watson », peut immédiatement faire penser au film « Orgueil et préjugés »: on a l'impression de se retrouver au milieu de la famille Bennet...une famille de filles. Dans « Les Watson » il y a filles et garçons, et une des plus jeunes soeurs revient vivre chez son père après le remariage de sa riche tante. On y trouve le ballet de séductions pour trouver un « bon parti », l'attirance inavouée d'une jeune fille intelligente pour un bel aristocrate distant et un rien prétentieux (à ses yeux), des membres de la famille plus aisés que les autres et aimant le faire remarquer, la dépendance financière des femmes célibataires vis à vis des hommes de la famille, la préférence de la campagne à la ville, lieu de « l'artifice » et de la société spectacle, l'ironie envers la bourgeoisie désirant copier les moeurs de l'aristocratie...Tous les ingrédients d'une peinture douce amère de la société victorienne sont réunis dans ce fragment de roman et Jane Austen la mène avec brio et une délicatesse mordante.
Le troisième, également inachevé, « Sanditon », paraît, de prime abord, un peu fade en comparaison avec les précédents romans. Jane Austen nous peint l'esprit d'entreprise d'une petite ville balnéaire qui veut rivaliser avec ses voisines plus cotées. Mais elle esquisse aussi des arguments publicitaires qui seront les antiennes des cités de bord de mer: l'air marin, l'iode vivifiant composants d'une santé de fer. La santé est thème important de ce roman inachevé...et on apprend, en lisant les notes de la traductrice, que Jane Austen était très malade lorsqu'elle entreprit la rédaction de ce dernier. Elle fait défiler, une nouvelle fois, devant les yeux du lecteur, cette société bourgeoise un peu ridicule avec ses principes et ses préoccupations d'alliances maritales, ses héritages espérés , ses coteries...Ce qui donne le piquant du roman c'est la présence amusée de Charlotte qui observe, comme une exploratrice, ce microcosme amusant et parfois pathétique.
Ces trois petits romans sont une agréable et passionnante « mise en bouche » pour bien aborder l'univers de Jane Austen. Du coup, on n'a plus qu'une envie: explorer plus avant son écriture et sa sensibilité .