samedi 23 mai 2020

Le Mois Anglais

Je suis dans l'attente d'acceptation dans le groupe FB du Mois Anglais. J'en ai profité pour commencer mes lectures.

Programme du Mois Anglais

- 3 juin: un roman policier d'Agatha Cristie ou une enquête d'Agatha Raisin.
"Un remède de cheval" de M.C Beaton

- 6 juin: Londres en littérature mais pas que! Code 1879 de Dan Waddell 

- 9 juin: romancière anglaise au choix: "L'auberge de la Jamaïque" de Daphné du Maurier 

- 11 juin: époque victorienne (roman victorien ou néo-victorien, essai)
Nord et Sud d'Elizabeth Gaskell 

- 13 juin: lecture jeunesse "Sacrées sorcières" de Roald Dahl 

- 15 juin: "Vintage novel" (Cluny Brown/Angela Thirkell/romans Persephone): "Le parfum des fraises sauvages" d'Angela Thirkell 

- 21 juin: Tessa Hadley: "Le passé"

- 23 juin: Cosy mystery: "Le corbeau d'Oxford" de Faith Martin 

- 26 juin: une BD "Tamara Drewe" de Posy Simmonds 

- 29 juin: Barbara Pym "Des femmes remarquables"

Quand une anti-héroïne tient le haut de l'affiche


Longtemps je me suis interrogée sur l'engouement des blogueurs pour les enquêtes d'Agatha Raisin. Longtemps j'ai lu leurs impressions de lecture, longtemps j'ai tourné autour de la série presque complète de la médiathèque où je me rends, tous les quinze jours, avec mes petits élèves.
Puis un vendredi j'en ai emprunté un, le premier de la série « La quiche fatale », lecture que je n'ai pas chroniqué alors qu'elle m'avait beaucoup plu.
J'ai laissé passer un peu de temps et plusieurs romans avant de récidiver avec le tome suivant « Un remède de cheval » : je crains toujours l'usure du plaisir de lire dans l'enchaînement des lectures d'une même série.

J'ai retrouvé avec joie l'héroïne originale, Agatha Raisin, toujours aux prises de son attirance pour son séduisant voisin James Lacey, colonel à la retraite, venu, comme elle, se mettre au vert à Carsely, dans la campagne des Costwolds au sud de l'Angleterre, après une vie bien remplie.

Agatha en pince toujours pour son voisin et se trouve toujours en concurrence avec les veuves et vieilles filles du village pour obtenir une once de son attention.
Les dames patronnesses de la paroisse se réunissent toujours chaque semaine chez la femme du pasteur et Agatha fait toujours mine de s'ennuyer à mourir dans ce trou perdu qu'est Carsely.
Jusqu'au jour où un nouveau vétérinaire s'installe dans le village attirant, tel le pot de confiture les mouches, toutes les quinquagénaires du coin.
Le lecteur est amusé en observant le ballet en salle d'attente qui avec son chat, qui avec son petit chien, oscillant entre le trop plein de curiosité et le trop plein de phéromones dégagé par ces charmantes dames « comme il faut ».
Rapidement Agatha repère sa rivale qui n'est autre qu'une nouvelle arrivante, veuve sémillante et charmante, Freda. Cette dernière semble avoir les faveurs du nouveau vétérinaire car elle quitte la salle d'auscultation béate de satisfaction.

Bien entendu arrive ce qui devait arriver : un mystère autour de la mort du fameux véto charmeur, victime d'une dose de tranquillisant destiné au cheval de Lord Pendlebury. Agatha flaire immédiatement un meurtre et s'en ouvre à James Lacey qui lui donne raison et accepte de l'aider, lui ordinairement distant.
Commence alors une enquête riche en péripéties pour nos deux apprentis détectives.

Un point essentiel pour apprécier la lecture des aventures d'Agatha Raisin : oublier le monde réel des enquêtes sinon l'alchimie ne se fait pas.
Le texte peut être déroutant et l'héroïne pas très smart avec son humour un peu lourd et son vocabulaire un tantinet grossier. Agatha est « brut de fonderie » et par cela même attachante. Au final, l'enquête est secondaire tant il est plaisant de côtoyer les personnages volontairement stéréotypés, souvent agaçants car prévisibles et pourtant délicieux par leurs défauts.
Agatha est une jeune retraitée loufoque à laquelle l'identification ne pose pas de souci (à partir du moment où le postulat de l'invraisemblance du monde dans lequel les personnages évoluent est accepté).
On aime son éternelle envie de plaire à la limite du pathétique, son besoin de combler son absence de culture par des vêtements onéreux et des cosmétiques coûteux.
On s'amuse devant ses râleries au sujet de la monotonie de la vie à Carsely car on pressent qu'elle s'intégrera dans son nouvel environnement auquel elle s'attache au fil du temps.
On rit devant ses tentatives de drague avortées à peine mises en place parce que le trait de la vraie vie est à peine forcé. Ou devant la comique danse entre Agatha et James : j'avance, tu recules, je t'ignore et tu t'éloignes moins.
On sourit quand on constate au fil de la lecture que l'anti-héroïne qu'est Agatha commence à se remettre en question quand elle comprend que James est mieux intégré qu'elle : il connaît quasiment tout le monde car il s'intéresse aux autres, contrairement à elle qui est obnubilée par sa petite personne (et, accessoirement, par lui). Un frémissement qui se retrouvera, sans aucun doute, dans l'enquête suivante. Ce qui augure une évolution intéressante et positive pour le personnage et les suites de ses aventures.
C'est pourquoi on se laisse porter par les rebondissements inattendus et les gags éculés.

Cependant, en filigrane, un portrait acidulé de la société moderne est établi lors de scènes brèves telle que l'arnaque financière dont a failli faire les frais l'héroïne ou la rencontre avec le couple américain, marchandant un bouquet chez la vendeuse de fleurs séchées. D'ailleurs, elle m'a émue car de ce côté de l'Atlantique, on pense que les Américains en vacances en Europe ont tous un porte-monnaie rebondi ce qui est loin d'être le cas : pour beaucoup le voyage dans le Vieux Monde représente une vie d'économie.
Ces saynètes donnent de la profondeur au décor de l'intrigue et à l'enquête d'Agatha et de James.

Je prends donc rendez-vous pour la prochaine enquête d'Agatha Raisin.

Quelques avis:

Blandine Lanza 

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