mardi 31 juillet 2007

Sous le soleil de Floride


Quatrième de couverture:


« Jenny a consacré sa vie à son mari, le naturaliste Wilkie Walker. Elle est une créature aussi rare que les espèces en voie de disparition qu'il essaie de préserver. Mais cette année-là, au début de l'hiver, Wilkie lui paraît distant et déprimé. Au désespoir, Jenny le persuade de faire un séjour à Key West, mais le soleil et les paysages des tropiques ne font rien pour le dérider.... »


Jenny est une femme d'intérieur et une épouse parfaite qui ne vit que pour la carrière de son mari, Wilkie Walker, naturaliste de renom. Elle a 26 ans de moins que lui, ils sont mariés depuis 25 ans, elle va avoir 45 ans et lui en a 70: l'hiver qui s'installe trouve un couple qui s'éloigne peu à peu l'un de l'autre. Wilkie est distant, désagréable et ronchon. De plus, son dernier roman semble en panne: Jenny attend qu'il lui donne à relire, corriger puis taper son ultime chapitre.
Jenny est désorientée par l'attitude de l'homme qu'elle aime et admire en même temps, elle se souvient de son indifférence quant à la vie de ses enfants, indifférence à la limite du mépris (comme il est difficile de vivre avec un grand homme admiré et adulé de tous!): est-il fier de ce qu'ils sont devenus? Rien n'est moins sûr. Jenny est dans l'attente d'un compliment « Chérie, tu es merveilleuse. » qui ne vient plus. Son mari est préoccupé, mais par quoi?
Elle le persuade d'aller à Key West, en Floride, passer l'hiver sous des cieux plus cléments. D'ailleurs, Molly, la veuve d'un des meilleurs amis de Wilkie n'y vit-elle pas six mois par an?
Las, loin de ramener la gaieté sur le visage de son mari, le climat de Key West les éloigne encore plus! Jenny se lie d'amitié avec Lee Weiss, une femme attirante, propriétaire d'une pension exclusivement pour femmes. Lee s'intéresse à Jenny, à ses envies, sa détresse et peu à peu Jenny se sent attirée par Lee, éprouve pour elle des sentiments plus profond que l'amitié, plus confus, plus tendres. Jenny se rapproche de Lee à mesure qu'elle s'éloigne des sautes d'humeur de son mari. Pour la première fois de sa vie, une personne s'intéresse à elle, uniquement à elle, pour elle-même, et non pour pouvoir approcher Wilkie Walker, le grand naturaliste! Pour la première fois, Jenny vit pour elle et elle seule!
De son côté, Wilkie Walker décide de mettre fin à ses jours car il ne veut pas achever sa vie décrépi et dépendant: le seul et unique moyen de partir sans faire souffrir sa fragile épouse (tiens donc? Mais l'est-elle vraiment? La connaît-il vraiment?) est de faire croire à une noyade accidentelle. Mais les circonstances s'acharnent à contrer ses lugubres projets et de manière presque comiques: quand ce n'est pas la compagnie indésirable de Gerry, poète de son état, c'est la météo pluvieuse qui s'en mêle ou encore la vaine tentative de sauvetage de la noyade d'un homme en fauteuil roulant! Ces échecs auront leur explications à un moment inattendu et éclaireront davantage la fatuité exécrable du personnage.
Autour de Jenny, Wilkie et Lee gravitent des personnages secondaires étonnants, attachants voire horripilants! Jacko, le jardinier homosexuel qui apprend sa séropositivité et hérite d'un ancien amant. Barbie, la cousine gaffeuse (car ne sachant pas mentir) et immature de Jacko, épouse d'un homme politique égocentrique et adultère, dominée et manipulée par sa mère, une exécutive woman de la pire espèce. Molly, la veuve octogénaire d'un professeur d'université, qui regarde sa vieillesse avec résignation, qui se met en-dehors de la vie qu'elle observe avec humour, sérénité, peur et tendresse. Gerry, l'ex-intellectuel beatnik, poète presque has been, qui a quitté son épouse pour une succession de jeunes femmes plus écervelées (quoique le ridicule n'est pas forcement du côté que l'on pense) les unes que les autres. Dorrie, la mère de Jacko, effacée et dominée par sa soeur, la mère de Barbie, qui apprend la maladie de son fils et décide de rester avec lui jusqu'au bout en partageant sa passion du jardinage. Un groupe de touristes racistes et grossiers dans un restaurant insultant un serveur.
Par petites touches légères, aériennes, Alison Lurie dresse un portrait savoureux d'une région de Floride où vivent des intellectuels et des personnes aisés, où s'est établit une communauté homosexuelle dynamique, cultivée et fêtarde, où viennent chercher le soleil des américains moyens et grossiers. Sous sa plume, les travers de ces classes socio-culturelles prennent des allures tragi-comiques: les arcanes glauques de la politique où les appuis financiers font l'élection, l'aveuglement dû au refus d'accepter les marques du temps dans et sur son corps, le rejet d'une communauté sexuelle au nom de principes réactionnaires, le clinquant de mauvais goût au prix exhorbitant dans de luxueuses villas, la vague écologique sur laquelle de nombreux intellectuels surfent à des fins personnelles etc... Le personnage qui s'en tire le mieux me semble être Jenny, cette femme oublieuse d'elle-même qui se révèle être une autre, une fausse inconnue; il lui fallait un petit coup de pouce pour qu'elle se laisse aller à l'aventure. Certes, elle reste avec son époux mais elle a découvert qu'elle pouvait vivre pleinement.
J'ai eu une tendresse particulière pour le personnage de Barbie, l'archétype de la femme soumise dès le plus âge aux rêves de pouvoir de sa mère. Une vie étouffée qui agace au début par son côté « nunuche » au plus haut degré mais qui fait sourire quand cette jeune fille décide de dire enfin « non! » aux projets qui ne sont pas les siens pour se consacrer, avec honnêteté, à la défense des lamantins.
Décidemment, au fil des lectures, je découvre un immense intérêt pour l'écriture subtile et ironique d' Alison Lurie dont je suis loin de me lasser!


Roman traduit de l'anglais (USA) par Céline Schwaller-Balay

lundi 30 juillet 2007

Une autre balade bretonne

En attendant le commentaire de "Un été à Key West" de Lurie et celui de "Luz ou le temps sauvage" d'Osorio qui ne paraîtra qu'en septembre, je vous convie au Château de La Roche Jagu, appartenant au Conseil Général de mon département, où nous nous rendons régulièrement pour des promenades agréables dans le parc et les jardins, pour regarder des spectacles (gratuits!!), pour admirer des expos d'artistes en résidence etc...
La semaine dernière, nous avons admiré un spectacle de "danse verticale" déroutant au premier abord mais au final d'une très belle poésie, lumineuse et aérienne!

Un aperçu des lieux:





Le spectacle de danse verticale, "Reflets verticaux" par la Cie Retouramont:


samedi 28 juillet 2007

Le club de lecture renaît de ses cendres!

("La lecture" de Pablo Picasso, 1934)


Sylire et Lisa prennent le relais de Frisette et Cuné pour animer un club lecture! Le livre choisi pour la première période est "Luz ou le temps sauvage" d'Elsa Osorio.


Les infos sont ici et .


Si vous êtes intéressés par le club lecture, n'hésitez pas à prendre contact avec Sylire ou Lisa!


Le commentaire du roman sera sur les blogs participants dès le 1er Septembre prochain.



Nouvelles chinoises

On pourrait croire que le mois de juillet est le mois de la nouvelle chez moi. En effet, après Berberova, Lurie, Kingsolver, je me suis plongée dans un recueil de nouvelles de Gao Xingjian repéré il y a quelques mois chez Flo (son avis m'avait incitée à noter la référence).
De Gao Xingjian j'avais lu seulement ses deux énormes romans « La montagne de l'âme » (lu à la suite de l'obtention du Prix Nobel de Littérature en 2000) puis « Le livre d'un homme seul ». Aussi, lorsque j'ai appris qu'il avait écrit des nouvelles, la curiosité m'a piquée: allais-je être conquise par un rythme forcément différent de celui d'un très long roman? Allais-je retrouver la magie de l'écriture extrême-orientale?
Très vite, les thèmes des nouvelles m'ont conduite à nouveau sur les souvenirs de mes lectures précédentes de Xingjian: l'enfance, les tragédies vécues par la Chine lors de la Révolution Culturelle, les menus faits de la vie quotidienne qui marquent lorsqu'ils prennent une tournure malheureuse.
J'ai beaucoup aimé la nouvelle intitulée « Le temple » dans laquelle un couple de jeunes mariés s'en va visiter un ancien temple, celui de la Parfaite Bienveillance, abandonné et presque en ruines. Le temps ns semble pas avoir de prise sur la sérénité du lieu malgré la décrépitude de l'édifice: le soleil, la chaleur, les grillons crissant dans l'herbe, les yeux remplis d'amour d'un homme pour sa jeune épouse. Puis, en filigrane des touches sombres, parmi les touches vives, chatoyantes sous la plume picturale de l'auteur, de la pauvreté des campagnes reculées, de la méfiance de chacun vis à vis de l'étranger, du citadin, les souffrances vécues par les étudiants à la campagne. Les non-dits sont plus percutants que toutes les assertions du monde.
Une autre nouvelle m'a également beaucoup touchée « Une canne à pêche pour mon grand-père ». Les souvenirs d'enfance qui reviennent à la surface et entraînent un jeune père à revenir dans sa ville natale. Il se souvient de la vieille canne à pêche de son grand-père qu'il brisa: il en achète une, moderne, légère, fiable et revient sur les lieux de pêche de son aïeul. Mais la modernité est passée par là, dans cette Chine qui s'y rend à marche forcée, et la ville de son enfance n'est plus: certains quartiers ont disparus, la rue de son enfance est introuvable, le lac n'est plus que sable depuis qu'un barrage a été construit en amont. Le lit de la rivière poissonneuse n'est que cailloux et terre où la main peut rencontrer les restes fossilisés d'un poisson prisonnier du monde minéral. Les souvenirs se mêlent au présent (une finale de Coupe du monde de football opposant l'Argentine à la RFA) laissant une pointe d'amertume qui refuse de dire son nom.
La dernière nouvelle de recueil, « Instantanés », est absolument étonnante: au premier abord, le lecteur a l'impression de lire des clichés pris sur le vif par l'écrivain, des tranches de vie fugaces, esquissées d'un mouvement rapide. Puis, peu à peu, on se rend compte qu'elles se font écho parfois jusqu'à l'absurde. Des historiettes s'enchevêtrent sans cependant s'emmêler et ainsi la lecture frôle le surréalisme. On a l'impression de lire un délicieux « cadavre exquis » digne de l'Oulipo! Surprenant, déroutant et enchanteur: la plume-pinceau de Xingjian est magique car de multiples tableaux gigognes s'ouvrent au regard du lecteur, petites fenêtres de l'imaginaire.


J'ai aussi beaucoup aimé la couverture des éditions de l'Aube réalisée par Vincent Dutrait: cet énorme poisson rouge à la nageoire dorsale immense qui semble ne pas vouloir se laisser attraper...une très belle illustration empreinte de poésie.


Les avis de Flo Lilly et Florent


Textes traduits du chinois par Noël Dutrait

vendredi 27 juillet 2007

Le facteur est passé!!!

Pour l'instant, mes vacances sont bretonnes mais j'irai passer quelques jours la semaine prochaine sur les bords de Loire (Saumur, Chinon....) histoire de changer d'air (et de goûter aux spécialités culinaires et vinicoles de la région).
Le facteur a déposé dans la boîte aux lettres de quoi me faire rêver et m'évader:

un air québécois agrémenté de jolis minois félins (merci Jules!)








un parfum de l'île de Ré et de ses roses trémières (merci Maijo!)


Une île sous le vent

J'aime beaucoup les recueils de nouvelles malgré mon goût des longues histoires. J'ai l'impression d'être transportée dans diverses ambiances et croiser des personnages de manière forte et fugace à la fois et de lire des tranches de vie sur le vif.
« Une île sous le vent » est mon premier contact avec Barbara Kingsolver (j'ai un de ses romans en attente dans ma bibliothèque,
) et cette première lecture a été très agréable.
Douze nouvelles, douze récits parfois drôles souvent émouvants. Dans la première nouvelle « Retour à Hiwassee Valley » est l'histoire d'une petite fille qui écoute son arrière-grand-mère cherokee lui raconter le monde traditionnel, celui des « petites personnes » qui illuminent le quotidien en remettant tout à sa place, tout dans l'ordre des choses ou en faisant mille gentilles facéties. C'est aussi le monde des désillusions indiennes: la tradition est emplacée par son avatar le folklore « Je me demande bien ce qu'ils fabriquent. Les Indiens Cherokees ne portent pas de plumes » dit l'aïeule en observant un couple indien souhaitant la bienvenue aux touristes....et la petite-fille ne pouvant absolument imaginer les indiens sans plumes sur la tête!
Dans d'autres nouvelles, « Histoire naturelle » « Songes de pierre », Barbara Kingsolver met en scène des couples en bout de course ou qui s'éloignent peu à peu jusqu'à la séparation ou qui se retrouve enfin plus unis. Plus loin, dans « Une île sous le vent », une fille et sa mère se retrouvent et se parlent à nouveau quand elles se découvrent toutes les deux enceintes, récit où la rancoeur filiale se mêle à une grande tendresse et où la fille comprend, des années plus tard, combien sa mère fut désorientée et seule à la mort de l'époux. Une femme s'interroge sur l'avenir de sa fille, regarde ce qu'a été la sienne et qui année après année protège chaque hiver un pied d'azalée. Une jeune voleuse repentie se lie d'amitié avec une vieille dame qui perd la mémoire et accuse un voleur invisible, jusqu'au jour où elle assiste, impuissante et triste, au vol d'un objet de collection (un chapeau « Vallon et Argod, exposition universelle de 1925 » porté par son mari le jour de leur mariage) qui aura une douloureuse conséquence pour Nola, la vieille dame. Une jeune femme d'origine mexicaine, abandonnée par son mari, syndicaliste engagée, se bat pour de meilleures conditions de travail et se voit arrêtée et mise en détention. Une fillette, en Guadeloupe, aide un sorcier à renvoyer un zombie sous terre. Une jeune femme de couleur dont on a nié la féminité pour la sauver du racisme et de l'intolérance, est parée d'atouts par l'amitié d'une petite fille. Le désir de maternité d'une femme allergique aux piqûres d'insectes, étouffé par la peur de laisser derrière soi des enfants.
Tranches de vie où la défense de la nature, l'attention envers les enfants, la philosophie ancestrale des indiens sont en filigrane au même titre que la force empreinte de fragilité des femmes.
Barbara Kingsolver parle de destins de femmes dans une Amérique marquée par la religion, l'argent, un racisme toujours latent et la consommation. Des femmes proches de la nature, à l'écoute de leur environnement et de leurs enfants: elles les protègent au mieux des souffrances du monde adulte tout en sachant qu'ils y seront un jour confrontés, parfois à un prix élevé (celui d'une absence de maternité). Sous sa plume, l'idéalisme et le réalisme se disputent et se côtoient et s'estompent dans la magie exercée par la nature, les plantes, les paysages parcourant les divers récits. La beauté des lieux citadins comme campagnards accompagnent les personnages et enchantent le lecteur.
Un joli voyage dans l'âme humaine et dans le coeur des fillettes et des femmes.
Textes traduits de l'anglais (USA) par Michèle Lévy-Bram

jeudi 26 juillet 2007

Parfum iodé de vacances


La semaine dernière, balade sur la Côte de Granit Rose, entre Perros-Guirec et Ploumanac'h, lors d'une rare journée ensoleillée (bon, accompagnée d'une belle averse typiquement bretonne pour faire bonne mesure - il faut garder sa réputation que diable! ;-) ).

Je ne me lasse jamais des rochers roses aux multiples formes. La bruyère était en fleur et apportait de petites touches roses dans le jaune des genêts et des ajoncs et le bleu de la mer. Cette dernière était d'huile: pas un souffle de vent, pas un clapotis; même les goëlands avaient décidé d'aller traîner leurs plumes au large.

mercredi 25 juillet 2007

Rêve d'or


Aurélien Rochefer vit au milieu des champs de lavande, dans le pays d'Arles. Il cherche une seule et unique chose: l'or.
L'or est aussi multiple que disparate et le miel des abeilles en a la couleur. Aussi, Aurélien décide-t-il de se faire apiculteur. Il passe pour un doux rêveur et un original: le dix-neuvième siècle achève son ultime ligne droite: l'année 1885 voit Aurélien rêver aux ruches. Ce dernier passe l'hiver à se documenter sur le mode de vie des abeilles, la manière d'en prendre soin, de les élever afin de récolter l'or liquide qu'elles fabriquent. Au printemps, lors du début des essaimages, il capture un essaim sauvage et obtient ainsi sa première ruche. Il achète d'autres essaims et à la fin de la saison, il vend sa belle récolte. C'est le succès mais de courte durée: en plein hiver, le feu propagé par le foehn détruit les ruches endormies. Finalement, l'or recherché en rêve n'était peut-être pas le miel des abeilles? Son rêve l'embarque vers l'Afrique, terra encore incognita et dangereuse pour les aventuriers blancs. Lors de sa halte à Arles, Aurélien demande à un peintre hirsute et étrange de lui peindre la femme à la peau dorée comme le miel qu'il a vue en rêve...ce peintre c'est Van Gogh.
Au cours de son long périple africain, en Abyssinie, Aurélien fait de nombreuses rencontres en recherchant la femme de son rêve. Il la trouve au pied d'une falaise où butinent des myriades d'abeilles: elle vient de terminer la récolte du miel dévolue à son clan. Une unique nuit sensuelle et inoubliable s'ensuit, telle le vol nuptial de la reine des abeilles.
Aurélien revient en France, après bien des errances, riche des images de la falaise aux abeilles, de sa nuit avec la récolteuse de miel, de sa rencontre avec un ingénieur, éternel innovateur, Hippolyte Loiseul et de trois abeilles en or massif. Aurélien rêve d'une cité des abeilles au milieu des champs de lavande, Hippolyte Loiseul va lui permettre de la réaliser....projet fou en cette fin de XIXè siècle. Le succès arrive très vite et très rapidement survient la catastrophe: la teigne de la ruche, petit papillon qui détruit les couvains en y déposant ses oeufs. Il ne reste plus rien des mille ruches et de leurs abeilles. Celles en or vont servir à combler les dettes pour que le rêve ne devienne pas cauchemar.
L'or, à la fois rêve et quête, s'éloigne pour mieux revenir: Aurélien est allé jusqu'au bout de son rêve et malgré ces échecs trouve l'or tant cherché...juste à côté de lui comme dans « Le trésor de Rackham le Rouge » ou « L'Atlantique sud ».
« L'apiculteur » est un roman aux chapitres très courts, parfois quelques lignes, où les images sont plus belles les unes que autres, où le rythme va au fil du rêve et de la quête d'Aurélien.
Pourtant, j'ai comme un goût d'inachevé: j'aurais aimé que le roman soit plus long, plus lent afin de le déguster encore et encore. Sans doute suis-je trop gourmande et trop « Madame Plus »!

Quelques extraits:

« Pour Aurélien, la vie était une curieuse abeille d'or qui brille au loin, s'envole, se grise de parfum en parfum, se cogne aux vitraux du soleil et cherche, dans l'immensité du ciel, le nectar de sa propre fleur » (p 15)

« Quand il surveillait ses ruches, il avait le sentiment que ces insectes avaient réussi là où l'homme avait échoué. Blotties l'une contre l'autre, les abeilles gardaient ainsi une température constante. Elles oeuvraient ensemble pour leur communauté. Alors il comprit que, lors de sa lente évolution, l'homme s'était éloigné petit à petit un peu plus du paradis. Et il se prit à rêver de devenir une abeille. » (p 25)

« Un matin de janvier, Aurélien trouva une abeille morte dans la neige. Elle était vêtue d'or et de noir, véritable bijou de feu dans un océan de blancheur. Il la prit délicatement entre le pouce et l'index et la posa sur sa paume.
Au contact de sa peau, l'abeille gelée se brisa comme du verre.
Quand il ouvrit la main et la tourna vers le sol, il vit avec tristesse un peu de poudre d'or scintiller dans les airs et disparaître sur la neige. »
(p 27)


La lecture de Grosminou2 et une autre lecture ici !

J'ai reçu ce matin une jolie carte postale ensoleillée illustrant à merveille "L'apiculteur"! (Merci Bellesahi!!!)

mardi 24 juillet 2007

Quelle héroïne de conte de fée êtes-vous?

Un autre test, en français, sur les blogs en ce moment de trêve estivale: "Quelle héroïne de conte de fée êtes-vous?". Je l'ai vu chez anjelica qui l'avait glané ici. Je l'ai fait et je suis....


Blanche Neige:


Petite vous deviez être très sage. Attentive, disciplinée, désireuse de bien faire. N'ayez pas peur de sortir des sentiers battus, dans votre vie ou votre tête. L'imagination vous fera la vie plus belle et plus facile, parfois. Car les autres comptent sur vous, peut-être même un peu trop.
Mon petit doigt me dit que nombreuses sont les Blanche Neige parmi celles qui ont fait le test...

L'Ouest sauvage

Un vieil universitaire, Lyman Ward, professeur d'histoire à la retraite, unijambiste, ronchon et condamné au fauteuil roulant, se plonge dans le passé de pionnier de des grands-parents. Il épluche, classe, met en mots, recopie les lettres que sa grand-mère adressait à ses amis Thomas et Augusta Hudson, patriciens newyorkais restés dans l'Est.
Oliver Ward est un jeune ingénieur inventif et aventurier qui se lance à corps perdu dans la construction de l'Ouest américain encore sauvage. Il participe à la construction, à la consolidation de mines aurifères ou d'argent, perdues aux frontières montagneuses du monde civilisé: dans le Colorado, le souvenir de Custer face aux Indiens est encore vivace et frais, les hommes sont frustres, peu éduqués, paillards, sans foi ni loi. La dure loi de l'Ouest sauvage règne, les appétits des investisseurs insatiables, l'apport de la civilisation héroïque. Susan Burling Ward, jeune fille de l'Est des années 1860 éduquée par la littérature et les bonnes manières d'une société américaine encore très victorienne (on se croirait parfois au coeur de Londres bien que l'on soit à New York!) et étudiante aux Beaux Arts, suit son époux dans ces contrées encore brutes et sauvages. Elle rêve d'un avenir radieux de réussite et de reconnaissance professionnelle pour son Oliver, hélas toujours en avance sur son temps. En effet, la vie rêvée de succès et d'établissement stable et durable fait long feu: Susan suit la vie errante de son ingénieur de mari, ses angoisses, ses échecs, ses éternels recommencements dans des territoires toujours en devenir. Cependant, en femme déterminée et talentueuse, elle profite de ses pérégrinations de pionnière pour croquer cet Ouest en construction, pour rédiger une correspondance abondante, détaillée et émaillée des menus comme des grands faits de son quotidien. Elle est la reporter privilégiée de ce monde neuf qui se bâtit à la sueur des hommes et des femmes qui ont tout laissé derrière eux. Elle envoie dessins, croquis et textes à diverses revues de l'Est et sans doute offre ainsi à ceux qui demeurent au coeur de la civilisation des frissons d'aventure!
Le lecteur part à la découverte des bâtisseurs de civilisation, de villes, d'états, d'insfrastructures. Il suit, sous la plume épistolaire de Susan et l'oeil fasciné de Stegner, la progression du chemin de fer, la conquête des cols des Rocheuses à la sueur et la mort des animaux de bâts qui crèvent de fièvres et de froid: les chevaux, les ânes et les mules sont les véhicules précieux annonçant la venue du cheval de fer, les chevaux, le chapeau et les pistolets sont les accessoires vitaux de ces pionniers frustres, vivant à la dure et violents.
Stegner, par les yeux et les mots de Susan, peint l'avidité brutale des humains assoiffés de gloire et de richesses: rien ne les fait reculer, pas même la tromperie ni le meurtre, pour accaparer les concessions! Le mythe américain de tous les possibles est à nouveau sur les rails. A travers le regard de son héroïne, si victorienne si est des Etats-Unis, il nous parle de ces rêves qui font avancer et vivre certains bien que le monde tente, sans relâche, de leur mettre les bâtons dans les roues pour qu'ils ne réalisent pas: Oliver est l'icône de l'idéaliste qui ne pense en aucun cas à son enrichissement mais toujours à l'avancée du progrès et de la civilisation (pour transformer, grâce à la construction d'un canal, un désert en champs fertiles). On se demande comment fait Oliver pour survivre à la lente destruction de ses rêves alors que le monde neuf et sauvage n'est que merveilles et richesses! Sans doute Oliver est-il un homme qui ne pense qu'au bien-être d'autrui et à celui de l'Humanité? C'est à dire, un homme qui ne fera jamais fortune sonnante et trébuchante et qui sera, aux yeux des pionniers, assoiffés de gloire et d'or, figure de « raté » alors que ce qui l'intéresse est la richesse intérieure que procure la satisfaction d'un travail bien fait avec honnêteté! Un extra-terrestre en quelque sorte!
Wallace Stegner fait partie des écrivains de l'école du Montana et est considéré par Jim Harisson et Thomas Mcguane « comme leur initiateur à une certaine vision du monde ».
Il a reçu le prix Pulitzer pour « Angle d'équilibre » en 1972 et quelques romans sont publiés en français:
« Angle d'équilibre » « La vie obstinée » « Vue cavalière » (un autre avis dans Lire ici) et « L'Amérique redécouverte » (recueil de textes de Wallace et de photographies d'Eliot Porter).
Un écrivain à découvrir avec enchantement et une lecture jubilatoire de bout en bout! Je ne peux que vous recommander chaudement de tenter l'aventure littéraire Stegner.


Tatiana en parle aussi.





Roman traduit de l'anglais (USA) par Eric Chédaille

lundi 23 juillet 2007

Le pique-nique de la blogoboule

Samedi 11 Août prochain, aura lieu, à Paris, le premier pique-nique de la blogoboule. C'est Caro[line] qui organise cette sympathique manifestation.
Il est encore temps de s'y inscrire si vous passez par Paris le 11/08/2007!

Une occasion agréable pour faire connaissance avec les LCA et autres blogueurs que l'on côtoie virtuellement lors des balades de blog en blog.

Pour les infos et l'inscription c'est et pour avoir un aperçu des participants c'est ici.

L'avis enthousiaste de Flo!

Tokyo

quatrième de couverture:


"Quand Grey débarque à Tokyo sans attaches, argent ni bagages, elle a beaucoup à prouver et encore plus à cacher. Sa rencontre avec Jason, pour lequel elle éprouve une fascination immédiate, est déterminante : il lui trouve un toit, une maison délabrée vouée à la démolition, et un emploi dans un club à hôtesses très privé. Ses clients ? Des yakuzas et un étrange infirme accompagné d'une nurse à la silhouette monstrueuse... Mœurs inavouables, violence, écrasant secret... Ce nouvel univers est pourtant familier à Grey. Le but de son voyage ? Retrouver un mystérieux film à l'existence contestée datant de l'invasion de la Chine par les Japonais. Un seul homme pourrait l'aider. Un survivant du massacre qui refuse de répondre à ses questions..."


Mon avis:


Grey est une étudiante anglaise marginale dans sa mise, son univers personnel et ses centres d'intérêts. Sa quête est originale voire très dérangeante: un film témoignant des massacres et tortures plus odieuses les unes que les autres perpétrés par les soldats japonais lors de la prise puis l'occupation de Nankin (actuelle Pékin). Elle entre en contact avec un des rares survivants de Nankin, professeur de sociologie en poste à Tokyo, le professeur Shi Chongming. Malgré le refus de ce dernier à l'aider, Grey va s'obstiner et de fil en aiguille Shi Chongming va l'utiliser pour tenter de découvrir le secret de longévité (à défaut d'immortalité) d'un chef Yakusa.
Mo Hayder entraîne le lecteur dans un Tokyo sombre, inquiétant, rempli de fantômes des habitants de la fin de la guerre, désespérés et affamés, de maison délabrée craquant au moindre souffle et empreinte de mystères, d'appartement de Yakusa où plane un terrible soupçon au sujet de l'origine des viandes présentées aux convives...
Grey est une jeune fille au passé peu commun: une enfance à l'écart du monde, baignée dans une ignorance inouïe sensée la protéger des horreurs et affres de la vraie vie. L'ignorance est-elle culpabilté? L'ignorance est-elle condamnable? L'ignorance est-elle impardonnable? Ces questions lancinantes jalonnent l'enquête éprouvante de Grey tout au long du récit. Mo Hayder distille discrètement d'infimes détails au coeur de la narration et peu à peu des pans de voiles s'écartent pour laisser apparaître une blessure qui ne demande qu'à se refermer et enfin guérir.
L'intrigue est un va et vient continu entre les recherches de Grey, ses rencontres, ses interrogations et ses souvenirs et le journal intime de Shi Chongming que ce dernier a tenu à Nankin avant et après l'arrivée de l'armée japonaise. Les deux voix se font écho, se mêlent, dévoilent chaque fois plus les deux protagonistes que sont Grey et le professeur. Le lecteur, par touches successives, apprend tout ce qui relie implicitement Grey et Shi Chongming: l'imitation d'un geste due à l'ignorance des choses de la vie. Révélation offerte par Mo Hayder à la fin du roman, révélation qui laisse frissonnant, interloqué mais pas assommé le lecteur.
Ce dernier peut penser que Grey est en quelque sorte un double de Hayder par sa propension à être fascinée par les personnes troubles, sombres, au secret apparent mais bien gardé, par le morbide et l'horreur.
Un thriller mené d'une plume experte et bien renseignée sur le plan historique. Bien que trop fugace, l'interrogation sur le traitement de l'Histoire dans les manuels scolaires fait par des pays comme le Japon sur des épisodes épineux et peu glorieux d'un conflit est intéressante et pertinente: quand on gomme un aspect méconnu, on efface une partie du passé collectif de la conscience humaine, on biffe une partie de la conscience collective d'une nation, on ôte la possibilité de remords et de repentance des générations suivantes, on rend indicible la réconciliation avec ses prédecesseurs mais aussi avec soi-même. Cependant, un rai de lumière apparaît: l'ignorance du passé n'est pas coupable, l'ignorance du passé n'est pas la même chose que le mal.
On sort de ce thriller pas comme les autres, la gorge nouée par l'émotion et les larmes aux yeux: Grey et Shi Chongming sont des personnages qu'on ne peut détester ni oublier. Ils sont attachants car blessés dans leurs chairs et dans leur âme: leur quête les fait se rejoindre, se comprendre et leur apporte enfin la sérénité pour continuer à vivre pour l'une, pour quitter le monde la tête haute pour l'autre.

Des avis glanés ici ou , chez Tatiana ou Gachoucha ou Solenn.




Roman traduit de l'anglais (GB) par Hubert Tézenas

mercredi 18 juillet 2007

mardi 17 juillet 2007

Vingt-quatre heures

La Riviera, en été, dans une pension d'un grand hôtel où les pensionnaires partagent les repas, les moments de détente en fin de soirée. Un jour, ils apprennent que l'épouse d'un résident, Mme Henriette, est partie avec un jeune homme rencontré de fraîche date. La discussion tourbillonne en moults jugements sur la conduite inconséquente, forcément, de l'épouse adultère et fugueuse. La passion, ce sentiment violent, brûlant les derniers vaisseaux du bon sens, passe à la moulinette des pensionnaires. Tous pensent que cette femme a perdu l'esprit, tous sauf le narrateur qui prend à chaque fois sa défense.
« Mais la discussion qui ensuite éclata à notre table avec tant de véhémence et qui faillit même dégénérer en voies de fait, bien qu'ayant pour point de départ cet incident surprenant, était en elle-même plutôt une question de principes qui s'affrontent et une opposition coléreuse de conceptions différentes de la vie. » (p 5). Le narrateur ne jette pas l'anathème sur Mme Henriette « Après tout, au premier coup d'oeil, on aurait parfaitement compris que cette petite Madame Bovary échangeât son époux rondelet et provincial pour un joli jeune homme distingué (...) Voici que je m'amusais à être d'un autre avis; et je soutint énergiquement la possibilité, et même la probabilité d'un événement de ce genre, de la part d'une femme qu'une union faite de longues années de déceptions et d'ennui avait intérieurement préparée à devenir la proie de tout homme audacieux. » (p 5) tandis que les deux couples de convives refusent le concept même de coup de foudre « où ils ne voyaient qu'une folie et une fade imagination romanesque. » (p 5).
Un soir, Mrs C..., une des pensionnaires, aborde le narrateur et lui fait part de son envie de lui relater un événement qu'elle vécut par le passé car elle lui sait gré d'avoir défendu Mme Henriette. La veille du départ du narrateur, Mrs C... le convie à partager son dîner dans sa chambre: il fait peu à peu sombre, le calme vespéral embrasse la chambre et rend feutrée l'atmosphère. Les confidences de Mrs C... peuvent commencer...
Monte Carlo, un soir d'été, Mrs C..., devenue veuve et se remettant difficilement à revivre, entre observer les joueurs au Casino. Elle reste hypnotisée par les mains d'un joueur, des mains qui jouent à leur insu tout une gamme d'émotions. Ces mains appartiennent à un jeune homme, qui pourrait être son fils, qui vient de perdre son dernier sou à la roulette. Ce dernier, titubant, sort, Mrs C... le suit, mue par un funeste pressentiment, mais aussi par une fascination indicible: c'est sûr, il va chercher à attenter à ses jours! Cette décision va lui faire vivre vingt-quatre heures d'une intensité incroyable, inoubliable dont cependant elle aura longtemps honte: de la nuit d'amour passée avec cet homme jusqu'à la douloureuse réalité qui viendra la heurter de plein fouet, ces heures seront les plus intenses et les plus déraisonnables de sa vie.
Dans ce court roman, Stefan Zweig met en scène deux passions: la passion amoureuse et celle du jeu, deux phénomènes pathogènes que les personnages, les sujets, ne maîtrisent pas et sous l'effet desquels ils se trouvent transformés dans leur âme. A cette occasion, Zweig offre au lecteur une description spendide des mains d'un homme possédé par la passion du jeu où il compare la fébrilité des chevaux au départ de la course à celle des mains des joueurs « ...c'est exactement de la même manière qu'elles frémissent, se soulèvent et se cabrent. Elles révèlent tout, par leur façon d'attendre, de saisir et de s'arrêter: griffues, elles dénoncent l'homme cupide; molles, le prodigue; calmes, le calculateur, et tremblantes, l'homme désespéré. Cent caractères se trahissent ainsi, avec la rapidité de l'éclair, dans le geste pour prendre l'argent, soit que l'un le froisse, soit que l'autre nerveusement l'éparpille, soit qu'épuisé on le laisse rouler librement sur le tapis, la main restant inerte. » (p 15)
Stephan Zweig enchâsse le souvenir de Mrs C... dans le récit d'une villégiature anodine et soulève cette notion de secret difficile à partager, d'expérience troublante et angoissante (Mrs C... ne se reconnaît plus et libère une femme inconnue qui sommeillait en elle), de confession qui n'apaise pas celui, celle, qui l'a fait. Cependant, la confession de Mrs C... jette un pont d'empathie, de compréhension, de sensation partagée, entre une vieille dame et un homme jeune.
Le lecteur, au fil de la narration, a l'impression d'assister à un entretien entre le thérapeuthe (le narrateur) et son patient (Mrs C...): la honte, la mauvaise conscience de Mrs C... a peu à peu céder la place à une sérénité, la vieille dame rougit telle une jeune vierge.
L'écriture de Stefan Zweig emporte le lecteur dans les spirales du temps: celui du vingtième siècle naissant où les ultimes effluves du dix-neuvième siècle romantique et bourgeois s'estompent. Un univers parfois désenchanté mais passionnant et prenant dans lequel les femmes peuvent prendre en main leur destin et assumer leur féminité.






Roman traduit de l'allemend (Autriche) par Olivier Bournac et Alzir Hella

lundi 16 juillet 2007

Un souvenir de lecture...

"Le soleil des Scorta"


Enfin, un Goncourt agréable à lire, à dévorer, plein de vie, tout sauf un exercice de style sec et inerte (pas comme "La maîtresse de Bretch") ! On plonge avec délice dans cette région des Pouilles, pays des brigands, des paysans muets et sombres, des villages brûlés par le soleil. L'Italie du Sud avec son code de l'honneur, ses haines, ses amitiés. La terre est omniprésente, ployant sous le joug du soleil.Une famille maudite, une famille unie par un secret : le voyage à New-York. Des personnages truculents, forts et attachants: les curés sont extraordinairement croqués !! Ce livre qui est à 2 voix : celle du présent, confession d'une vieille femme, et celle du passé qu'elle relate au curé. On entend chanter cette Italie du labeur, de la sueur, de la fierté. On entend pousser les oliviers (ah ! la scène du départ de l'oncle Domenico sous ses oliviers).Et puis, la chute du roman, de cette sage familiale, pleine d'humanité "Rien ne rassasie les Scorta"... Les Scorta, une Famille ( et tout ce qui la constitue en filigrane) !!!!
J'avais dévoré ce roman, malgré les clichés maintes fois reprochés et bien que ce ne fut pas son meilleur roman!

dimanche 15 juillet 2007

Le ciel printanier vu d'en bas

En Avril dernier, mois où en Bretagne on serait cru en été, un dimanche après-midi, je m'étais amusée à prendre le ciel en photo, allongée sur la chaise longue, sous le cerisier en fleurs. Je ne savais pas, alors, que je lirai un jour "La théorie des nuages"...clin d'oeil a posteriori à cette belle lecture.

Bon dimanche à vous tous!

samedi 14 juillet 2007

Washington Square

Nous sommes au milieu du XIXè siècle, à New York, dans une famille de l'excellente bourgeoisie. Le père, Mr Sloper, est un médecin réputé, veuf très tôt, élevant son unique fille, Catherine, à l'aide de sa soeur aînée, Mrs Penniman, également veuve. La famille vit dans une coquette maison dans un très beau quartier newyorkais: Washington Square. Mr Sloper a une autre soeur, Mrs Almond aussi vive et intelligente que Mrs Penniman est sotte et naïve. Tout pourrait être au mieux dans le meilleur des mondes mais Catherine, qui n'a hérité d'aucun des attraits, tant physiques qu'intellectuels (aux dires de son père), de sa mère n'est guère entourée de prétendants malgré ses vingt ans. C'est une jeune fille timide, réservée, manquant de confiance en elle et vouant un amour et une admiration sans borne à son père. Ce dernier est loin d'être admiratif voire affectueux avec elle: une seule femme était digne de son intérêt, son épouse, et elle n'est plus, morte peu de temps après la naissance de Catherine. Ah, un élément important du récit: avant la naissance de Catherine, le docteur eut un fils, mort à trois ans, autant dire que la venue d'une fille fut loin d'être une joie « Deux ans plus tard, Mrs Sloper avait donné le jour à un autre enfant – enfant d'un sexe qui faisait de la pauvre créature une piètre compensation pour la perte du premier-né tant regretté et dont le père s'était juré de faire un homme accompli. La petite fille qui naquit fut donc une déception; mais le pire était encore à venir. » (p 14) Ainsi est donc planté le décor, l'atmosphère sombre du récit est présente dès le début: on suppose que les joies seront bien rares pour cette petite fille puis jeune fille et enfin jeune femme.
Bien entendu arrive ce qui doit arriver: l'apparition d'un prétendant, Morris Townsend! A partir de cet instant, la saveur, déjà agréable du roman, devient délicieuse: l'art de la narration, l'écriture de James transporte le lecteur dans un univers savoureusement dix-neuvième siècle, digne d'une Jane Austen ou d'un Honoré de Balzac, où les coureurs de dot utilisent mille et un artifices, où les pères ne veulent que le bonheur de leurs filles, où les tantes sont tout sauf de bonnes conseillères, où les silences sont plus évocateurs que les pires scènes, où la bonne société est décortiquée avec une ironie teintée de fiel.
Henry James, grand admirateur de l'Angleterre (il obtiendra la nationalité britannique l'année de sa mort en 1916), décrit une société bourgeoise américaine aux accents très victoriens: l'ouest des pionniers est bien loin, New York ressemble comme deux gouttes d'eau à Londres, avec ses préjugés (malgré l'ouverture d'esprit typiquement américain: le docteur laisse libre sa fille de son choix), ses coteries, ses salons.
Le roman est la bataille enragée que se mènent Sloper, Morris Townsend et Catherine. Sloper comprend tout de suite que Townsend est un vulgaire coureur de dot, égoïste et cruel et souhaite déciller l'aveuglement amoureux de sa fille. Seulement, comment combattre celui qui a su tout de suite parler avec tendresse, même si ce n'est que par calcul, et romantisme à Catherine qui n'a vécu qu'indifférence, déception et mépris paternels? Comment vaincre celui qui sait regarder autrement une jeune fille banale et terne? Comment agir pour que Catherine ne sombre pas dans les rets de Townsend? En menaçant de ne rien léguer, hors l'héritage maternel, à sa fille si elle épouse Townsend sans son consentement! Mais Catherine est bornée et butée: elle tient tête et ne voit rien du jeu mercantile de son prétendant. En effet, Townsend est fauché comme les blés, et ne recherche que la fortune de Catherine: s'il ne l'obtenait pas, comment se comporterait-il avec elle? Durement, égoïstement, méchamment comme tous les jouisseurs déçus: tel est l'avertissement de Sloper.
Quant au personnage de la tante, Mrs Penniman, c'est une catastrophe ambulante: non seulement elle est un peu bête (beaucoup plus que Catherine qui elle n'a pu s'épanouir dans l'amour maternel ni paternel et qui n'a jamais senti un regard atendri et fier venant de son père) mais en plus son esprit romanesque emmêle tout et tout le monde. Un portrait ironique superbement réussi par Henry James: on y retrouve un peu des soeurs cadettes, inconséquentes, d'Elisabeth dans « Orgueil et préjugés » d'Austen.
L'art de James est de maintenir le lecteur en spectateur tout en lui donnant la possibilité de s'identifier à certains personnages. En effet, on ne peut trouver antipathique Catherine qui n'a reçu que froideur, inintérêt et le minimum requis d'éducation féminine de la part de son père: elle ne pourra jamais être à la hauteur de sa mère, dont elle porte le prénom histoire d'alléger le poids des ancêtres (!), car elle ne doit pas avoir un tel défi à relever ce que ne peut, ne veut, pas comprendre le docteur Sloper! Un tel fardeau est insupportable pour les épaules d'une fillette puis d'une jeune fille vivant dans l'ombre encombrante du souvenir maternel, orchestré inconsciemment par le père. On comprend qu'elle se laisse berner par les compliments et les serments du premier venu, portant beau la redingote et la canne. On ne peut en vouloir à Sloper d'être intransigeant et ironique: il ne veut pas que sa fille soit malheureuse ni dépouillée de ses biens.
Jusqu'à la fin du roman, James tient en haleine son lecteur et le fait passer par tous les sentiments: agacement, rire, peine, haine, envie de secouer Catherine pour lui ouvrir les yeux, envie de claquer le docteur qui ne sait pas aimer sa fille, envie de gifler le bellâtre de Townsend qui ment comme il respire, envie de rabattre le caquet agaçant de la tante et de lui dire d'arrêter ses manigances puériles et néfastes, envie de voir l'histoire de Catherine bien se terminer, de la voir heureuse et épanouie... comme lorsqu'on lit « Eugénie Grandet ».
Un délicieux roman ironique, écrit avec une finesse exquise, à lire sans modération: du grand art littéraire!





Roman traduit de l'anglais (GB) par Camille Dutourd

vendredi 13 juillet 2007

Chez moi...

Cette veille de Fête Nationale laisse ma siamoise un tantinet songeuse....






"Il n'y a pas besoin de sculpture dans une maison qui a un chat." Wesley Bates

jeudi 12 juillet 2007

La geste des Balkans

Résumé:

"Au XVIIé siècle, la paisible vallée bulgare d'Elindenya est soumise à une islamisation forcée. Un berger héroïque, Manol, entraîne tous ses compagnons dans une résistance aussi fière que désespérée. Deux témoins se font les récitants de cette geste violente et terrible."





D'emblée, l'atmosphère est à l'épique, au tragique, à l'héroïsme et on ne peut s'empêcher de penser à l'Iliade d'Homère. Comme le souligne si bien la quatrième de couverture, on est devant une geste digne de « La chanson de Roland », on est face à une épopée digne des plus grands récits antiques.
Le lecteur écoute, lit, déguste, frémit, pleure, rit au fil des chroniques des deux spectateurs-acteurs de la tragédie bulgare: deux voix, deux regards qui s'opposent, se complètent, se mêlent, se côtoient. D'un côté, Abdullah (« l'esclave de Dieu »), ancien seigneur de la haute et prestigieuse noblesse française, fait prisonnier au pied des remparts de Candie, ville assiégée qui succombera sous les coups turcs, par les armées turques, et devenu esclave dépossédé de son identité. De l'autre, un pope, Aligorko, moine du mont Athos, berger d'une société pastorale laminée par le rouleau compresseur du vainqueur.
Sous leurs yeux, sous leur plume écrivant à la lueur de leur mémoire de vieils hommes, une période terrible de l'histoire des Balkans s'inscrit dans les larmes, le sang et la honte. Le récit à deux voix, puissant, coloré, met en scène des personnages inoubliables: Manol, géant orthodoxe s'opposant jusqu'à la mort, à l'islamisation de son village. Manol au charisme épique et aux faiblesses qui en feraient un héros antique. On ne peut oublier la figure de Karaïbrahim, l'envoyé du sultan, celui qui doit convertir par la force s'il le faut les villages de la vallée d'Elindenya. Karaïbrahim est un janissaire cruel, implacable et sanguinaire, mais une fêlure est en lui: c'est un enfant du pays qui a été donné à l'armée du sultan qui l'a transformé en bourreau rempli de haine envers ses anciens compatriotes. Il est le fils d'un notable du village qui préféra le donner aux turcs à la place de l'orphelin, Manol, qu'il avait recueilli: les blessures sont toujours difficiles à cicatriser et distillent amertume et haine.
Ce roman est impossible à relater simplement et brièvement: il est le chant d'un pays soumis aux invasions et aux divers actes de barabarie qui en découlent. Il est la mélopée d'une nation en devenir, d'une identité nationale qui lentement se construit sur la cohabitation de deux religions, l'islam et l'orthodoxie (la métaphore des champs partagés entre deux frères, l'un orthodoxe, l'autre musulman, et du pommier dont la récolte est distribuée à parts égales entre les deux branches familiales, est d'une grande intensité).
Au cours de la lecture, on a la sensation de vivre des moments bibliques, des épisodes de la Génèse: les accents lyriques des récitants, car on est comme auditeur d'une tragédie antique, transforment ces derniers en monuments à la gloire de Dieu ou d'Allah! Mais c'est aussi une ode à la vie, précieuse pépite, à tout prix: accéder à la liberté nécessite une longue marche, pavée de bonnes et de mauvaises intentions, périlleuse, glissante (sur le sang et les larmes) où les sentiments les plus contraires sont exaltés.
Anton Dontchev sait admirablement décrire son pays, les paysages bulgares, les montagnes, les torrents, les forêts, les lacs oubliés où les dieux anciens semblent s'être endormis, les façons différentes de vivre l'islam. Il sait également faire vibrer son lecteur au rythme des passions des personnages et de la passion de Manol, rappelant celle du Christ.
On sort du roman épuisé par tant de déchaînements, par le souffle épique qui parcourt, inépuisable, chaque page et enchanté par cette écriture bouleversante et belle. On comprend alors pourquoi que l'histoire des Balkans ne fut, et ne sera, jamais simple!


Quelques passages:

« La vie me soufflait au visage comme le vent, elle volait au-dessus de moi comme un nuage, elle coulait à mes pieds comme une rivière.Peut-on attraper dans le creux d'une main le vent, le nuage, la rivière? Peut-on les retenir? Et ne pas les laisser échapper? Vivre signifie avoir et ne rien avoir. Et ne pas désirer avoir.
Abdullah avait compris que puisqu'on ne peut rien retenir, il ne faut pas essayer de la faire- il jouissait de la seule chose qu'il possédât, l'instant- et il s'efforçait d'en jouir sans essayer de le retenir. Car un autre instant viendrait ensuite. »
(p 44)


« Je perçus une étrange odeur d'herbe sauvage. En me retournant je vis la femme qui balayait avec un balai qu'elel avait confectionné en liant des brindilles vertes et dures. Les herbes fraîchement cueillies laissaient des traînées verdâtres sur les dalles, soulevaient un peu de poussière et exhalaient une senteur enivrante et sauvage. » (p 169)


« Je compris enfin que tout tournait autour de la fraternité. Ces gens-là considéraient comme des frères ceux de la vallée et des contrées bulgares tout entières. Ils voulaient rester leurs frères et ne pas lever la main contre des frères.Si l'on y pensait bien, on voyait qu'avoir un frère, cela signifiait être un homme à part entière. La fraternité c'était le lien de sang. Karaïbrahim disait qu'être seul, c'est être fort. Selon moi, il aurait dû dire: c'est devenir une bête féroce. L'homme ne vit pas seul. Il lui faut choisir: vivre seul, ou avec son prochain. Karaïbrahim voulait êtr seul et rompre tous ses liens avec les autres. Alors que les bergers faisaient tout pour rester ensemble. Karaïbrahim était arrivé au bout de son chemin. Les bergers allaient-ils eux aussi atteindre le bout du leur? » (p 322)


« Tout d'abord, je perçais les yeux de l'archange, puis, laissant le poignard, je me mis à gratter avec mes doigts. Le crépi se détachait par plaques comme l'écorce d'un sapin.
Alors apparurent sous mes doigts deux autres yeux qui me regardaient fixement. Il y avait d'autres images sous celle de l'archange Michel. Je les détruisis elles aussi. Puis se montra une main d'homme tenant un glaive. Je la fis disparaître. Mais un autre glaive apparut, rouge et recourbé comme une flamme, et sous ce glaive une bouche d'enfant souriait.
Ces fresques étaient immortelles. Je repris le poignard et me mis à frapper de toutes mes forces, faisant voler les plaques de crépi dans un nuage de poussière. Je me sentais étouffer, mes yeux s'emplissaient d'une âcre poussière et mes jambes flageolaient. Encore un coup, et j'allais décamper, quoi qu'il dût advenir.
Alors soudainement, le crépi qui s'effritait jusque-là en minces lamelles se détacha en un large pan, telle une dalle de pierre recouvrant un trésor enfoui.
Le soleil illumina une plaque de marbre blanc portant l'effigie en bas-relief d'une femme nue. Un sourire énigmatique rayonnait sur son beau visage, et elle pressait son sein des deux mains. Du mamelon jaillissait un mince filet de lait qui tombait dans la bouche grande ouverte d'un homme nu, à genoux. L'homme avait des pieds de chèvre, des dents de loup et de longues oreilles pointues et velues
C'était la montagne de Rhodope qui allaitait les bêtes et les gens réunis en un seul corps. »
(p 418)



Roman traduit du bulgare par Ivan Evstatiev Obbov

mercredi 11 juillet 2007

Comment dépenser 15€

Je n'ai pas encore terminé le commentaire de "Les cent frères de Manol" d'Anton Dontchev, et comme le chèque lire mensuel de 15€, gagné grâce au prix des lecteurs du Télégramme, est arrivé jeudi dernier, samedi j'ai accompagné mon mari à la librairie et avec les euros chacun de nous a choisi un poche:



(le choix de Monsieur)


(le choix de Madame)
De belles lectures nous attendent !

mardi 10 juillet 2007

Fantasme d'écrivain?

Un écrivain reçoit une lettre de Châteauroux, l'invitant à venir dédicacer ses livres à la bibliothèque. C'est une de ses ferventes lectrices qui lui écrit. Rencontre de deux univers opposés (la grande bourgeoisie et la bohême artistique), passion enivrante et cruelle, creuset d'une histoire à écrire pour l'auteur. Le lecteur se trouve partagé entre deux sentiments : est-ce la mise en mots d'un fantasme d'écrivain ou le récit d'une mésaventure passée ?? Le lecteur se laisse bercer par les mots simples faisant mouche de Holder et part en sa compagnie sur les routes perdues et solitaires de la France provinciale. Holder met à mal l'image d'Epinal de l'auteur marginal : alcoolisme, mauvaise éducation, mauvaise foi, sale caractère, toujours fauché, tenue de vagabond à la Kerouac, envie folle de liberté... libertaire.Il se plaît à voir rager cette bourgeoise qui pense que tout doit être comme elle le désire, même ses envies les plus originales. Holder tisse autour de son personnage une toile qui lui fera un peu perdre le sens commun afin de mieux le faire retourner auprès des siens, dans son monde, dans celui où il se sent tout à fait lui.Une cavalcade littéraire qui aboutit à la création. Le prix à payer pour l'inspiration ??
Une bie agréable lecture estivale!

Nos achats à la Fnac

La semaine dernière est arrivé le colis Fnac que nous attendions avec impatience! De bon matin, le facteur est passé et cela donne ça:




De quoi garnir nos étagères de bibliothèque et augmenter la PAL!

lundi 9 juillet 2007

Amitié

(Pont du Golden Gate à San Francisco, USA)

Bellesahi m'a demandé gentiment de prendre le relais pour donner une définition de l'amitié par des photos, dessins, poèmes, chansons. J'ai choisi une chanson de Simon et Gartfunkel "Like a bridge over trouble water" parce que l'amitié est un peu comme un pont jeté par-dessus les différences, les mésententes (difficiles à oublier souvent...du moins est-ce mon cas - je suis du signe du Taureau - ), les distances, les années.







When you're weary

Feeling small

When tears are in your eyes

I will dry them all



I'm on your side

When times get rough

And friends just can't be found

Like a bridge over troubled water

I will lay me down

Like a bridge over troubled water

I will lay me down



When you're down and out

When you're on the street

When evening falls so hard

I will comfort you



I'll take your part

When darkness comes

And pain is all around

Like a bridge over troubled water

I will lay me down

Like a bridge over troubled water

I will lay me down



Sail on Silver Girl

Sail on by

Your time has come to shine

All your dreams are on their way



See how they shine

If you need a friend

I'm sailing right behind

Like a bridge over troubled water

I will ease your mind

Like a bridge over troubled water

I will ease your mind


Qui veut prendre la suite? Kalistina? Morwenna? Alice? Naniela? Louis? Les Patch? Rennette?

dimanche 8 juillet 2007

Pour un anniversaire....







Cette mosaïque qui j'espère comblera les "mirettes" d'une certaine dame qui souffle aujourd'hui ses bougies!


Joyeux anniversaire, belle et agréable journée!

samedi 7 juillet 2007

Enigme sous le soleil

"Qui a tué Palomino Molero?"


Nous sommes en Amérique du Sud, au Pérou, dans une région sèche et aride léchée par les embruns de l'océan. Un jour, dans la fournaise, le sergent Lituma et le lieutenant Silva sont appelés sur la scène d'un crime: ils se retrouvent devant le cadavre supplicié d'une jeune homme. Il s'appelait Palomino Molero, jouait divinement de la guitare et avait une voix d'ange. Qui l'a tué et pourquoi?
Commence alors une difficile enquête pour les deux gendarmes, représentants de l'ordre civil, en butte au mutisme de l'armée. On murmure que des gros bonnets sont impliqués dans le meurtre et que tout sera fait pour étouffer l'affaire....comme d'habitude.
Mario Vargas Llosa embarque son lecteur dans un véritable western digne des plus grands western « spaghetti » de Sergio Leone: le soleil de plomb, les rochers surchauffés, les villages déserts sous la chaleur et la peur, une belle jeune fille, un père possessif, un amoureux éconduit et deux justiciers. Il ne manque plus que la musique d'Ennio Morricone et l'éolienne qui grince pour que le tableau sublime et dramatique soit complet.
De la gargote tenue par Dona Adriana au bureau du colonel Mindreau, de la misérable maison de la mère de Palomino au bordel du Chinetoque, les deux gendarmes guettent les indiscrétions et les débordements verbaux. Les fils vont les conduire au petit village terrorisé d'Amotape où une vérité romantique autant que désespérement vouée à l'échec se fera jour.
Vargas Llosa dénonce, entre les lignes du récit de l'enquête, les méandres sombres et secrets du pouvoir absolu, ses mécanismes odieux qui brisent les hommes sans aucun état d'âme. La société est divisée en deux: ceux qui détiennent l'économie, l'argent et qui ont le teint clair et ceux qui triment, souffrent sous le soleil, vivent de peu et ont la peau plus foncée. Les personnages hauts en couleurs, pittoresques apportent leur truculence et leurs mesquineries (la scène nocturne entre Dona Adriana et Silva est d'anthologie: le machisme en prend un sacré coup!) à l'ironie du récit et le rendent délectable.
Un roman social, policier et politique que l'on dévore avec le sourire aux lèvres, le rire souvent et parfois la chair de poule car sous le soleil implacable, la vie ne fait pas vraiment de cadeau.


Vargas Llosa est l'auteur du mois sur le site lecture écriture


Roman traduit de l'espagnol (Pérou) par Albert Bensoussan

vendredi 6 juillet 2007

C'est les vacances!


Cet après-midi, à 16h30, les vacances d'été commençaient par un "Au revoir Maîtresse, bonnes vacances" accompagné d'un bisou tout collant (j'avais distribué des bonbons)
Je suis toujours émue lorsque je quitte mes petits élèves de l'année; en fait je n'aime pas vraiment le dernier jour d'école. Il sent, invariablement, les dessins que l'on ôte des murs, les étiquettes que l'on range, les cahiers et les pochettes qui chargent les petits bras, les murs nus, les crayons et pinceaux rangés dans le placard. Les sons résonnent dans la classe qui se vide.
Lorsque le dernier loupiot est parti, je m'asseois sur ma petite chaise, je regarde la classe et je me dis: quoi? Une année déjà passée? Pff, elle a filé comme le vent cette année, avec ses rires et ses larmes, ses joies et ses agacements, ses mauvais mais surtout ses bons jours, ses grisailles et ses riants soleils! Comme d'habitude, je ne range pas ma classe ce dernier jour: j'ai trop le bourdon (c'est idiot mais c'est comme ça). Je reviendrai la semaine prochaine trier et ranger mon petit fourbis (Maman, s'il te plaît ne ris pas!) afin que la nouvelle collègue puisse prendre possession des lieux. L'année prochaine, je serai en Grande Section...après 11 ans de Petite Section! Ce qui m'a fait sourire: dans 2 ans je retrouverai mes petits loulous de PS lorsqu'ils entameront leur dernière année de Maternelle.
Les vacances sont là et bien là: je ne vais pas bouder mon plaisir....

lectures,


("La liseuse" de Renoir)

balades en bord de mer

("Vacances aux Grandes Dalles" de Dominique Kleiner)


et cueillette de fraises si la météo bretonne ne fait pas des siennes!

("La cueillette des fraises" de Mathurin Méheut)