dimanche 28 novembre 2010

Dimanche en photo 19

Pour illustrer le haïku de Bashô, cette photo automnale, prise depuis ma classe.

(photographe: moi)

Les déambulations photographiques sont aussi chez Liyah .

Dimanche poétique # 29

Ce soir, je renoue avec mon péché mignon: les haïkus. C'est Basho que je mets à l'honneur, une fois de plus.

Une rafale de vent
puis les feuilles
se reposent

dimanche 21 novembre 2010

Dimanche en photo 18

(photographe: moi)

Les hortensias prennent leurs couleurs d'un automne finissant
Les déambulations photographiques sont aussi chez Liyah !

vendredi 19 novembre 2010

La citation du jeudi #11

C'est avec un extrait de "Purge" de Sofi Oksanen, que j'officie en ce jour de la citation.

Le prix amer des rêves (titre du chapitre)
"tout d'abord, Pacha expliqua à Zara qu'elle avait une dette envers lui. Quand elle l'aurait réglée, elle pourrait partir - mais d'abord, le paiement! Et elle ne pourrait payer qu'en travaillant pour Pacha, et en le faisant efficacement, ce travail qui payait bien.
Zara ne comprit pas de quoi elle était en dette. Néanmoins, elle commença à compter combien elle avait payé pour son prêt, combien il lui restait à rembourser, combien de mois, combien de nuits, combien de douches, de pipes, de clients. Combien de filles elle verrait. De combien de pays. Combien de fois elle se mettrait du rouge à lèvres et combien de fois Nina lui ferait des points de suture. Combien de maladies elle choperait, combien de bleus. Combien de fois sa tête serait enfoncée dans la cuvette des W-C. et combien de fois elle pourrait être sûre qu'elle se noierait dans le lavabo, la main de fer de Pacha sur la nuque. La marche du temps peut se mesurer à autre chose qu'aux aiguilles, et son calendrier se renouvelait sans cesse, car de nouvelles pénalités tombaient tous les jours." (p 274)

dimanche 14 novembre 2010

Dimanche en photo 17

Pour honorer le livre de Louis Pouliquen "Mon vieux grenier en Bretagne", une photo de chemin creux, à Tréméven. Pour un peu, on verrait des korrigans pointer le bout de leur bonnet!


(photographe: moi)

samedi 13 novembre 2010

L'âme d'une région coule au bout d'une plume

Il est des livres qui au premier abord ne paient pas de mine et qui, dès les premières pages, dévoilent une âme particulière au lecteur curieux et audacieux: "Mon vieux grenier en Bretagne" de Louis Pouliquen peut entrer dans cette catégorie. En effet, l'auteur ne défraie pas la chronique littéraire, ses écrits, nombreux, n'ont pas une aura nationale et pourtant, si d'aventure on ouvre un de ses recueils, on tombe très vite sous le charme d'une belle écriture, d'une langue qui a la particularité de susciter des images, des sensations intenses comme si au bout du stylo de Louis Pouliquen coulait une âme, celle d'une région un peu sauvage, battue par les vents et la grisaille lors des longs mois noirs, les fameux "miz du", à la langue rugueuse, âpre, austère parfois, cachant derrière l'accent rocailleux, une douceur insoupçonnée...à l'image de ses paysages, de ses côtes et de ses habitants.
Lorsque j'ai commencé "Mon vieux grenier en Bretagne", j'ai été happée par la magie de ce conteur fameux que peut être Louis Pouliquen: les chemins creux défilaient sous mes yeux, empreints de mystère, parcourus par de multiples êtres minuscules, tantôt gentiment facétieux, tantôt diablotins jusqu'au bout du chapeau, que sont les korrigans, hôtes indissociables des bois, landes et forêts bretonnes. Il y a une âme qui coule au milieu des phrases, des contes, des souvenirs du "vieux pays d'autrefois", celui qui ne connaissait pas encore les balafres du progrès, les blessures du remembrement qui fit disparaître nombre de chemins creux dans le bruit des machines dévoreuses de légendes. Un "vieux pays" arc-bouté à ses talus, à sa lande sauvage, à ses champs travaillés par les pas des chevaux, ces postiers bretons à la croupe avantageuse, et des hommes vivant en symbiose avec un temps que l'on mesurait à l'aune de la clarté.
Au fil des chapitres, des souvenirs d'enfance de ce vieux monsieur charmant qu'est Louis Pouliquen, on suit les méandres d'une mémoire offerte à ses "mignonnes", ses petites-filles qui, sous leurs airs détachés, écoutent, attentives et subjuguées, les histoires du dompteur de vents ou des veillées lors des jours sombres, les concessions faites à la modernité pour que les générations futures puissent avoir un avenir plus radieux....même si le prix fut lourd: celui d'une langue qui lentement est confinée sur les genoux des aïeux, dans les campagnes reculées ou sur les ponts des bateaux.
"Le vieux pays" change sous la houlette du progrès, parfois en bien, souvent en dépit du bon sens terrien: le bocage recule sans cesse, laissant un boulevard aux vents trop heureux de s'y engouffrer pour y hurler une liberté à faire trembler les logis et à faire fuir les hôtes invibles du merveilleux qui s'enfonce dans la brume de l'oubli...les veillées ne relatent plus les nuits noires où l'Ankou aime croiser le chemin des imprudents, où les Chouans viennent frapper aux portes, affamés et armés jusqu'aux dents (si, si, je vous certifie: les Chouans étaient les croquemitaines des petits bretons!!!), remplacées par une lucarne animée appelée télévision. Lors des jours sombres, les voisins ne viennent plus toquer à l'huis pour chercher un peu de compagnie et colporter les nouvelles locales, le cercle autour de l'âtre ne s'agrandit plus à leur arrivée, les chataîgnes ne s'épluchent plus au coin du feu faisant danser les ombres des bavards.
Certes, il y a de la nostalgie à sourdre de ce vieux grenier en Bretagne; certes, on sent souffler le vent des légendes et des contes d'une langue qui a été oubliée; certes, le regard se tourne vers le passé et pourtant, ce recueil de texte est tout sauf une ode passéiste, tout sauf une lamentation sur ce qui n'est plus. Bien au contraire: Louis Pouliquen montre, non seulement combien il est précieux de conserver le passé, celui qui fait ce que nous sommes, celui qui nous façonne, celui qui nous ancre à nos racines; mais aussi, combien il est nécessaire de regarder vers l'avenir pour tenter de raccommoder les accrocs faits par un passé un peu trop oublieux de l'essentiel et de l'essence d'un pays riche d'une culture longtemps méprisée.
Lire "Mon vieux grenier en Bretagne" c'est voyager au coeur d'une âme bretonne, celle des chemins creux, des dompteurs de vent, des taiseux, des rythmes lents des saisons et des veillées lors des miz du, les mois sombres...et c'est aussi comprendre la réalité d'une diaspora régionale, envol d'une génération qui s'est vue interdire de parler sa langue maternelle.
Merci Monsieur Pouliquen pour ce voyage savoureux, où les émotions ressenties remplissent les yeux de larme, dans l'âme d'une Bretagne que j'ai, aussi, au fond du coeur.




Les avis de Sylire  Yvon 

jeudi 11 novembre 2010

La citation du jeudi #10

Ce soir, une citation de Colette sur le thème de l'amitié, citation que je trouve très parlante.
"Il est sage de verser sur le rouage de l'amitié l'huile de la politesse délicate."

dimanche 7 novembre 2010

Dimanche en photo 16

Un peu d'iode vous fera le plus grand bien: L'île-Grande, un jour de grisaille printanière!

(photographe: moi)

Les déambulations photographiques sont chez Liyah clic!

Dimanche poétique # 28

Ce soir, nous remontons le temps: je vous emmène au temps de l'Amour courtois, La fin'amor.
Je laisse la parole à la Comtesse de Die (1150-1180) :

Bel ami, si avenant, si beau,
quand vous tiendrai-je en mon pouvoir,
couchée avec vous un soir,
pour vous donner baiser d'amour.
Sachez que mon grand désir
est de vous prendre au lieu de mon mari,
dans la mesure où vous ferez promesse
de tout faire selon ma volonté.


(scène érotique médiévale)

jeudi 4 novembre 2010

La citation du jeudi #9

Après l'univers de Louis Pouliquen, je vous invite à entrer dans celui de Jean Echenoz, par le biais d'un extrait de son roman "Nous trois".
"Le simoun, vent très chaud, se lève par bourrasques au sud du Maroc saharien. Il y produit des tourbillons compacts, brûlants, coupants, assourdissants, qui masquent le soleil et gercent le bédouin. Le simoun reconstruit le désert, exproprie les dunes, rhabille les oasis, le sable éparpillé va s'introduire profondément partout jusque sous l'ongle du bédouin, dans le turban du Touareg et l'anus de son dromadaire.
Le Touareg, bâché de bleu, se tient coi sur la bosse de sa bête. Près de lui, statufiés sous la tourmente, trois autres Touareg attendent que ça se tasse. Le sable fait monter un socle, poussière de pierre autour des chevilles des animaux. Quand le plus jeune des Touareg, affolé, crie qu'il s'enlise et ça ne va plus du tout, ses aînés ne lui répondent pas. Sous leur housse, ils n'ont pas dû entendre la voix du débutant. C'est qu'autour d'eux la tempête grince énormément.
Mieux instruits que le jeune méhariste, ses aînés savent que le phénomène arrive du coeur du continent, qu'un aquilon venu d'Afrique centrale déchire de temps en temps le grand désert du Nord dont il fait bouillir l'étendue stérile et transporte l'écume au-delà des mers. Se délestant à la surface des eaux, telle une montgolfière, des sacs de sable du Grand Erg, faisant frémir au passage le titane des Boeing, le désert vole vers l'Europe dont il va poudrer le Nord-Ouest, perfectionner le revêtement des plages et propulser des grains dans tous les engrenages." (p 12 et 13)